Démence : certains traits de personnalité augmentent le risque d’en souffrirIstock
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En France, environ 1 200 000 le nombre de personnes de plus de 65 ans souffraient de démence en 2014, selon les données de Santé publique France actualisées en 2022. A l’échelle mondiale, la démence forme également un défi de santé publique crucial : selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), plus de 55 millions de personnes sont touchées par la démence dans le monde. Et chaque année, on recense près de 10 millions de nouveaux cas.

Souvent confondue avec la maladie d’Alzheimer, la démence recouvre en réalité un ensemble de maladies qui endommagent progressivement le cerveau (comme la démence à corps de Lewy et démence associée à la maladie de Parkinson, la démence vasculaire et la maladie d’Alzheimer) et altèrent la mémoire, la pensée et la capacité à réaliser des tâches quotidiennes. La maladie d’Alzheimer constitue la forme de démence la plus fréquente, en étant responsable de 60 à 70 % des cas recensés dans le monde.

Une perte d’autonomie progressive

Chez un patient atteint par le syndrome de démence, la maladie détériore les cellules nerveuses, entraînant une dégradation de la fonction cognitive (la faculté à traiter la pensée), au-delà du vieillissement biologique naturel. Cette déficience de la fonction cognitive est parfois reconnaissable à certains signes avant-coureurs comme des changements d’humeur, des difficultés à réguler ses émotions, des variations de comportement ou de motivation, décrit l’Organisation mondiale de la Santé.

Les symptômes de démence s’accentuent au fil du temps. L’aggravation des troubles cognitifs interfère de plus en plus lourdement dans la vie quotidienne du patient, qui perd progressivement son autonomie.

Démence : influence de l’état de santé et du mode de vie

Plusieurs troubles de santé et comportements liés au mode de vie augmentent le risque de développer une démence. Parmi les facteurs de risque connus, on distingue l’âge (la démence touche davantage les plus de 65 ans), l’hypertension artérielle, le diabète, la surcharge pondérale ou l’obésité, le tabac et l’alcool, la sédentarité et l’inactivité physique ou encore l a dépression et l’isolement social, rappelle l’OMS.

Le névrosisme et l’affect négatif plus à risque de démence

Mais il semblerait que la personnalité exerce aussi une influence notable sur le risque de se faire diagnostiquer une démence. C’est ce qu’avance une nouvelle étude parue le 29 novembre 2023 dans la revue Alzheimer's & Dementia : The Journal of the Alzheimer's Association.

Les chercheurs de l'Université de Californie à Davis et de l'université Northwestern, aux Etats-Unis, ont établi une corrélation entre certains traits de personnalité et le risque de développer une démence.

En analysant les données de huit études portant sur plus de 44 000 personnes, dont 1703 avaient développé une démence, les scientifiques ont constaté que certains traits de caractère étaient plus fréquents chez les personnes qui s’étaient faits diagnostiquées une démence.

Des traits de personnalité positifs comme bouclier contre la démence ?

Pour l’étude, les scientifiques ont mesuré les "cinq grands" traits de personnalité des participants : conscience, extraversion, ouverture à l'expérience, neuroticisme (tendance à ressentir des émotions négatives, de l'anxiété), l’agréabilité ainsi que le bien-être subjectif évalué au regard de l’affect positif et négatif, et de la satisfaction à l’égard de la vie. Ces caractéristiques ont été comparées aux symptômes cliniques de la démence (évaluée selon la performance aux tests cognitifs) et à la pathologie cérébrale à l'autopsie.

Résultat, les participants qui ont obtenu des scores élevés concernant les traits négatifs (neuroticisme, affect négatif) mais des de faibles scores pour les traits positifs (conscience, extraversion, affect positif) étaient plus susceptibles de recevoir un diagnostic de démence, détaille un communiqué de l’étude.

Comment un comportement positif jouerait sur la résilience

A l’inverse, des scores élevés d'ouverture à l'expérience, d'agréabilité et de satisfaction à l'égard de la vie, semblaient avoir un effet protecteu r.

Comment expliquer cette différence ? Selon les chercheurs, cette association entre les traits de personnalité et le syndrome de démence ne serait pas imputable aux lésions physiques du tissu cérébral visibles chez les patients atteints de démence. Ils penchent plutôt pour une hypothèse, celle selon laquelle certains traits de personnalité aideraient les personnes à mieux faire face aux dommages liés à la maladie.

Autrement dit, ces caractères rendraient en quelque sorte plus résistants aux dommages causés par des maladies neurodégénératives telles que la maladie d'Alzheimer. "Les personnes présentant des niveaux élevés de certains traits peuvent trouver des moyens, qu'ils en soient conscients ou non, de faire face aux déficiences et de les contourner", expliquent les auteurs de l’étude.

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