

Bien qu’on soit loin d’arriver aux chiffres des années 60, époque où la consommation d’alcool était quotidienne, la France reste l’un des pays les plus propices au lever de coude. D’après les chiffres de 2025 de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives, nous en consommons 10,35 litres par an et par personne de 15 ans et plus. Derrière ce chiffre pouvant amuser ou interloquer, se cache une sombre réalité. L’alcool, au-delà d’être une boisson festive, est une véritable addiction, parfois mortelle. D’après l’Organisation Mondiale de la Santé, sur l'ensemble des décès attribuables à l'alcool en 2019, 1,6 million de décès étaient dus à des maladies non transmissibles, dont 474 000 à des maladies cardiovasculaires et 401 000 à des cancers. En guise d’exemples tristement populaires, des célébrités sont malheureusement décédées suite à la consommation excessive d’alcool, comme Amy Winehouse (intoxication alcoolique aiguë suite à une période d’abstinence) ou encore Jim Morrisson (cause exacte de la mort incertaine, mais piste de l’alcoolisme chronique largement privilégiée).
Des changements de consommation
Aujourd’hui, notre rapport à l’alcool a changé. Si le verre de vin rouge était un incontournable de tous les dîners, il se fait désormais plus rare, sa bouteille n’étant de sortie qu’à certaines occasions. L’Observatoire français des drogues et des tendances addictives note ainsi une baisse des indicateurs de vente et de consommation d’alcool, qu’il s’agisse d’usage dans l’année, hebdomadaire ou quotidien. Par exemple, chez les adultes, entre 2021 et 2023, on note -13 % de consommation d’alcool quotidienne. “On constate également une baisse significative (− 7,5 % en 2023 par rapport à 2022) du nombre de personnes tuées dans des accidents mortels avec un conducteur ayant une alcoolémie positive.” Toutefois, le nombre d’hospitalisations en lien avec l’alcool croît ( + 4,1 % de séjour en 2023 par rapport à 2022). Autrement dit : on boit plus rarement, mais plus intensémen t.
Une libération de la parole autour de l’alcool
Si le changement de notre relation se fait sentir directement dans notre verre, il semblerait que sa réputation aussi a tourné au vinaigre. Aujourd’hui, de plus en plus de jeunes adultes perçoivent l’alcool d’abord au prisme de ses risques et enjeux pour la santé et de comportements sociaux problématiques, avant de voir son aspect festif et désinhibant, comme le souligne le Rapport de l’Observatoire des lobbies 2024. Un nouveau jour encouragé par des événements comme le “Dry January” (un défi de mois sans alcool en janvier), mais aussi des prises de parole sur les réseaux sociaux autour de la consommation des uns et des autres.
La levée des tabous sur la santé mentale a aidé les langues à se délier sur d’autres sujets, notamment l’alcoolisme. Voici, dès lors, une liste (non exhaustive) de célébrités françaises s’étant exprimées sur leur problème avec l’alcool. Une prise de parole essentielle, puisque, qu’on le veuille ou non, les célébrités font et défont les tendances, et peuvent influencer ou inspirer le grand public par leurs agissements.
Muriel Robin

“J’étais alcoolique mondaine. Beaucoup de gens sur cette planète le sont et ne le reconnaissent pas. Ils se mentent.”, affirme l’humoriste Muriel Robin dans un documentaire intitulé “Alcool au féminin” diffusé sur France 5 le 13 mai 2025. Pour rappel, l’alcoolisme mondain désigne une consommation régulière d’alcool dans un cadre social (fêtes, dîners, sorties) perçue comme anodine, mais qui peut masquer une dépendance. Il est souvent banalisé car intégré aux interactions sociales. “J’ai compris qu’il était anormal de boire une bouteille de champagne quasiment par soir. Mon père avait eu la mauvaise idée de me faire boire une bouteille de Sancerre alors que je n’avais que douze ans. Donc oui, j’ai longtemps masqué avec l’alcool”, partage-t-elle sans détour.
Véronique Sanson

Véronique Sanson, au-delà de sa carrière iconique, a eu un passé tumultueux, jonglant entre différentes addictions. La chanteuse a reconnu avoir été dépendante à l'alcool, une période difficile qu'elle a surmontée grâce à un sevrage et une volonté de reconstruction.
En 2015 déjà, dans le magazine Paris Match, Véronique Sanson évoquait son parcours vers la sobriété. "L'alcool fait disparaître la tristesse, le désespoir, le doute. D'où son danger. Quand tu es alcoolique et que tu te dis que plus jamais de ta vie tu ne boiras de Petrus, c'est terrible. Je vivrai toute ma vie avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. On vit au jour le jour. Un jour à la fois", avait-elle alors partagé, en toute transparence. Elle a notamment expliqué plus tard auprès d’autres médias s’être rendue chez les Alcooliques Anonymes, afin de se faire aider.
Benjamin Biolay

En septembre 2022, le chanteur Benjamin Biolay s’était confié au journal Marie Claire à propos de sa consommation excessive d’alcool, évoquant notamment 30 bouteilles de vodka par semaine et jusqu’à 5 litres par jour. “J'étais mort de trouille, en fait. Ce n'était pas agréable, je devenais gras, je n'étais même pas bourré.” Récemment, le chanteur s’est félicité, chez Marie France cette fois-ci, affirmant qu’il avait “arrêté d’être un poivrot”.
Renaud

L'auteur-compositeur-interprète a souvent parlé de son alcoolisme, qu'il décrit comme une "descente aux enfers", et de ses efforts pour s'en sortir. Aujourd’hui, le chanteur affirme aux médias avoir “décroché de l’alcool” et promet à ses fans qu’il se reconstruit.
François Cluzet

L'acteur au franc-parler bien connu a admis avoir connu des périodes de dépendance à l'alcool, qu'il a surmontées en prenant conscience des conséquences sur sa vie personnelle et professionnelle.
En 2009, l’acteur disait déjà publiquement : “On fait un métier très mondain. Où que vous alliez, on vous propose un verre. Dans certains festivals, dès dix heures du matin, un plateau avec des flûtes de champagne surgit”, comme le relayait le magazine Elle à l’époque. Bien plus récemment, dans l’émission “La Bande Originale” animée par Nagui sur France Inter, François Cluzet a révélé qu’il avait déjà tourné sous influence de l’alcool : “Ça m'est arrivé d'être à chier et, une période, de me dire : 'Tiens, je ferais bien ça avec trois coups dans le nez'”. Aujourd’hui, il raconte être complètement sobre.
Jeremy Ferrari

Sur scène, dans son spectacle “Anesthésie générale”, l’humoriste parlait déjà dans tabou de son douloureux passé d’alcoolique. Par la suite, il n’a pas hésité à s’exprimer au micro de nombreux médias : “Dans une journée, je pouvais boire, sans aucun problème, six litres de vin. Les gens pensent que c'est impossible de boire six litres de rosé, mais en fait, on ne se rend pas compte", avait-il notamment partagé dans une interview accordée à Brut. Aujourd’hui, l’humoriste s’en est sorti grâce à une prise de conscience et un accompagnement adapté.
Jean-Luc Delarue

L'animateur de télévision a reconnu ses problèmes d'addiction à l'alcool et à la drogue, qui ont eu des répercussions sur sa carrière et sa santé. Jean-Luc Delarue s’est éteint le 23 août 2012, des suites d’un cancer de l’estomac et du péritoine.
Camille Lellouche

L'humoriste et chanteuse a évoqué ses difficultés avec l'alcool, notamment dans le contexte de la pression médiatique et de la vie artistique, et comment elle a travaillé pour retrouver un équilibre. Elle partage son histoire dans son livre “Tout te dire”, aux éditions Stock, où elle raconte comment il est facile de tomber dans l’alcoolisme sans même s’en rendre compte.