
Les plus curieux seront ravis d’apprendre enfin pourquoi la peau des doigts se ride au contact prolongé de l’eau. Cette question, beaucoup de personnes se la posent. Des scientifiques de l’université de Binghamton, aux États-Unis, ont décidé d’assouvir leur appétit pour la science dans un article publié dans la revue Science Direct en mai 2025. Et leur découverte fut inattendue : les rides qui se forment sont toujours identiques chez un individu, mais différentes d’une personne à l’autre.
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Mélanome malin : symptômes, traitement, pronostic« Beaucoup pensent que la peau gonfle sous l’effet de l’absorption de l’eau par la peau au niveau des doigts de pied et de main. Ce n’est pas le cas. Il a été montré en 2003 que les rides résultent de contractions du système vasculaire sous-jacent », explique, dans un article du Figaro Santé, le professeur Guy German, spécialiste en génie biomédical et auteur de l'étude.
Le rôle des vaisseaux sanguins
Le scientifique explique que, lorsqu’on reste longtemps dans l’eau, celle-ci pénètre par les glandes sudoripares situées sur les mains et les pieds, les mêmes par lesquelles nous transpirons. Cette infiltration déclenche une contraction des vaisseaux sanguins afin de limiter l’afflux de sang dans ces zones. Le but est de préserver un équilibre en eau et en sel au niveau des extrémités. Résultat : le volume des pulpes digitales diminue, mais la surface de la peau reste inchangée. Elle se trouve alors contrainte de se plisser, formant des crêtes et des sillons.
Ce phénomène est en réalité contrôlé par le système nerveux, qui régule les contractions et dilatations des vaisseaux sanguins. D’ailleurs, les personnes souffrant de lésions nerveuses aux doigts ne développent pas ces rides après un bain.
Cependant, aucune étude n'a, jusqu’à présent, caractérisé la morphologie des rides des doigts. « Puisqu’elles apparaissent sous l’effet de contractions du système vasculaire, et que celui-ci est relativement figé dans l’organisme, j’ai supposé qu’elles devaient être identiques après chaque immersion prolongée », ajoute le spécialiste au Figaro Santé.
Une cartographie des rides identique par individu
Pour répondre à cette question, le professeur Guy German et son équipe ont mené une expérience simple mais révélatrice. Trois volontaires ont été invités à plonger leur main droite dans de l’eau chauffée à 40 °C pendant trente minutes. Juste après l’immersion, des photos ont été prises de la pulpe de chacun de leurs doigts. L’expérience a été répétée 24 heures plus tard, le temps que la peau retrouve son aspect initial. Ensuite, les images ont été superposées doigt par doigt, permettant de comparer précisément les modifications de la surface cutanée.
Les résultats de l’expérience ont révélé un phénomène intrigant : chez chaque participant, les plis formés sur les doigts après immersion suivaient exactement les mêmes motifs, même à 24 heures d’intervalle. Grâce à une analyse informatique poussée, chaque ride a été traduite en centaines de petits vecteurs indiquant leur orientation. Le verdict est clair : pour une même personne, les rides sont reproduites de manière identique d’une fois à l’autre.
Des motifs différents d'un individu à l'autre
Cependant, ces motifs étaient nettement différents d’un individu à l’autre, alors qu’on pourrait s’attendre à ce que le réseau vasculaire, qui influence leur formation, soit similaire chez tous. Cette particularité a frappé Guy German, qui estime qu’après une troisième immersion, il aurait pu reconnaître à qui appartenait chaque doigt rien qu’en observant les plis laissés sur la peau.
Ces observations l’amènent à formuler une hypothèse audacieuse : ces rides pourraient constituer une forme de signature individuelle, à l’image des empreintes digitales ou dentaires. « Intégrer ces données pourrait peut-être devenir utile à l’identification de corps dans le cadre d’analyses médico-légales », avance-t-il.
Il tempère néanmoins cette idée du fait du peu de volontaires dans l’étude. Pour obtenir des résultats plus concluants, des recherches supplémentaires sont nécessaires.