Définition : qu'est-ce que la vaginite ?

La vaginite désigne une inflammation infectieuse ou non du vagin. On parle aussi d’infection génitale basse. Lorsque l’inflammation touche le vagin et la vulve, cas le plus fréquent, on parle de vulvo-vaginite.

Les symptômes de la vaginite comprennent un écoulement vaginal, une irritation, un prurit et un érythème.

Les vaginites sont très fréquentes chez les femmes et peuvent aussi toucher les petites filles.

Quelles sont les vaginites les plus fréquentes ?

Les vaginites les plus fréquentes sont la mycose vaginale, la vaginose bactérienne (parfois appelée vaginite à Gardnerella ou vaginite à anaérobies) et la vaginite à Trichomonas qui est une infection sexuellement transmissible (IST).

D'où viennent les vaginites ?

Réponse du Dr Elisabeth Paganelli, gynécologue médicale à Tours et secrétaire générale du Syndicat des gynécologues et obstétriciens de France (Syngof) :

« On parle de vaginose, quand il y a un déséquilibre de la flore microbienne du vaginLes bacilles de Döderlein sont un ensemble de bactéries présentes naturellement dans la flore vaginale. Elles ont un effet protecteur contre la vaginose. La vaginose se caractérise par la disparition des lactobacilles et la multiplication de germes anaérobies tels que le Gardnerella vaginalis. »

Photo : schéma du vagin et de l'utérus au-dessus

D'où viennent les vaginites ?© Creative Commons

Chiffres : les vaginites sont-elles fréquentes ? 

40-50 % des femmes ont au moins 2-3 épisodes de vaginite au cours de leur vie.

Dans deux tiers des cas, la vaginite est infectieuse, dont 50% sont des vaginites dues à des champignons (mycoses vaginales). Dans un tiers des cas, il s’agit d’une vaginite non infectieuse.

La vaginite la plus courante est la mycose vaginale

75 % des femmes développent un jour ou l'autre une mycose vaginale. 10 à 20 % des femmes souffrent d'une candidose vaginale récidivante (soit 4 épisodes par an ou plus).

Quels sont les symptômes d'une vaginite ?

Les symptômes de vaginite sont les suivants :

  • De grandes lèvres rouges et enflées.
  • Des pertes vaginales.
  • Des démangeaisons locales.
  • Des brûlures vulvaires et/ou vaginales.
  • Des douleurs à la miction.
  • Des leucorrhées (pertes vaginales).
  • Des dyspareunie (douleurs lors des rapports sexuels).

Quels sont les symptômes de la mycose vaginale ?

La mycose vaginale se manifeste par les symptômes suivants :

  • Erythème (rougeur) vulvaire.
  • Oedème.
  • Ulcérationsfissures.
  • Démangeaisons, parfois intenses.
  • Lésions de grattage.
  • Lésions papulopustuleuses en périphérie.
  • Sensation de brûlures.
  • Leucorrhée blanchâtre, pâteuse, sèche, à l’aspect de « lait caillé », adhérente aux parois vaginales, inodore ou avec une senteur aigre.

Quels sont les symptômes de vaginite bactérienne ?

  • Des écoulements vaginaux gris à odeur de poisson.
  • Souvent des démangeaisons.
  • Un œdème.
  • Un érythème (rougeur).

Quels sont les symptômes de vaginite à Trichomonas ?

  • Des pertes vaginales vertes, mousseuses, abondantes.
  • Des démangeaisons.
  • Des brûlures au moment des mictions ou des rapports sexuels.
  • Des pertes ayant une odeur nauséabonde de moisi.

Quelles sont les causes de la vaginite ?

Les causes des vaginites irritatives

« La vulvo-vaginite peut être due à une irritation (réactions irritatives aux savons, aux lingettes, aux produits de lavage intime, aux produits dépilatoires, aux  protections  hygiéniques et aux crèmes spermicides par exemple) ou à une sècheresse du vagin (vaginite inflammatoire atrophique, par manque d’estrogènes comme en période de ménopause) », informe le Dr Elisabeth Paganelli.

Les causes des vaginites infectieuses

La vaginite peut être d’origine infectieuse. Le pathogène responsable peut être une bactérie (Mycoplasme, Gardnerella vaginalis, Chlamydia...), un parasite (Trichomonas).

Lorsque l’inflammation du vagin est due à la prolifération d’une levure (champignon), il s’agit d’une mycose vaginale, la forme la plus fréquente de vaginite.

À savoir : les mycoses vaginales et vaginites bactériennes sont dues à un déséquilibre de la flore bactérienne normale. La flore vaginale saine est composée du bacille de Doderleïn (diverses espèces de lactobacilles) formant un biofilm sur la muqueuse. Ces bactéries jouent un rôle protecteur en empêchant la prolifération des « mauvaises » bactéries. Cet équilibre peut être perturbé par la prise d’antibiotiques, l’utilisation de spermicides, un excès d’hygiène vaginale ou encore pendant certaines périodes de la vie d’une femme à cause des variations hormonales : puberté, grossesse, ménopause.

Les infections sexuellement transmissibles

Certaines vaginites bactériennes sont des IST (Infections Sexuellement Transmissibles): vaginite à Trichomonas, vaginites à Chlamydia, vaginite à Gonocoque, vaginite à Mycoplasme.

Les causes de la vaginite chez la petite fille

  • Le plus souvent, la vaginite de la petite fille est due à une infection par la flore du tractus (ensemble d'organes) gastro-intestinal.
  • La vaginite peut être due à une irritation causée par l’usage de savons ou bains moussants.
  • La vaginite chez l’enfant peut aussi être liée à la présence d’un corps étranger (papier toilette).
  • Parfois, la vulvovaginite de l'enfance est due à une infection par un agent pathogène spécifique (p. ex., streptocoquesstaphylocoquesCandida albicans, parfois à des oxyures).

Quels sont les facteurs de risques de vaginite ?

Les facteurs de risque dépendent de la cause de la vaginite.

Les facteurs de risque d’une mycose vaginale ou d’une vaginite bactérienne sont la grossesse ou la ménopause (variations hormonales), un excès d’hygiène intime, le port de sous-vêtements synthétiques ou de pantalons trop serrés, la prise d’antibiotiques, le diabète ou un déficit immunitaire, ou encore l’oubli d’un tampon périodique dans le vagin.

Les vaginites à Trichomonas qui sont des IST sont favorisées par la multiplication des partenaires sexuels avec des rapports sexuels non protégés par un préservatif.

« En cas de vaginite à Trichomonas, le médecin prescrit un traitement court privilégié par antibiotique. Il propose la recherche d'autres IST, le traitement du (ou des) partenaire(s), et rappelle la prévention des IST. », explique le Dr Elisabeth Paganelli, gynécologue médicale à Tours.

Quels sont les facteurs de risque de vaginite chez la petite fille ?

Un facteur favorisant fréquent chez les filles âgées de 2 à 6 ans est une mauvaise hygiène périnéale (par exemple, s'essuyer de l'arrière vers l'avant après la défécation ; ne pas se laver les mains après les selles...).

Quelles sont les personnes à risque de vaginite ?

Les femmes les plus à risque de vaginite sont les femmes enceintes, les femmes ménopausées, celles qui ont des partenaires sexuels multiples, celles qui utilisent des douches vaginales ou des produits d’hygiène agressifs.

Combien de temps dure une vaginite ?

Les symptômes de vaginite régressent en quelques jours avec un traitement.

Le problème est que les vaginites dues à des champignons ou des bactéries récidivent fréquemment. Environ 5% des femmes présentent une mycose vaginale récurrente (plus de 4 mycose vaginales par an).

Les vaginites sont-elles contagieuses ?

Les vaginites qui sont dues à des infections sexuellement transmissibles sont contagieuses.

« En général les mycoses vaginales ne se transmettent pas, elles ne sont pas considérées comme une IST. Il est possible que quand une femme est pourvue de beaucoup de mycoses, l'homme puisse ressentir une irritation après le rapport au niveau de la verge. L’homme n’est pas traité systématiquement, mais seulement s’il est irrité » informe le Dr Elisabeth Paganelli.

Qui, quand consulter en cas de vaginite ?

En présence de signes de vaginite (pertes vaginales anormales, brûlures et ou démangeaisons vulvo-vaginales), il faut consulter son médecin traitant ou son médecin gynécologue directement, sauf si vous avez déjà eu des mycoses vaginales et que vous en connaissez les symptômes. Vous pouvez alors vous automédiquer avec des ovules et crèmes antifongiques vendus en pharmacie.

Si une vaginite se complique d’une infection génitale haute non traitée il peut y avoir des conséquences sévères, dont une stérilité.

La présence de fièvre ou de douleurs abdominales doit amener à consulter en urgence.

Quelles sont les complications de la vaginite ?

Les vaginites à chlamydia et gonocoque peuvent se compliquer d’infections génitales hautes (utérus et trompes).

Quels sont les examens et analyses à réaliser en cas de vaginite ?

En présence de signes de vaginite, pour faire le diagnostic et trouver la cause, le médecin effectue :

  • Un examen clinique du vagin et de la vulve avec un spéculum.
  • Des prélèvements éventuellement pour examen au microscope ou examen microbiologique pour trouver le germe en cause. « On peut aussi rechercher des infections à Chlamydia et Gonocoque sur des auto-prélèvements.  
  • Selon le contexte, on recherche toutes les IST d’emblée lors du prélèvement. Et on peut prescrire d’emblée les autres ist par voie sanguine (Hiv, syphilis, hépatites) », précise le Dr Paganelli.

"Si la vaginite est associée à des pertes de sang il faut demander un avis spécialisé à la recherche d’une lésion tumorale (du col de l’utérus ou du corps de l’utérus). Si la petite fille présente une vaginite récidivante il faut demander un avis spécialisé (vaginoscopie à la recherche d’un corps étranger ou d’une lésion organique)", précise le Dr Elisabeth Paganelli, gynécologue médicale à Tours.

Traitements : comment se soigne la vaginite ?

Le traitement des vaginites dépend de la cause.

  • Les mycoses vaginales sont traitées avec des ovules et une crème pour la vulve antifongiques.
  • « Le traitement antifongique peut être administré par voie orale quand un  traitement local n'est pas possible, ou afin de réduire l'incidence des récidives de candidose vaginale (4 épisodes ou plus par an) ou en prophylaxie (ensemble des mesures destinées à prévenir une maladie) des infections à Candida chez les patients avec une neutropénie (trouble hématologique) prolongée (comme les patients atteints de tumeurs hématologiques malignes traités par chimiothérapie ou les patients recevant une transplantation de cellules souches hématopoïétiques » précise le Dr Elisabeth Paganelli.
  • Le traitement des vaginites bactériennes dépend de la bactérie. Il peut s’agir d’antibiotiques par voie orale pou par voie injectable, en cas d’infection à Chlamydia ou Gonocoque.
  • Les vaginites à Trichomonas sont traitées par des antibiotiques anti parasitaires (Metronidazole) par voie orale. Le partenaire sexuel doit être traité également.
  • Lorsqu’une vaginite est irritative, le traitement consiste à éliminer le facteur irritant. Des corticostéroïdes peuvent être appliqués sur la vulve pour traiter l’inflammation.
  • Les vaginites atrophiques sont traitées avec un gel ou des ovules contenant des œstrogènes par voie vaginale.

Prévention : comment éviter les vaginites ?

  • La prévention des vaginites bactériennes et des mycoses vaginales repose sur une flore vaginale équilibrée. Pour cela, il est recommandé de ne pas laver cette zone fragile avec excès et/ou avec des produits d’hygiène intime antiseptiques et/ou parfumés, de bien sécher la vulve après chaque toilette, de porter des sous-vêtements en coton, de prendre des probiotiques en cas de traitement antibiotique, de s’essuyer de l’avant vers l’arrière après être allée aux toilettes pour ne pas faire parvenir de bactéries fécales dans le vagin.
  • Pour prévenir les vaginites avec IST, il est essentiel d’utiliser des préservatifs et que le partenaire soit traité pour éviter les récidives.

Quels sont les traitements préventifs des vaginites récurrentes ?

Les vaginites récidivantes peuvent nécessiter un traitement préventif au long cours.

Les mycoses vaginales récidivantes peuvent être traitées avec des antifongiques par voie orale (Fluconazole) une fois par semaine pendant 6 mois.

Les vaginites bactériennes récidivantes peuvent faire l’objet d’une prescription d’ovule de Metronidazole deux fois par semaine pendant 6 mois.

La prévention est différente selon la vaginite :

  •  Si vous avez une vaginite récidivante mycosique : il faut limiter la prise d’antibiotique en fonction des recommandations.
  • Si vous avez une vaginite récidivante sans IST et non mycosique il faut penser aux vaginites allergiques (prurit majoré le soir et érythème). Il faut craindre une allergie aux produits de lavage, aux lingettes, aux protections externes. Il est conseillé d’effectuer des lavages à l’eau et de traiter par corticoïdes locaux la vulve.

Sites d’informations et associations

Site mon-gyneco.com 

Site du Dr Benchimol, gynécologue-obstétricien 

Sources

Support de Cours (Version PDF) - - © Université Médicale Virtuelle Francophone - Item 88 : Infections génitales de la femme : Leucorrhées Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF)

http://campus.cerimes.fr/gynecologie-et-obstetrique/enseignement/item88/site/html/cours.pdf

Pertes vaginales (vaginose bactérienne, Candidose vulvo-vaginale, Trichomonase), centre de planification du CHRU de Lille, janvier 2008

http://centreplanif.chru-lille.fr/doc/InfectionssexuellementtransmissiblesetSIDA/64292_1lesperte.pdf

CNGOF Chapitre 21 Infections génitales de la femme. Leucorrhées

http://www.cngof.net/E-book/GO-2016/CH-28.html

E. Bergogne-Bérézin, Flores vaginales normales, vaginites et vaginoses bactériennes : diagnostic et thérapeutique, Antibiotiques, Vol 9, N° 2  - mai 2007 pp. 139-44

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