Somnolence au volant : une nuit trop courte multiplie par 6 le risque d’accident de la route Adobe Stock
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Perte de vigilance, réactivité amoindrie, paupières qui s’alourdissent, assoupissement… Les conséquences d’un manque de sommeil sur les conducteurs sont connues, elles favorisent la somnolence au volant. Un état à mi-chemin entre l’état de veille et le sommeil qui peut se révéler fatal : la somnolence sur la route représente la deuxième cause de mortalité sur la route, rappelle une étude d’Assurance prévention, l’association de France Assureurs, publiée le 6 juillet, à la veille du premier grand départ en vacances des Français.

C’est la première fois en France qu’une étude quantifie l’impact dramatique de la privation de sommeil sur la vigilance au volant. Les enseignements de l’enquête, menée sous le contrôle du professeur Patrick Lévy, directeur médical de BioSerenity2, pneumologue et professeur de physiologie, et de Maxime Elbaz, directeur scientifique sommeil de BioSerenity et docteur en neurosciences, rappellent l’importance de prendre les bonnes habitudes comme celle de dormir suffisamment avant de prendre le volant, afin d’écarter le risque de "fatigue et somnolence au volant", responsable d’un accident sur 5 sur la route.

Quand elle survient, la somnolence entraîne chez les conducteurs des phases de micro-sommeil de 1 à 4 secondes, ce qui équivaut à parcourir 150 mètres parcourus si on roule à 130 km/h, relève l’étude.

Problème, beaucoup de conducteurs ne semblent pas prendre la mesure de l’impact d’un déficit de sommeil et de la fatigue sur la conduite. C’est ce que s’attache à rappeler l’étude scientifique d’Assurance prévention, menée sur 25 volontaires, en situation réelle de conduite sur autoroute à l’aide d’un simulateur homologué. Le sommeil de ces participants, en bonne santé et bons dormeurs (avec un sommeil de 7 à 8 heures par nuit), a été analysé sur 14 nuits avec l’application iSommeil.

La première semaine, ils ont dormi 7h17 en moyenne, tandis que la deuxième semaine, 6 nuits normales de sommeil ont été faites. La dernière nuit a été plus courte, avec seulement 3h53 de sommeil en moyenne.

Une nuit écourtée expose aux accidents de la route

A la fin de chaque semaine, une analyse de conduite sur simulateur a été réalisée. Chaque analyse comportait 40 minutes de conduite sur autoroute (soit 2h30 de conduite en situation réelle), deux tests de temps de réaction de 20 minutes sur simulateur de conduite (avant et après la conduite de 40 minutes) et deux tests de temps de réaction sur smartphone avec l’application iSommeil (avant et après la conduite).

Le verdict est inquiétant : une nuit trop courte multiplie par 6 le risque d’accident.

Autre enseignement, 24 % des sujets ont eu un accident après cette nuit marquée par un déficit de sommeil. Enfin, chez 67% des volontaires accidentés, des pertes de vigilance ont été notées.

Les auteurs pointent du doigt les dangers d’une privation de sommeil la veille de prendre le volant. "Notre étude a été réalisée sur une cohorte robuste de sujets sains bons dormeurs pendant 14 jours. Elle prouve la réalité concrète et objective de l’impact de la dette de sommeil sur la conduite, commente le Professeur Patrick Lévy, directeur médical de BioSerenity, pneumologue et professeur de physiologie à l’Université de Grenoble.

L’importance de partir reposé avant de conduire

Tous les facteurs étudiés, qu’il s’agisse des pertes de vigilance, des temps de réaction ou des accidents, augmentent très fortement après une privation de sommeil. Et nous constatons des accidents uniquement sur les sujets ayant écourté leur nuit", poursuit le pneumologue.

Problème, nombreux sont ceux qui raccourcissent sciemment leur nuit avant de prendre la route, pour pouvoir partir plus tôt ou pour terminer les bagages et les derniers préparatifs ou tenter d’éviter les bouchons. Une attitude risquée, réagit de son côté Éric Lemaire, vice-président d’Assurance Prévention : "Notre étude démontre scientifiquement pour la première fois en France que cette privation de sommeil représente un vrai danger sur la route et qu’il est donc essentiel de dormir suffisamment. Mais attention : partir reposé ne remplace pas les pauses nécessaires, toutes les 2 heures et dès les premiers signes de somnolence".

Somnolence au volant : les signes qui ne trompent pas

Si un manque de sommeil est souvent cité comme facteur de risque de somnolence, d’autres paramètres sont connus pour avoir une incidence sur la vigilance du conducteur, tels que la prise de certains médicaments (psychotropes) ou encore une alimentation inadaptée car trop riche, trop grasse ou trop sucrée, ou la prise d’un repas trop copieux.

Quelle qu’en soit l’origine, apprendre à reconnaître les premiers signaux de l’état de somnolence s’avère le meilleur moyen de limiter les risques pour le conducteur. Le site de la Prévention routière en dresse la liste :

  • les bâillements de plus en plus fréquents
  • le besoin du conducteur de changer de position et de se passer les mains sur le visage
  • des yeux qui picotent, des paupières qui s’alourdissent et vous avez de plus en plus de mal à conserver un regard fixe, donc à vous concentrer sur votre conduite
  • la sensation d’avoir des absences, la sensation d’avoir oublié le parcours à réaliser en voiture
  • la déviation de trajectoire : le franchissement même léger, des lignes et des bandes d’alerte sonores en bordure d’autoroute doit alerter
  • les douleurs musculaires au niveau du dos, la sensation de raideurs dans la nuque et aux épaules
  • l’engourdissement des jambes qui donne une envie de bouger sur son siège
  • l’impression que les autres conduisent mal
  • l’inquiétude de l’entourage qui demande : "Tu viens de bailler ? Tu n’es pas trop fatigué ?"

Les précautions à prendre avant le grand départ

Bien dormir permet de parer au risque de somnolence. Il est bon aussi d’éviter de prendre la route après une journée harassante au travail ou encore de conduire la nuit, préconise l’association Prévention routière.

Au volant, on s’assure d’avoir une posture confortable en réglant le siège et le dossier. On évite de partir le ventre vide, on mange léger, en proscrivant tout alcool.

Autres habitudes importantes sur la route, s’autoriser des pauses sur le trajet, rappelle Assurance prévention. Pour limiter la fatigue, il importe donc de s’arrêter régulièrement pour prendre le temps de se dégourdir les jambes, de se détendre, de manger une collation (légère) et de s’hydrater avec de l’eau ou aussi en buvant un café, un stimulant pour l’attention et la vigilance.

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