7 dangers si vous grignotez la nuitIstock
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Lorsque le marchand de sable se fait désirer, il arrive parfois qu’on se laisse tenter par tout ce qui se trouve dans notre frigo. Attention, ce n’est pas une bonne habitude à prendre.

"Manger la nuit implique tout d'abord le dérèglement des hormones de l’appétit que sont la grhéline et la leptine", met en garde Raphaël Gruman, nutritionniste et auteur de Je me soigne avec les mésonutriments (éd. Leduc.s). En effet, pour résister au jeûne de la nuit, le corps produit la leptine, l’hormone de la satiété. Le jour, pour nous garder éveillés, le métabolisme secrète la ghréline, l’hormone qui favorise la faim.

"Entre minuit et 5 heures du matin, on ne devrait jamais manger. Et c’est ce que je dis toujours à mes patients, notamment à ceux qui travaillent de nuit, nous explique de son côté la diététicienne nutritionniste Alexandra Retion, auteure de SOS Nutrition (éd. First). Notre corps n’est pas conçu pour être alimenté la nuit".

Outre la prise de poids, le grignotage nocturne risque de compromettre votre santé par d’autres manières. Troubles du sommeil, inconfort digestifs, diabète, problèmes de concentration… Les désagréments auxquels vous vous exposez le lendemain ou à plus long terme sont nombreux. On les passe en revue.

Prise de poids : durant le sommeil, le sucre et les acides gras se dirigent vers adipocytes

Plusieurs études scientifiques ont déjà démontré que les heures de repas sont tout aussi cruciales que le contenu de vos assiettes si vous voulez surveiller votre poids.

Des équipes de chercheurs, issues du King's College London ou encore des universités de Newcastle et de Surrey (Angleterre) avaient démontré en 2016 que dîner tard et ne jamais prendre ses repas à la même heure nuirait à la santé. En outre, ce n’est pas un hasard si de nombreux experts prônent aujourd’hui le jeûne intermittent pour garder la ligne. Cette pratique consiste simplement à répartir sa prise alimentaire sur certaines plages horaires.

S’il y a bien certains horaires durant lesquelles on devrait à tout prix éviter de manger, c’est tard le soir et surtout la nuit. C’est essentiel si vous voulez prévenir la prise de poids, mais aussi si vous voulez rester en bonne santé le plus longtemps possible.

L’un des plus grands risques si vous avez l’habitude de grignoter la nuit sera la prise de poids. Vous risquez de stocker davantage la nuit.

"C’est tout simplement hormonal. Nos hormones ne fonctionnent pas de la même façon le jour et la nuit", avertit Alexandra Retion.

L’explication est simple : durant le sommeil, le sucre et les acides gras qui n'ont pas été brûlés dans la journée restent dans le sang et se dirigent vers les adipocytes, dont l'enveloppe est particulièrement perméable à la nuit tombée. Résultat : on stocke le gras, le sucre, et on s’expose même à la cellulite.

Et ce d'autant plus que la nuit, votre corps dépense moins d'énergie. Outre les fringales nocturnes, si vous avez tendance à vous coucher après un repas calorique, vous allez stocker ainsi cet excès.

Troubles digestifs : si vous mangez la nuit, il vous faudra 3 heures pour digérer

À plus court terme, grignoter la nuit va entraver votre sommeil. La digestion demande en effet, énormément d’énergie à votre organisme. La journée, vous vous dépensez et c’est pour cela que vous finissez par éliminer ce que vous ingérez. Or, la nuit, votre corps est au repos. Sachez que si vous mangez quelque chose, il vous faudra trois heures pour le digérer. "Même si vous finissez par dormir, votre corps continuera de travailler donc votre sommeil ne sera pas réparateur", nous explique notre nutritionniste.

L’inconfort digestif nuira à votre sommeil

Une précédente étude parue en 2016 dans la revue scientifique Proceedings of the Nutrition Society mettaient en garde les personnes qui avaient l’habitude de manger après 21 h. Les mouvements intestinaux s'arrêtent à partir de 22h30. Plus vous dinez tard et riche, plus vous serez susceptible de subir des inconforts digestifs. Sans parler de la température de votre corps qui augmentera. Cela nuira à votre sommeil.

Si vous êtes adeptes du grignotage nocturne, vous risquez d’être sujet aux maux de ventre, douleurs abdominales ou autres inconforts digestifs le lendemain. Il est possible que vous vous sentiez ballonné une partie de la journée.

Digestion : les aliments à éviter absolument la nuit

Pour éviter de compliquer la digestion la nuit, il vaut mieux éviter la viande rouge, les plats en sauce et les féculents au dîner. Par-dessus tout, si vous avez faim la nuit, ne vous rabattez pas sur la charcuterie, le fromage, le chocolat, le pain ou les gâteaux apéro. En plus de favoriser la prise de poids, ces derniers vont entraver la digestion et altérer votre sommeil.

Si la faim devient réellement intenable, misez sur une tisane. Le chaud peut vous aider à atténuer la faim. Si vous voulez limiter les dégâts, vous pouvez aussi misez sur un yaourt nature à condition qu’il soit sans sucre. Quant à la boite de Corn Flakes, on peut se laisser tenter, mais seulement si on se contente d’une poignée.

Le grignotage nocturne peut augmenter vos risques de diabète

Outre la prise de poids, les troubles du sommeil et les inconforts digestifs, grignoter la nuit peut aussi vous rendre propice au diabète.

Une étude réalisée par des chercheurs de l’Université de Pennsylvanie (USA), publiée en 2017, allait déjà dans ce sens. Les scientifiques ont étudié neuf adultes : certains ont été invités à dîner avant 19 h, d'autres avaient jusqu'à 23 h pour manger. "L'équipe a constaté que lorsque les participants mangeaient plus tard, par rapport à la condition diurne, les taux de sucre et de graisses augmentaient", indique l'étude.

Plus vous dînez tard, plus le taux de sucre et de graisses reste important dans votre sang : d'où l’intérêt de consommer des aliments à indice glycémique faible.

Mangez la nuit est aussi mauvais pour votre cœur

Une autre étude démontrait que le grignotage nocturne influait à la fois sur vos risques de diabète mais aussi de maladies cardiovasculaires. Les chercheurs de la National Autonomous University of Mexico ont confirmé que manger pendant la nuit est associé à un risque plus élevé de maladie cardiaque et de diabète. Pour arriver à ces conclusions, ils ont évalué les niveaux de graisses ou triglycérides dans le sang de rats nourris au début de leur période de repos. L’équipe constate que le taux de lipides sanguins est plus élevé chez l’animal nourri avant sa période de repos. Or, on sait que les taux élevés de graisse dans le sang sont associés aux maladies cardiaques et au diabète.

Grignoter la nuit peut vous rendre irritable et affecter votre mémoire

Une étude publiée au sein du Journal of Applied Psychology a aussi démontré les dangers psychologiques du grignotage nocturne. Un mauvais comportement alimentaire la nuit peut expliquer certains états irritables et renfermés, notamment sur le lieu de travail.

"Pour la première fois, nous avons montré qu'une alimentation saine affecte immédiatement nos comportements et nos performances au travail", déclare Seonghee Cho, auteur correspondant de l'étude et professeur adjoint de psychologie à la North Carolina State University.

Ils peuvent se sentir coupable après avoir grignoté la nuit

Les chercheurs ont découvert que, non seulement les personnes sujettes au grignotage nocturne étaient plus susceptibles de subir des maux de tête, maux d'estomac et diarrhée le lendemain, mais en outre, ils auraient tendance à être davantage tendus et irritables. De plus, ils peuvent se sentir coupable ou avoir honte de leurs choix alimentaires. Ce comportement est donc propice à un état tendu et renfermé.

"Ce qu'il faut retenir ici, c'est que nous savons maintenant qu'une alimentation malsaine [la nuit notamment, ndlr] peut avoir des effets presque immédiats sur les performances en milieu de travail", préviennent les chercheurs.

Attention, grignoter la nuit affecte votre mémoire

Manger la nuit peut aussi avoir des conséquences néfastes sur le fonctionnement cognitif. Des chercheurs américains ont fait le lien entre le grignotage nocturne et les performances cognitives. Leurs observations, publiées dans la revue scientifique eLife, montrent que si nous avons tendance à manger pendant la nuit, nous risquons d’être plus propice aux pertes de mémoire.

Ce seraient les fonctions cognitives liées à l’hippocampe, dans le cerveau, qui sont altérées suite aux encas nocturnes. En effet, l’hippocampe contrôle la mémoire à long terme et permet l’enregistrement et l’organisation de nouveaux souvenirs.

Sources

Merci à Raphaël Gruman, nutritionniste et auteur de Je me soigne avec les mésonutriments (éd. Leduc.s)

Merci à Alexandra Retion, diététicienne nutritionniste et auteure de SOS Nutrition (éd. First)

The suprachiasmatic nucleus drives day–night variations in postprandial triglyceride uptake into skeletal muscle and brown adipose tissue, Experimental Physiology, 2017

Misaligned feeding impairs memories, eLife, 2015

Timing Meals Later at Night Can Cause Weight Gain and Impair Fat Metabolism, Perelman School of Médecine à l'Université de Pennsylvanie, 2 juin 2017

American Journal of Epidemiology, 2014

Four nights of sleep restriction suppress the postprandial lipemic response and decrease satiety, Journal of Lipid Research, 2019 

Proceedings of the Nutrition Society, 2016

Journal of Applied Psychology, 2021

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