Arthrose : les anti-inflammatoires pourraient aggraver les douleursAdobe Stock

L’arthrose, maladie articulaire conduisant à la destruction du cartilage, est la forme d’arthrite la plus courante. Elle affecte 10 millions de Français. Il existe des méthodes naturelles pour limiter la progression de la maladie comme : adopter une alimentation équilibrée, pratiquer une activité physique régulière, éviter de porter des charges lourdes ou encore porter des semelles orthopédiques en cas d’arthrose du genou (gonarthrose).

À ce jour, aucun traitement ne permet de stopper complètement la maladie. En revanche, certains traitements médicamenteux sont utilisés pour soulager les souffrances qu'elle provoque. En effet, elle se caractérise par des douleurs et des raideurs, allant parfois jusqu’à l’inflammation. En cas de crise, les anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS) sont utilisés. Administrés sous différentes voies (orales ou locales), ils permettent de calmer l’inflammation et réduire la douleur.

Arthrose : les anti-inflammatoires remis en cause dans une nouvelle étude

Or, cet intérêt thérapeutique du traitement vient d’être remis en question dans une nouvelle étude. Les scientifiques américains affirment que les anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS) pourraient être inutiles sur les douleurs de l’arthrose, et même les empirer. Les chercheurs se sont concentrés principalement sur l’arthrose du genou (gonarthrose).

La recherche menée par Johanna Luitjens, chercheuse postdoctorale au Département de radiologie et d'imagerie biomédicale de l'Université de Californie (États-Unis) a été présentée lors du Congrès annuel de la Société de radiologie d’Amérique du Nord.

Anti-inflammatoires : les AINS aggravent la qualité du cartilage

Pour cette recherche, les scientifiques ont recruté 277 participants souffrant d’arthrose du genou modérée à sévère et suivant un traitement soutenu par AINS pendant au moins un an entre le début et le suivi des quatre années d’étude.

D’un autre côté, un groupe témoin a été créé dans le but de comparer les données. Ce dernier répertorie 793 participants non traités par des AINS. Chacun des volontaires a passé une IRM du genou au début de l’étude et après quatre ans, afin d’observer l’évolution de l’inflammation. L’épaisseur du cartilage, sa composition ainsi que d’autres mesures IRM ont servi de biomarqueurs non invasifs pour évaluer la progression de l'arthrite.

"Dans ce grand groupe de participants, nous avons pu montrer que les AINS n'offrent aucun mécanisme de protection pour réduire l'inflammation ou ralentir la progression de l'arthrose de l'articulation du genou", ont affirmé les experts.

Ils précisent : "les résultats n'ont montré aucun avantage à long terme de l'utilisation des AINS. L'inflammation articulaire et la qualité du cartilage étaient pires au départ chez les participants prenant des AINS, par rapport au groupe témoin, et se sont aggravées après un suivi de quatre ans." Ainsi, au-delà de n’avoir aucun effet protecteur, les AINS pourraient en plus aggraver l'inflammation articulaire et la qualité du cartilage.

Pourquoi les AINS augmentent l’inflammation des articulations ?

Si aucune raison précise n’a été trouvée pour justifier le fait que les anti-inflammatoires augmentent l’inflammation, la Dr Luitjens a plusieurs suppositions. "D'une part, l'effet anti-inflammatoire qui provient normalement des AINS peut ne pas prévenir efficacement la synovite (affection chronique du genou, NDLR), avec un changement dégénératif progressif entraînant une aggravation de la synovite au fil du temps", a-t-elle déclaré. "D'un autre côté, les patients qui ont une synovite et qui prennent des analgésiques peuvent être physiquement plus actifs en raison du soulagement de la douleur, ce qui pourrait potentiellement entraîner une aggravation de la synovite, bien que nous ayons ajusté l'activité physique dans notre modèle."

Afin d’en apprendre davantage et d’avoir des preuves concluantes concernant l’impact des anti-inflammatoires non-stéroïdiens, l’experte affirme que des études supplémentaires devraient être réalisées.

Cependant, elle conclut en expliquant que l’utilisation des AINS devrait être revue : "L'utilisation des AINS pour leur fonction anti-inflammatoire s'est fréquemment propagée chez les patients souffrant d'arthrose ces dernières années et devrait être revue, car un impact positif sur l'inflammation articulaire n'a pas pu être démontré."

Sources

https://press.rsna.org/timssnet/media/pressreleases/14_pr_target.cfm?id=2379

https://www.eurekalert.org/news-releases/971214

https://www.inserm.fr/dossier/arthrose/

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