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La procrastination est la tendance à tout remettre à plus tard, parfois même des tâches importantes à effectuer. Dans un monde où l’efficacité est portée aux nues, les procrastinateurs peuvent ressentir une forme de culpabilité à ne pas faire les choses en temps et en heure.

Des scientifiques se sont demandés si notre cerveau nous poussait à procrastiner et quelle région du cerveau entrait en action quand nous procrastinions. Ils ont mené une étude sur 51 participants dont les résultats ont été publiés dans la revue Nature Communications.

La procrastination vue par IRM

Les chercheurs ont fait participer les volontaires à plusieurs séries de tests :

  • Chaque participant devait d’abord attribuer de manière subjective une valeur à des récompenses (des gâteaux, des fleurs…) et à des efforts (mémoriser un chiffre, faire des pompes…)
  • Les participants devaient indiquer leurs préférences entre obtenir une petite récompense rapidement ou une grande récompense plus tard ;
  • Ils ont ensuite indiqué leur préférence entre un petit effort à faire tout de suite ou un effort plus important à faire plus tard ;
  • Les participants devaient décider soit de produire un effort le jour même pour obtenir immédiatement la récompense associée, soit de produire un effort le lendemain et de patienter jusque-là pour obtenir la récompense ;
  • Une fois rentrés chez eux, les participants devaient remplir plusieurs formulaires assez fastidieux et les renvoyer sous un mois maximum pour être indemnisés de leur participation à l’étude.

Tout au long de ces tests, l’activité cérébrale des participants était enregistrée par IRM. Résultat, une région du cerveau appelée cortex cingulaire antérieur a pour rôle d’effectuer un calcul coût-bénéfice en intégrant les coûts (efforts) et les bénéfices (récompenses). C’est donc cette région du cerveau qui intervient chez les procrastinateurs.

Prédire la tendance à la procrastination

“Les données fournies par les tests réalisés en IRM ont servi à alimenter un modèle mathématique dit « neuro-computationnel » de prise de décision, mis au point par les chercheurs” peut-on lire dans le communiqué de presse de l’INSERM. Ainsi, les chercheurs ont pu établir un algorithme permettant de prédire la tendance à la procrastination des participants à l’étude.

“Notre modèle prend en compte les coûts et les bénéfices d’une décision, mais intègre également les échéances auxquelles ils surviennent” précise Raphaël Le Bouc, l’un des chercheurs. “Par exemple, pour une tâche comme faire la vaisselle, les coûts sont liés à l’aspect long et rébarbatif de la corvée et les bénéfices au fait que l’on retrouve à son issue une cuisine propre. Laver la vaisselle est dans l’instant très pénible ; envisager de le faire le lendemain l’est un peu moins. De même, être payé immédiatement après un travail est motivant, mais savoir qu’on sera payé un mois plus tard l’est beaucoup moins. On dit que ces variables, le coût des efforts comme la valeur des récompenses, s’atténuent avec le délai, au fur et à mesure qu’ils s’éloignent dans le futur” a ajouté le chercheur.

« La procrastination pourrait être spécifiquement liée à l’impact du délai sur l’évaluation des tâches exigeant un effort. Plus précisément, elle peut s’expliquer par la tendance de notre cerveau à décompter plus vite les coûts que les récompenses", conclut Mathias Pessiglione, l’un des chercheurs en charge de cette étude.

Sources

COMMUNIQUÉ – SALLE DE PRESSE INSERM

Dans le cerveau des procrastinateurs

https://presse.inserm.fr/dans-le-cerveau-des-procrastinateurs/45900/

https://www.nature.com/articles/s41467-022-33119-w

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