Antidouleurs : une enquête révèle les risques de ces médicamentsIstock
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Paracétamol, ibuprofène… Les antidouleurs sont omniprésents dans nos placards. Pourtant, d'après les avis recueillis par l’émission Enquête et Santé, ils provoqueraient des effets secondaires dangereux, voire fatals.

Antidouleurs : une hausse d’hospitalisations et de décès

10 millions de Français souffrent de douleurs chroniques. Et pour bon nombre d'entre eux, les solutions naturelles ne suffisent pas. Ces personnes ont recours à des antidouleurs, souvent dérivés de la morphine et de l’opium.

En février 2019, déjà, l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) s’inquiétait du nombre d’augmentations d'hospitalisations, d’intoxications et de décès lié à la prise d’antidouleurs dans le pays.

Pour certains spécialistes, les antalgiques seraient même devenus plus dangereux qu’utiles. À tel point que l'on peut se poser la question suivante : les médecins ou pharmaciens sont-ils assez conscients des dangers pour les patients ?

En tout cas pas assez si l'on en croit les chiffres suivants : environ 400 000 américains sont morts d’une overdose d’opioïde (tramadol, codéine, opium...)en 20 ans.

Antidouleurs : des témoignages choquants

Pour réaliser son documentaire portant sur les dangers des anti-douleurs, Enquête de Santé a interrogé des Français, victimes de ces médicaments.

Parmi eux, Nicolas raconte comment il est devenu accro aux anti-douleurs et comment ces derniers ont fait des ravages sur sa santé.

"En 12 ans, je suis passé de trois cachets par jour à plus de 40 cachets par jour. J’en avais toujours un dans la bouche à un moment. Je me suis dit il faut que ça s’arrête sinon je vais mourir d’une overdose ou d’une crise cardiaque", explique-t-il.

Stéphanie, atteinte de douleurs aux jambes, s'est également confiée sur sa consommation excessive de médicaments. Tout a commencé lorsque son médecin lui a prescrit des opioïdes, car la douleur devenait chronique. Les doses ont progressivement augmenté jusqu’à atteindre 20 comprimés par jour.

J’étais prisonnière de ce traitement. J’avais l’impression de ne plus être une mère pour mes enfants, affirme-t-elle.

La dépendance a mis en danger Stéphanie. Elle a fait un malaise chez elle après un surdosage.

Un troisième témoignage confirme les dangers de la surconsommation d'opiacés. Dans l'émission, Jean-Luc a confié avoir ingéré 5 cachets de paracétamol après le travail car il ressentait de vives douleurs aux jambes.

Quelques heures plus tard, il a dû se subir une greffe du foie. L'organe avait été détruit par une intoxication sévère au médicament.

Désormais, sur les boîtes de Doliprane, la phrase "surdosage = danger, dépasser la dose peut détruire votre foie" est obligatoire. Cette décision a été prise par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) en juillet 2019.

Par ailleurs, la vente libre de paracétamol est interdite dans les pharmacies depuis janvier.

Les antalgiques : tout savoir sur ces médicaments

Les antalgiques : tout savoir sur ces médicaments© Istock

Selon l’Institut National du Cancer, les antalgiques sont les médicaments les plus utilisés dans le traitement de la douleur. Leur action qui cible le cerveau, sont capables d'interrompre le circuit de la douleur. Ils sont classés en 3 paliers en fonction de l’intensité de la douleur :

  • Le palier 1 comprend le paracétamol, le néfopam et les anti-inflammatoires non stéroïdiens. Ils sont efficaces pour les douleurs faibles à modérées. Cependant leur action est limitée. Augmenter le dosage n’apporte pas d’effet antidouleur plus important.
  • Le palier 2 comprend la codéine et le tramadol. Généralement, ils sont associés aux médicaments du premier palier.
  • Le palier 3 comprend les opioïdes forts comme la morphine, l’oxycodone, le fentanyl ou encore l’hydromorphone. Ces derniers ont une particularité : plus on augmente leur dosage, plus le médicament est efficace. Ils permettent pour la plupart de traiter des douleurs très fortes. Leur posologie est adaptée progressivement jusqu’à ce que le patient soit suffisamment soulagé.

Tout au long d’un traitement, il est possible de le compléter avec d’autres médicaments pour améliorer son efficacité notamment avec des corticoïdes. Ils sont définis par le médecin en fonction de la douleur.

Voici les effets secondaires d’un surdosage :

  • une anxiété et troubles du sommeil ;
  • une tendance à la dépression ou à l’excitation ;
  • une fragilisation des os ;
  • l’apparition du diabète ;
  • des mycoses buccales ;
  • une dépendance.

Antidouleurs : lequel choisir et à quelle dose ?

Antidouleurs : lequel choisir et à quelle dose ?© Istock

Si l'automédication doit être pratiquée avec beaucoup de prudence. Il est possible d'y avoir recours pour des douleurs ponctuelles contre une rage de dent ou un mal de tête.

Le paracétamol est le premier antalgique conseillé sauf contre-indication. Il est efficace contre la fièvre, les douleurs dentaires ou articulaires, les états grippaux ou encore les maux de tête. Sa posologie chez l’adulte est de 3 grammes par jour en automédication. Chez l’enfant, celle-ci est de 60 mg par kilo et par jour. Son utilisation est possible chez les femmes enceintes tout au long de la grossesse.

On trouve également dans cette catégorie d’antidouleurs, l’aspirine. Elle combine une triple action : antalgique, anti-inflammatoire et antipyrétique (baisse la fièvre). Il est conseillé de ne pas dépasser 3 grammes par jour. En revanche, le taux maximum est de seulement 2 grammes pour les personnes âgées. Sa prise doit être réalisée de préférence au cours d’un repas. Attention, si vous avez un estomac fragile, il est préférable d'éviter l’aspirine.

L’ibuprofène est également dans de nombreuses boites à pharmacie. Dosé à 200 mg, il soulage les maux de têtes et les courbatures. Les cachets de 400 mg sont pour leur part efficaces contre l’arthrite, les règles douloureuses ou encore les migraines. On peut en prendre jusqu’à 1 200 mg par jour chez un adulte et 20 à 30 mg par jour chez un enfant.

Pour finir, il y a les antispasmodiques notamment le Spasfon. Ils sont souvent utilisés pour des règles douloureuses ou encore des crampes à l’estomac. Leur dosage varie selon les médicaments. Il est conseillé de se référer à la posologie indiquée sur la notice.

Par ailleurs, si la douleur persiste ou augmente, il est impératif de consulter votre médecin.

Sources

Tous les antalgiques - Institut National du Cancer

« Enquête de santé » s’interroge sur une crise à venir des antidouleurs en France - Le Monde - 22 septembre 2020

Enquête de santé - France 5 - diffusé le 22 septembre 2020