Bêta-bloquants : ils seraient inutiles après un infarctus sans gravitéIstock

Après un infarctus du myocarde, près de la moitié des patients qui quittent l’hôpital se voient prescrire des bêta-bloquants pour rien, selon une étude publiée dans la revue The New England Journal of Medicine le 7 avril 2024. “Je suis persuadé que ces résultats auront un impact sur les pratiques futures. Cette étude a déjà été mentionnée dans les recommandations européennes en matière de soins cardiaques, il y a une demande”, a réagi dans un communiqué de presse l’auteur principal de l’étude, le professeur de cardiologie Tomas Jernberg.

De l’utilité des bêta-bloquants après un infarctus du myocarde

Après un infarctus du myocarde, on prescrit souvent aux patients qui rentrent chez eux des bêta-bloquants, comme le métoprolol et le bisoprolol. Ces médicaments sont principalement utilisés contre l'hypertension artérielle ou l'insuffisance cardiaque. Les auteurs de l’étude parue dans le NEJM affirment que les patients pour qui les bêta-bloquants ne sont pas bénéfiques après un infarctus du myocarde ne devraient pas en recevoir du tout. Seraient concernées les personnes dont l’infarctus du myocarde était sans gravité et qui ont retrouvé leurs fonctions cardiaques après l’accident.

Pour arriver à ces conclusions, les scientifiques ont suivi plus de 5000 patients admis dans 45 hôpitaux de Suède, d’Estonie et de Nouvelle-Zélande entre septembre 2017 et novembre 2023. Ceux-ci avaient souffert d’un infarctus du myocarde sans gravité. Au hasard, certains ont reçu des bêta-bloquants, d’autres non. À la fin de leur période d’observation, 7,9% des personnes ayant pris ces médicaments sont décédées ou ont eu un nouvel infarctus du myocarde, contre 8,3% de celles n’ayant pas pris ces médicaments.

N’arrêtez jamais un traitement sans l’accord de votre médecin

De ces résultats, les chercheurs tirent la conclusion suivante : la différence n’est pas significative statistiquement, d’où le peu de bénéfices - voire l’absence de bénéfices - apportés par les bêta-bloquants. “En général, les nouvelles études arrivent à la conclusion qu’il faut ajouter un médicament au traitement du patient. Ici, cependant, l’étude montre que les patients bénéficieront du retrait d’un médicament”, analyse le professeur Tomas Jernberg.

Le cardiologue alerte néanmoins : il ne faut en aucun cas arrêter son traitement sans l’accord de son médecin. De plus, cette étude ne traite que des infarctus du myocarde sans gravité (et donc pas des infarctus importants). Enfin, cette recherche ne s’intéresse pas aux effets de l’arrêt du traitement par bêta-bloquants.

“Il y a plusieurs raisons à cela. La prescription de bêta-bloquants peut avoir d’autres causes et s’expliquer par d’autres diagnostics. Il faut aussi garder à l’esprit que lorsque l’on arrête les bêta-bloquants, il faut le faire progressivement. Si on le fait trop brutalement, on peut avoir des palpitations cardiaques ou d’autres troubles. Il est donc très important d’en parler à son médecin avant d’arrêter n’importe quel médicament pour le coeur”, conclut le professeur Tomas Jernberg.

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