Vous êtes peut-être coutumier des rendez-vous chez l’ophtalmologue et du passage chez l’opticien, mais connaissez-vous l’orthoptiste ? Ce dernier pratique l’orthoptie, spécialité médicale qui consiste à dépister, diagnostiquer et soigner les troubles visuels moteurs, sensoriels et fonctionnels. Autrement dit, l’orthoptiste est un expert de la rééducation des yeux

Orthoptiste ou ophtalmo : quelles différences ?

La différence entre les deux professions est, et c’est le cas de le dire, encore floue pour vous ? Voici ce qu’il faut savoir pour mieux comprendre : l’ophtalmologue est un médecin spécialiste des yeux : il diagnostique et traite les maladies oculaires, prescrit des lunettes et autres lentilles, des médicaments, des examens et réalise des chirurgies (myopie, cataracte, etc.). Il a suivi 10 à 12 ans d’études de médecine. De son côté, l’orthoptiste, lui, est un professionnel paramédical formé en 3 ans. Il dépiste, évalue et rééduque certains troubles visuels (strabisme, œil paresseux, troubles de la convergence…). Il travaille souvent en collaboration avec un ophtalmologue, sur prescription. L’ophtalmologue soigne et opère, l’orthoptiste rééduque et accompagne la vision fonctionnelle.

Quand a-t-on besoin d’un orthoptiste ?

La plupart du temps, vous n’irez pas chez l’orthoptiste de votre propre chef. C’est plutôt votre médecin traitant, votre pédiatre ou votre ophtalmologiste qui va vous prescrire un rendez-vous chez ce professionnel. Un rendez-vous peut également être proposé pour les symptômes suivants : fatigue sur écran, fatigue visuelle, difficulté d’adaptation aux lunettes, maux de tête, larmoiements et picotements oculaires, yeux rouges, vertiges et troubles de l’équilibre, nausées, diplopie (vision double), ou strabisme. L'astigmatisme peut être également une raison de consulter un orthoptiste, ou encore pour ralentir la progression de la DMLA. “Les séances d’orthoptiste sont réalisées pour traiter les troubles de la vision binoculaire, améliorer la coordination oculaire et soulager la fatigue visuelle”, comme le souligne le groupe d’hôpitaux privés Elsan. 

En quoi consiste un bilan en orthoptie ?

Cet examen sert à déceler l’origine d’une fatigue ou d’un dysfonctionnement oculaire. Il en existe trois types distincts : 

  • Le bilan fonctionnel : ayant pour but d’évaluer la vision. 
  • Le bilan oculomoteur : qui sert à examiner les capacités motrices des yeux. Il peut également permettre d’étudier la coordination œil-main œil-tête.Autrement dit, l’expert évalue si les yeux travaillent bien avec les mouvements des mains ou de la tête, essentiels pour des gestes précis (par exemple : attraper un objet, suivre un mouvement). Il détecte les troubles de coordination entre vision et motricité.
  • Le bilan sensoriel : qui mesure l’acuité visuelle, la capacité à distinguer.

Tarif bilan orthoptique : est-ce que l'orthoptie est remboursé ?

Le bilan orthoptique classique coûte 60 euros la plupart du temps, mais, dépendamment du praticien, elle peut varier de 45 à 70 euros. Si le bilan orthoptique est prescrit par votre médecin, alors l’Assurance Maladie prendra en charge à hauteur de 60 % du tarif conventionnel, soit environ 36 euros si la séance vous en a coûté 60.

Faut-il forcément une prescription médicale pour consulter un orthoptiste ?

Oui… et non ! Le Syndicat National Autonome des Orthoptistes indique “Oui pour les bilans orthoptiques  sauf urgence. Il faut avoir une ordonnance de « bilan orthoptique ». Cette prescription peut être faite par un ophtalmologiste mais aussi par un médecin généraliste, un pédiatre, un neurologue ou tout autre médecin. Non pour les dépistages de 9 mois, 15 mois et 30 mois, à 5 ans et pour les bilans visuels de 16 à 42 ans.

Séance orthoptique : comment ça se passe ?

La plupart du temps, une séance avec un orthoptiste se passe comme suit :

  • D’abord un entretien oral, où vous allez échanger sur vos problématiques, et où le praticien posera différentes questions.
  • Ensuite, un test d’acuité visuelle. L’objectif : mesurer la capacité de votre œil à percevoir les détails à différentes distances, ce qui est essentiel pour poser un diagnostic orthoptique. L’examen commence par la mesure de la vision de loin, à l’aide d’échelles optométriques comme celle de Monoyer ou de Snellen, composées de lettres ou de symboles de tailles décroissantes. Le patient, placé à une distance de 5 ou 6 mètres, doit lire les lignes les plus petites possibles, œil par œil puis avec les deux yeux… Comme chez l’ophtalmologue, finalement. Pour la vision de près, l’orthoptiste utilise des échelles comme celle de Parinaud, placées à environ 33 à 40 cm, permettant de détecter des troubles spécifiques à la lecture ou au travail de proximité.
  • Chez les enfants ou les personnes ne sachant pas lire, des tests adaptés sont proposés, comme des images, des dessins ou des formes simples à reconnaître. Ces évaluations permettent de repérer une baisse d’acuité visuelle, d’identifier un éventuel défaut optique (myopie, hypermétropie, astigmatisme, presbytie), et d’adapter la prise en charge orthoptique.
  • Enfin, ces tests sont souvent le point de départ d’un bilan plus global, le bilan orthoptiste mentionné plus haut, intégrant également des examens oculomoteurs et sensoriels.

Est-ce qu'un orthoptiste peut prescrire des lunettes ?

Depuis un décret datant de 2022, les orthoptistes sont autorisés à prescrire des lunettes. Leurs patients doivent toutefois remplir certaines conditions : être âgés de 16 à 42 ans, ne pas avoir de pathologie oculaire connue, et cela doit être dans le cadre d'un protocole en lien avec un ophtalmologiste. Le renouvellement est possible si l'ordonnance a moins de 5 ans. Les enfants et personnes atteintes de pathologies nécessitent, de leur côté, une prise en charge ophtalmologique.

Rééducation orthoptique : dans quel cas ?

Dépendamment du diagnostic posé suite au bilan, l’orthoptiste peut proposer au patient des exercices de rééducation visuelle lors des séances d’orthoptie. 

Des exemples d'exercices pour la rééducation des yeux

Pour améliorer la coordination oculaire, l'orthoptiste peut vous inviter à réaliser plusieurs exercices. Par exemple, le suivi visuel, qui va consister à déplacer lentement un objet (par exemple un stylo) devant vos yeux, dans plusieurs directions différentes. En faisant cela, vous stimulez les muscles oculaires et améliorez votre coordination. Un autre exercice en orthoptie peut être celui des saccades qui consiste à alterner rapidement votre regard vers deux objets situés à différentes distances.