Nadalette, paraplégique après une opération ratée: F.VignaleService de presse
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En 2014, une scoliose [déviation de la colonne vertébrale] contraint Nadalette à passer sur le billard. À son réveil, c’est le cataclysme. Après 9 heures d’opération, elle apprend qu’elle se retrouve paraplégique suite une complication survenue pendant l’intervention. "Ma moelle épinière a été lésée. Je ne sentais plus mon ventre, ni mes hanches, ni mes jambes. On m’a dit que je ne remarcherais probablement jamais", nous raconte Nadalette.

Pourtant, trois ans plus tard, elle parvient à quitter son fauteuil roulant et à marcher à l’aide d’une canne. "Je remarche aujourd’hui très difficilement, mais je suis debout".

Ce n’est pas la seule victoire pour celle qui est devenue auteure et conférencière. Outre son livreLe Roseau penchant, histoire d’une merveilleuse opération (Fauves éditions), Nadalette captive le public par des prises de paroles inspirantes, dont un TED x (rencontre sous forme de conférences à travers le monde), Rien ne nous arrive par hasard, visionné par plus d’1.700.000 personnes. Pour Nadalette, c’est une évidence : rien de tout cela ne serait arrivé si elle n’avait pas eu son accident. Découvrez son témoignage.

"Je sais aujourd’hui que je ne pourrais plus danser le rock"

Si je pouvais dire quelque chose à la personne que j’étais avant d’être paraplégique, ce serait de prendre soin d’elle plus tôt. Je lui dirais "n’attends pas la catastrophe pour prendre soin de toi".

Ma paraplégie m’a amené à changer complètement de vie. Avant de l’accepter, je suis passée par plusieurs phases. Quelle que soit la maladie à laquelle vous êtes confronté, vous passerez par un processus de deuil. Il faut s’y préparer. Il y a une phase de sidération, de colère, de tristesse et de déni. Il y a aussi des phases de négociation avec l’univers, durant lesquelles on se dit que "peut-être si on est sage, tout s’arrangera". Mais il faut ensuite accepter qu’il y a des choses qu’on ne refera plus jamais. Je sais aujourd’hui que je ne pourrais plus danser le rock. Les relations avec ma famille, mon travail, mes amis… Toutes les sphères de ma vie ont été impactées. Mais d’autres choses se sont ouvertes à moi.

Il m’a fallu un an pour accepter mon handicap. J’ignorais alors que j’étais sur le point de réaliser mon rêve d’adolescente.

"Je n’aurai jamais réalisé mon rêve si je n’avais pas eu mon accident"

En rédigeant le rapport d’expertise de mon accident, je me suis rendue compte que j’aimais toujours autant écrire. C’était mon rêve à 18 ans. Puis, j’ai été prise dans une frénésie de gagner ma vie, d’acquérir un statut social et qui sait, peut-être par la peur d’écrire. Je suis donc partie dans une toute autre direction entre mes 18 et mes 60 ans.

Trois ans après mon accident, j’ai écrit mon témoignage [Roseau penchant, Fauves Edition, ndlr]. C’est l’histoire d’une femme qui n’a pas écouté son corps et qui a eu un pépin l’obligeant à vivre différemment. Écrire a été réparateur pour moi. Un éditeur s’est intéressé à mon récit et mon livre est sorti. Puis tout s’est enchaîné : les conférences, les prises de paroles, les articles d’opinion… Dès sa sortie sur YouTube, mon TED x Rien ne nous arrive par hasard a dépassé les 1.800.000 vues. Parce que ma parole est authentique et sans fard.

Incessamment sous peu, j’interviendrais sur le thème Je ne veux pas crever, un autre TED x qui se déroule à Bordeau, qui, j’espère, aura le même retentissement.

Je n’aurai jamais réalisé tout cela si je n’avais pas eu mon accident et si j’avais poursuivi ma vie d’avant. Attention, ce n’est toutefois pas une raison pour se foutre en l’air (rire) ! On peut à la fois faire attention à soi et oser réaliser ses rêves.

"Cela ne sert à rien de repenser à comment on était hier, ce qu’il faut c’est vivre ici et maintenant"

Aujourd’hui, il y a des jours avec et des jours sans. Pendant le confinement, j’ai fait deux chutes terribles, ce qui a profondément affecté mon moral. Depuis que je suis paraplégique, je dois faire très attention à mon poids ainsi qu’à mon alimentation. Un ou deux kg de trop, ce n’est pas un problème quand vous êtes valide, or lorsque vous ne l’êtes pas, vous les sentez. Ça pèse très lourd dans mes jambes, or il faut que je puisse les soulever. Si elles sont trop lourdes, je risque de blesser mes épaules. J’enchaîne les séances de musculation [trois fois par semaine, ndlr] avec un coach qui est un ancien militaire. Il est extrêmement bienveillant, mais il ne me laisse rien passer !

Je suis consciente que mon existence toute entière a changé. Mais ce que je veux faire comprendre, c’est qu’en cas de maladie ou de coup dur, il ne sert à rien de rester bloquer dans le passé. Cela ne sert à rien de repenser à comment on était hier. Ce qu’il faut, c’est vivre ici et maintenant. La vie finit toujours par reprendre ses droits. Il y a, certes, quelque chose qui s’est terminé. Mais il y a du nouveau qui arrive.

Pouvoir écrire est une grande chance pour moi. Je peux le faire sans avoir à sortir. J’apprends des tas de choses. Avec l’écriture, on se remet constamment en question, on s’oblige à retravailler notre style. Finalement, nous ne sommes pas loin du processus d’hypnose. On est là sans être là. Un sentiment que j’avais déjà étant gamine, lorsque je me réfugiais dans les livres.

"Cela ne sert à rien de repenser à comment on était hier, ce qu’il faut c’est vivre ici et maintenant"© Service de presse

Sources

Merci à Nadalette La Fonta, 66 ans, auteure et conférencière

mots-clés : opération, dos