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Selon l'hebdomadaire Ebdo, 13 patients sous Levothyrox® seraient décédés depuis le changement de formule de ce traitement des troubles thyroidiens. Les autorités sanitaires ne reconnaissent pas, à ce jour, de lien entre ces décès et le médicament.

"Quand le Mediator® a été retiré, il n'y avait eu aucun décès"

Maux de tête, début de calvitie, vertiges, crampes, fatigue intense… La polémique fait rage sur la nouvelle formule du Lévothyrox® mise sur le marché en mars 2017, qui entraînerait de nombreux effets secondaires pour les patients. Dans le rapport de pharmacovigilance rendu public par l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de Santé (ANSM) le 10 octobre, on apprenait le décès de 4 personnes.

  • Une femme de 87 ans, diabétique, victime d'un accident vasculaire cérébral ischémique.
  • Une femme de 78 ans, mort subitement, qui aurait eu l'habitude de prendre un grand nombre d’autres médicaments.
  • Une patiente de 34 ans ayant reçu "un lourd traitement psychiatrique" selon l'ANSM.
  • Une femme de 39 ans décédée après un œdème pulmonaire et ayant de l'insuffisance cardiaque.

Or, selon les informations d'Ebdo, neuf décès se seraient ensuite ajoutés à cette liste. Soit 13 personnes décédées au total depuis le début de l'année. "A titre de comparaison, quand le Mediator® est rétiré du marché en novembre 2009 à cause d'effets indésirables graves sur les valves du coeur, la banque de données n'enregistre aucun décès" rappellent nos confrères.

L'ANSM a rapidement réagi à la publication d'Ebdo, sur Twitter : "Les signalements de décès et de cas graves font systématiquement l’objet d’une vigilance particulière de l’ANSM. Si un lien est établi avec le Levothyrox, l’ANSM prendra les mesures nécessaires. Aucun lien n’est aujourd’hui établi." Dans un second tweet, l'Agence précise : "Ces patients recevaient plusieurs traitements et souffraient pour la plupart de pathologies graves."

Des études qui n'ont pas pris en compte la réalité quotidienne des patients

Les signalements pour effets indésirables atteignaient le nombre de 14 842 au 20 novembre selon l'ANSM. Plus de 300 plaintes ont été déposées contre la nouvelle formule du laboratoire Merck et de nouvelles continuent d'être enregistrées. Les plaignants demandent notamment le retrait de la nouvelle formule.

Pour rappel, "l'ANSM avait demandé dès 2013 aux laboratoires Merck-Serono de revoir la formule pour maintenir une "stabilité plus importante de la teneur en T4 (hormone fabriquée par la thyroïde) tout au long de la durée de conservation du produit. Cela signifie que la molécule était donc instable dans les boîtes vendues en pharmacie" expliquait William Rostène, chercheur émérite à l'Inserm, dans une tribune sur Medisite.

"De novembre 2013 à Juillet 2014, Merck-Serono a mené une étude en Allemagne chez 200 sujets sains (...). D’après cette étude sponsorisée par le laboratoire Merck-Serono, l’ancienne et la nouvelle formule ne présentent aucune différence. (...) Cependant l’étude ne correspond pas vraiment à la réalité quotidienne des patients, même si cette étude a été réalisée selon les normes définies par l’ANSM. En effet, une dose de 600 microgrammes de Lévothyrox®est utilisée sur une journée et les tests réalisés un mois après. Or, le Lévothyrox® est prescrit pour des doses entre 50 et 150 microgrammes par jour, ce qui modifie naturellement la biodisponibilité qui est justement le critère en question."

Sources

- Ebdolejournal numéro 0, Enquête : Les 13 morts du Levpthyrox cachés par les autorités, 29 novembre 2017

- ANSM, Rapport de pharmacovigilance Levothyrox, 10 octobre 2017

Vidéo : Thyroïde : pourquoi ces médicaments sont dangereux ?

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