Bien dormir : Quelle est la température idéale pour les seniors ? Adobe Stock
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Les cernes affichés lors des récentes périodes de canicule sont un des signes qui trahissent notre difficulté à dormir quand la température caracole.

C’est un fait : notre organisme s’accommode mal de la chaleur et il nous est plus difficile de tomber dans les bras de Morphée quand le thermomètre peine à descendre la nuit. Au-delà de 28 degrés, il devient compliqué de s’endormir car notre corps est en surchauffe. Il n’est pas rare alors de souffrir de troubles d’endormissement, de se réveiller en pleine nuit ou encore de ne pas fermer l’œil de la nuit.

Les pics de chaleur affolent notre thermostat interne

Ce phénomène s’explique facilement : notre organisme a besoin de baisser sa température interne pour se mettre en état de sommeil. "Lorsqu’il fait très chaud, la dilatation des vaisseaux sanguins au niveau de la peau est moins efficace, la déperdition de chaleur moindre, ce qui retarde l’endormissement", et génère un stress thermique, expliquait récemment Armelle Rancillac, chercheuse en neurosciences Inserm au Collège de France, interrogée par l’Agence France presse.

C’est en vertu du même mécanisme physiologique qu’il est d'ailleurs déconseillé de pratiquer une activité physique intense avant le coucher. Car celle-ci entrave le refroidissement de notre thermostat central.

Sommeil réparateur : la température optimale

Pour un sommeil réparateur et de qualité, les professionnels de santé et spécialistes du sommeil s’accordent sur le fait qu’une température ambiante constitue une des conditions clés. L’Institut national du sommeil et de la vigilance rappelle que la température de la chambre ne doit pas dépasser les 20°C, sachant qu’une température "optimale" se situe entre 18°C et 19°C pour dormir.

Cette température est-elle la même pour tous ? Non, pour les seniors, cette température idéale serait légèrement supérieure, si l’on en croit une étude américaine de la Harvard Medical School. Les seniors devraient ainsi dormir dans un environnement compris entre 20 et 25 degrés.

De 25 à 30 degrés, 5 à 10 % de qualité de sommeil en moins

Ces nouveaux travaux soulignent que la température ambiante nocturne joue un rôle essentiel dans la qualité du sommeil des personnes âgées.

Les chercheurs vont plus loin en arguant que lorsque la température ambiante nocturne passe de 25 degrés à 30 degrés, l'efficacité du sommeil s’en trouve amoindrie de 5 à 10 %.

Pour s’en rendre compte, les chercheurs ont examiné l'association entre la température nocturne de la chambre à coucher et la qualité du sommeil, auprès d'un échantillon de 50 personnes âgées vivant en communauté.

À l'aide de moniteurs de sommeil portables et de capteurs environnementaux, les chercheurs ont surveillé et analysé la durée, l'efficacité et l'agitation du sommeil sur une période prolongée, au domicile des participants.

"Ces résultats mettent en évidence la possibilité d'améliorer la qualité du sommeil chez les personnes âgées en optimisant les environnements thermiques domestiques, explique Amir Baniassadi, chercheur principal de l’étude, dans un communiqué. Ils soulignent l'importance des ajustements personnalisés de la température en fonction des besoins individuels et des circonstances".

L’enjeu d’un sommeil réparateur sur la santé des seniors

La quête de cette température optimale nocturne s'érige en cible potentielle pour aider les seniors à mieux dormir, alors qu’il est établi que le sommeil se détériore naturellement avec l’âge. Les troubles du sommeil, comme l’apnée du sommeil ou les insomnies, sont en effet plus fréquents chez les personnes âgées. Et ce manque de sommeil ruisselle négativement sur le quotidien, entraînant des variations d’humeur (irritabilité, déprime) et une altération des fonctions cognitives (mémoire, concentration, attention).

Par le passé, plusieurs études ont dressé un lien entre un manque de sommeil et un risque accru de déclin cognitif. Un déficit de sommeil rendrait également plus vulnérable au diabète (en dérégulant les fonctions métaboliques et en perturbant la bonne gestion de la glycémie) et au risque de maladie cardiovasculaire.

Le défi d’adaptation à l’heure du réchauffement climatique

De surcroît, ces travaux ont le mérite d'éveiller les consciences à l'impact potentiel du changement climatique sur la qualité du sommeil chez les seniors, "en particulier celles dont le statut socio-économique est moins élevé".

Un argument qui plaide un peu plus en faveur d’un accompagnement des seniors les plus vulnérables pour les aider à renforcer "leur capacité d'adaptation face à l'augmentation des températures nocturnes", ajoute le chercheur.

En conclusion, les auteurs envisagent d’approfondir leurs recherches sur le sommeil des personnes âgées à faible revenu, sous l’angle de l’impact du changement climatique. Leur objectif à long terme étant d'oeuvrer au développement d'interventions concrètes pour optimiser l' environnement de sommeil de cette population.

Les travaux ont été publiés dans la revue Science of The Total Environment.

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