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Nous ne sommes pas égaux face aux chatouilles. A leur contact, certains sont pris d’un rire nerveux. D’autres encore tressaillent, se sentent irrités ou agacés. Parfois aussi ce geste, qui stimule par effleurement de la peau ou par des pressions plus énergiques certaines parties du corps, laisse indifférent.
Tantôt agréables, déplaisants, agaçants ou neutres, cette expérience tactile et familière est ressentie différemment d’un individu à l’autre. La sensibilité aux chatouilles échappe à toute règle et toute convention. Souvent associée à un plaisir régressif et à l’espièglerie, les significations de ce geste évoluent au gré du contexte dans lequel il intervient.
Aussi, les chatouillis auraient été employés comme instrument de torture sous la Rome antique, rappellent des chercheurs dans une récente étude parue dans Frontiers in Psychology.
Une communauté de fétichistes des chatouilles
Face aux maigres connaissances disponibles sur le sujet, Shimpei Ishiyama, chef du groupe de recherche en neurogelotologie à l'institut de physiopathologie du centre médical universitaire de Mayence (Allemagne) a voulu enrichir la littérature existante. Objectif : explorer la perception et l’utilisation des chatouilles sous le prisme inédit du jeu sexuel.
"Les études précédentes sur les chatouilles se sont principalement concentrées sur les conséquences sensorielles et les aspects ludiques des chatouilles. Dans notre étude, nous avons examiné pour la première fois le rôle des chatouilles dans un contexte sexuel", justifie-t-il dans un communiqué de l’étude.
L’idée d’entreprendre ces travaux a germé dans l’esprit des chercheurs après la découverte d’une communauté en ligne dédiée au fétichisme des chatouilles… Oui, vous avez bien lu. Ce phénomène existe bel et bien et porte même un nom : la knismolagnie. Sous cette bannière, peuvent être regroupées toutes les personnes qui tirent une excitation ou une gratification sexuelle à recevoir des chatouilles.
Chatouilles : un stimulus sexuel
Avides de décrypter l’impact de ce fétichisme singulier dans l’alcôve, les chercheurs ont réalisé une enquête en ligne en puisant dans le vivier de fétichistes de cette communauté en ligne. Ils ont ainsi pu collecter les expériences de 719 participants actifs et adeptes de ce fétichisme. Ils ont répondu à total de 43 questions sur une période de 108 jours.
Les informations recueillies pourraient changer votre regard sur les chatouilles (voire vous inspirer sous la couette) : elles constituent un stimulus sexuel suffisant pour de nombreuses personnes, tant et si bien que les plus réceptives parviennent même à atteindre l’orgasme.
Et cette porte d’accès au plaisir ne concernerait pas qu’une petite poignée d’anonymes.
Se faire chatouiller : un catalyseur d’orgasme
Chiffre à l’appui : 88 % des personnes interrogées tirent du plaisir sexuel des chatouilles sans avoir besoin d'autres formes de stimulation sexuelle, rapportent les chercheurs.
Plus surprenant encore, 25 % des participants ont déclaré avoir eu des orgasmes exclusivement grâce aux chatouilles, "sans stimulation génitale", dixit l’enquête relayée par PsyPost.
Mains, plumes et autres accessoires érotiques à chatouilles
L’usage érotique des chatouilles dans la satisfaction du plaisir sexuel varie d’un participant à l’autre, à en croire l’étude. La majorité des sondés plébiscitent les chatouilles légères (knismesis), ces effleurements doux, semblables à des plumes. Celles-ci paraissent, de l’avis des répondants, plus subtiles et plus propices à faire monter l’excitation que les chatouilles vigoureuses (gargalesis), plus intenses et source de rires incontrôlables.
Preuve que l’expérience sexuelle des chatouilles se prête à toute fantaisie, les réponses indiquent que l'utilisation d'outils dans les pratiques de chatouillement est monnaie courante : les mains, les doigts, les ongles, les plumes ou encore les brosses figurent parmi les accessoires les plus appréciés pour faire monter le plaisir en chatouillant.
La découverte du potentiel érotique des chatouilles pourrait bousculer nombre de croyances qui collent encore à l’orgasme et en inviter plus d’un à tester leur propre sensibilité au lit.
Sources
https://www.frontiersin.org/journals/psychology/articles/10.3389/fpsyg.2024.1342342/full
https://www.psypost.org/tickle-fetishism-new-study-sheds-light-on-its-surprising-role-in-adult-sexuality/
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