Alcool : boire régulièrement (même un peu) nuit à la tension artérielleAdobe Stock
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La consommation d’alcool augmente la pression artérielle. Et nul besoin de boire en excès tous les jours, ou d’être un adepte du binge drinking (cette consommation festive de grande quantité de boissons alcoolisées en soirée), pour en subir les répercussions sur la santé cardiovasculaire. Quand elle se mue en habitude quotidienne, même avec un verre par jour, les artères risquent de trinquer.

C’est l’avertissement à retenir d’une nouvelle analyse, parue le 31 juillet 2023, basée sur sept études internationales. Dans la revue Hypertension, le journal de l’American Heart Association, les chercheurs de l’Université de Modène et de Reggio Emilia, en Italie, ont mis en évidence une association entre l’alcool et l’augmentation de la pression artérielle, même chez les participants ayant une consommation d'alcool faible, en l’absence d’hypertension sous-jacente.

Pour rappel, la tension artérielle désigne la pression exercée par la circulation du sang sur la paroi des artères.

Une routine à risque cardiovasculaire

L’étude italienne souligne de façon inédite une hausse continue des mesures de la pression artérielle liée au geste routinier de boire de l’alcool, quel que soit le niveau de consommation.

Pour arriver à ces conclusions, les Italiens ont décortiqué les données de santé provenant de sept études d’observation, menées aux Etats-Unis, au Japon et en Corée, entre 1997 et 2021. Celles-ci impliquaient un total de 19 548 adultes, âgés de 20 ans à 70 ans.

Aucun antécédent cardiovasculaire chez les participants

Les participants ne présentaient pas d’antécédent cardiovasculaire . Aucun n’avait reçu de diagnostic d’hypertension artérielle, de maladie cardiovasculaire, de diabète, de maladie du foie, d’alcoolisme ou de binge drinking.

Les chercheurs ont comparé l’effet de l’alcool sur la pression artérielle systolique et diastolique, chez les adultes qui buvaient régulièrement de l'alcool, par rapport à ceux qui n'en buvaient pas du tout. Ils se sont basés sur le nombre de grammes d’alcool consommés.

Des variations de la tension artérielle, même avec peu d’alcool

La pression artérielle systolique correspond à la pression exercée sur la paroi des artères pendant la contraction du cœur. La pression artérielle diastolique mesure la force exercée sur les parois des artères entre les battements de cœur. Cette dernière n'est pas un indicateur aussi fiable du risque de maladie cardiaque que la pression artérielle systolique.

A l’issue de cette analyse, il est apparu que chez les adultes ne souffrant pas d'hypertension, les chiffres de la tension artérielle augmentaient fortement au fil des années, à mesure que le nombre de boissons alcoolisées s’élevait.

De plus, de faibles niveaux de consommation d'alcool étaient associés à des augmentations de la pression artérielle systolique. Or il est établi qu’une augmentation de la pression artérielle augmente le risque de troubles cardiovasculaires.

Une élévation de la pression systolique et diastolique

"Nous avons été quelque peu surpris de constater que la consommation d'un niveau d'alcool déjà faible était également liée à des variations plus importantes de la pression artérielle au fil du temps", par rapport au fait de ne pas boire du tout, a réagi dans un communiqué Marco Vinceti, auteur principal de l'étude et professeur d'épidémiologie et de santé publique à la faculté de médecine de l'université de Modène et de Reggio Emilia.

Dans le détail, les chercheurs ont constaté que :

-la pression artérielle systolique a augmenté de 1,25 millimètre de mercure (mm Hg) chez les personnes qui consommaient en moyenne 12 grammes d'alcool par jour, pour atteindre 4,9 mm Hg chez les adultes qui consommaient en moyenne 48 grammes d'alcool par jour.

-la pression artérielle diastolique a également connu une augmentation, quelle que soit la quantité d’alcool quotidienne : elle a crû de 1,14 mm Hg chez les personnes consommant en moyenne 12 grammes d'alcool par jour, et de 3,1 mm Hg chez les personnes consommant en moyenne 48 grammes d'alcool par jour.

Une bonne raison d’éviter l’alcool

A noter que ces associations ont été observées chez les hommes, mais pas chez les femmes.

"Nous n'avons trouvé aucun effet bénéfique chez les adultes qui buvaient peu d'alcool par rapport à ceux qui n'en buvaient pas", précise encore Marco Vinceti.

Les chercheurs précisent tout de même que la hausse de la pression artérielle observée chez les "petits" buveurs réguliers restait tout de même "nettement inférieure à celle observée chez les gros buveurs".

Cette découverte devrait inciter à réduire voire arrêter l’alcool. "L'alcool n'est certainement pas le seul facteur d'augmentation de la pression artérielle, mais nos résultats confirment qu'il y contribue de manière significative. Il est conseillé de limiter la consommation d'alcool, et il est encore mieux de l'éviter", encourage Marco Vinceti.

En France, 49 000 décès sont imputables à la consommation d’alcool. On sait qu’il constitue un facteur de risque d’hypertension artérielle. De nombreuses études se sont fait écho de ses ravages sur le myocarde : il favorise les myocardiopathies (maladies cardiovasculaires), augmente la fréquence des accidents vasculaires cérébraux (AVC) et d’insuffisance cardiaque congestive (quand le cœur ne peut plus pomper le sang normalement).

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