Qu'est-ce que la goutte ?

La goutte  est provoquée par l’hyper-uricémie qui est un excès d’acide urique dans le sang. L’acide urique se transforme alors en cristaux qui vont se loger dans les articulations. Elle provoque des crises d’arthrite, qui sont des atteintes inflammatoires des articulations. Elles sont à l’origine de violentes douleurs, survenant généralement la nuit et touchant fréquemment le gros orteil. Ces crises durent quelques jours et ont tendance à récidiver. Elles sont souvent déclenchées par des abus alimentaires ou d’alcool.

L'excès d'acide urique est-il fréquent ?

La goutte touche plus d’hommes que de femmes, survient à l’âge adulte et atteinte environ 2% des personnes entre 30 et 45 ans, voire un peu plus tard chez la femme, après la ménopause.

Quels sont les symptômes de la goutte ?

Les symptômes de la crise de goutte sont :

  • une douleur brutale, intense et pulsatile dans une articulation, de survenue souvent nocturne. Les articulations les plus touchées sont les extrémités, notamment le gros orteil, car le froid transforme l’acide urique en cristaux, qui se déposent dans les articulations ;
  • une inflammation avec rougeur et œdème au niveau de l’articulation atteinte ;
  • une sensation de froid au niveau de l’articulation touchée.

L’état général est souvent conservé, mais de la fièvre peut survenir dans certains cas.

Quelles sont les causes de l'hyper-uricémie ?

Les principales causes de la goutte sont :

  • les excès de table, surtout s’ils sont fréquents ;
  • l’abus d’alcool, surtout de bière, de whisky, de gin, de vodka ou de rhum ;
  • une origine héréditaire, plus rare ;
  • certains médicaments.

Facteurs de risques

Les principaux facteurs de risque contribuant à faire augmenter le taux sanguin d’acide urique sont :

  • Les excès alimentaires comportant surtout la consommation d’abats, de viandes blanches et rouges, de poisson et de fruits de mer. Un apport calorique qui excède constamment les besoins de l’organisme augmente le taux sanguin d’acide urique.
  • L’abus d’alcool chronique : l’éthanol augmente la production d’acide urique. La bière est la boisson alcoolisée qui élève le plus le taux d’acide urique.
  • Le stress.

Personnes à risques

Les personnes les plus à risque de développer de la goutte sont :

  • les hommes, qui ont un taux d’acide urique sanguin naturellement plus élevé que celui des femmes.
  • Les femmes ménopausées, car à ce moment-là leur taux d’acide urique rejoint celui des hommes ;
  • les personnes atteintes d’une maladie des reins (calculs rénaux, insuffisance rénale), d’hypertension artérielle, de diabète, d’obésité, d’hypercholestérolémie ou d’athérosclérose ;
  • les personnes qui prennent des médicaments comme les diurétiques et l’aspirine ;
  • les personnes ayant des antécédents familiaux de goutte.

Durée

Sans traitement, une crise de goutte dure une à deux semaines. Les douleurs peuvent être très violentes durant les trois premiers jours. Avec un traitement approprié, la crise de goutte peut céder en quarante-huit heures. Les récidives sont fréquentes, mais avec un traitement de fond précoce et adapté, la qualité de vie des personnes atteintes de goutte est nettement améliorée et la fréquence des crises diminue. Ce traitement doit être bien-sûr associé à des mesures hygiéno-diététiques.

Complications

Les complications de la goutte apparaissent en cas de mauvaise observance du traitement. On peut alors observer :

  • une arthrite chronique, due au fait qu’en récidivant, les cirses de gouttes détériorent l’articulation, notamment au niveau des genoux, des chevilles ou des poignets ;
  • la formation de tophi, qui sont des dépôts d’acide urique sous la peau que l’on peut observer au niveau des oreilles, du tendon d’Achille, des coudes, des doigts ou des orteils. Le risque est l’atteinte tendineuse ;
  • des calculs rénaux, voire une insuffisance rénale par excès d’acide urique dans les reins.

Contagion

La goutte n’est pas une maladie contagieuse.

Qui, quand consulter ?

En cas de symptômes d’arthrite goutteuse, il est nécessaire de consulter son médecin généraliste qui va prescrire les examens nécessaires pour établir le diagnostic, notamment une prise de sang pour connaitre le taux d’acide urique. Il peut assurer le suivi lui-même ou adresser le patient à un rhumatologue.

Examens et analyses

En cas de crise de goutte, les examens complémentaires utiles sont les suivants :

  • un bilan biologique par prise de sang, pour doser le taux d’acide urique et évaluer le syndrome inflammatoire (vitesse de sédimentation) ;
  • un dosage de l’acide urique dans les urines ;
  • une ponction de liquide synovial de l’articulation atteinte : celle-ci n’est pas systématique et pas forcément nécessaire au diagnostic. Elle comporte des risques infectieux.

Quels sont les traitements de la goutte ?

Il n’existe pas de traitement curatif de la crise de goutte. La prise en charge consiste à traiter les crises et à prévenir les récidives.

Que faire pour traiter une crise de goutte ?

Les objectifs du traitement de la crise de goutte sont :

  • soulager la douleur et l’inflammation ;
  • raccourcir la crise grâce à des anti-inflammatoires ;
  • prévenir les récidives et les complications, à long terme, avec des médicaments diminuant le taux d’acide urique sanguin.

Soulager la douleur et lutter contre l’inflammation

La prescription d’anti-inflammatoires non stéroïdiens par voie orale est indiquée en cas de crise de goutte. On peut y associer des protecteurs gastriques. Attention toutefois à ne pas utiliser de l’aspirine, car malgré son action anti-inflammatoire, elle augmente le taux d’acide urique sanguin.

Si les anti-inflammatoires ne suffisent pas, on peut proposer un traitement à la colchicine, très efficace pour lutter contre les crises de goutte. Toutefois, ces médicaments ont de multiples effets indésirables comme les nausées, les diarrhées, les douleurs abdominales et les vomissements.

En dernier recours et en cas d'inefficacité de ces premiers traitements ; les corticoïdes seront proposés par voie orale ou en infiltration dans l’articulation atteinte.

Comment s’alimenter durant une crise de goutte ?

En cas de crise de goutte, une hygiène alimentaire stricte doit être observée. Les mesures suivantes doivent être prises :

  • éviter la consommation d’alcool ;
  • éviter la consommation de gibier, de fruits de mer et de poissons, qui sont des aliments riches en purines ;
  • éviter de consommer des aliments très riches en matières grasses ;
  • boire  2 à 3 litres de liquide par jour, principalement de l’eau.

Chez les personnes ayant des crises de goutte répétées, une consultation et un suivi par une diététicienne peuvent être utiles.

Comment éviter les récidives et les complications ?

Pour éviter les récidives et les complications des crises de goutte, il faut :

  • augmenter l’excrétion de l’acide urique, avec certains médicaments comme le probénécide ;
  • diminuer la production d’acide urique en utilisant l’allopurinol : une baisse significative du taux d’acide urique a lieu dès 24 heures après le début du traitement. Attention toutefois, l’allopurinol n’est pas un traitement de la crise.

Prévention

La prévention de la goutte passe par des mesures hygiéno-diététiques strictes, surtout pour prévenir les récidives.

L’acide urique est surtout produit lors de la consommation de produits de la mer et de protéines. La consommation d’alcool, notamment de bière, augmente aussi considérablement la production d’acide urique. Une alimentation équilibrée est indispensable en favorisant les produits laitiers et en limitants les apports protéiques.

Il faut donc réduire :

  • les abats (foie, rognons, tripes, cervelle, tête de veau, langue etc.),
  • les sardines, anchois, harengs, œufs de poissons...,
  • les extraits de viandes (bouillon, jus, gelée),
  • les charcuteries, gibier faisandé,
  • les fromages très fermentés,
  • la mayonnaise, crème, sauces grasses, fritures.

La consommation d’alcool doit également être limitée.

Le jambon blanc ou la volaille peut remplacer les abats et les viandes rouges.

Les produits laitiers peuvent être consommés, ainsi que les salades de fruits.

Il est très important de pratiquer une activité physique suffisante et régulière, d’au moins trois heures par semaine.

La régulation du poids est un facteur primordial.

Le traitement hormonal substitutif semble réduire le risque de crise de goutte chez la femme ménopausée, en raison de la présence d'œstrogènes.

Certains médicaments contre l’hypertension artérielle peuvent faire augmenter le taux d’uricémie.

L’hydratation est un élément essentiel pour lutter contre la goutte, surtout en cas de transpiration, en évitant les boissons sucrées et les sodas.

Mon conseil de médecin généraliste :

"l’alcalinisation des urines par la consommation de certaines eaux de sources peut permettre d’éviter que l’acide urique ne se transforme en cristaux. Attention toutefois, ces eaux sont souvent salées".

Sites d’informations et associations

Des sites d’informations et des associations traitant de la goutte sont consultables sur internet. Il s’agit :