Messieurs : 4 erreurs au lit qui empêchent votre partenaire d'atteindre l'orgasmeIstock
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Pourquoi l’orgasme féminin reste-il mystérieux ?

Au lit, les différences au niveau du plaisir ressenti sont marquées : si 95% des hommes affirment atteindre l’orgasme presqu’à chaque rapport sexuel, huit femmes sur dix disent avoir du mal à connaître l’extase… Mais comment expliquer ces disparités ? Selon le docteur Gérard Leleu, sexologue, il y aurait plusieurs raisons selon lesquelles les femmes ne parviennent pas à prendre complètement leur "pied".

"La première est historique : le plaisir féminin et l’orgasme reviennent de loin parce qu’ils furent combattus et même interdits. En Occident, on a eu affaire à une religion anti-sexe, qui a inventé le péché de chair. L’amour était réprimé et la femme aussi. De cette période de répression, il reste dans l’inconscient collectif de toute femme des traces délétères qu’il faut exorciser en en dénonçant les origines. Car ces traces peuvent encore la bloquer."

La deuxième, c’est la complexité de l’appareil génital féminin que les hommes comme les femmes ont du mal à saisir : "L’organe de l’homme est extérieur et sa sensibilité est concentrée essentiellement sur le gland, alors que la femme a un organe intérieur, très complexe. Il y a le fourreau vaginal, qui au départ est insensible et doit être éveillé, et qui en plus ne se limite pas aux quelques centimètres carrés du gland : c’est très important en volume, il y a les culs-de-sac vaginaux, le vagin mais également le clitoris." La difficulté se trouve donc dans la capacité à stimuler correctement toute cette zone.

Erreur n°1 : ne pas être à l’écoute de la femme

Être à l’écoute de sa partenaire, c’est s’assurer de la combler en mettant en application ses demandes. Et pour cela, il est impératif de connaître les différences entre les deux organes féminins pourvoyeurs d’orgasmes : le clitoris et le vagin. "L’orgasme clitoridien, l’homme le connaît depuis toujours, mais il applique mal les choses, déplore le Dr Leleu. Néanmoins, cela peut se corriger en apprenant ce sexe et en étant à l’écoute de la femme : messieurs, consultez les passages où sont exposées son anatomie et sa physiologie, repérez-en les points sensibles, écoutez ce que vous dit la femme, demandez-lui des précisions sur ce qui est bon."

Et surtout, prêtez attention au ressenti de votre partenaire sur le moment : "L’homme ne sait pas toujours bien caresser le clitoris. Quand il le caresse, l’orgasme ne survient que dans 45% des cas alors que quand la femme le stimule elle-même, elle atteint l’orgasme dans 95% des cas, voire 100%. Il est souvent trop brutal. Selon le plaisir de la femme, donc selon son chant, ses mots, ses cris, il faut adapter et bien être à l’écoute pour savoir si ce n’est pas trop fort, si ça ne va pas assez vite ou au contraire trop vite… Il faut vraiment qu’il puisse s’ajuster à ce qui rend la femme jouissante."

Autre source de plaisir à ne pas négliger : le vagin. Nombreuses sont en effet les femmes qui ne parviennent pas à avoir un orgasme vaginal lorsqu’elles sont pénétrées. Mais selon le Dr Leleu, les hommes auraient tout intérêt à ne pas se contenter de leur pénis pour stimuler cette zone : "La caresse vaginale avec les doigts est finalement assez peu connue et pratiquée, ou en tout cas pas pratiquée avec toute la délicatesse qu’il faudrait. Il faut donc là encore être très à l’écoute de la femme pour savoir s’il faut aller plus profond, plus vite, moins vite…"

Erreur n°2 : négliger son hygiène corporelle

Le manque d’hygiène, ce tue-l’amour : selon une étude, 25% des Françaises et 22% des Français auraient déjà mis fin à une relation amoureuse à cause de cela. Et pour les plus courageux d’entre nous, pour qui l’amour est plus fort que tout, le manque d’hygiène de leur partenaire peut avoir un réel impact sur le plaisir, voire la fréquence des rapports sexuels. C’est pourquoi la sexologue Rosa Carballeda, interviewée par Medisite, rappelle l’importance d’avoir une hygiène corporelle irréprochable.

"Être érotique et désirable, ça passe tout simplement par se laver, se parfumer, être propre. Si vous ne vous êtes pas lavé, que vous avez de la crasse sous les ongles…" le plaisir n’est pas près de décoller !

Erreur n°3 : manquer d’affection

Autre grossière erreur, et pas des moindres : négliger le côté affectif sous la couette. "L’homme pense que les caresses des parties voluptueuses de la femme est quelque chose d’automatique, mais c’est faux, rappelle le sexologue. Il faut qu’il associe à ces caresses mécaniques beaucoup de tendresse, que la femme se sente aimée."

Mais ce conseil n’est pas qu’à appliquer au lit : selon le Dr Leleu, "les chants du soir sont préparés par les caresses du midi. On ne va pas devenir brusquement gentil parce que l’on a envie de jouir", au risque que la femme comprenne cette tactique et ne soit pas simplement bloquée pour atteindre l’orgasme, mais pour faire l’amour tout court. C’est pourquoi "il faut être sincèrement gentil tout le temps et toute la journée. Il faut montrer à la femme qu’elle n’est pas une mécanique, qu’on l’estime et qu’elle n’est pas un objet."

Ne soyez pas non plus étonnés messieurs si votre partenaire refuse d’avoir des rapports sexuels après que pour X raisons vous vous soyez mal comportés avec elle. Logique : "une femme ne va pas offrir son corps à un homme hostile ou détestable, qui l’accable de reproches ou limite d’injures. Et la domination, la colère, la dévalorisation, la violence sont contraires à l’accès à l’orgasme." Alors introspectez-vous !

Erreur n°4 : faire le "Monsieur je-sais-tout"

Par peur d’être jugés, au lieu d’avouer qu’ils ne sont pas à l’aise avec certaines pratiques, certains hommes préfèrent tenter, pensant que cela finira par venir naturellement. Or, l’erreur qui peut empêcher votre partenaire d’atteindre le septième ciel, "c’est s’imaginer que faire l’amour va de soi, qu’il n’y a rien à apprendre, affirme le Dr Leleu. Pas du tout ; faire l’amour correspond à un art, l’art érotique. Comme la musique, cela s’apprend."

Au risque sinon de mal faire. Les sexologues déplorent en effet le fait que la pornographie et ses codes dévalorisants restent la référence en matière de sexe. "Quand tout d’un coup on met une fessée à sa partenaire, on lui tire les cheveux, on lui lance des insultes, ça peut mettre mal à l’aise", assure Rosa Carballeda. Elle explique par ailleurs que cette expression particulière de la sexualité participe à véhiculer l’idée selon laquelle "les femmes ne servent qu’à donner du plaisir à l’homme. Le plaisir féminin, on s’en fiche."

Alors, à moins d’avoir l’accord de sa partenaire, mieux vaut ne pas s’inspirer de la pornographie quand on s’adonne aux ébats sexuels et plutôt rester à son écoute. En revanche, "il ne faut pas hésiter à lire des livres d’érotisme respectueux, par exemple, conseille le Dr Leleu. Contrairement à la pornographie, l’érotisme élève et fait des ponts entre les deux sexes."

"L’orgasme ne doit pas être le but obligatoire de l’échange sexuel"

À noter que s’il est important de travailler sur tous les points précédemment cités pour que la femme puisse ressentir plus de plaisir, l’orgasme ne doit néanmoins pas être considéré comme un but en soi de la relation sexuelle : "on peut ne pas obtenir d’orgasme et être heureuse avec son homme", rappelle justement le Dr Leleu.

Et malgré tous les conseils qui peuvent être prodigués, "l’orgasme reste quelque chose d’imprévisible, de fragile, soumis à bien des paramètres : les émotions, les tensions, les conditions, etc. Imprévisible veut aussi dire qu’il peut subvenir de façon inopinée."

Sources

Remerciements au docteur Gérard Leleu, sexologue.

"L'art de lui faire l'amour à lui et à elle". Gérard Leleu. Editions Leduc.s, 2017.

"Differences in Orgasm Frequency Among Gay, Lesbian, Bisexual, and Heterosexual Men and Women in a U.S. National Sample". Archives of Sexuel Behavior. 17 février 2017.

Enquête "Hygiene Matters". SCA. 

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