Qu'est-ce que le psoriasis ?

Le psoriasis est une affection chronique de la peau relativement courante. Elle se caractérise par des plaques rouges recouvertes d’une pellicule blanche, qui apparaissent sur différentes parties du corps. L’élément fondamental, et commun à tous les types de psoriasis, est une augmentation de la vitesse de multiplication des cellules de l’épiderme : les kératinocytes.

"Cette prolifération de l’épiderme secondaire à une inflammation est le plus souvent bénigne, elle n’est donc jamais responsable du développement d’un cancer cutané, mais a un impact majeur sur la qualité de vie", détaille le Dr Marc Perrussel, dermatologue et membre du Syndicat national des dermatologues.

Le 24 mai 2014, lors de la 67ème Assemblée Mondiale de la Santé, après examen du rapport sur le psoriasis, l'Organisation Mondiale de la Santé a reconnu le psoriasis comme "maladie non transmissible chronique, douloureuse, inesthétique, invalidante et incurable".

Chiffres

Selon l'INSERM, le psoriasis touche environ 4% de la population française et on retrouve dans 50% des cas familiaux. Elle est cosmopolite et a une fréquence plus élevée dans les pays où l’ensoleillement est moindre.

Selon France Psoriasis, "C’est une maladie pouvant survenir à tout âge avec, semble-t-il deux pics plus particuliers de survenue : autour de l’adolescence (12-15 ans) puis vers la cinquantaine."

Quels sont les symptômes du psoriasis ?

Le psoriasis se caractérise par :

  • des plaques rondes ou ovales, rouges et recouvertes de squames (lamelles de peau qui se détachent) blanches, localisées de façon symétrique sur les deux coudes et/ou les deux genoux.
  • des plaques similaires peuvent aussi être présentes dans le bas du dos, les fesses, le cuir chevelu (sans entraîner la perte des cheveux), et les plis (aine, inter fessier, sous les bras).

« Depuis 2003 on reconnait que le psoriasis démange et participe au mal vécu de cette maladie », rapporte le dermatologue. Souvent, cette maladie cutanée est associée à des atteintes articulaires douloureuses, comme sur les mains. Il s’agit alors d’un rhumatisme psoriasique (5 à 10 % des patients atteints de psoriasis).

A noter : Symptômes du Psoriasis chez les enfants : Les taches rouges caractéristiques du psoriasis en gouttes apparaissent surtout sur le visage, le tronc, les bras et les jambes. Cette forme touche surtout les enfants et les jeunes adultes de moins de 30 ans. Dans environ 60 % des cas, les lésions sont visibles deux ou trois semaines après avoir traité une angine. « Le psoriasis en gouttes serait favorisé par une infection à streptocoques. Le psoriasis est comme une serrure génétiquement présente dès la naissance et il faut une clé pour déclencher le processus. Dans ce cas l’hypothèse est que la clé est le streptocoque », détaille le Dr Perrussel.

Quelles sont les causes du psoriasis ?

La prise de certains médicaments peut déclencher l'apparition de plaques caractéristiques du psoriasis. En effet, le psoriasis est un effet secondaire connu des bêtabloquants, des médicaments prescrits contre l’hypertension. Il pourra par exemple s’agir de traitements diurétiques, d’inhibiteurs calciques ou encore d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion.

Le lithium est un régulateur d’humeur prescrit notamment contre les troubles bipolaires. En effet secondaire, il peut entraîner du psoriasis.

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont à la fois des traitements du psoriasis et des facteurs de risque de cette maladie de peau. Certains d’entre eux peuvent créer des réactions inflammatoires à l’origine de poussées psoriasiques. Dans ce cas, il faudra s’orienter vers un autre AINS. La chloroquine et le plaquenil sont des traitements antipaludéens susceptibles de provoquer une poussée de psoriasis. Le psoriasis est répertorié comme effet secondaire de certains médicaments immunomodulateurs, les corticoïdes par voie générale et notamment les anti-TNF alpha.

En cas d’apparition de psoriasis, il est recommandé de déclarer cet effet secondaire en pharmacovigilance sur le site signalement-sante.gouv.fr.

« La cause essentielle de l’augmentation de la vitesse de multiplication des kératinocytes est la conséquence d’un mécanisme inflammatoire lié à un emballement du système immunitaire qui donne beaucoup d’information : comme un processus de cicatrisation qui ne s’arrête plus », décrit le dermatologue.

Les formes et localisations du psoriasis

Les formes classiques de Psoriasis

Le Psoriasis en plaques

Le psoriasis en plaques se caractérise par des plaques rondes ou ovales, rouges, épaisses et recouvertes de squames blanchâtres (lamelles de peau qui se détachent). Selon l'association France Psoriasis : "C’est la forme la plus fréquente de psoriasis (plus de 80% des cas). C’est pourquoi il est aussi appelé psoriasis vulgaire". Les plaques se situent principalement sur le cuir chevelu, les coudes, les genoux et la région lombaire et peuvent aussi se situer sur d'autres parties du corps.

Le Psoriasis en gouttes

Selon l'association France Psoriasis : le psoriasis en gouttes "représente moins de 10% des cas. Cette forme apparaît souvent chez les enfants et les adolescents, à la suite d’une angine. Elle survient soudainement, sous la forme d’une multitude de petites plaques de quelques millimètres de diamètre, principalement sur le tronc".

Les taches rouges sont caractéristiques du psoriasis en gouttes apparaissent surtout sur le visage, le tronc, les bras et les jambes. Cette forme touche surtout les enfants et les jeunes adultes de moins de 30 ans. Elles peuvent aussi apparaître sur la région lombaire (bas du dos), les fesses et le cuir chevelu. Cette forme de psoriasis peut parfois évoluer vers un psoriasis en plaques.

Le Psoriasis en gouttes© Creative Commons

Crédit : LadyZatar. Copyright : creative commons - Licence : https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/

Le Psoriasis du cuir chevelu

Le psoriasis du cuir chevelu est à différencier d’une allergie au shampoing. Il s’agit d’une maladie chronique. En effet, une allergie se définit comme une réaction du corps à une substance allergène. Ainsi, dans les shampoings, les produits allergènes peuvent être les parfums, les conservateurs ou les excipients. Une allergie au shampoing provoque des réactions cutanées telles que des rougeurs, des démangeaisons, des sensations de brûlure ou des tiraillements de la peau. Par conséquent, la réaction allergique disparaît naturellement après quelque temps si la personne n'entre plus en contact avec la substance allergène. Au contraire, le psoriasis est une maladie chronique.

Le Psoriasis du cuir chevelu© Istock

Le Psoriasis des ongles

Le psoriasis peut aussi se déclarer sur l’ongle. Il engendre alors de légères déformations ou l’ongle peut perdre sa transparence. La plupart des personnes atteintes de psoriasis des ongles souffrent également de psoriasis.

Le Psoriasis du dos et des fesses

Le psoriasis peut se situer dans la région lombaire, sur le bas du dos, ainsi que sur les fesses. En effet, le bas du dos est également une zone de frottement.

Le Psoriasis de l’oreille

Le psoriasis peut s’installer sur de nombreuses parties du corps. Il peut notamment se développer sur l’oreille ou sur les deux. Il peut aussi apparaître soit sur le lobe ou plus profondément dans l’oreille. Le psoriasis de l'oreille peut entrainer de nombreux désagréments pénibles au quotidien : sécheresse cutanée, démangeaisons et sensations de brûlure...

Le Psoriasis de l’oreille© Istock

Les formes rares de Psoriasis

Le Psoriasis inversé ou Psoriasis des plis

Le psoriasis inversé touche les plis du corps humain : pli inter-fessier, plis inguinaux, sous mammaires, aine, aisselles, plis des coudes et genoux, etc.

À noter : Psoriasis des coudes et genoux, une forme de psoriasis des plis : Chez certaines personnes, le psoriasis peut aussi se situer sur les coudes et les genoux, il s’agit des zones de frottement.

Le Psoriasis des muqueuses ou Psoriasis génital

Le psoriasis touche les muqueuses, il se présente alors sous forme de plaques rouges, mais ces dernières ne se desquament pas. Il peut affecter les muqueuses génitales et la bouche (langue et face interne des joues). "Le psoriasis vulvaire est rarement isolé (2 à 5% des cas), mais beaucoup plus souvent associé à du psoriasis extra-génital (70% des cas)", détaille France Psoriasis.

Le Psoriasis palmo-plantaire (mains et pieds)

Dans le cas du psoriasis palmo-plantaire les plaques s’installent sur la plante des pieds et la paume des mains. Les doigts et les orteils sont peu affectés. Cette localisation s’avère particulièrement handicapante pour la marche ou l’utilisation des mains.

Le Psoriasis palmo-plantaire (mains et pieds)© Istock

Le Psoriasis du visage

Forme rare, le psoriasis peut également toucher le visage. Sur le visage, il se présente sous forme de rougeurs et de squames (plis entre le nez et les joues). Si les plantes des pieds et les paumes des mains sont atteintes, il y a alors un épaississement important de la peau. Une atteinte des ongles est fréquente et se manifeste par de petites dépressions sur la surface de l’ongle et parfois par un épaississement de la peau à l’extrémité de l’ongle. Enfin, le psoriasis du visage peut beaucoup plus rarement se caractériser par l’apparition de petites lésions remplies d’un liquide purulent blanchâtre stérile.

Les formes graves de Psoriasis

Le Psoriasis érythrodermique, une forme de psoriasis généralisé

Le psoriasis érythrodermique atteint la quasi-totalité du corps humain. Dans cette forme, les cas de desquamation sont très importants. Le risque de surinfection est alors très important. Selon France Psoriasis : "Elle peut toucher l’intégralité de la surface de la peau sous forme de pustules disséminées sur des zones rouges et irritées (psoriasis pustuleux de von Zumbusch). Elle s’accompagne toujours de fièvre et de frissons. Cette forme généralisée de psoriasis, très rare, est grave et doit être traitée rapidement"

Le psoriasis pustuleux

C'est une forme rare et sévère caractérisée par l'apparition de nombreux petits boutons purulents sur des plaques rouges. Des pustules jaunâtres peuvent apparaitre sur la paume des mains et la plante des pieds. Chez certaines personnes, ce psoriasis peut altérer l’état général en cause une fièvre. Le psoriasis pustuleux provoque des lésions sèches, inflammatoires, et des fissures, qui se révèlent très douloureuses. Il est difficile à diagnostiquer, car il est souvent confondu avec la pustulose palmo-plantaire, l’eczéma ou des mycoses. Le psoriasis pustuleux n’est pas contagieux. Il n’y a aucun risque à serrer la main d’une personne souffrant de psoriasis palmo-plantaire. Cependant, le terrain héréditaire irréfutable et le fait que le psoriasis est parfois déclenché par une infection ORL peuvent engendrer la confusion.

Photo : reconnaître le psoriasis pustuleux

Le psoriasis pustuleux© Creative Commons

Crédit : James Heilman, MD. Copyright : Créative commons - Licence : https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/

Le rhumatisme psoriasique

Le rhumatisme psoriasique est un rhumatisme inflammatoire qui atteint principalement les articulations entre les phalanges et les grosses articulations. "Un rhumatisme inflammatoire chronique, faisant partie intégrante des spondylarthrites qui touche l'"axe"(colonne vertébrale, du bassin ou de la cage thoracique), les articulations périphériques (douleurs avec raideur et gonflement des mains, pieds, coudes...), ou les enthèses (attache du tendon sur l'os, os du talon...)", explique le Pr Pascal Claudepierre, rhumatologue au service à l'Hôpital Mondor à Créteil

Le Psoriasis au cours de l’infection par le VIH

Ce psoriasis est généralement une forme assez grave de la maladie. Il est alors compliqué de trouver un traitement adapté.

Les facteurs de risques du psoriasis

On connaît maintenant plusieurs facteurs de risque pouvant influer sur la venue d’un psoriasis :

  • Le stress
  • Une réaction immunologique de l’organisme du malade lors d’infections
  • Un choc émotionnel
  • Un changement climatique
  • Un traumatisme

« Mais rappelons que le psy ne provoque le psoriasis, mais le psoriasis donne du psy », tempère le dermatologue.

Les personnes à risques

Il existe une prédisposition génétique au psoriasis. « Plusieurs variants génétiques associés à la maladie ont déjà été identifiés. Ils sont très majoritairement situés au niveau de gènes impliqués dans l’immunité, codant pour le système HLA, les lymphocytes T ou encore les interleukines 17 et 22 impliquées dans l’inflammation de la peau. Ces variants sont nombreux et seule l’association de plusieurs d’entre eux est associée au psoriasis. Aucune mutation ne peut déclencher la maladie à elle seule », détaille l’Inserm.

Il existe deux pics de fréquence du psoriasis :

  • Le premier pic vers 20 ans souvent associé à un rhumatisme inflammatoire psoriasique ou une atteinte digestive les MICI (maladie inflammatoire de l’intestin.
  • Le second pic vers 40 ans et en plus des associations morbides précédentes peuvent s’ajouter la maladie métabolique se traduisant par excès pondéral, HTA, diabète et troubles lipidiques.

Parmi les personnes à risques :

  • Ceux qui ont des antécédents de psoriasis
  • Les personnes obèses
  • Les personnes infectées par le VIH

A noter : la perte de poids pourrait diminuer les symptômes du Psoriasis: Des chercheurs Danois expliquent dans une nouvelle étude publiée dans la revue médicale Journal of Clinical nutrition que la perte de poids pourrait diminuer les symptômes de cette maladie de la peau. Pour cette étude, les scientifiques ont demandé à 60 personnes obèses, atteintes de psoriasis de suivre un régime. Tous ont en moyenne perdu 15 kilos en 16 semaines. Résultat ? Les chercheurs confirment une diminution de la sévérité de la maladie même après avoir repris quelques kilos un an plus tard. Selon eux, l'incidence des symptômes serait liée à plusieurs pathologies parallèle à l'obésité comme le cholestérol, le diabète et les maladies cardiaques. En perdant du poids elles diminuent et le psoriasis avec.

Combien de temps dure une crise de psoriasis ?

Le patient atteint de psoriasis supportera cette maladie toute la vie, elle évolue par poussées avec parfois des rémissions plus ou moins longues. La principale complication cutanée du psoriasis est l’érythrodermie psoriasique qui correspond à une généralisation du psoriasis sur tout le corps du malade, associée à une fièvre et une fatigue. Cette complication rare justifie une prise en charge hospitalière.

Le psoriasis est-il contagieux ?

S'il est gênant sur le plan esthétique, le psoriasis n'est jamais contagieux et cela quelle que soit sa localisation sur le corps.

Les complications du psoriasis

  • Rhumatisme psoriasique : "Jusqu'à 30 % des personnes atteintes de Psoriasis cutané peuvent également développer un rhumatisme psoriasique." Des chiffres effrayants révélés par le Pr Pascal Claudepierre, rhumatologue au service à l'Hôpital Mondor à Créteil lors d'une conférence de presse organisée, le jeudi 6 octobre 2016 par l'association France Psoriasis.
  • Maladies cardiovasculaires : Le Psoriasis augmenterait les risques d’hypertension et de maladies cardiovasculaires, selon une étude du Journal of Dermatology publiée le 16 octobre 2018. Les chercheurs ayant noté que les patients atteints de cette maladie de la peau auraient plus souvent besoin d’interventions chirurgicales ou de procédures cardiovasculaires. La base de données nationale de recherche sur l’assurance maladie de Taïwan, a permis de comparer sur près de 5 ans les cas de patients hypertendus présentant un psoriasis à d’autres non atteints par la maladie. Le résultat est tel que : "les patients souffrant d'hypertension et de psoriasis avaient davantage besoin d'interventions cardiovasculaires que les patients hypertendus sans psoriasis". Si les recherches ont été menées en fonction de l’âge et du sexe des patients, il est également rapporté que les plus touchés seraient les femmes âgées de 50 à 64 ans. Une autre étude parue le 8 octobre 2015 dans la revue Arteriosclerosis, Thrombosis and Vascular Biology souligne qu’une irritation cutanée telle que le psoriasis entraînerait une irritation des vaisseaux sanguins et donc un plus grand risque de problèmes cardiaques.
  • Cancer de la peau : Les patients atteints de psoriasis seraient plus à risque de développer un cancer de la peau ou un cancer hématologique c'est-à-dire lié au sang, à la moelle osseuse ou aux ganglions (leucémie, lymphomes...). C'est ce que rapportent les chercheurs du Chicago College of Medicine aux États-Unis dans une étude publiée sur Journal of the American Academy of Dermatology. Les scientifiques ont comparé les cas de personnes atteintes de psoriasis avec d'autres sans problème cutané. Résultat après suivi, il est apparu que celles touchées par la maladie avaient un risque multiplié par 1,53 de plus que les autres. En revanche, en ce qui concerne les personnes touchées par un cancer, les chances de survies ne diffèrent pas si l'on est atteint de psoriasis ou non.
  • Risque d'anévrisme : dans la revue Arteriosclerosis, Thrombosis and Vascular Biology, les chercheurs expliquent que le psoriasis n'aurait pas seulement un impact sur la peau, elle augmenterait le risque d'un anévrisme de l'aorte abdominale. Une maladie relativement rare et potentiellement mortelle, qui se produit lorsque l'aorte, qui transporte le sang jusqu'à l'abdomen, s'élargit au point de rompre. Les chercheurs ont examiné près de 60000 personnes atteintes de psoriasis léger et plus de 11000 atteintes de psoriasis sévère et comparé le risque d'anévrisme dans chacun de ces groupes. En prenant en compte d'autres facteurs de risque (âge, tabagisme), ils ont établi que les personnes au psoriasis sévère étaient 67% plus susceptibles de développer un anévrisme que celles du groupe témoin. Le risque de ce dernier était majoré de 20%. "Le psoriasis doit être considéré comme une maladie inflammatoire systémique plutôt qu'une maladie isolée de la peau", conclut le Dr Usman Khalid, principal auteur de l'étude.
  • Maladie de Crohn : Le 24 octobre 2018, une étude publiée dans la revue scientifique JAMA dermatology met en garde les personnes qui souffrent de psoriasis sur un risque de développer deux fois plus de problèmes d'intestins que les autres et plus particulièrement la maladie de Crohn. La maladie de Crohn est une maladie intestinale inflammatoire de type colite caractérisée par un œdème de la paroi de l’intestin. Elle entraîne des diarrhées épisodiques et vagues de douleurs abdominales pendant des mois ou des années. En comparant les résultats des personnes atteintes de psoriasis avec ceux n'étant pas atteints par la pathologie dermatologique, les chercheurs ont remarqué que les personnes malades avaient 2,5 fois plus de risque d'avoir la maladie de Crohn et 1,7 fois plus de risque d'être touchées par une colite ulcéreuse. Le lien entre le trouble de la peau et les problèmes intestinaux pourrait être expliqué par un partage d'anomalies génétiques ou atteinte du système immunitaire entre les deux types de pathologies. Plus de recherches doivent encore être effectuées avant de pouvoir confirmer cette hypothèse. En attendant, les scientifiques invitent toute personne souffrant de psoriasis à surveiller le moindre problème digestif récurrent et en parler avec un médecin en cas de persistance.
  • Selon Global Psoriasis Coalition, le psoriasis peut être lié à d'autres problèmes de santé comme la santé mentale et le diabète

  • Cancer colorectal : une étude menée par des chercheurs du Chang Gung Memorial Hospital à Taoyuan (Taïwan), publiée dans la revue scientifique Journal of the American Academy of Dermatology en novembre 2021, laisse penser que le psoriasis pourrait augmenter les risques de cancer colorectal. Après une analyse des données de 9 études de cohorte portant sur plus de 10 millions de malades, les chercheurs ont découvert que le risque était significativement plus important chez les femmes. Ce lien n'était pas démontré chez les hommes.

Qui consulter en cas de psoriasis ?

En cas de psoriasis, il est recommandé de consulter rapidement un dermatologue qui pourra poser le diagnostic. Si cette maladie reste bénigne, elle se voit et peut donc altérer la qualité de vie des patients. D’un point de vue social, le psoriasis s’avère handicapant chez certaines personnes. La gêne sociale n’est pas proportionnelle à l’atteinte physique. Une prise en charge psychologique peut s’avérer indispensable.

Le diagnostic de psoriasis

Le diagnostic de psoriasis est porté à la suite d’un examen clinique pratiqué par le médecin. En cas de doute, le spécialiste réalisera un prélèvement de peau (ou biopsie) qu’il adressera au laboratoire où un examen au microscope permettra de faire le diagnostic de psoriasis. Ce prélèvement de peau (ou biopsie) consiste à découper, sous anesthésie locale, un morceau de 2 à 3 millimètres de peau.

Comment soigner le psoriasis ?

Les traitements actuels dépendent de la gravité du psoriasis évalué sur l’importance des plaques; la surface cutanée atteinte et l’impact psychologique. Grâce aux biothérapies on peut obtenir une disparition de 90 % des lésions pour au moins 70% des patients.

A noter : Traitement du Psoriasis chez l'enfant : La prise en charge du psoriasis en gouttes consiste surtout à tranquilliser les parents. Ils doivent se familiariser avec la maladie et mener une vie normale (par exemple emmener leur enfant à la piscine), afin d’éviter les complexes. Il existe des crèmes qui s’appliquent directement sur les lésions lors des poussées. Certains enfants atteints de psoriasis en gouttes sont épargnés à l’adolescence, d’autres non. Cependant, le risque de récidive reste réel et les lésions peuvent réapparaître à l’âge adulte. Il existe une prise en charge thérapeutique adaptée aux enfants

  • Produits d’hygiène : crème hydratante, gel nettoyant, shampooing...

En cas de crise, il est possible d’agir sur les plaques. Tout d’abord, il est important de bien choisir ses produits d'hygiène quand on a du psoriasis. Cela pour ne pas agresser la peau et prévenir l'apparition de nouvelles plaques. Les crèmes hydratantes sont conseillées surtout après la prise d'un bain ou d'une douche (éviter de se frotter la peau en se séchant avec la serviette, tapoter plutôt). « Sur le plan thérapeutique, le plus important est l’hydratation corporelle. Attention, il ne faut utiliser des crèmes hydratantes de façon quotidienne », recommande le dermatologue. Utiliser également un gel nettoyant surgras sans savon ou un pain dermatologique pour éviter de dessécher la peau. Contre le psoriasis du cuir chevelu, mieux vaut préférer les brosses à poils doux. Au moment de les sécher, maintenir le sèche-cheveux à bonne distance (au moins 20 cm du crâne). Ces précautions permettent d'éviter d'agresser la peau et d'entraîner la croissance de nouvelles plaques. L'hydratation aide également les plaques à « desquamer » et à disparaître. Le choix du shampooing s’avère primordial. En effet, l'acide salicylique présent dans certains shampooings permet de nettoyer les lésions très squameuses. À utiliser deux fois/semaine. Le reste du temps, utiliser des shampooings très doux.

  • Patchs sous forme de film bioadhésif

Les personnes atteintes qui présentent des plaques au niveau des genoux, des coudes ont désormais à leur disposition des patchs sous forme de film bioadhésif imbibé d'un corticoïde puissant et d'acide hyaluronique. On les trouve essentiellement en pharmacies sur prescription médicale.

  • Crèmes et onguents

Face à un psoriasis léger avec quelques plaques, il existe des dérivés de la vitamine D qui se présentent sous forme de crèmes ou de gel; les dermocorticoïdes (dérivés de la cortisone), et les rétinoïdes. « En cas de psoriasis léger, c’est-à-dire quelques plaques il est recommandé d’utiliser des topiques médicamenteux associant vitamine D et dermocorticoïdes dont la galénique est adaptée à la zone traitée »,

  • Photothérapie et PUVA-thérapie

Il existe un traitement par ultraviolets A (PUVA thérapie) à raison de 3 séances par semaine chez un dermatologue pour le psoriasis modéré. Les conseils du Dr Perrussel : « Cette technique est interdite aux femmes enceintes et aux phototypes clairs ainsi que des antécédents de cancers de la peau ».

  • Médication par voie orale

Parmi les médicaments par voie orale, il existe l’acitrétine, le méthotrexate et la ciclosporine. Ils sont généralement prescrits pour le psoriasis modéré.

Les conseils du Dr Perrussel : « L’acitrétine est interdit aux femmes enceintes ou désireuses d’avoir des enfants dans les trois ans suivant la prise du médicament ». Avant d’ajouter : « « En cas de psoriasis plus marqué, soit une surface atteinte supérieure à 8 % soit une atteinte de la qualité de vie très invalidante, on propose des traitements systémiques comme les UV, les rétinoïdes, le méthotrexate voir la ciclosporine »

« Les biothérapies, aux résultats remarquables ne peuvent être donnés aux patients pour des raisons économiques qu’après avoir utilisé les traitements précédents. Nous disposons de plusieurs familles de molécules : les anti TNF alpha, les anti IL 12-23, les anti IL17 et les anti IL23. Ce sont des thérapies ciblées qui bloquent la communication entre les cellules responsables du processus psoriasis ».

Psoriasis : des chercheurs ont réussi à soulager des patients avec le bimekizumab

Des chercheurs ont découvert qu'un médicament connu sous le nom de "bimekizumab" pourrait porter ses fruits contre le psoriasis. Ce dernier a presque entièrement éliminé le psoriasis chez plus de 60% des patients qui ont participé à deux essais cliniques de phase trois. L'étude a été publiée aujourd'hui au sein du New England Journal of Medicine. "Administré par injection sous la peau, le bimekizumab est un anticorps monoclonal", décrit l'étude. Il serait le premier à bloquer à la fois l'interleukine 17A et l'interleukine 17F qui sont surexprimées en cas de psoriasis .

Dans les deux études, le bimekizumab a été administré toutes les quatre semaines pendant 16 semaines, après quoi deux calendriers d'entretien étaient possibles: continuer toutes les quatre semaines ou passer à un calendrier de 8 semaines.

Les effets secondaires étaient rares. On cite néanmoins des candidoses buccales - généralement une infection buccale facilement traitable - qui se sont produites chez certains patients.

Une piste de nouveau traitement

Le psoriasis, maladie inflammatoire chronique de la peau qui se manifeste par des plaques rouges recouvertes de squames, touche 2 à 3% de la population mondiale. S’il s’agit le plus souvent d’une maladie bénigne, il existe des formes sévères (environ 20% des cas), associées à une atteinte généralisée et/ou à des douleurs articulaires. L'Inserm rappelle que l’inflammation qui caractérise les lésions psoriasiques résulte de l’infiltration de l’épiderme et du derme par des cellules immunitaires, en particulier par une sous-population de lymphocytes T − les LTh17 − producteurs de molécules pro-inflammatoires (IL-17, IL-22, IFNg, TNFα…).

Ce phénomène provoque une hyperprolifération pathologique des kératinocytes, les cellules qui composent majoritairement l’épiderme. Les principaux traitements actuels du psoriasis ciblent cette voie inflammatoire, mais les anticorps thérapeutiques dirigés contre l’IL-17, l’IL-22 ou le TNFα sont excessivement chers, nécessitent une administration par voie sous-cutanée réalisée par un spécialiste, et sont associés à de potentiels évènements indésirables tels qu’un surrisque infectieux. Des solutions alternatives sont donc recherchées.

Comme le précise l'Inserm sur son site le 15 novembre 2021, l’Institut toulousain des maladies infectieuses et inflammatoires, en collaboration avec des chercheurs du Centre de biologie intégrative (CNRS), des cliniciens du CHU Larrey et les laboratoires Pierre Fabre Cosmétiques, l’équipe de Magali Savignac pourrait avoir trouvé une piste prometteuse de nouveau traitement. Au cours de précédents travaux, la chercheuse de l'Inserm a en effet montré que les lymphocytes Th17 présents dans la circulation sanguine expriment à leur surface un canal calcique particulier, le canal calcique Cav1.4, dont le fonctionnement est indispensable à la production de cytokines. Ce canal est spécifique des LTh17 : il n’est pas retrouvé sur d’autres types de lymphocytes.

Inhiber les canaux Cav1.4 réduit les symptômes de psoriasis

Dans une nouvelle étude, l’équipe vient de montrer que ces canaux sont en outre présents à la surface des LTh17 qui infiltrent la peau des patients atteints de psoriasis. Plus encore, ces travaux prouvent qu’inhiber les canaux Cav1.4 réduit la production locale de cytokines et les symptômes de psoriasis et ouvre la voie à de nouveaux traitements. Les chercheurs ont d’abord conduit une première expérience au cours de laquelle ils ont inséré des LTh17 : ces derniers ont infiltré la peau en culture et entraîné l’apparition de signes de psoriasis en quelques jours. Quand l’équipe a renouvelé l’expérience en exposant préalablement les Th17 à la nicardipine, les signes de psoriasis ne sont pas apparus.

"Notre travail apporte la preuve que les lymphocytes Th17 qui infiltrent la peau dans le psoriasis expriment bien le canal calcique Cav1.4, et qu’inhiber ce canal bloque la production de cytokines pathogènes. Ces résultats ouvrent ainsi un nouveau champ thérapeutique fondé sur le développement de médicaments qui ciblent spécifiquement ces canaux calciques pour réduire les symptômes de psoriasis", se réjouit Magali Savignac.

Comment prévenir le psoriasis ?

On ne connaît pas de moyen absolu de prévenir le psoriasis. Il est toutefois possible de diminuer la fréquence et l'intensité des éruptions avec certaines solutions :

  • En s’exposant au soleil avec modération. En effet, il ne faut surtout pas avoir de coup de soleil.
  • « Aucun régime alimentaire ne peut intervenir pour modifier le psoriasis. Cependant une bonne hygiène alimentaire est recommandée pour les patients ayant un risque de maladie métabolique dont on sait qu’elle augmente le risque vasculaire (faire un infarctus ou un accident vasculaire cérébral) », recommande le dermatologue.
  • Diminuer sa consommation de tabac
  • Diminuer sa consommation d’alcool

Le confinement peut-il déclencher une poussée de psoriasis ?

Que l'on soit ou non épargné par le virus, nul n'échappe au stress engendré par le confinement. Télétravail, présence des enfants en permanence, troubles du sommeil, bruits causés par les voisins… peuvent être source de stress. Selon les travaux des chercheurs du King's College publiés dans la revue scientifique The Lancet, la durée du confinement est elle-même un facteur de stress. Au-delà de dix jours, les effets psychologiques seraient multipliés, entre la peur d’être infectée, l’ennui, mais aussi la solitude, et le sentiment de frustration. Les chercheurs notent également des cas de symptômes post-traumatiques, et ce, chez les adultes comme chez les enfants.

Le stress, la fatigue ou encore le fait de mal dormir impliquent de nombreux changements dans le corps, qui se retrouvent sur la peau."Le stress conduit à une augmentation du taux de l'hormone cortisol, ce qui augmente l'inflammation de la peau et aggrave les affections cutanées inflammatoires, comme l'acné, la rosacée, l'eczéma et le psoriasis", explique le Docteur Claire Chang, dermatologue new-yorkaise, au magazine Well and Good.

"Le stress entraîne une sécrétion de cortisol qui peut déclencher poussée d’acné ou du psoriasis", précise le Dr Nina Roos, dermatologue à Paris.
Il faut réduire les causes de stress pour éviter l’apparition des poussées de psoriasis. Des téléconsultations avec des dermatologues sont en place pour traiter le psoriasis pendant la période du confinement.

Associations, sites d’information et groupes de soutien

France

Association France Psoriasis : https://francepsoriasis.org/

Syndicat national des dermatologues : https://www.syndicatdermatos.org/

Société française de dermatologie : https://dermato-info.fr/

Canada

Association canadienne de dermatologie : https://dermatology.ca/

États-Unis

National Psoriasis Foundation : www.psoriasis.org

Sources

Association France Psoriasis, les formes et localisation du psoriasis, 28/04/2016 [Consulté le 17/10/2019]

Mayo Clinic, Psoriasis, 13/03/2019 [Consulté le 17/10/2019]

https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/psoriasis [Consulté le 17/10/2019]

https://www.has-sante.fr/upload/docs/evamed/CT-14591_OTEZLA_PIC_INS_Pso_Avis2_CT14591.pdf [Consulté le 17/10/2019]

https://www.em-consulte.com/en/article/769233 [Consulté le 17/10/2019]

Smith CH et al. British Association of Dermatologists' guidelines for biologic interventions for psoriasis 2009. Br J Dermatol 2009;161(5):987-1019.

Le psoriasis en 20 questions – Lyon Inserm -- F Augey, JF Nicolas, novembre 2008, http://allergo.lyon.inserm.fr/fiches_patientes/Fiche12.pdf [Consulté le 17/10/2019]

Psoriasis, par Shinjita Das, MD, Harvard Medical School, https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/troubles-cutan%C3%A9s/psoriasis-et-troubles-squameux/psoriasis [Consulté le 17/10/2019]

E. Laffitte J. Izakovic, Psoriasis de l'enfant, Rev Med Suisse 2007; volume 3. 32285, https://www.revmed.ch/RMS/2007/RMS-109/32285 [Consulté le 17/10/2019]

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