Dermatite atopique : les nouvelles découvertes

Un lavage des mains régulier et le contact fréquent avec les détergents pourraient être en cause

Une nouvelle avancée dans la recherche des causes de la dermatite atopique porte l'espoir d'un éventuel prochain remède. Une équipe de chercheurs - le professeur agrégé Guy German et le doctorant Zachary W. Lipsky du département d'ingénierie biomédicale de la Thomas J. Watson School of Engineering and Applied Science et la professeure agrégée Claudia NH Marques du Harpur College of Arts and Département des sciences biologiques des Sciences (USA) - partagent leur théorie.

On sait que la génétique joue un rôle important dans la survenue de l'eczéma. Or, selon les dernières découvertes de cette équipe de scientifiques, "les personnes issues de certaines professions se sont également révélées plus susceptibles de souffrir de cette maladie". Ils mentionnent les professionnels de la santé, les métallurgistes, les coiffeurs et les travailleurs du secteur agroalimentaire. Leur point commun ? Un lavage des mains régulier ou un contact fréquent avec des détergents pour dans le cadre de leur travail.

Contre toute attente, ces habitudes pourraient rendre la peau plus vulnérable face à l'infection des tissus cutanés sous-jacents, selon les chercheurs.

Qu’est-ce que la dermatite atopique ?

La dermatite atopique, aussi appelée "eczéma atopique", est une maladie chronique inflammatoire de la peau. On parle d’affection prurigineuse, c’est à dire provoquant des démangeaisons. La dermatite atopique touche préférentiellement le nourrisson et l’enfant, mais elle peut persister voir apparaître chez l’adolescent et l’adulte.

Elle se caractérise par une sècheresse cutanée associée à des lésions de type eczéma (rougeurs et démangeaisons, vésicules, suintement et croûtes) qui évoluent par poussées. Cette affection est accentuée par le grattage de la zone atteinte. La peau devient alors épaisse et dure, ce qui favorise les écorchures et les éventuelles surinfections.

L'eczéma atopique en chiffres

Il est difficile de connaître la prévalence exacte du nombre de cas enregistrés de dermatite atopique à un instant T. Mais selon la littérature médicale, la prévalence de cette affection a été estimée à 8-9% chez les enfants de 6-7 ans, et à 10% chez les enfants de 13-14 ans.

Dans les pays européens, les études par questionnaire aboutissent à des prévalences variant de 7 à 28 % selon l’âge, les études par examen médical de 6 à 16 %. Tous les travaux convergent pour estimer que la prévalence de la dermatite atopique a augmenté entre les décennies 1960 et 1990 dans les sociétés industrialisées. Toutefois, on remarque une stabilisation au cours de la décennie 2000.

Enfin, la dermatite atopique se développe souvent à partir de l’âge de 3 mois : la moitié des enfants sont atteints avant l’âge de 1 an et 80 % avant l’âge de 2 ans. Elle disparait au cours de l’enfance pour la majorité (50% avant 5 ans), mais 10 à 15 % des cas persistent jusqu’à l’âge adulte.

Quels sont les symptômes de la dermatite atopique ?

Les manifestations courantes de l’eczéma atopique ou dermatite atopique sont les suivantes :

  • Des démangeaisons intenses (ou prurit) ;
  • Des lésions cutanées de type rougeurs de la peau, rugosité et œdèmes ;
  • Une peau très sèche ;
  • Des lésions vésiculeuses (petites cloques d’eau) souvent assez discrètes ;
  • Des plaques suintantes ;
  • Un épaississement cutané et parfois des croûtes

La dermatite atopique se manifeste par épisode de poussées qui sont entrecoupées de phases dites "de rémission", sans eczéma, de durée variable selon les individus.

La localisation des plaques varie en fonction de l’âge.

Photo illustrant une dermatite atopique au niveau de l'avant-bras 

Quels sont les symptômes de la dermatite atopique ?© Creative Commons

Crédit : The original uploader was Eisfelder at German Wikipedia - Licence : https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/

Quelles sont ses causes de cette maladie de peau ?

La survenue de l’eczéma atopique est lié à des facteurs génétiques dans la plupart des cas, mais aussi à des facteurs environnementaux. On estime que le risque de survenue d’une dermatite atopique chez un enfant est de 50 % si l'un des parents présente une dermatite atopique et de 80 % si les deux parents sont atteints.

Cette affection résulte notamment d’anomalies cutanées et immunologiques qui entraînent une sécheresse excessive de la peau et sa perméabilité aux agressions extérieures (allergènes environnementaux, allergènes alimentaires…). En réponse à ces antigènes, le patient secrète une quantité trop importante d’anticorps spécifiques, les immunoglobulines E (IgE). C’est pour cette raison qu’une réaction inflammatoire inadaptée se produit, à l’origine des symptômes de l’eczéma.

Les facteurs de risque de cette pathologie 

Les facteurs déclencheurs de la dermatite atopique semblent être d’ordre génétique, immunologique et environnemental. Ces différents facteurs sont variables d'un individu à l'autre et, chez un même patient, d'une période à l'autre.

Le stress est aujourd’hui reconnu comme un facteur de risque de survenue de dermatite atopique. En effet, stress, contrariétés et conflits peuvent déclencher ou accentuer d'autres facteurs.

Quelles sont les personnes à risque ?

La dermatite atopique touche préférentiellement l e nourrisson et l’enfant, mais elle peut persister voir apparaître parfois chez l’adolescent et l’adulte.

La dermatite atopique chez le nourrisson et le bébé 

La dermatite atopique débute souvent vers l'âge de 3 mois, mais elle a déjà été observée dès les premiers jours de la vie chez les tout-petits patients. Chez le nourrisson, les lésions cutanées touchent principalement le visage (et notamment les joues) ainsi que les plis au niveau des coudes ou des genoux.

Photo illustrant un enfant atteint de dermatite atopique au niveau du visage 

La dermatite atopique chez le nourrisson et le bébé © Creative Commons

Crédit : jaro.p — Travail personnel - Licence : https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/

La dermatite atopique chez l’enfant 

Elle se localise généralement au niveau des plis du coude, des poignets et à l’arrière des genoux. Des lésions peuvent également atteindre les mains et certaines parties du visage comme les paupières. Lorsque l’enfant grandit, il n’est pas rare que les symptômes s’améliorent et que les poussées s’espacent, voire disparaissent.

La dermatite atopique chez l’adolescent 

L’adolescence est un âge autour duquel il n’est pas rare de voir une dermatite atopique guérir spontanément. Toutefois, à l’inverse, l’état psychologique propre à cette période particulière de la vie peut occasionner un retour des poussées d’eczéma "avec notamment une atteinte caractéristique du visage et du cou" précise le Docteur Didier Coustou. 

La dermatite atopique chez l’adulte 

Certains patients vont conserver ou réactiver une dermatite atopique à l’âge adulte. Les lésions se retrouvent surtout au niveau du visage et des plis des coudes et des genoux. En somme, 4,5 % de la population adulte souffrirait de cette maladie inflammatoire.

Quelle est la durée d’une dermatite atopique ?

Réponse du Docteur Didier Coustou, Dermatologue :

"La dermatite atopique est une maladie chronique évoluant par poussées. Sa durée est donc tout à fait variable selon les individus. Dans la plupart des cas elle va débuter dans les premiers mois de la vie pour disparaître dans l’enfance vers l’âge de 5 à 9 ans. Cependant elle va parfois se poursuivre ou se réactiver à l’adolescence et/ou à l’âge adulte".

La dermatite atopique est-elle contagieuse ?

La dermatite atopique n’est pas une affection contagieuse.

Qui, quand consulter ?

Il est recommandé de consulter son médecin traitant dès l’apparition des symptômes pour éviter que les lésions ne s’aggravent. Il pourra ensuite vous adresser à un spécialiste dermatologue pour une prise en charge adaptée à votre cas.

Quelles sont ses complications ?

Dans certains cas, la dermatite atopique peut présenter des risques de complications comme la surinfection des lésions cutanées par le staphylocoque doré ou par le virus de l’herpès. Dans ces deux cas, une altération de l’état général (fatigue…), associée à une fièvre et à une évolution crouteuse des lésions d’eczéma doit amener à consulter en urgence.

Comme de nombreuses maladies chroniques, la dermatite atopique peut avoir un retentissement psychologique important, source de troubles du sommeil, d’irritabilité, voire de syndrome dépressif.

Évolution de l'eczéma atopique

Cette affection de la peau fragilise la barrière cutanée et favorise ainsi la sensibilisation aux allergènes présents dans l’environnement du patient. Dans quelques cas, des manifestations allergiques peuvent être associées à l’eczéma atopique et notamment :

  • Une allergie alimentaire ;
  • Une rhinite allergique ;
  • Une urticaire de contact (parfum, latex, certains aliments..) ;
  • Un eczéma de contact.

Quels sont les examens et analyses ?

Le diagnostic de dermatite atopique repose sur l’interrogatoire du patient et l’examen clinique. "Dans certains cas particuliers précis, un bilan et des tests allergologiques pourront être pratiqués", ajoute le spécialiste.

Traitements : comment soigner une dermatite atopique ?

Le traitement de la dermatite atopique repose sur un traitement de fond par émollient et un traitement des poussées d’eczéma.

Les dermocorticoïdes

Ils constituent le traitement de base des poussées d’eczéma de la dermatite atopique. Il s’agit d’anti-inflammatoires locaux, commercialisés sous forme de crèmes ou de pommades qui présentent plusieurs niveaux de puissance d’action. Le médecin adaptera sa prescription en fonction de l’âge et du type des lésions.

Antibiothérapie

Le recours aux antibiotiques reste rare mais il peut s’avérer nécessaire en cas de surinfection bactérienne des lésions. "Si les lésions sont localisées l’antibiotique sera prescrit sous forme de crème. Si les lésions sont étendues l’antibiothérapie se fera par voie orale", ajoute l’expert.

Le traitement émollient hydratant

Il s’agit d’un traitement de fond qui vise à lutter contre la sécheresse cutanée et à restaurer la fonction de barrière de la peau. Il passe par l’application quotidienne d’émollients, c’est-à-dire de crèmes hydratantes et doit être poursuivi sur le long terme.

Les autres mesures

On va associer à ces traitements des mesures d’hygiène comme le port de vêtements en coton, des bains courts tièdes avec des produits sans savon et l’éviction des allergènes pouvant parfois être en cause dans le déclenchement ou l’aggravation des poussées d’eczéma.

Prévention : peut-on éviter la dermatite atopique ?

Les poussées de dermatite atopique peuvent être prévenues, ou en tout cas limitées en adoptant des règles d’hygiène de vie simple :

  • Nettoyer la peau avec un soin sans savon : pain dermatologique ou gel liquide ou huile lavante ;
  • Privilégier les douches aux bains ;
  • Pour les bébés, en cas de bain, il convient d’ajouter une huile relipidante dans l’eau dont la température ne doit pas dépasser les 35-36 °C pour éviter de fragiliser la barrière cutanée ;
  • Tamponner la peau pour la sécher et ne pas la frotter avec une serviette de toilette ;
  • Appliquer un émollient adapté aux peaux atopiques (en crème, baume ou lait) 1 fois par jour sur tout le corps après la douche ou le bain ;
  • Éviter les habits en laine, source d’irritations et privilégier le coton ;
  • Une température de 19-20 °C dans la chambre à coucher ;
  • Pratiquer des techniques de relaxation comme le yoga ou la sophrologie pour atténuer le stress et ainsi limiter les poussées d’eczéma.

 Sites d'informations et associations

Association française de l'eczéma

Société Française de Dermatologie

Syndicat des Dermatologues Vénérologues

Sources

Dossier d'information sur la dermatite atopique - Inserm

Entretien avec le Docteur Didier Coustou

Le site de l'Assurance Maladie sur l'eczéma atopique