Remontées acides : un symptôme de cancer de l'estomac ?
Bien que souvent bénignes, les remontées acides peuvent parfois cacher un pronostic plus sombre : le cancer de l’estomac. « Beaucoup de personnes ont de l’acidité gastrique, et il ne s’agit pas forcément d’un cancer de l’estomac. Mais quand cela persiste, que cette acidité résiste au traitement et qu’il y a une altération de l’état général avec une perte de poids, il s’agit effectivement d’un motif de consultation », expliquent au média Allo Docteurs le Dr Diane Goéré, chirurgien digestif, et le Dr Laetitia Dahan-Alcaraz, oncologue digestif. D’où l’importance de ne pas sous-estimer ce symptôme.
Causes et symptômes du reflux gastro oesophagien ou RGO
Le cancer de l’estomac est le plus souvent la conséquence d’une inflammation de la muqueuse gastrique liée à l'infection d'une bactérie appelée Helicobacter pylori. Cette bactérie a été reconnue comme cancérigène par l’Organisation mondiale de la santé dans les années 1990. « Celle-ci est souvent présente dans l’estomac, en particulier dans les pays en voie de développement, sans entraîner de maladie particulière. Mais dans certains cas, en raison d’une souche bactérienne plus agressive et sur un terrain génétique particulier, elle entraîne l’apparition de lésions précancéreuses puis de cancers », explique la Société française d’endoscopie digestive. Les scientifiques estiment que la bactérie est responsable de plus de 80 % des cas de cancer de l’estomac. Elle a cependant régressé dans la population générale des pays occidentaux.
Remonté gastrique
Bien que ce micro-organisme soit la cause la plus fréquente, d’autres facteurs entrent en ligne de compte. Le premier : l’âge. « Les cancers de l’estomac sont très rares avant 40 ans ; la plupart des cas surviennent après 60 ans, avec un pic entre 70 et 74 ans », précise la Fondation pour la recherche sur le cancer.
Plus inattendu, l’alimentation pourrait jouer un rôle, notamment les aliments riches en sel. « Le sel déséquilibrerait la muqueuse de l’estomac en provoquant une inflammation chronique », ajoute la fondation. L’association du sel avec des nitrates, que l’on retrouve dans la charcuterie, pourrait également favoriser le risque de développer la maladie, indiquent les spécialistes.
Sans surprise, la consommation de tabac et d’alcool est un facteur de risque supplémentaire. « Les fumeurs habituels ont un risque augmenté de plus de 50 % de développer un cancer de l’estomac par rapport aux non-fumeurs, et plus de 10 % des cancers de l’estomac dans le monde seraient attribuables au tabac », ajoute la Fondation pour la recherche sur le cancer.
Des études récentes permettraient également d’inclure l’obésité parmi les facteurs de risque de cancer de l’estomac, notamment du cardia (la jonction entre l’œsophage et l’estomac). « Le lien entre l’obésité et le cancer reste mal compris mais pourrait reposer sur plusieurs mécanismes, tels que le reflux gastro-œsophagien plus fréquent en cas d’obésité, les troubles métaboliques et/ou l’inflammation favorisés par l’excès de tissu graisseux. »
Mais le reflux gastro-œsophagien n'est pas le symptôme le plus fréquent d’un cancer de l’estomac. Les douleurs gastriques, une difficulté à digérer, un amaigrissement soudain, une anémie, ou encore la présence de sang digéré dans les selles (appelée aussi méléna) doivent alerter le patient. L’Association française d’endoscopie digestive déplore cependant que ces signes surviennent le plus souvent tardivement, ce qui constitue un frein à une prise en charge rapide de la maladie.
Un signe mais aussi une cause du cancer de l'estomac
Point important : selon la Fondation pour la recherche sur le cancer, les remontées acides elles-mêmes pourraient augmenter le risque de cancer de l’estomac. « Le reflux gastro-œsophagien (RGO) entraîne des remontées de sucs gastriques vers l’œsophage. Il est dû à un mauvais fonctionnement de la valve située dans la partie supérieure de l'estomac, à la jonction avec l’œsophage, appelée cardia. En irritant cette zone, le RGO augmente en particulier le risque de cancer », explique la fondation.
Le diagnostic de la maladie se réalise grâce à une endoscopie. Le chirurgien va, à l’aide d’un fibroscope, prélever des biopsies des lésions suspectes pour les envoyer en analyse. « Cet acte chirurgical permet d’analyser l’aspect macroscopique (à l’œil nu) de la lésion en précisant sa taille, son aspect et son type. Par la suite, les biopsies réalisées permettront une analyse au microscope par un médecin anatomopathologiste, qui précisera si les cellules composant la lésion détectée sont normales ou cancéreuses et, s’il y a une lésion maligne », explique la fondation.
En fonction des résultats de l’analyse, les médecins peuvent décider de réaliser un bilan d’extension. Dans ce cas, d’autres examens complémentaires peuvent être réalisés, comme un scanner ou une échographie endoscopique afin de visualiser le degré d’infiltration de la tumeur dans l’épaisseur de la paroi gastrique.
Cancer de l'estomac durée de vie
Le traitement de ce type de cancer dépend des résultats des examens. Les médecins peuvent décider de mettre en route une chimiothérapie, une radiothérapie ou une immunothérapie. En fonction de l’étendue des lésions, une opération chirurgicale peut aussi être nécessaire. « La résection chirurgicale consiste à retirer une partie ou l’ensemble de l’estomac en fonction de la localisation de la tumeur », précise le Pr Michel Ducreux, gastroentérologue et chef du comité gastro-digestif de l’Institut Gustave Roussy.