Manque de sommeil : pourquoi il augmente le risque d'infection viraleIstock
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Troubles de l’humeur, attention moindre, baisse de vigilance, fatigue et irritabilité... Faire des nuits trop courtes entraîne une myriade de répercussion s immédiates sur la santé bien connues. A plus long terme, dormir moins de 6 heures par nuit fragilise aussi la santé cardiovasculaire en augmentant le risque de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires comme l’hypertension artérielle, d’accident vasculaire cérébral et d’infarctus, ou encore en exposant à la prise de poids.

Bien dormir booste l’efficacité du système immunitaire

Un déficit de sommeil serait aussi préjudiciable pour notre immunité et nous rendrait plus vulnérable aux infections. Alors qu’un bon sommeil constitue une des clés pour rendre notre organisme mieux armé face aux virus. Bien dormir aide le système immunitaire à booster ses défenses et à se reconstituer, des études ont mis en avant une corrélation entre un manque de sommeil et une perturbation du système immunitaire, qui rendrait, par ricochets, plus sensible aux infections virales.

Des nuits trop courtes rendent plus sensibles au rhume

Les petits dormeurs présenteraient notamment un plus grand risque d’attraper un rhume. C’est la conclusion à laquelle sont arrivés des chercheurs américains en 2015, en conduisant une étude auprès de 164 volontaires, tous en bonne santé.
Les scientifiques ont exposé ces participants à un virus du rhume par le biais de gouttes nasales. Ils ont ensuite prélevé des échantillons quotidiennement pendant une semaine pour voir si le virus se développait.

En parallèle, les habitudes de sommeil des volontaires ont été enregistrées une semaine avant le début de l’expérience, puis tout le long de la semaine de l’étude.
Les résultats, publiés dans la revue Sleep, ont montré que les personnes qui avaient dormi moins de six heures par nuit pendant la semaine précédente avaient 4,2 fois plus de risques d'attraper un rhume que ceux ayant dormi plus de sept heures. Dormir moins de 5 heures par nuit multipliait par 4,5 le risque de contracter un rhume.

Un sommeil irrégulier est associé à un risque accru de Covid-19

Cette étude tend à illustrer la relation entre le manque de sommeil et l’affaiblissement du système immunitaire. Mais elle n’est pas la seule.

Une découverte plus récente faite par des chercheurs français du Service Universitaire de Médecine du Sommeil du CHU de Bordeaux a établi un lien entre un sommeil irrégulier, en particulier le fait d’être en proie au jet-lag social, et une plus grande vulnérabilité à l’infection au Covid-19. Dans la revue Sleep Medicine, l’équipe de Julien Coelho, Médecin du Sommeil & Physiologiste au sein du Service Universitaire de Médecine du Sommeil du CHU de Bordeaux, a mis en évidence que des perturbations du rythme chronobiologique pourraient aggraver le risque infectieux.

Un décalade de rythme altère les défenses immunitaires

"Notre étude a montré que les personnes qui variaient de plus de deux heures leur rythme de sommeil entre la semaine et le week-end avaient 2,5 fois plus de risques d’être positifs au test du Covid-19", précise à Medisite le Professeur Pierre Philip, chef du service universitaire de médecine du sommeil au CHU de Bordeaux et auteur de "Réapprenez à dormir pour être en bonne santé" (éditions Albin Michel).

En d’autres termes, le jet-lag social, ce décalage permanent de rythme de sommeil entre la semaine et le week-end, nuit à notre immunité et accroîtrait le risque d’être contaminé par le Covid-19. "Si on est victime d’un jet lag social, par exemple le fait de se lever tôt en semaine, d’avoir une durée courte de sommeil en semaine et ensuite d’augmenter sa durée de sommeil le week-end en retardant son horaire de lever, il se crée un phénomène de rebond de sommeil et un décalage chronobiologique. Cette composante chronobiologique peut altérer les défenses immunitaires", explique le Pr Philip.

Les dégâts causés par le jet-lag social, cette inadéquation entre notre horloge biologique et notre ryyhme de vie, vont bien au-delà de l’immunité. Ce décalage qui pousse à dormir plus longtemps le week-end offrirait notamment un terrain propice au risque de dépression, parmi un cortège d’autres risques pour la santé (risque accru de maladies cardiovasculaires, altération du microbiote intestinal, prise de poids, etc).

Sommeil : comment contrer ce phénomène de jet-lag social ?

Combattre ce phénomène passe par retrouver une bonne hygiène de sommeil, en accordant la primeur à la régularité des horaires de lever, rappelle le professeur Pierre Philip. "C’est important de garder un horaire de lever régulier car c’est ce lever qui conditionne la durée du sommeil. On se lève donc tous les jours à la même heure et on s’accorde a minima 7 h de sommeil", soit la durée de sommeil satisfaisante pour un adulte en bonne santé.

Pourquoi on dort plus en cas d’infection ?

Enfin, puisqu’un bon sommeil veille à notre système immunitaire, il ne faut pas s’étonner de dormir davantage en cas d’infection virale. Il s’agit d’un phénomène tout à fait normal, rassure le spécialiste du sommeil. "Il s’agit en quelque sorte d’un effet secondaire des mécanismes de défense à l’infection. Quand on est infecté, on libère des interleukines, des neurotransmetteurs impliquées dans la défense immunitaire, qui peuvent favoriser le sommeil". Autrement dit, le corps se met au repos pour mieux renforcer ses défenses et accélérer sa guérison.

Sources

Merci au Professeur Pierre Philip, Chef du Service Universitaire de Médecine du Sommeil au CHU de Bordeaux, auteur de "Réapprenez à dormir pour être en bonne santé" (éditions Albin Michel). Retrouvez plus d’astuces sur le sommeil sur son compte Instagram @Pr.philip

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