Covid : 86 852 nouveaux cas samedi, un nouveau record vraiment ?Adobe Stock
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Lors de son rapport quotidien sur l’évolution du coronavirus, Santé Publique France recensait 1 748 705 cas de COVID-19 confirmés le 7 octobre 2020. Face au 1 661 853 annoncés vendredi, cela représente une hausse impressionnante de 86 852 nouveaux cas en 24 heures. Toutefois, il semblerait que ce “record” ait été gonflé artificiellement.

Chiffre covid : des problèmes dans la remontée des chiffres

En réalité, les nouveaux cas positifs de COVID-19 présentés par l’organisation quotidiennement ne sont pas les résultats obtenus dans la journée, mais ceux qui lui sont remontés. Ainsi, selon les régions, les périodes et les instituts, certains dossiers mettent plusieurs jours à lui parvenir. Ils peuvent aussi - comme cela a été le cas la semaine dernière - être bloqués par un bug informatique.

Selon le Parisien, le nombre de cas record présenté samedi dernier a été gonflé en raison des résultats d'environ 300 000 tests qui n’avaient pas encore été pris en compte. Selon des estimations, plusieurs dizaines de milliers d’entre eux étaient positifs. Ils ont été "retenus par un « embouteillage » dans le système depuis la fin de la semaine précédente. Pour chacun d'eux, le résultat (positif ou négatif) était connu, mais il n'était pas remonté jusqu'aux organismes chargés de les compter", explique le quotidien.

Le manque de personnel au cœur du ralentissement ?

Ce défaut de remontées d'information s’explique en partie par le doublement du nombre de tests effectués en un mois (1,1 million fin septembre contre plus de 2 millions fin octobre). Par ailleurs, les laboratoires faisaient face la semaine dernière à un manque de personnel en raison des vacances de la Toussaint.

Santé publique France avait prévenu le 28 octobre faire face à un "défaut de remontées" des données à cause de "problèmes techniques" liés à l'afflux de tests. Yann Le Strat, directeur du traitement et de l'analyse des données chez Santé publique France a assuré au Parisien vendredi dernier "Il n'y a aucun test perdu […], nous sommes en train de les recevoir". Les résultats récupérés ont ainsi été reportés sur plusieurs jours jusqu’à samedi dernier. Si le problème est désormais résolu, l’effet du report sur les 86 852 cas présentés samedi n’est pas connu. À titre d’information, le nombre de contaminations variaient entre 40 000 et 60 000 cas les jours précédents.

Bien que les chiffres de samedi soient "gonflés" en raison d’un problème de remontées des données, l’agence sanitaire française met en garde : "Même si l’augmentation du nombre de cas confirmés issus du système SI-Dep ne peut être précisée cette semaine, les nombres de nouveaux cas confirmés, de cas confirmés dans les établissements d’accueil pour personnes âgées, de nouvelles hospitalisations et de nouvelles admissions en réanimation ainsi que les décès pour COVID-19 et de mortalité toutes causes continuent d’augmenter".

COVID : un "frémissement" constaté

COVID :un "frémissement" constaté© Adobe Stock

Malgré le cafouillage des chiffres, "la situation épidémiologique continue de se dégrader" en France métropolitaine avec "une augmentation des indicateurs nationaux marquant une progression de l’épidémie de COVID-19 sur l’ensemble du territoire"assure Santé Publique France.

Le pic de la nouvelle vague n’a en effet certainement pas été atteint pour le moment. Toutefois, l’infectiologue Karine Lacombe a confié sur BMFTV-RMC ce lundi 9 novembre avoir observé des éléments encourageants. "Ce n’est pas la même chose partout en France, mais dans certaines régions, en Ile-de-France, on a l’impression d’avoir un frémissement dans la pente épidémique, dans cette croissance que l’on voyait continuer (de manière) exponentielle ces dernières semaines. On a l’impression que cela s’infléchit", a-t-elle expliqué.

Un point de vue partagé par Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP (Assistance publique – Hôpitaux de Paris). "On peut parler, en région Île-de-France, d’une amorce d’infléchissement", a-t-il confié sur France Inter. En Ile-de-France, "il y a huit jours, on voyait à peu près en moyenne 110 entrées en réanimation par jour et à peu près 500 entrées en hospitalisation", a-t-il poursuivi.

"Ces trois ou quatre derniers jours, on voit plutôt à peu près 80 entrées par jour (en réanimation) à comparer aux 110, et plutôt 400 entrées en hospitalisation par jour, à comparer à nos 500". Concernant le pic de la deuxième vague, il prévient : "Il est encore devant nous, et ce ne sera pas la même chose dans toutes les régions", indique-t-il.

Confinement : un premier bilan attendu en fin de semaine

Confinement : un premier bilan attendu en fin de semaine© Adobe Stock

Lors de son intervention le 8 novembre dans l’émission "Questions Politiques" organisée par France Inter/franceinfo/Le Monde, le ministre de la Santé Olivier Véran a reconnu l’existence d’un "frémissement" et "une forme de ralentissement" dans la progression de l’épidémie de Covid-19 en France. Il estime que les mesures prises en octobre "ont permis d’avoir une forme de ralentissement de la progression de l’épidémie, mais il est trop tôt pour juger de l’effet du reconfinement".

Mais, le locataire du 14 Avenue Duquesne ne prévoit de faire le bilan de ces initiatives qu’en fin de semaine (voire au début de la suivante). Cela ne sera qu’alors que des "mesures complémentaires" seront au besoin annoncées.

Si nous sommes nombreux à espérer un assouplissement du confinement pour Noël, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a concédé que les fêtes seraient sûrement différentes cette année. Toutefois, il a assuré : "nous ne voulons pas d’un Noël en visio. Nous voulons que les Français puissent fêter Noël le plus normalement possible".

Pour le chef des urgences de l’hôpital George Pompidou, Philippe Juvin, invité sur LCI, a rappelé "On ne pourra déconfiner que quand la décrue sera confirmée". Il a rappelé que le pic attendu serait suivi d’un "plateau" pendant plusieurs jours avant qu’une baisse des entrées en réanimation soit observée.

Sources

Covid-19 : pourquoi le nombre de nouveaux cas de samedi n’est pas un «record», Le Parisien, 8 novembre 2020

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