Le cancer, est-il forcément douloureux ?Istock
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Avec 157 000 décès chaque année, le cancer demeure la première cause de mortalité en France. Les cancers du sein, de la prostate, du poumon et du côlon-rectum restent les plus fréquents. Naturellement, dès lors que l’on annonce à un individu qu’il est atteint d’un cancer, celui-ci va se poser une multitude de questions : quel traitement va-t-il suivre, combien de temps le traitement va-t-il durer, quels résultats peut-il espérer…La question de la douleur est également légitime. Certaines idées reçues peuvent circuler à ce sujet, ce qui justifie l’importance de faire le point.

La douleur liée à une tumeur cancéreuse dépend de sa localisation et de sa taille

Une tumeur cancéreuse n’est pas forcément douloureuse, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Elle l’est dans 60 % des cas, 40 % des cancers ne provoquent pas de douleurs. Par exemple, au niveau de certains organes tels que les poumons, le foie, ou encore le rein, la tumeur ne devient douloureuse que lorsqu’elle atteint un certain volume provoquant des douleurs ressenties comme une pesanteur, une tension, ou une gêne. Il s’agit de douleurs nocicéptives, déclenchées par une agression de l'organisme. Le docteur souligne que les cancers gynécologiques, lorsqu’ils progressent, peuvent être très douloureux. Le cancer de la prostate est quant à lui, bien souvent, silencieux et non douloureux mis à part à un stade avancé de la maladie. Il convient de noter que le seuil de tolérance à la douleur diffère d’un individu à un autre.

« Dans le cas des cancers ORL, la douleur peut être très précoce du fait de l’innervation très importante de cette région », dans ce cas, les douleurs sont mixtes associant une composante nocicéptive ressentie comme une gêne et une composantes neuropathie pouvant être ressentie comme des décharges électrique, brûlures, picotements ou autres, explique ledocteur. « Autre exemple, dans le casdu cancer du sein, peu importe sa taille, la tumeur peut ne provoquer aucune douleur. Toutefois, si le cancer progresse au niveau loco-régional et en cas de métastases notamment au niveau des os, ces dernières peuvent provoquées des douleurs osseuses invalidantes. »

Les cancers non douloureux existent et sont plus difficiles à détecter

Certaines tumeurs se développent dans l’organisme de façon silencieuse. « C’est la raison pour laquelle on essaye de faire de la prévention et des dépistages pour traiter les cancer au stades précoces. Par exemple, pour le cancer du sein, on demande aux femmes, à partir de 55 ans, de faire des mammographies systématiques car cela permet de déceler les cancer de petites tailles, curables. Pour le cancer du poumon, lorsque l’on effectue une radiographie et que l’on décèle une tumeur non douloureuse, le cancer peut être déjà un stade avancé, d’où l’intérêt des campagnes de sensibilisation contre le tabac… », explique le docteur Ghimouz.

L’enjeu de la recherche aujourd’hui est de trouver les moyens de déceler toutes les tumeurs infraclinique (sans symptômes, sans signe clinique) et de les traiter au stade précoce sans qu’il n’y ait de conséquences délétères sur la santé, nous explique le spécialiste. Les technologies actuelles ne le permettent malheureusement pas dans tous les cas.

Cancer : outre la tumeur, les traitements peuvent aussi être douloureux

A cette question, le docteur est formel, la réponse est « oui ». Lorsque le diagnostic d’un cancer a été posé, même en l’absence de douleur, le traitement spécifique du cancer peut induire des douleurs aiguës mais aussi chroniques.

La chimiothérapie détruit les tumeurs mais aussi les tissus sains

La chimiothérapie figure parmi les traitements proposés pour soigner bon nombre de cancers. Certes efficace sur certaines formes de cancer, celle-ci présente toutefois des effets secondaires pour le patient. « La chimiothérapie détruit les cellules cancéreuses mais également des cellules saines telles que les petites fibres nerveuses. La cicatrisation des ces fibres peut ne pas se faire ad-integrum et provoquer des douleurs neuropathies chroniques séquellaires. Ces douleurs neuropathiques sont ressenties comme des fourmillements, des picotements ou des décharges électriques…», détaille le médecin algologue.

La chirurgie peut entraîner des douleurs secondaires

Lorsque l’on a réséqué la tumeur grâce à la chirurgie, les terminaisons des fibres nerveuses sont forcément sectionnées. La cicatrisation de ces terminaisons nerveuses peut provoquer des douleurs neuropathiques chroniques.

La radiothérapie, même à visée antalgique, peut être douloureuse

La radiothérapie, qui consiste à utiliser des rayonnements pour détruire les cellules cancéreuses, peut provoquer des douleurs notamment lors du traitement du cancer ORL ou exacerber les douleurs provoquées par la chirurgie. « Même utilisée à visée antalgique, pour traiter les métastases osseuses, la radiothérapie peut provoquer des douleurs inflammatoires aiguës, heureusement transitoires », souligne le docteur Ghimouz.

Des douleurs articulaires peuvent être provoquées par l’hormonothérapie

Par exemple, les tumeurs du sein hormonodépendantes sont soignées par un traitement anti-hormonal pour éviter les récidives. Ce traitement provoque un processus inflammatoire au niveau des articulations, ce qui peut entrainer des douleurs handicapantes au niveau des petites et des grosses articulations, nous explique le spécialiste.

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