Définition : qu'est-ce que la trypophobie ?

La trypophobie est une phobie peu connue, mais assez fréquente. Elle désigne la peur panique et irraisonnée des petits trous. Les trous peuvent être de toutes formes géométriques et sont très rapprochées. Une personne atteinte de cette phobie peut donc avoir peur des nids d’abeille, de la mousse de shampoing, d’un morceau de gruyère…

La trypophobie est une phobie qui a été récemment identifiée, en 2005, sans pour autant être reconnue officiellement. Il s’agirait pourtant de la peur la plus répandue.

Photo : les personnes souffrant de trypophobie peuvent avoir peur des trous du gruyère

Définition : qu'est-ce que la trypophobie ?© Istock

Chiffres : la trypophobie est-elle fréquente ?

En 2013, des chercheurs de l'université de l'Essex ont présenté à 300 personnes 76 images de trous plus ou moins repoussants. Résultat : pas moins de 18 % des femmes et 11 % des hommes présentaient des réactions de trypophobie (en particulier des maux de tête, démangeaisons ou tremblements) devant ces images.

Quels sont les symptômes de la trypophobie ?

Les personnes atteintes par cette phobie des trous ressentent de la peur et de l’anxiété. Il s’agit d’une peur persistante qui peut même être déclenchée par l’anticipation de l’exposition à cet objet phobogène (c’est-à-dire quand le sujet sait qu’il va y être confronté ou qu’il l’imagine).

Face à la vue d’un trou, la personne souffrant de cette phobie peut :

  • ressentir des battements cardiaques accélérés ;
  • ressentir une sensation de souffle coupé ;
  • avoir des nausées ;
  • transpirer ;
  • avoir des frissons ou bouffées de chaleur ;
  • présenter des vertiges ;
  • avoir des tremblements ;
  • parfois, la personne peut même être confrontée à une attaque de panique.

Il s’agit cependant de réponses d’angoisse qui ne sont pas propres à la trypophobie, mais à toutes les phobies en règle générale.

Le sujet atteint de trypophobie fera en sorte d’éviter l’objet de ses angoisses.

Quelles sont les causes de la trypophobie ?

Plus qu’une simple peur, une phobie est un trouble anxieux. Même si l’objet de la peur est inoffensif (comme les trous par exemple), la personne atteinte de cette phobie en souffre et ne parvient pas à se raisonner lorsqu’elle est confrontée à l’objet de sa peur.

La plupart des phobies ont un caractère familial. Elles ne sont pas nécessairement inscrites dans les gènes pour autant. Un parent ayant une peur panique des orages par exemple ne transmettra pas forcément cette peur à son enfant via ses gènes. Cependant, si le cerveau est soumis au cours de son développement précoce à des stimuli d’aversion profonde, il peut conserver cette mémoire et ce microtraumatisme. Il favorise alors les comportements d’évitement et une peur irraisonnée.

Les origines des différentes phobies ne sont pas toujours explicables, mais elles peuvent inclure :

  • Un traumatisme. Par exemple certaines personnes ayant été enfermées dans un endroit clos et exigu peuvent être amenées à souffrir de claustrophobie (la peur des espaces confinés, des lieux clos, des petites pièces et de l'enfermement.)
  • Un facteur génétique. La tendance à l’anxiété est souvent présente chez plusieurs personnes d’une même famille. Cette anxiété s’exprime parfois par le développement d’une phobie.
  • L’apprentissage : un enfant voyant un de ses parents ou un proche de son entourage craindre les orages par exemple pourra, en grandissant, ressentir la même peur.

D’où vient la phobie des trous ?

Au cours de l’évolution des primates certains milieux (comme les plans d’eau ou les milieux ouverts) et certaines situations (être confronté à un gros animal ou un serpent) représentaient des dangers objectifs qui pouvaient être craints. De ce fait, la crainte à leur encontre pouvait être justifiée. Cette crainte, évoquée par ces formes géométriques, aurait pu être transmise durant l’évolution. 

« Pour certains, un réflexe de fuite aurait donc pu ainsi s’installer devant des amas de ronds rappelant la peau d’animaux dangereux (serpent, pieuvre…). Pour d’autres ces formes pourraient évoquer les signes dermatologiques de certaines maladies infectieuses (variole, rougeole, typhus, gale...) ou même les signes de décomposition », affirme le thérapeute cognitivo-comportementale Philippe Beaulieu.

Photo : la peau de certains animaux dangereux comportent des trous

D’où vient la phobie des trous ?© Istock

Quels sont les facteurs de risques de trypophobie ?

Les facteurs de risque concernant la trypophobie sont encore peu connus. Certaines études ont fait le lien entre trypophobie et les troubles dépressifs ou l’anxiété sociale.

Quelles sont les personnes à risque de trypophobie ?

Il n’existe pas véritablement de personnes à risque. Certaines phobies peuvent être transmises par l’entourage, mais chacun est capable de développer ses propres craintes. Une personne qui souffre d’une phobie spécifique comme peut l’être la trypophobie a en outre conscience du caractère irraisonnée de sa peur et peut en souffrir.

Cependant, les femmes semblent être plus touchées par les phobies que les hommes. Les phobies peuvent apparaître et disparaître sans que l’on sache pourquoi.

Niveau de trypophobie : quels sont les tests à faire ?        

Pour tester une trypophobie et sa sévérité, le patient sera confronté à différentes images et vidéos où figurent des trous. Seront alors mesurés sa réaction et son niveau d’anxiété face à ces images ainsi qu’une évaluation de la présence d’autres symptômes anxieux ou dépressifs.

Combien de temps peut-on souffrir de trypophobie ?

Il n’y a pas de durée précise concernant la trypophobie. Les crises vont et viennent en fonction de la présence de l’objet de la peur dans la vie de la personne trypophobe. Comme pour toute phobie, sans prise en charge, elle aura plutôt tendance à se renforcer avec le temps. Les thérapies peuvent être plus ou moins longues en fonction de la sévérité du trouble du sujet.

La trypophobie est-elle contagieuse ?

Il n’existe aucun risque de contagion.

Trypophobie : qui, quand consulter ?

Il faut consulter lorsque les conduites d’évitement déclenchées par la peur des trous deviennent envahissantes et empêchent la personne concernée de vivre normalement sa vie. En premier lui, une personne phobique pourra aller consulter son médecin traitant. Celui-ci aura comme rôle d’évaluer l’intensité des crises et les réactions de la personne phobique. En fonction des cas, le médecin traitant pourra dans un second temps orienter son patient vers un spécialiste. Dans tous les cas, une personne phobique ne doit pas attendre d’être trop handicapée dans sa vie de tous les jours pour demander de l’aide de la part du corps médical. 

Trypophobie : quels sont les examens et analyses nécessaires ?

La phobie des trous peut être diagnostiquée par un professionnel (médecin ou psychothérapeute). Celui-ci peut procéder à un questionnaire détaillé pour découvrir ce que provoquent les différents symptômes ainsi que leur sévérité. Il pourra alors envisager un traitement adapté et déterminer la cause sous-jacente à cette phobie.

Trypophobie : quelles sont ses complications ?

La plupart des phobies contractées durant l’enfance peuvent être surmontées à l’âge adulte. Au contraire, il est plus difficile de vaincre sa phobie si celle-ci s’est développée durant la période de vie d’adulte d’un sujet. En effet, les cas de rémissions sont assez rares, moins de 20 %. Elle est également plus compliquée à soigner si la raison de la phobie est raisonnée (une morsure de chien, un début de noyade…). Le sujet utilise alors cette raison pour conforter la raison de sa peur. 

Si certaines phobies se révèlent anodines, d’autres peuvent altérer gravement la qualité de vie. Des complications sérieuses peuvent survenir si la personne se retrouve confrontée à sa phobie :

  • attaques de panique plus ou moins sévères ;
  • abus d’alcool et de drogues ayant pour but d’anesthésier les émotions ;
  • isolement total ;
  • dépression et suicide.

Traitements : comment se soigne la trypophobie ?

Comme plusieurs autres phobies, la peur des trous peut se traiter en suivant une thérapie cognitivo-comportementale. Ce type de thérapie a notamment pour but d’exposer le patient à l’objet de cette peur irraisonnée. Cette exposition se fait tout d’abord en «imagination», en se servant de techniques de relaxation, puis en réalité. Le patient sera alors confronté de manière progressive à des images ou situations de plus en plus redoutées jusqu’à « l’extinction » de la réponse anxieuse. Ce travail se fera sur la base d’une évaluation très précise de la phobie : son mode de survenue, les situations qui la déclenche, ses répercussions, l’histoire du patient, les pensées et émotions associées à son trouble… autant de point qui seront travaillés en thérapie. C’est la confrontation plutôt que l’évitement qui peut permettre au patient de faire disparaître sa réaction de peur.

Certains médicaments contre les troubles anxieux peuvent être prescrits. Cependant, ce genre de traitement ne constitue pas une solution à proprement parler. Ils permettent simplement de traiter les symptômes phobiques les plus importants.

Certaines phobies peuvent également se soigner de manière naturelle.  Quelques huiles essentielle s ont des vertus relaxantes et apaisantes. Ces huiles essentielles peuvent s’utiliser en urgence, durant une attaque de panique ou comme un traitement de fond. Les huiles essentielles d’agrumes sont réputées pour leurs vertus relaxantes. Citron, orange mandarine… on peut s’en servir avec un diffuseur ou en appliquer quelques gouttes sur un linge et le respirer durant une quinzaine de minutes. L’huile essentielle de camomille romaine est reconnue comme étant un puissant anti-stress. Elle aide à détendre les muscles au cours d’une crise d’angoisse. L’huile essentielle de lavande fine est efficace pour détendre et aider à lutter contre les idées noires. Si la pensée de petits trous gêne le sujet, elle peut s’avérer efficace. L’huile essentielle d’Ylang-ylang complète peut aider à réguler le rythme cardiaque. Elle permet également de diminuer la tension artérielle. Elle s’utilise diluée et en petite quantité.

L'hypnose peut également être efficace dans certaines situations. L'état obtenu lors d'une séance d'hypnose s'apparente à un profond état de relaxation. Plusieurs études montrent l'efficacité de la relaxation dans la gestion de l'anxiété et dans la gestion des phobies. L'efficacité du traitement peut aller jusqu'à trois ans après la thérapie. La relaxation peut être combinée à des techniques de visualisation mentale qui peuvent aider le patient à gérer le sujet de ses angoisses.

Peut-on prévenir la trypophobie ?

Il n’est malheureusement pas possible de prévenir la trypophobie, ni aucune autre phobie d’ailleurs.

Conseil du thérapeute cognitivo-comportemental Philippe Beaulieu : 

« La seule prévention possible est d’essayer d’éviter le sujet de la peur en question mais c’est justement ce qui va la renforcer… Il est donc important, dès que la phobie s’installe de se faire aider par un médecin, un thérapeute. »

Quelques autres phobies…

Il existe plusieurs catégories de phobies que l’on peut classer par « genre ».

  • La phobie animale : la peur des araignées, des serpents, des félins…
  • La phobie liée à l’environnement naturel : peur de la forêt, de l’eau, des orages…
  • La phobie liée à différentes situations : peur de l’avion, peur de conduire, du sang, des aiguilles…
  • La phobie liée à l’apparence : peur des pieds, des organes sexuels…
  • La phobie liée à des sentiments : peur d’être seul, d’avoir peur…

Quelles sont les phobies les plus courantes ?

  • L'arachnophobie. La peur des araignées. Elle se manifeste par la peur excessive face à l’animal, généralement inoffensif. La présence de l’animal, voire le simple fait de l’imaginer suffit à déclencher une crise d’angoisse chez certains patients.
  • La phobie sociale. Elle peut également être appelée « anxiété sociale ». Elle désigne la peur intense qu’ont certaines personnes lorsqu’ils sont confrontés au regard des autres. Cette peur peut devenir une angoisse profonde lorsque la personne doit prendre la parole devant un groupe de personnes ou simplement lorsqu’elle sent le regard des autres posé sur elle. Ces personnes peuvent rapidement s’isoler des autres. Elles cherchent à éviter les risques de se retrouver dans des situations qui pourraient les mettre mal à l’aise.
  • L'aérodromophobie. Cette phobie désigne la peur des avions ou des voyages en avion. Elle peut découler d’une mauvaise expérience en vol, de la volonté de vouloir tout contrôler… Elle peut aussi être la conséquence d’autres phobies comme la claustrophobie ou l’agoraphobie (peur des lieux d'où il serait difficile ou gênant de s'échapper ou d'être secouru). Un passage sur trois reconnaît être inquiet lorsqu’il doit prendre l’avion. Dix pour cent reconnaissent être anxieux tandis que 1 % est atteint de panique élevée à l’idée de monter à bord d’un avion. Des stages sont proposés par Air France pour lutter contre ce genre de peur panique.
  • L'agoraphobie. Cette peur est liée aux endroits d’où il serait difficile de s’échapper ou d’être secouru. Cette phobie est fondée sur la peur de ne pouvoir trouver aide et sécurité dans l’endroit s’il arrivait quelque chose et non sur le lieu en tant que tel. 
  • La claustrophobie. Cette phobie désigne la peur des espaces confinés, des lieux clos, des petites pièces et de l'enfermement.
  • L'acrophobie. Elle désigne une peur extrême des hauteurs. Les victimes de cette phobie n’ont pas la même atteinte selon les hauteurs et les crises de panique peuvent être bien plus fortes s’il n’existe pas ou qu’une petite protection pour les protéger de ces hauteurs. Entre 2 et 5 % de la population globale souffrirait de cette peur. Les femmes étant plus sujettes que les hommes.
  • L'aquaphobie. Appelée également hydrophobie, cette peur désigne la crainte de l’eau. Selon les individus, cette peur peut s’appliquer aux lacs, aux mers ou aux océans, mais également aux piscines, voire aux baignoires. Dans les cas les plus extrêmes, les personnes souffrant d’aquaphobie peuvent même avoir peur de la pluie ou d’être éclaboussées par surprise. Chez ces personnes, l’idée d’avoir le visage sous un jet de douche peut provoquer des crises d’angoisse.
  • La cancérophobie. Il s’agit de la peur injustifiée d’être atteint d’un cancer. En général, les patients atteints de ce trouble ne sont pas rassurés par un examen médical négatif leur prouvant qu’ils ne sont atteints d’aucun cancer.
  • La cheimophobie  ou astrophobie désigne la peur des orages et des tempêtes. La lumière des orages lorsqu’elle est anormalement éclatante peut effrayer les personnes atteintes de ce trouble. Cette phobie est très répandue et touche également certains animaux comme les chiens. C’est une phobie très ancienne que l’on peut retrouver dans différentes œuvres d’art (dessins, écritures, peintures) plusieurs centaines d’années avant Jésus-Christ.
  • La nécrophobie. Ce trouble désigne la peur de la mort et tout ce qui est lié à la mort. Elle peut se manifester de différentes manières en fonction des individus. Certains ne parviendront pas à se rendre dans un cimetière, d’autres éviteront de manière systématique toute situation comportement un risque minime d’y être confronté. Plus qu’une peur liée à la représentation de la mort, cette phobie est souvent liée à la peur éprouvée par le sujet de mourir lui-même.
  • La cardiophobie. Cette phobie est la peur du cœur ou la peur de développer une maladie cardiovasculaire. Les individus ayant des antécédents familiaux y sont plus sujets tout comme ceux ayant déjà subi une crise cardiaque. Les patients souffrent d’une peur de ressentir les battements de leur cœur s’affaiblir. Ils peuvent également avoir peur d’une image ou d’un symbole représentant le cœur.

Sites d’informations et associations sur la trypophobie

 https://www.ecole-hypnose-francophone.fr

Sources

Entretien avec le thérapeute cognitivo-comportemental Philippe Beaulieu