Fibromyalgie: les conseils du médecin de la douleur pour moins souffrir Istock
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On connaît mieux aujourd’hui les mécanismes impliquées dans la fibromyalgie. C’est grâce aux techniques d’imagerie notamment (en particulier l’IRM fonctionnelle) que l’on a pu établir précisément que la fibromyalgie n’était pas - comme on l’a longtemps pensé - une maladie de l’esprit, c’est une maladie qui atteint le circuit de la douleur et qui a une conséquence directe : la fonction douleur dysfonctionne chez les personnes atteintes.

Je vois malheureusement encore bien trop souvent arriver en consultation des femmes qui n’ont pas été écoutées par leur médecin traitant, à qui on a dit que “c’était dans la tête”", déplore le Dr Sichère, rhumatologue et médecin de la douleur . "On doit encore travailler sur l’information des patients mais aussi celle des médecins pour réduire l’errance diagnostique qui est en moyenne de 5 ou 6 ans pour cette pathologie.”

De fait, le diagnostic de fibromyalgie est souvent difficile à poser, car dans cette maladie les bilans (sanguins, radios…) peuvent ne présenter aucune anomalie quand la maladie est isolée ; en outre, si on est fibromyalgique et que l’on souffre par ailleurs d’une autre pathologie, on passe à côté d’un traitement ciblé.

Pourtant, certains signes peuvent alerter : si vous êtes particulièrement sensible et qu’un simple pincement de votre peau vous fait mal ou encore si vous ne pouvez pas vous faire masser, car cela est trop douloureux, c’est suspect.Un geste assez simple permet d'orienter le diagnostic, note le Dr Sichère: si on touche un point précis sur le corps qui ne doit pas être douloureux - la côté extérieur de la hanche notamment - et que cela provoque une douleur, c’est un signe, on parle d’allodynie.

Les femmes moins protégées par leurs hormones ?

Si vous êtes une femme (la testostérone a une action antidouleur qui protège les hommes de cette pathologie, c’est pourquoi dans 8 à 9 cas sur 10 ce sont les femmes qui sont touchées), que vous souffrez de tensions musculaires, de douleurs diffuses et inexpliquées, qui peut-être se sont déclenchées après un traumatisme (deuil, licenciement, dépression…), il ne faut vraiment pas hésiter à consulter un spécialiste de la douleur (algologue). La fibromyalgie est une maladie à part entière, qui atteint comme dit plus haut le circuit de la douleur (les lésions apparaissent à l’IRM), elle doit être prise en charge comme une autre maladie.

Comment on peut soigner la fibromyalgie ?

J’ai l’habitude de dire que pour traiter la fibromyalgie, il faut se comporter comme quand on joue aux cartes et mettre tous les atouts dans son jeu, remarque notre rhumatologue. Les médicaments sont une carte maîtresse, mais ce n'est pas la seule. Les médicaments sont surtout intéressants quand la fibromyalgie s’assortit de troubles du sommeil, car il est vraiment important de traiter aussi la fatigue et les altérations du sommeil, qui entretiennent le problème.

Pour ce faire, votre médecin pourra vous prescrire deux classes de médicaments qui ont une action antalgique et qui pourront cibler les effets associés, ce sont certains antidépresseurs ou antiépileptiques.

Parallèlement au traitement médicamenteux, notre spécialiste insiste sur l’importance de retrouver une activité physique régulière, au minimum 2 heures par semaine, pour stimuler les endorphines qui sont nos antidouleurs naturels.

Les autres options thérapeutiques

Toutes les activités qui agissent de manière bénéfique sur le centre de la douleur sont à favoriser : la sophrologie, l’hypnose, la méditation… Elles doivent en revanche être pratiquées tous les jours pour que vous en ressentiez les bénéfices.

Parallèlement, en cas de douleurs musculaires plus localisées, la neurostimulation transcutanée (on place des électrodes sur les zones choisies et on passe un courant électrique à très faible intensité) donne de bons résultats, car elle stimule les fibres qui ont la propriété de court-circuiter la douleur.

Laisser le temps au temps

La fibromyalgie s’installe généralement sur des années, il faut donc en moyenne plusieurs mois pour obtenir un mieux-être après une prise en charge. “Je donne généralement 6 mois à mes patients, avec des hauts et des bas, précise le Dr Sichère. Mais ensuite, on peut vivre une vie normale!”

Quand la fibromyalgie oblige à vivre avec des douleurs qui se situent entre 7 et 8 sur une échelle de 10, on peut redescendre à 2 ou 3 avec ces thérapeutiques cumulées, et surtout avoir des périodes de répit, car la douleur n’est alors plus permanente.

Sources

Interview

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