Définition : qu'est-ce que la rosacée ?    

La rosacée est une maladie chronique de la peau qui affecte les petits vaisseaux du visage. Elle touche la partie centrale du visage : le front, le nez, les joues et le menton. Elle provoque des rougeurs ou parfois des lésions plus importantes. C’est une maladie évolutive qui peut recouvrir différentes formes. Elle touche une petite partie de la population adulte.

C’est une maladie qui peut arriver tôt dans la vie d’adulte, parfois vers 25 ans. Cependant, le pic se trouve plutôt entre 40 et 50 ans. C’est une pathologie qui touche plus particulièrement les femmes à la peau claire. Les hommes peuvent également être atteints par la couperose. La rosacée touche alors en plus grande majorité les hommes de plus de 50 ans.

Photo : schéma des zones touchées par la rosacée

Définition : qu'est-ce que la rosacée ?    © Creative Commons

Auteurs : Jean-no/Karl Udo Gerth/wikipedia. Travail artistique libre et gratuit : Free Art License 1.3 - https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Rasacee_couperose_zones.svg

Ces rougeurs sont bénignes, mais peuvent parfois être handicapantes pour certaines personnes, tant psychologiquement. Au fur et à mesure que la maladie évolue, ces rougeurs deviennent permanentes, de petits vaisseaux dilatés (télangiectasies ou couperose) apparaissent sur les joues et les ailes du nez, ainsi que des petits boutons rouges (papules). 

Il s'agit d'une maladie cutanée évolutive qui peut évoluer selon plusieurs stades de façon inconstante.

Il existe quatre stades d’évolution de cette maladie :

Stade 1 : rougeurs intenses transitoires

Ces rougeurs apparaissent d’abord au niveau du nez, des pommettes et au milieu du front. Elles donnent une sensation de chaleur, de brûlure ou de picotement. Ces "flushes" durent au moins cinq minutes.

Stade 2 : rougeurs permanentes et vaisseaux dilatés apparents

Les rougeurs s’installent de manière durable. On parle alors d’érythrose. Il s’agit de r ougeurs diffuses et persistantes au niveau du nez, du menton, du front ou des joues. Des petits vaisseaux dilatés, visibles à l’œil nu, peuvent également apparaître sur le visage, on parle alors de couperose. 

Stade 3 : des boutons disgracieux

Les zones rouges devenues permanentes sont parsemées de boutons plus ou moins nombreux qui apparaissent en même temps que les poussées.

Stade 4 : oedèmes persistants

La peau s'épaissit et forme une boursoufflure au niveau de certaines zones du visage. Cela entraîne une déformation de celui-ci. Cela s’appelle le rhinophyma. Ce stade est bien plus rare et concerne principalement les hommes de plus de cinquante ans.

Photo d'un homme atteint d'un rhinophyma sévère

Stade 4 : oedèmes persistants© Creative Commons

Crédit : travail de James Heilman, MD, placé sous licence Creative Commons CC BY-SA 3.0 - https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Rhinopyma.JPG

Chiffres : quelle est la fréquence de la rosacée ? 

En France, la rosacée touche environ 4 millions de personnes, soit 8% de la population. Sur ces quatre millions de personnes, seule une sur cinq aurait consulté un médecin pour ce problème.

Les adultes de 30 à 60 ans souffrent particulièrement de cette maladie, particulièrement les personnes qui ont entre 40 et 50 ans.

Quels sont les symptômes de la couperose ?

  • Des poussées successives et soudaines de rougeurs sur le visage principalement, et sur le cou. Elles peuvent être accompagnées de bouffées de chaleur. On parle alors de "flushs" cutanés.
  • La rosacée peut évoluer jusqu’à la couperose. C’est-à-dire une dilatation anormale et permanente de petits vaisseaux sanguins de la peau, visibles à l'œil nu.
  • Cette pathologie peut s’accompagner d’une peau sèche  et sensible.
  • Une sensation de brûlure.
  • Une tendance à rougir facilement : les rougeurs peuvent s’intensifier avec un changement de température ou sous le coup de l’émotion.
  • Des yeux secs, rouges et irrités (parfois l’impression d’une conjonctivite). On parle alors de rosacée oculaire.

Quels sont les signes de la rosacée chez les hommes ?

Dans sa forme la plus sévère, la rosacée peut évoluer en rhinophyma. Celui-ci touche plus particulièrement les hommes après l’âge de 50 ans. Il apparaît donc à la p hase tardive de la rosacée.

Il est caractérisé par un nez rouge, qui augmente de volume, dont la peau s’épaissie. Les modalités thérapeutiques sont variables incluant la chirurgie et l’électrocoagulation avec des résultats cosmétiques souvent décevants. La couperose peut s'accompagner d'une rosacée oculaire associée, aux symptômes proches de ceux de la conjonctivite.

Quelles sont les causes de la rosacée ?      

La rosacée est liée à une vasodilatation excessive des petits vaisseaux du visage. La cause exacte de cette pathologie est encore incertaine. Toutefois, plusieurs recherches ont déterminé différentes pistes : 

  • un dérèglement du système immunitaire de la peau ;
  • une "hyperréactivité" des vaisseaux sanguins du visage ;
  • des bactéries ou acariens de type Demodex folliculorum ;
  • une réaction anormale de la peau au soleil.

L’évolution est plutôt chronique et fluctuante en fonction des périodes de la vie. La progression de la maladie reste peu claire. Une seule étude a pu montrer une possible évolution entre les stades de la maladie. 

La rosacée touche particulièrement les personnes de la même famille. La prédisposition génétique est ainsi à prendre en compte.

Quels sont les facteurs de risques de couperose ?

Il s’agit d’une pathologie fluctuante. De nombreux éléments peuvent être à l’origine des flushes de rosacées. C’est ce que l’on appelle des déclencheurs. Une fois le diagnostic posé et confirmé, une grande partie d’entre eux peuvent facilement être évités au quotidien et éviter ainsi l’aggravation.

  • Le soleil : c’est le premier et le plus grand ennemi de la rosacée. Il peut déclencher une poussée et accélérer son évolution. Les UV et la chaleur dilatent les vaisseaux sanguins et altèrent les tissus au niveau cutané. Il est donc recommandé d’éviter toute exposition et d’appliquer impérativement et régulièrement de l’écran solaire, été comme hiver. Les UVA peuvent faire des dégâts sur la peau et peuvent être à l’origine de récidives de rosacées.
  • La présence excessive d'un acarien sur la peau du visage, le démodex : certaines espèces font naturellement partie du microbiote cutané humain ou vivent associées aux cheveux, cils, sourcils. On ne sait pas encore s’ils sont des parasites ou des symbiotes. Dans certaines conditions, ils se mettent à pulluler et alors jouer un rôle dans certaines pathologies dermatologiques.
  • Un brusque changement de température : le froid, le vent, la chaleur, les changements de température… toutes les conditions extrêmes sollicitent le système circulatoire. Il vaut mieux essayer d’éviter de passer du froid au chaud d’un seul coup. Mieux vaut laisser le temps à sa peau de s’habituer. Le patient atteint de rosacée devrait également éviter les saunas, les hammams ainsi que les bains chauds de trop longue durée.
  • Une consommation de mets épicés ou d’alcool : les soupes et boissons chaudes peuvent être la cause des flushes. Il vaut mieux les laisser refroidir. Les épices, le poivre, le piment, le paprika, la moutarde et le gingembre dilatent les veines et peuvent également être la cause de certaines bouffées. Certains excitants comme le café, le thé noir ou le tabac ne sont pas recommandés. L’alcool, même bu avec modération, peut favoriser la dilation des capillaires et provoquer une rougeur instantanée. Comme pour chaque facteur, la sensibilité de chacun varie. Il faut surveiller son alimentation et bien noter ce qui provoque des flushes, afin de les éviter.
  • Les fortes émotions comme la colère, la gêne, le stress… : l’anxiété et les contrariétés ont tendance à provoquer des poussées. Le stress par exemple libère de l’adrénaline qui accélère la circulation sanguine. Le sommeil est alors le meilleur remède contre le stress.
  • La prise de corticoïdes comme la cortisone. Ils provoquent eux aussi une dilatation des vaisseaux sanguins et un amincissement de la peau susceptibles d’aggraver petit à petit la rosacée.
  • Certains cosmétiques, notamment ceux contenant de l'alcool ou ceux à la texture riche.
  • Le sport intensif : dans le cas de la rosacée, il est bénéfique contre les émotions négatives. Cependant, il active également la circulation qui conduit à un réchauffement global du corps. Or le mécanisme de régulation de la température au niveau du corps est déficient et le sport peut alors déclencher des flushes. Il faut adapter ses tenues à la pratique sportive et surtout éviter la surchauffe. Mieux vaut faire de petits exercices de courte durée pour favoriser la régulation de la température corporelle. Des sports sont à pratiquer en priorité comme le yoga, le thaï-chi ou le qi gong. Sont au contraire à éviter les sports comme le jogging qui fait grimper la température interne.
  • Les facteurs hormonaux de la ménopause : les bouffées de chaleur peuvent être une manifestation des modifications hormonales de la ménopause, associées à un dysfonctionnement du mécanisme de dilation des vaisseaux sanguins. Lorsque la chaleur monte, il faut respirer profondément et boire de l’eau. Il est possible d’appliquer une compresse d’eau fraiche sur la zone concernée afin de faire baisser la température.
  • Certains médicaments : les corticoïdes par voie orale ou par voie locale amincissent la peau et favorisent la dilatation des vaisseaux sanguins. Ils peuvent par conséquent causer des poussées de rosacée.
  • Les aliments à indice glycémique élevé : certains aliments peuvent affecter la rosacée de certaines personnes. Les réactions individuelles varient encore une fois d’une personne à l’autre. Certains produits peuvent être évités, comme les produits laitiers. Pour se rendre compte de leur impact, ces produits peuvent être retirés de l’alimentation durant une courte période puis réintroduits petit à petit, pour constater leurs effets sur la rosacée. Les aliments à indice glycémique élevé ont un impact sur le stress et le comportement. Ils sont également impliqués dans l’inflammation chronique de la rosacée.
  • Une cause génétique comme la peau claire ou les yeux clairs.
  • Une cause environnementale.
  • Une réaction anormale des micro-vaisseaux sanguins face à la chaleur. 

Quelles sont les personnes à risque de rosacée ?

La rosacée peut toucher tout type de personne de 20 à 70 ans. Cependant, les adultes ayant le teint clair et une peau ayant tendance à rougir facilement vont être plus facilement touchés par cette maladie.

Les femmes sont plus sujettes à ce type de pathologie. Les hommes par contre, sont davantage enclins à développer le rhinophyma qui se caractérise par un nez rouge et enflé. Il s’agit du stade le plus évolué de cette maladie.

Dans de très rares cas, la maladie peut apparaître chez l’enfant. On peut alors observer des rougeurs s’installant principalement sur les joues. Chez le jeune, des symptômes ophtalmologiques (comme les yeux rouges, les paupières enflées) peuvent précéder la survenue des problèmes de peau.

Quelle est la durée de la maladie ?

La rosacée n’a pas de durée spécifique. Les rougeurs vont et viennent sur le visage du patient, en fonction des éléments déclencheurs. À force de "flushes" les rougeurs peuvent s’installer de manière permanente.

La rosacée est-elle contagieuse ?     

Il n’y a aucun risque de contagion.

Qui, quand consulter en cas de rosacée ?       

Peu connue, cette maladie n’est généralement pas prise en charge rapidement. Afin d’atténuer les symptômes, les patients peuvent aller voir un dermatologue. Ce médecin pourra lui indiquer plusieurs traitements à essayer pour réduire les rougeurs et déterminer la cause de la survenue des différents symptômes.

Quelles sont les complications de la maladie ?       

La rosacée peut possiblement atteindre la cornée. Si c’est le cas, un examen est vivement recommandé chez l’ophtalmologue.

De plus, cette pathologie est susceptible d'impacter le quotidien du malade. Certains patients supportent mal le regard des autres et sont victimes de préjugés dûs à la méconnaissance de cette maladie. En découle alors une mauvaise estime de soi, un repli sur soi, un mal-être,  voire des angoisses. Les complications sont alors plus psychologiques que physiques.

Il est possible également que le stade le plus évolué de la maladie conduise à une "déformation" le visage, notamment du nez. Pour l’instant, aucun remède ne guérit définitivement la rosacée. Cependant, certains traitements permettent d’espacer les poussées et ainsi d’atténuer les symptômes pour mieux les accepter.

Les examens et analyses à faire        

Dans le cas de la couperose, le diagnostic est clinique. Il suffit de se rendre chez un médecin ou un dermatologue, qui établira un diagnostic grâce à un examen cutané et un interrogatoire. En cas de doute avec d'autres maladies, on peut effectuer une biopsie cutanée. La rosacée est à ne pas confondre avec l’acné ou certaines réactions allergiques. Les symptômes peuvent parfois se ressembler, mais les traitements et les causes ne sont pas les mêmes.

Quels sont les traitements contre la couperose et la rosacée ?

Pour traiter les symptômes de la rosacée, différents traitements existent.

Les crèmes

Un des premiers traitements consiste à appliquer de la crème solaire à haut indice de protection contre les UVA chaque fois que le patient s’expose au soleil. Celui-ci est un véritable déclencheur des poussées de rosacée. L'écran solaire a ainsi une action préventive.

En traitement local, le patient peut également nettoyer sa peau à l’aide de savons doux en évitant les cosmétiques trop gras. 

D’un point de vue curatif, différentes crèmes existent :

  • Antibiotiques : le plus souvent, on prescrit une crème à base de métronidazole ou de clindamycine. Quand la rosacée est étendue ou qu'elle provoque une inflammation des yeux, le praticien peut prescrire un antibiotique oral (les cyclines) pendant trois mois. 
  • Acide azélaïque : en crème ou gel à appliquer localement, il aide à diminuer le nombre de pustules et à atténuer les rougeurs.
  • Isotrétinoïne orale : elle est utilisée en seconde intention pour les formes graves de rosacée, comme la rosacée phymateuse ou apparition de papules, pustules ou nodules résistants aux autres traitements.
  • Un traitement à base d'ivermectine topique sous forme de crème est disponible en pharmacie sous ordonnance. Ce traitement est un antiparasitaire qui aide à diminuer les papules et les pustules, ainsi que les rougeurs inflammatoires.

Le laser

Un traitement au laser vise à réduire les rougeurs et les différentes tâches rouges visibles sur la peau. Son objectif est de diminuer leur diamètre par échauffement, et donc par thermo-coagulation du vaisseau. Les parois du vaisseau vont s’accoler, le sang ne pourra alors plus circuler à l’intérieur. Cela aura pour résultat de ne plus être visible sur la peau.

Les lasers vasculaires ont une longueur d’onde qui permet aux zones rouges de les absorber. La peau sera ainsi débarrassée de ses zones rouges. Cette technologie donne la possibilité de traiter des zones bien spécifiques, sans que le reste de l’épiderme ne soit touché.

Certains de ces appareils sont également employés dans le traitement de la couperose. Après une séance, des traces violacées (purpura) peuvent s’installer sur le visage du patient dans les jours qui suivent le soin.

Rosacée : comment se passent les séances de laser ?

Une séance de laser dure entre dix et trente minutes en fonction de l’étendue de la zone à traiter. Généralement, il faut renouveler la séance deux ou trois fois, toutes les quatre semaines. La peau du patient doit être démaquillée et nettoyée. La personne traitée sera équipée de lunettes de protection contre les rayons du laser pendant le soin.

Dans les jours qui suivent une séance de laser, il faudra penser à pulvériser régulièrement la zone visée avec de l’eau thermale. Il est préférable de combiner ce soin à une application régulière de crème apaisante et hypoallergénique. Juste après la séance, le visage du patient peut être l égèrement gonflé. Généralement, il se résorbe dans les 48 heures. Il est proscrit de s’exposer au soleil durant les jours (quinze jours généralement) qui suivent une séance de laser.

Rosacée : quel traitement en cas d'atteinte oculaire ?

En cas d’atteinte oculaire, un traitement par antibiotiques sous forme orale ou en collyre peut être donné au patient. L’hygiène des yeux est très importante à respecter si les yeux sont touchés. Il est recommandé d’appliquer des compresses tièdes sur les yeux pendant dix minutes tous les jours. Le malade peut également masser ses paupières puis rincer et nettoyer les yeux avec du sérum physiologique. Il a aussi la possibilité d'utiliser des larmes artificielles, notamment en cas de sécheresse oculaire.

Dans les formes peu évoluées, certaines crèmes antiparasitaires peuvent soulager la personne de ses symptômes et parfois atténuer les rougeurs.

Comment éviter la rosacée ?   

Il est difficile de prévenir la couperose. Cependant, il est tout à fait possible d’éviter l’aggravation ou la répétition trop fréquente de certains symptômes. Pour cela, il suffit d’adopter certains gestes quotidiennement. Il faut pour cela repérer les éléments déclencheurs et faire en sorte de les éviter.

  • Ne pas manger de boissons chaudes ou les produits épicés.
  • Bannir les produits irritants pour la peau et les médicaments vasodilatateurs.

Quels sont les bons gestes d'hygiènes à avoir ?

Réponse de la dermatologue Marie-Estelle Roux :

"Aux personnes sujettes à la couperose ou à la rosacée, je recommande beaucoup de douceur ! En effet, elles ont une peau très fragile, très réactive. La toilette doit être fait sans frotter la peau, sans produit agressif. La peau doit être hydratée, mais jamais avec un produit riche, qui risque de déclencher une poussée de rosacée (papules et pustules). Donc il ne faut pas appliquer de crème pour peau sèche (même si la peau tiraille), mais des émulsions ou des crèmes légères, pour peaux normales à mixtes. Je recommande d’éviter d’exposer le visage au soleil. Et enfin je conseille de consulter un dermatologue, car les traitements et lasers dermatologiques sont très efficaces ! "

Sites d’informations et associations

https://dermato-info.fr/

https://dermatology.ca/fr/ 

Sources

Conseil de la dermatologue Marie-Estelle Roux

Rosacée : définition et facteurs favorisants, Ameli, 14 novembre 2019