Le déni de grossesse

"Je ne suis pas enceinte"'

La lecture du premier livre de Gaëlle Guernalec-Levy "Je ne suis pas enceinte" fait froid dans le dos. Non, le déni de grossesse ne survient pas seulement chez les adolescentes ou les plus démunies : "Il est susceptible de toucher toute femme en âge de procréer." C'est écrit noir sur blanc, simplement...

Dans un style sobre et limpide, la journaliste du magazine Parents fait la chasse aux idées reçues. Oui, il est possible d'être enceinte sans changer de tour de taille ni de tour de poitrine, sans avoir de nausées, à l'insu de tous, compagnon ou médecin.

Trois sortes de déni

Son enquête reprend les rares études menées sur le sujet : il y 1 à 3 dénis de grossesse pour 1000 naissances, soit entre 800 et 2 400 cas en France chaque année. Selon le docteur Michel Libert, pédopsychiatre à Lille qui, appelé à la barre des Assises de Douai en 2006 pour une affaire d'infanticide : "Il existe trois sortes de déni de grossesse. Un complet jusqu'au terme de la grossesse, un partiel, levé en cours de la grossesse et un plus atypique ou "mineur". La femme est dans le même temps dans le déni et dans la dissimulation. Elle sait intellectuellement qu'elle est enceinte mais ne peut pas investir cette grossesse."

L'omerta sur la maternité...

Des témoignages saisissants

Gaëlle s'appuie également sur un solide socle de témoignages aussi poignants que terrifiants. Deux l'ont particulièrement marquées : "Karine, qui accouche en plein été sur ses toilettes, présente toutes les caractéristiques du déni. Mais dès qu'elle prend son bébé dans les bras, elle devient immédiatement mère. Qu'est-ce qui va déclencher ce sentiment de maternité ?"

Il y a aussi Cécile, une juriste de haut vol, déjà maman : "Une bonne mère par ailleurs ! Elle a fait un déni de grossesse partiel. Après l'accouchement, elle a l'impression que son bébé respire mal. Elle panique. Au point de le mettre dans un sac-poubelle, le croyant condamné. Le geste parait absurde. Il aurait pu avoir des conséquences terribles. Heureusement le bébé ne meurt pas." Mais les suites judiciaires ne pardonnent pas : "En fait, la justice agit uniquement au nom de la morale. Le débat de fond n'existe pas."

L'affaire Courjault

Et comment ne pas échapper à l'affaire Courjault. D'autant, qu'elle a révélé une autre forme de pathologie : le déni de grossesse répété. Auquel s'ajoute la dissimulation, dont parlait Michel Libert. "Au départ", explique Gaëlle, "je ne voulais pas intégrer ce type de profils. Je ne me sentais pas qualifiée, pas suffisamment armée Véronique Courjault reste une énigme pour moi, un cas vraiment atypique".

Pourtant, l'auteur devra s'y résoudre. Après trois ans d'enquête, aucune maison d'édition n'est véritablement séduite par le thème. Pas assez vendeur, sujet tabou... Faisant la une de toute la presse, l'effroyable fait-divers servira de déclic. Son message va pouvoir être diffusé au-delà de la sphère médicale.

Le concept du déni de grossesse est enfin audible.

Plus d'infos ! "Je ne suis pas enceinte", de Gaëlle Guernalec-Levy aux Editions Stock

mots-clés : maison, enceinte, été
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