Anxiété anticipatoire à la rentrée : c’est quoi, comment la surmonter ?Adobe Stock
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Inflation, guerre en Ukraine, dérèglement climatique… La conjoncture actuelle, pauvre en bonnes nouvelles, alimente les préoccupations des Français, qui s’avouent stressés et anxieux. Seulement 5% d’entre eux parviennent à rester zen dans ce climat général, révélait un sondage Ifop pour Mes bienfaits, en 2022.
Dans le palmarès de ces sources de stress, il en est une qui revient chaque année à la fin des vacances. La rentrée, indécrottable marronnier, demeure une perspective stressante pour nombre d’écoliers, d’étudiants, mais aussi pour les parents face à ce qu’elle suppose : organisation des tâches inhérentes à la rentrée scolaire (achat des fournitures, habillement), planning des activités familiales et professionnelles, corvées domestiques, gestion des activités extrascolaires, …

Rentrée : une charge mentale source d’anxiété

La charge mentale de la rentrée a tôt fait d’engloutir les bénéfices des vacances, à considérer que celles-ci aient été reposantes. Car pour les femmes, il semblerait que la pause estivale ne colle pas à l’image de parenthèse oisive et ressourçante répandue dans l’imaginaire collectif. Au contraire , 70 % des femmes reviennent de congés perclus de fatigue contre 57% des hommes, a révélé une étude de l’Ifop pour le site Bons plans voyages New York, et relayée par Medisite, le 29 août 2023.

Les femmes plus fatiguées et inquiètes à l’approche de la rentrée

Conséquence, les femmes semblent particulièrement perméables au stress : “la perspective d’un retour à la vie quotidienne et à ses problèmes constitue une source de préoccupation beaucoup plus lourde pour la gent féminine : 60% des femmes parties en congés cet été avec leur conjoint se disent préoccupées par les problèmes à gérer à la fin des vacances, contre 47% des hommes”, indiquait encore cette enquête.

Qu’ils soient parents ou non, nombre d’adultes peuvent se sentir fragilisés au seuil de la rentrée scolaire et professionnelle, sans comprendre pourquoi. Cette angoisse, qui alimente un moulin de pensées pessimistes et de scénarios catastrophe ("cela ne va pas bien se passer", "j’ai peur de… "), porte un nom : l’anxiété d’anticipation.

L’anxiété d’anticipation : une peur anticipatrice

Les personnes en proie à cette anxiété d’anticipation ont tendance à jouer les Cassandre et à redouter le pire. Qu’est-ce qui définit cette anxiété au juste ? "Il s’agit d’une peur anticipatrice qui s’exerce, a priori, à l'égard d'une situation ou d'un événement à venir sans raison objective de s'en inquiéter", explique Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne et auteure de Déconditionnez-vous ! (Courrier du livre).

Cette anxiété anticipatoire se manifeste par un chapelet de symptômes, similaires à ceux que l’on peut éprouver en situation d’anxiété classique : "sentiment de malaise, maux de ventre (douleurs abdominales, diarrhées, crampes intestinales), sentiment d'impuissance, pessimisme, peur, appréhension", égrène la psychologue.

L’anxiété face à l’avenir

A ces désagréments, peuvent se greffer des troubles du sommeil (difficultés d’endormissement, réveils nocturnes, cauchemars, insomnies), des maux de tête, des palpitations cardiaques ou un sentiment d’oppression thoracique, etc.

Mais contrairement à ce que l’on pense, l’anxiété anticipatoire ne résulte pas du contrecoup des vacances, cet effet boomerang lié à la nostalgie des souvenirs. "C'est plus une peur de l'avenir et de l'inconnu, observe Johanna Rozenblum. L'idée d'ouvrir un nouveau chapitre, de ne pas maîtriser les choses, de faire face à l'inattendu peut inquiéter et être mal vécu".

La perspective de reprendre le travail, de reprendre sa routine familiale et/ou professionnelles ou encore d’endosser un nouveau rythme, peuvent être par exemple perçus comme des enjeux et une étape angoissante à franchir, ce qui génère chez la personne un relatif climat d’insécurité et alimente les peurs non fondées.

Anxiété anticipatoire : qui peut être touché ?

A l’image du stress, "tout le monde", sans exception, peut se sentir vulnérable à un moment de sa vie et se laisser gagner par cette anxiété anticipatoire, pointe Johanna Rozenblum. "Cette anxiété se majore avec la fatigue, un moral en berne, ou une étape de la vie difficile à traverser, comme un changement de travail, un deuil, une rupture amoureuse, un déménagement…"

Le genre fait-il une différence ? Non, balaye l’experte. Si les femmes accusent une charge mentale plus lourde que les hommes, ces derniers peuvent tout aussi bien être submergés par cette peur anticipatrice. "C'est aussi une question de personnalité plus que de genre. Nous ne sommes pas tous égaux face à l'anxiété et notre façon de la gérer, mais tout cela se travaille", précise la psychologue.

En pratique : comment prévenir ce type d’anxiété ?

Heureusement, ce trouble anxieux n’est pas une fatalité. Il est possible de le surmonter et de ne pas se laisser déborder à la rentrée, ou à l’approche de tout événement qui nous stresse. Pour cela, il importe d’abord de comprendre où cette anxiété prend sa source : "Il faut apprendre à repérer les situations qui vont nous fragiliser et risquer de majorer l'anxiété".

Pour circonscrire et prévenir cette peur de l’avenir, "plusieurs stratégies peuvent être mises en place comme "la rationalisation de la pensée", "la méditation" (pour revenir dans le moment présent), "la cohérence cardiaque" pour apprendre à ne pas se laisser envahir par ses émotions et apaiser son système nerveux, ou encore la pratique sportive, dont l’efficacité est reconnue pour désamorcer le stress et l’anxiété.

Cela peut aussi passer par "la quête de solutions pratiques, conseille encore notre experte, pour répondre à ces questions : "Que puis-je mettre en place concrètement pour réduire mes craintes et mes incertitudes?" Cela peut être par exemple de "poser des questions, de demander de l’aide, de travailler le lâcher prise, préparer les choses qui nous inquiètent...".

En cas de besoin et si les symptômes de l’anxiété se muent en cercle vicieux qui handicapent le quotidien, une consultation chez un thérapeute sera conseillée.

Sources

Merci à Johanna Rozenblum, psychologue-clinicienne à Paris et auteure de Déconditionnez-vous ! (Courrier du Livre)

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