Définition : Qu’est-ce que l’hypothyroïdie ?

L’hypothyroïdie se caractérise par la diminution de la production d’hormones thyroïdiennes (appelées la thyroxine ou T4 et la tri-iodothyronine ou T3) par la glande thyroïdienne. 

Les hormones thyroïdiennes jouent un rôle métabolique prépondérant en augmentant la quantité d’énergie et d’oxygène consommée par les cellules du corps. L’hypothyroïdie entraîne une baisse du métabolisme. Il en résulte une altération du fonctionnement de tous les organes.  

« Les premiers symptômes sont souvent une perte de cheveux, une fatigue ainsi qu’une prise de poids. Ils poussent les patients à consulter », selon le docteur Alain Scheimann., endocrinologue et auteur de l’ouvrage Et si c’était la thyroïde ? (Éditions InPress). Les complications cardiaques, neuropsychiques ou encore l’apparition d’un goitre se raréfient grâce au diagnostic et aux traitements substitutifs. 

L’hypothyroïdie peut être liée à une pathologie de la glande thyroïdienne elle-même : nous parlons d’hypothyroïdie primaire ou périphérique ou encore d’insuffisance thyroïdienne.

Plus rarement, elle résulte d’un dysfonctionnement de l’hypophyse qui ne produit plus suffisamment l’hormone TSH ou Thyrotropin Releasing Hormone censée stimuler la glande thyroïdienne : nous parlons dans ce cas d’hypothyroïdie centrale ou secondaire ou encore d’insuffisance hypophysaire.

Qu’est-ce que l’hypothyroïdie fruste ?

Nous parlons d’hypothyroïdie fruste lorsque les taux de TSH (hormone produite par l’hypophyse) sont modérément augmentés, mais que ceux de la T4 (produite par la glande thyroïdienne) sont normaux. « Le patient présente généralement peu, voire pas de symptômes et un traitement n’est généralement pas nécessaire », explique le docteur Alain Scheimann.

Qu’est-ce l’hypothyroïdie franche ?

L’hypothyroïdie franche est diagnostiquée lorsque les taux de TSH (hormone produite par l’hypophyse) sont augmentés et ceux de la T4 (hormone produite par la glande thyroïdienne) sont diminués. Cette forme est le plus souvent symptomatique et nécessite un traitement.

Qu’est-ce que l’hypothyroïdie congénitale ou néonatale ?

L’hypothyroïdie congénitale ou néonatale touche le nourrisson dès la naissance. Elle est alors souvent asymptomatique, mais connaît par la suite de graves complications si elle n’est pas traitée comme un retard du développement psychomoteur et de la croissance.

Dépistée systématiquement à la naissance, l’hypothyroïdie congénitale est très bien prise en charge en France : le plus souvent, les enfants atteints ne connaissent ni symptômes, ni complications grâce au traitement à vie.

La prévalence de l’hypothyroïdie congénitale est de 1 personne sur 3500 à 4000 (15). Dans 85% des cas, elle est liée à une malformation ou à un mauvais placement de la thyroïde tandis que pour les 15% des cas restants, la thyroïde ne parvient pas à produire suffisamment d’hormones (15). Elle peut être provoquée par un manque ou un excès d’iode au cours de la grossesse.

Quelle est la fréquence de l’hypothyroïdie ?

L’insuffisance thyroïdienne ou hypothyroïdie primaire est fréquente touchant environ 2 % de la population avec une prévalence plus importante chez les femmes (1). Toutefois, on considère que l’hypothyroïdie subclinique (sans symptôme) pourrait toucher jusqu’à 5% de la population (2). La fréquence augmente avec l’âge (à partir de 65 ans). « Environ 54% des hypothyroïdies primaires sont liées à la maladie d’Hashimoto et 15% s’expliquent par la prise de médicaments », ajoute le docteur Scheimann.

L’insuffisance hypophysaire ou hypothyroïdie secondaire est beaucoup plus rare avec une incidence de 5 personnes sur 100 000. Elle représente moins de 5 % des hypothyroïdies.

Quels sont les symptômes de l’hypothyroïdie ?

Les symptômes dépendent de l’ancienneté et de l’origine de l’hypothyroïdie. Les premiers symptômes ne sont pas spécifiques (prise de poids, fatigue…).  « À un stade plus avancé, les patients ressentent des vertiges, des gonflements du visage et des extrémités (mains et pieds) », selon le spécialiste.

  • Symptômes d’hypo métabolisme :

- fatigue physique et intellectuelle ;

- somnolences ;

- frilosité ;

- constipation ;

- baisse de la fréquence cardiaque au repos (ou bradycardie) ;

- prise de poids modeste  contrastant souvent avec une perte d’appétit

  • Atteintes de la peau et des phanères :

- peau pâle et/ou sèche ;

- lèvres violacées (cyanose) ;

- teint jaunâtre ;

- baisse de la transpiration ;

- chute des poils au niveau des aisselles, des organes génitaux et des sourcils ;

- cheveux secs et cassants, voire perte de cheveux.

  • Myxœdème cutanéomuqueux (infiltration de mucus cutané) qui touche :

- la face dorsale des mains et des pieds, les paupières et l’ensemble du visage. Toutes ces zones sont gonflées ou bouffies ;

- les voies ORL : le larynx (voix rauque et ronflements), la trompe d’Eustache (baisse de l’audition) et la langue qui est gonflée.

  • Symptômes neuromusculaires :

- vertiges ;

- enraidissement, crampes et douleurs musculaires ;

- un syndrome du canal carpien (compression du nerf médian du poignet provoquant des fourmillements et picotements…) ;

- plus rarement : tendinites, douleurs articulaires, troubles sensitifs voire moteurs, troubles de l’équilibre, de la coordination ou encore de l’élocution.

  • Manifestations hormonales :

- galactorrhée (sécrétion et écoulement de lait par un homme ou une femme qui n’allaite pas) ;

- troubles des règles : oligoménorrhée (cycle long et règles peu abondantes), anovulation, ménorragies (règles longues et abondantes) ;

- baisse de la libido.

Comprendre l’hypothyroïdie 

Le rôle de la thyroïde 

La thyroïde est une des glandes du système endocrinien. Elle se compose de deux lobes situés de part et d’autre du larynx arborant ainsi une forme de papillon visible dans le cou juste à l’arrière de la pomme d’Adam. Les glandes du système endocrinien commandent de nombreuses fonctions de l’organisme au moyen de substances chimiques appelées « hormones ».

La glande thyroïde libère deux hormones : la thyroxine (T4) et la tri-iodothyronine (T3). Ces dernières augmentent la quantité d’oxygène et d’énergie consommées par les cellules de l’organisme. Par son impact sur le métabolisme cellulaire, la thyroïde conditionne la croissance des cheveux, des ongles et des os, le poids, la température corporelle, les fonctions cardiaques et digestives ainsi que le développement intellectuel et mental.

La production de T3 et T4 par la thyroïde est contrôlée par l’hypophyse (autre glande endocrinienne au niveau du cerveau) qui libère de la TSH (Thyroïd Stimulating Hormone). L’hypophyse est quant à elle stimulée par l’hypothalamus au moyen de la TRH (Thyrotropin-Releasing Hormone) qu’il sécrète.

Image : schéma de la thyroïde

Le rôle de la thyroïde© Creative Commons

© CC Original téléversé par Arnavaz sur Wikipédia français., translated by SuperManu — https://www.nlm.nih.gov/medlineplus/ Originally from fr.wikipedia; description page is/was here. Transfer was stated to be made by . - Licence : https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/

Les mécanismes de l’hypothyroïdie

En cas d’hypothyroïdie, la baisse des hormones T3 et T4 peut être liée à :

  • une pathologie de la glande thyroïdienne elle-même (hypothyroïdie primaire ou périphérique ou insuffisance thyroïdienne) : elle est diagnostiquée par une augmentation des taux de la TSH produite par l’hypophyse (afin de maintenir les taux de T3 et T4 qui chutent).
  • un dysfonctionnement de l’hypophyse (hypothyroïdie secondaire ou centrale ou insuffisance hypophysaire) qui ne produit plus suffisamment de TSH censée stimuler la production de T3 et T4 par la thyroïde. Cette forme, peu fréquente est diagnostiquée lorsque les taux de TSH sont abaissés. L’hypothyroïdie secondaire est plus rarement liée à un dysfonctionnement de l’hypothalamus (insuffisance hypothalamique) qui contrôle l’activité de l’hypophyse par la sécrétion de l’hormone TRH (qui se voit alors diminuée).

Quelles sont les causes de l’hypothyroïdie ?

Les causes de l’hypothyroïdie primaire (ou périphérique) :

  • Une carence en iode (3) : l’iode est un oligo-élément retrouvé naturellement dans les produits de la mer (crustacés, poissons, algues…). Elle est stockée dans la thyroïde et lui permet de fabriquer les hormones T3 et T4. La carence en iode est rare dans les pays développés, surtout depuis que l’iode est ajouté au sel de table (pratique née dans les années 1920). Toutefois, l’OMS considère que la carence en iode concerne aujourd’hui près de 2 milliards de personnes dans le monde (4). Certaines régions montagneuses étaient autrefois particulièrement touchées : on y voyait se multiplier les cas de crétinismes liés à l’hypothyroïdie par carence en iode.
  • Un excès d’iode : en général, il résulte d’une supplémentation en iode, d’une consommation excessive de fruits ou d’algues de mer ou d’eau riche en iode.
  • La thyroïdite d’Hashimoto: cette inflammation d’origine auto-immune doit son nom à Hakaru Hashimoto, médecin japonais qui fut le premier à décrire la maladie. Elle est la cause la plus fréquente d’hypothyroïdie. La thyroïde est envahie de globules blancs et d’anticorps antithyroïdiens (les anti-thyroperoxydases). La maladie débouche presque toujours sur une hypothyroïdie chronique et définitive.
  • Des inflammations de la thyroïde ou thyroïdites, dont les mécanismes sont également auto-immuns et qui peuvent causer une hypothyroïdie transitoire. Nous distinguons : la thyroïdite silencieuse, la thyroïdite de Quervain et la thyroïdite du post-partum (qui se déclare dans les 6 mois après l’accouchement).
  • La prise de certains médicaments :

- le lithium(régulateur d’humeur prescrit contre le trouble bipolaire) qui qui inhibe la synthèse des hormones thyroïdiennes (5).

- les interférons (immunomodulateurs administrés dans le traitement de la sclérose en plaques et des hépatites auto-immunes) qui peuvent provoquer une inflammation de la glande thyroïdienne. Si elle se solde le plus souvent par une rémission complète, une hypothyroïdie définitive se développe dans 5% des cas. À noter qu’une hypothyroïdie d’Hashimoto peut être induite par interféron alpha.

- l’amiodarone (contre les troubles du rythme cardiaque) : cette molécule riche en iode peut entraîner une dysthyroïdie chez près de 20% des patients. L’hypothyroïdie est plus souvent rencontrée dans les régions faiblement carencées en iode (6). 

- un traitement contre l’hyperthyroïdie par iode radioactif (aussi en cas de cancer de la thyroïde) ou par chirurgie ou par antithyroïdiens de synthèse.

  • Une radiothérapie anticancéreuse : la fréquence de l’hypothyroïdie consécutive à la radiothérapie au niveau de la tête et du cou est estimée entre 10 et 45 % et entre 40 et 67 % lorsque la radiothérapie est associée à une chirurgie thyroïdienne (7). 
  • Une intervention chirurgicale dans le cadre d’un cancer de la thyroïde, de la maladie de Basedow ou d’un nodule.
  • Une mauvaise observance des traitements régulateurs de la thyroïde ou la prise d’un traitement parallèle qui diminue leur absorption.

Les causes de l’hypothyroïdie centrale ou secondaire

"Ces hypothyroïdies sont rares et sont souvent liées à des pathologies de l’hypothalamus ou de l’hypophyse (cancers, adénomes…) ou à une intervention chirurgicale de l’hypophyse", selon l’endocrinologue.

La catastrophe de Tchernobyl, une cause d’hypothyroïdie en France ?

En France, nous estimons que les zones qui ont été les plus exposées à l’explosion de Tchernobyl de 1986 sont l’Est, la Région Provence-Côte d’Azur et la Corse. Nous n’avons pas manqué de rapprocher Tchernobyl et la prévalence accrue de pathologies thyroïdiennes dont les hypothyroïdies. Entre 1975 et 1995, l’incidence des cancers de thyroïde en France a été multipliée par trois. Toutefois, ces accroissements ont été constatés dès 1975, son taux ne s’est pas majoré après 1986.  En outre, les maladies de la thyroïde diagnostiquées résultent d’un meilleur dépistage, lié aux performances des pratiques médicales  et techniques. L’accident de Tchernobyl n’est donc sans doute pas une cause de dérèglement thyroïdien (14).

Quels sont les facteurs de risque de l’hypothyroïdie ?

  • Une alimentation déséquilibrée :

- une consommation excessive d’aliment dit « goitrigène » (8) : ils empêchent l’iode de se stocker dans la thyroïde. Ils interfèrent aussi avec l’anticorps thyroperoxydase impliqué dans la fabrication des hormones thyroïdiennes. Enfin, ils interagissent avec la TSH. Parmi ces aliments nous retrouvons :

° ceux contenant de la goitrine : le chou, les choux de Bruxelles ou encore l’huile de colza (9) ;

° les flavonoïdes (catégorie de polyphénols) contenus dans certains fruits/légumes, le thé vert, le chocolat ou le vin (10) ;

° ceux susceptibles de provoquer une intoxication au cyanure tel que le manioc.

- une alimentation pauvre en micronutriments notamment en zinc (11) et en sélénium (12). La thyroïde est la glande qui a la teneur la plus élevée en sélénium impliqué dans la synthèse des hormones thyroïdiennes. Le zinc contribue à la libération de la TRH produite par l’hypothalamus.

  • Le tabagisme de la mère pendant l’allaitement : les mères fumeuses auraient des taux de thiocyanate plus élevés inhibant significativement le symporteur iodure de sodium responsable du transport de l'iode dans la glande mammaire en lactation. Il en résulte un risque d’hypothyroïdie du nourrisson par carence en iode (13). 
  • La prise de certains traitements tels que le lithium, les interférons, l’amiodarone et les régulateurs de la thyroïde.
  • Une radiothérapie anticancéreuse ou encore une intervention chirurgicale de la thyroïde.

Quelles sont les personnes à risques ?

Les femmes sont plus les plus touchées et la fréquence de la maladie augmente avec l’âge. Certains individus sont plus exposés :

  • les personnes en malnutrition

« il s’agit souvent des personnes obèses. Ces dysfonctionnements s’expliquent par la faible qualité nutritionnelle des aliments consommés en excès. Sans oublier les carences en oligo-éléments liées à une faible consommation de fruits et légumes.», selon le praticien ;

  • les personnes sous lithium, interférons ou amiodarone ;
  • les nourrissons dont la mère fume pendant l’allaitement ;
  • les femmes enceintes ou qui ont eu une grossesse au cours de l’année ;
  • Les personnes qui ont des antécédents familiaux ou personnels de troubles de la thyroïde ou de maladies auto-immunes (psoriasis, urticaire, diabète de type 1, polyarthrite rhumatoïde…).

Grossesse et hypothyroïdie

L’hypothyroïdie franche (symptomatique) serait présente chez 0,3 à 0,7% des femmes enceintes tandis que l’hypothyroïdie fruste (asymptomatique) serait trouvée chez 2,4% des femmes enceintes (16) : « elle est fréquente en raison des changements hormonaux, mais aussi de la prise du poids parfois rapide au cours de la grossesse », explique le Dr Scheimann. L’hypothyroïdie est d’autant plus fréquente après l’accouchement, touchant entre 4 et 7% des femmes dans les 6 mois qui suivent l’accouchement (17).  

En cas d’hypothyroïdie pendant la grossesse, les taux sanguins de TSH et d’hormones thyroïdiennes doivent être surveillés au minimum tous les deux mois.

Pendant la grossesse, le traitement de l’hypothyroïdie repose sur la prise d’hormones thyroïdiennes T4 de synthèse (lévothyroxine). Les besoins en hormones thyroïdiennes augmentent au fur et à mesure de la grossesse. La posologie est régulièrement ajustée. La prise du traitement est compatible avec l’allaitement.

Les complications lors de la grossesse :

Des apports en iode insuffisant ou un dérèglement thyroïdien de la mère doivent être traités afin d’éviter des conséquences graves :

-  pour la mère : hypertension artérielle, pré-éclampsie, fausse couche, hémorragie du post partum ;

-  pour l’enfant : ralentissement du développement intellectuel, hypothyroïdie congénitale.

Quelle est la durée de l’hypothyroïdie ?

Certaines hypothyroïdies sont réversibles et disparaissent après suppression du facteur déclenchant :

  • les hypothyroïdies d’origine carentielle ;
  • les hypothyroïdies liées à la prise de médicaments. 

D’autres sont irréversibles  telles que les hypothyroïdies d’origine auto-immunel’hypothyroïdie congénitale ou celles qui apparaissent après ablation totale de la thyroïde pour goitre nodulaire.

L’hypothyroïdie est-elle contagieuse ?

L’hypothyroïdie n’est pas une maladie contagieuse.

Quelles sont les complications ?

Le diagnostic de plus en plus précoce et la prise des traitements hormonaux ont considérablement réduit les risques de complications :

  • L’apparition d’un goitre ou gonflement de la glande thyroïdienne : « le corps manquant d’hormones thyroïdiennes, l’hypophyse envoie de plus en plus de stimulations à la thyroïde qui va augmenter sa taille sans pour autant produire plus d’hormones par carence en iode » ;
  • Des complications cardiaques : insuffisance cardiaque, trouble du rythme ventriculaire, épanchement péricardique, coronaropathie (formation de plaques d’athéromes coronariens due à l’hypercholestérolémie souvent associée à l’hypothyroïdie), risque d’infarctus de myocarde ;
  • Une myopathie proximale (perte de tonus musculaire accompagnée de douleurs et de raideurs) ;
  • Des apnées du sommeil ;
  • un coma myxœdémateux : il est déclenché par une infection, un traumatisme, une chirurgie, un arrêt du traitement, la prise de stupéfiants sédatifs ou une nécrose du myocarde. Il s’agit d’une urgence médicale dont le pronostic est sombre ;
  • d’autres complications neuro-psychiques : un état dépressif, un syndrome confusionnel (plus fréquents chez le sujet âgé), une désorientation et des fluctuations du niveau de vigilance.

Qui, quand consulter ?

En cas de symptômes évocateurs non-spécifiques (fatigue ou une prise de poids), il est recommandé de consulter un médecin.

Quels sont les examens et analyses de l’hypothyroïdie ?

Le diagnostic est effectué par un médecin généraliste ou par un endocrinologue. Une série d’examens est nécessaire :

  • un examen clinique  comprenant : un interrogatoire et une palpation de la thyroïde ;
  • un examen sanguin :

- essentiellement de la TSH : elle est élevée en cas d’hypothyroïdie primaire et basse en cas d’hypothyroïdie secondaire ;

- parfois de la T4  qui est abaissée en cas d’hypothyroïdie franche (symptomatique) ;

  • une échographie de la thyroïde ;
  • un dosage d’anticorps anti-peroxydase afin d’écarter une thyroïdite d’Hashimoto. 

Dépister l’hypothyroïdie néonatale

En France, l’hypothyroïdie congénitale fait l’objet d’un dépistage systématique à la naissance depuis 1978. En pratique, quelques gouttes de sang sont prélevées par une simple piqûre au talon au 3ᵉ jour de vie de tous les nouveau-nés. Le dépistage repose sur la mise en évidence d’un taux sanguin élevé de TSH.

Déceler l’hypothyroïdie fruste

En cas d’hypothyroïdie fruste, les taux sanguins de TSH sont un peu au-dessus des valeurs normales tandis que les taux de T4 restent normaux. 

Le dépistage pendant la grossesse

Chez la femme enceinte, le dépistage de l’hypothyroïdie doit être réalisé le plus précocement si elle présente des facteurs de risques thyroïdiens : un goitre, des antécédents auto-immuns (diabète de type 1 ou polyarthrite rhumatoïde) ou thyroïdiens personnels ou familiaux. Il consiste en un dosage sanguin de la TSH.

Quels sont les traitements de l’hypothyroïdie ?

Les traitements médicamenteux

  • La lévothyroxine ou LT4 (L-Thyroxyn hennin®, L-thyroxine serb®, Lévothyrox®, Tcaps®, Thyrofix®, Tsoludose®, Euthyrox®) : Elle est la forme médicamenteuse de l’hormone T4. La posologie est ajustée jusqu’à obtention d’un taux de TSH normal et en fonction des effets indésirables. 

Attention aux interactions médicamenteuses :

  • certains médicaments ou compléments alimentaires diminuent l’efficacité de la levothyroxine (colestyramine, fer, calcium, certains antiacides…) ;
  • la levothyroxine augmente les effets des anticoagulants et diminue l’efficacité des médicaments antidiabétiques ;

Il est prépondérant d’espacer la prise respective de ces médicaments d’au moins deux heures.

En février 2017, l’Agence du médicament a ordonné le changement de formule du Levothyrox® afin d’améliorer sa stabilité en remplaçant le lactose par du mannitol et de l’acide citrique. Plusieurs milliers de patients se sont plaint d’effets secondaires (perte de cheveux, dépression, douleurs…). En cas de symptômes inhabituels, il est recommandé d’en parler à votre médecin qui pourra éventuellement changer le médicament.

  • La liothyronine ou LT3 (Cynomel ®, Euthyral®) : Elle est la forme médicamenteuse de la T3. Elle n’est prescrite que dans des cas graves et pour des durées brèves.

Les traitements naturels

Certains nutriments sont essentiels au bon fonctionnement de la thyroïde. Il est donc judicieux de prévenir celle-ci par une supplémentation notamment en iode (8), en zinc, et en sélénium (12).

L’hypothyroïdie peut provoquer ou révéler une anémie. Une supplémentation en fer (18) ou en vitamine B12 (19) peut-être indiquée.   

Le romarin (21) ou certaines plantes de l’ayurveda tels que l'ashwaghanda (20), le guggul (21) ou encore le Coleus forskohlii (22) ont la réputation de soigner la thyroïde.

Hypothyroïdie : elle serait mieux traitée grâce à une meilleure hygiène de vie

Une étude publiée le 29 avril 2023 dans la revue Cureus suggère que l'hypothyroïdie subclinique pourrait être mieux traitée si l’on combine un traitement par lévothyroxine et un changement de mode de vie.

Pour arriver à ces résultats, des chercheurs de la Saint James School of Medicine ont analysé les bénéfices du traitement de référence, la lévothyroxine, couplé à un changement de mode de vie. Pour rappel, ce médicament est le traitement de référence pour soigner l’hypothyroïdie.

Hypothyroïdie : une meilleure hygiène de vie nécessaire pour les patients

Or, les chercheurs notent que de nombreuses études ont prouvé que l’administration d’hormones aux patients atteints de SCH est efficace. De même, accompagner les patients dans un changement de mode de vie permet d’atténuer les symptômes de cette maladie.

"Cependant, il existe encore peu d’études sur la comparaison de l’efficacité de ces 2 méthodes", constatent les scientifiques. Leur étude suggère que des changements dans le mode de vie des patients, couplés à un traitement par lévothyroxine, pourraient améliorer le quotidien des malades. Ils listent :

  • Un meilleur sommeil
  • Un régime respectant les doses recommandées d’iode et de sélénium
  • Davantage d’exercice physique
  • L’arrêt du tabac

"Nos résultats montrent qu’une approche synergique du traitement est très favorable aux patients. Des modifications dans le mode de vie ne présentent ni contre-indications, ni effets défavorables au traitement. Elles peuvent donc être recommandées sans danger, seules ou couplées à un traitement de la SCH par lévothyroxine", assurent les chercheurs.

"La décision de commencer un traitement à la lévothyroxine pour les patients souffrant de SCH devrait être prise via une approche individualisée. Les médecins sont encouragés à peser les bénéfices et les risques pour leurs patients. [...] La recherche a montré que les praticiens devraient prendre en compte l’âge, les symptômes, les anticorps antithyroïdiens et les potentielles comorbidités avant de décider, ou non, de débuter un traitement pharmacologique", concluent les auteurs de l’étude.

Comment prévenir l’hypothyroïdie ? 

  • Thyroïde et alimentation

« Nous pouvons prévenir l’hypothyroïdie liée à une mauvaise alimentation. Il est recommandé de consommer régulièrement des aliments riches en iode (fruits de mer) mais aussi ceux contenant des minéraux et des vitamines tels que les légumes et les fruits. », selon le spécialiste.

  • Prévenir l’hypothyroïdie en cas d’éventuel accident nucléaire

Les populations à risque d’accident nucléaire doivent surveiller leur consommation d’iode. Par ailleurs, le Ministère de la Santé a déjà distribué par l’E.D.F. des comprimés d’iodure de potassium, aux alentours des centrales. Cette mesure réduit de 98% l’irradiation de la thyroïde en cas d’accident. 

Quelles sont les conséquences de l'hypothyroïdie ? 

Des risques de démence accrus

Selon une nouvelle étude publiée dans le numéro en ligne du 6 juillet 2022 de Neurology, la revue médicale de l'Académie américaine de neurologie, les  personnes âgées souffrant d'hypothyroïdie, également appelée thyroïde inactive, risquent davantage de développer une démence.

Selon les chercheurs de l'Université Brown à Providence, Rhode Island, aux États-Unis, les personnes âgées de plus de 65 ans souffrant d'hypothyroïdie ont 80 % plus de risques de développer une démence. L’étude révèle que le risque est encore plus élevé chez les personnes dont l'état de la thyroïde nécessite un traitement de substitution des hormones thyroïdiennes. 

Un risque accru encore pour les personnes suivant un traitement de substitution aux hormones thyroïdiennes. En effet, lorsque les chercheurs ont examiné uniquement les personnes qui prenaient des médicaments contre l'hypothyroïdie, ils ont constaté qu'elles étaient  trois fois plus susceptibles de développer une démence que celles qui ne prenaient pas de médicaments.

"Dans certains cas, les  troubles thyroïdiens ont été associés à des symptômes de démence qui peuvent être réversibles avec un traitement", assure Chien-Hsiang Weng. "Bien que d'autres études soient nécessaires pour confirmer ces résultats, les gens devraient être conscients des problèmes de thyroïde comme facteur de risque possible de démence et des thérapies qui pourraient prévenir ou ralentir le déclin cognitif irréversible". 

Vivre avec l’hypothyroïdie ?

L’hypothyroïdie devient asymptomatique grâce au traitement. Ainsi, les malades traités ne souffrent pas de la maladie et doivent suivre minutieusement leur traitement.

Les traitements peuvent entraîner des effets secondaires, mais aussi des effets de sous ou de surdosage qu’il est impératif de communiquer à son médecin. Il est tout aussi prépondérant de respecter ses rendez-vous médicaux et de réaliser les examens prescrits. Il est recommandé de prendre son traitement avant le petit déjeuner. L’hypothyroïdie doit être signalée lors de toute autre intervention médicale ou prescription d’un autre médicament.

Concernant l’hygiène de vie, les malades doivent adopter de bonnes habitudes aussi bien sur le plan alimentaire que sur le plan de l’activité physique. Cette dernière est recommandée avec l’hypothyroïdie, encadrée ou non par le médecin.

Comment perdre du poids lorsqu’on souffre d’hypothyroïdie ?

Réponse du Dr. Alain Scheimann : « Dès les premières semaines de traitement, le surpoids lié au dérèglement thyroïdien sera reperdu si les patients adoptent une meilleure hygiène de vie et que la posologie du traitement prescrit est bien adaptée selon la valeur de la TSH.»

Sources

Entretien avec le Docteur Alain Scheimann, endocrinologue libéral et auteur de Et si c’était la thyroïde ? Éditions InPress, 2002.

(1) Hypothyroïdie, item 248 , SFE

(2) Les dysthyroïdies en médecine de premier recours, Kaisa Wuerzner and al., Rev Med Suisse., 2010

(3) Nutritional epidemiology and thyroid hormone metabolism. Vanderpas J, 2006

(4) Organisation mondiale de la santé. Demander à l’expert - La carence en iode peut-elle réellement provoquer des lésions cérébrales ?, OMS.

(5) Une femme sous lithium avec hypothyroïdie iatrogène, par le pharmacien Anne Gaëlle Harlaut, le moniteur des pharmacies.

(6) Amiodarone et thyroïde, V.Maby-Mottet and al ., Rev Med Suisse, 2012

(7) Hypothyroïdie après radiothérapie externe. À propos de 15 cas. EM consult. N Kaffel and al., 2001

(8) Les troubles dus à une carence en iode, Creswell J Eastman and al., 2018

(9) Lüthy J, Carden B, Friederich U, Bachmann M, « Goitrin--a nitrosatable constituent of plant foodstuffs », Experientia, vol. 40, no 5,‎ mai 1984

(10) Impact of flavonoids on thyroid function, De Souza Dos Santos MC and al, 2011

(11) Zinc deficiency associated with hypothyroidism: an overlooked cause of severe alopecia, Besty A and al, 2001

(12) Selenium et carence thyroïdienne, Najah Hmidi and al, Inserm ( pdf disponible sur Les dysthyroïdies en médecine de premier recours, Kaisa Wuerzner and al., Rev Med Suisse., 20100)

Iodine and selenium deficiency associated with cretinism in northern Zaire, Vanderpas, JB and al., 1990

(13) Les dysthyroïdies en médecine de premier recours, Kaisa Wuerzner and al., Rev Med Suisse., 20101

(14) Les dysthyroïdies en médecine de premier recours, Kaisa Wuerzner and al., Rev Med Suisse., 20102

(15) L’hypothyroïdie congénitale, encyclopédie grand public orphanet Les dysthyroïdies en médecine de premier recours, Kaisa Wuerzner and al., Rev Med Suisse., 20103

(16) Thyroïde et grossesse, Docteur Françoise Borson-Chazot et Philippe Caron Les dysthyroïdies en médecine de premier recours, Kaisa Wuerzner and al., Rev Med Suisse., 20104

(17) Les dysthyroïdies en médecine de premier recours, Kaisa Wuerzner and al., Rev Med Suisse., 20105

(18) Les dysthyroïdies en médecine de premier recours, Kaisa Wuerzner and al., Rev Med Suisse., 20106

(19) Les dysthyroïdies en médecine de premier recours, Kaisa Wuerzner and al., Rev Med Suisse., 20107

(20) Les dysthyroïdies en médecine de premier recours, Kaisa Wuerzner and al., Rev Med Suisse., 20108

(21) Friedman, M. Thyroid Autoimmune Disease. Journal Compilation ©2013, AARM

(22) Yarnell E. and Abascal K. Alternative and Complementary Therapies. Jun 2006.

https://www.cureus.com/articles/152397-comparison-between-levothyroxine-and-lifestyle-intervention-on-subclinical-hypothyroidism-in-women-a-reviewhttps://www.has-sante.fr/jcms/pprd_2974156/en/hypothyroidie-ressenti-du-patient-clinique-tsh-sont-essentiels

Voir plus