Qu'est-ce qu'une piqûre d'insecte ?

Il convient de distinguer deux grands groupes d'insectes piqueurs :

Les hématophages

Ces spécimens se nourrissent du sang de leur victime. Ils piquent ou mordent avec leurs pièces buccales et aspirent le sang avec ces mêmes pièces buccales, une trompe comme pour le moustique ou des mandibules comme pour le taon. "On trouve souvent dans leur salive des produits anti-coagulant, mais aussi des anti-douleurs. C'est la raison pour laquelle on ne sent pas la piqûre du moustique par exemple", commente Gérard Duvallet, entomologiste médical.

Ces insectes ont besoin de sang soit pour se nourrir soit, comme les moustiques et taons femelles, pour obtenir les protéines nécessaires aux développements de leurs œufs.

Les hyménoptères

Les hyménoptères sont des arthropodes venimeux qui regroupent les abeilles, les guêpes ou encore les fourmis. Ils piquent tandis que "d'autres arthropodes sont vésicants ou urticants", précise Gérard Duvallet.

Les insectes piqueurs comme les guêpes ou les abeilles piquent pour se défendre lorsqu'ils se sentent menacés. Ils utilisent alors un dard, aiguillon venimeux situé au niveau de l'abdomen. "Ces insectes sont pathogènes par eux-mêmes" et non vecteur d'un pathogène.

Quelles piqûres d'insectes ?

Parmi les hématophages, "il existe, en plus des moustiques, au moins douze autres familles de diptères (avec une seule paire d'ailes, ndlr). Sans compter les acariens comme les tiques, une espèce responsable de la maladie de Lyme", pose Gérard Duvallet. On peut citer, parmi les insectes piqueurs :

  • les moustiques,
  • les phlébotomes,
  • les simulies,
  • les culicoïdes,
  • les stomoxes,
  • les taons,
  • les poux,
  • les puces,
  • les punaises et en particulier les punaises de lit.

Les hyménoptères venimeux englobent les sous-familles suivantes :

  • les vespidés (guêpes, frelons),
  • les apidés (abeilles, bourdons),
  • les formicidés (fourmis).

Seules les hyménoptères femelles piquent, "l'aiguillon venimeux est une transformation de l'organe de ponte. Une partie est transformée en organe piqueur avec un dard et une glande à venin", note Gérard Duvallet.

Les chiffres

Selon notre expert, les piqûres d'hyménoptères sont à l'origine, en moyenne, d'une vingtaine de décès par an en France. "Il s'agit dans la grande majorité des cas de réactions allergiques." On estime à 1 % environ de la population le nombre de personnes allergiques aux piqûres d'hyménoptères.

Le moustique est quant à lui, dans le monde, le premier prédateur de l'homme. Selon l'Organisation mondiale de la santé, le paludisme, transmis par les moustiques femelles du genre Anopheles, aurait causé la mort de 405 000 personnes en 2018. Si on y ajoute les victimes du virus Zika, du Chikungunya, de la dengue, de la fièvre jaune et du virus du Nil occidental, on estime à 830 000, selon différentes données compilées sur le blog de Bill Gates, le nombre de victimes de moustiques en 2015.

En 2019, en France métropolitaine, 674 cas importés de dengue, 57 cas importés de chikungunya et 6 cas de Zika ont été déclarés. Douze cas autochtones ont été déclarés, 9 cas de dengue et 3 cas de Zika, note sur son site le ministère de la Santé.

Photo : un moustique femelle pique sa victime

Les chiffres

© Centers for Disease Control and Prevention's Public Health Image Library

Quels sont les symptômes ?

L'ensemble des piqûres d'insectes provoquent une réaction locale :

  • une papule rouge plus ou moins large,
  • un enflement et une induration,
  • un prurit,
  • une inflammation,
  • un œdème local.

Concernant les moustiques, la piqûre est indolore. C'est la salive de la femelle injectée sous la peau qui démange, quelques instants, voire quelques heures plus tard.

La piqûre du taon, très douloureuse, provoque une plaque rouge et une inflammation. Celle-ci peut provoquer démangeaison. Il s'agit en réalité d'une morsure.

Les piqûres de frelons, guêpes, abeilles et bourdons provoquent une douleur vive et immédiate. "Suivant les types de cellules ou de tissus affectés, les venins peuvent être caractérisés de neurotoxiques, cytotoxiques ou hémotoxiques. Les symptômes induits sont : douleurs, prurit, inflammations, rougeurs, hémorragies ou ampoules, dont la sévérité dépend du type et de la quantité de venin injecté", écrit notre expert dans le chapitre 27 du Manuel d'entomologie médicale et vétérinaire.

Envenimation

En cas d'envenimation qui correspond à de multiples piqûres, un syndrome toxique s'ajoutera à la réaction locale, la quantité de venin injectée étant importante. Il convient alors de surveiller le sujet. "On estime à plus de 1000 piqûres d'abeilles chez l'adulte et 500 chez l'enfant une envenimation potentiellement mortelle. Dans ces cas précis, il s'agit d'abeilles vivant en Amérique du Sud surtout", commente Gérard Duvallet.

"Les quantités de 500 chez l’enfant et 1000 chez l’adulte sont celles pour lesquelles on peut parler d’envenimation, en raison de la quantité de venin alors injectée dans l’organisme. Il y a alors une urgence médicale, mais ce n’est pas mortel à 100 %. D’ailleurs, en cas de mortalité, on aura du mal à faire la part liée à l’envenimation et celle liée à la réaction allergique", précise-t-il.

Réaction allergique

Chez les sujets allergiques, la réaction est très variable et peut aller de locale "étendue" à généralisée. Elle peut entraîner

  • une urticaire géante,
  • des troubles digestifs : vomissements, diarrhée,
  • une augmentation de la température,
  • un asthme sévère,
  • un œdème de Quincke : gonflement rapide des tissus au niveau de la tête et du cou, dont les muqueuses des voies respiratoires. Il s'agit d'une urgence médicale,
  • un choc anaphylactique, une réaction allergique exacerbée,peut engendrer l'ensemble de ces symptômes auxquels peuvent s'ajouter un arrêt circulatoire et/ou cardiaque. Le pronostic vital est engagé.

Pourquoi les insectes piquent-ils ?

Les insectes piquent pour se nourrir, comme les poux ou les punaises de lit, pour se charger en protéine comme les moustiques femelles ou pour se défendre.

Parmi les hyménoptères, "les bêtes les plus agressives sont celles qui vivent en société. Les individus solitaires ne piqueront que si on les prend dans la main", note Gérard Duvallet.

Les autres piqueront pour se défendre s'ils se sentent en danger ou pour défendre leur nid.

Les facteurs de risques

Il n'y a pas de facteurs de risque de piqûre d'insectes à proprement parler. N'importe qui peut être piqué par un insecte. Parmi les facteurs de risque, on peut toutefois citer le fait de marcher pied nu dans l'herbe, porter une odeur sucrée (parfum, crème). Les pique-niques dans la nature ou même se promener dans les herbes hautes peuvent être considérés comme des facteurs de risques. "Mais on ne peut pas demander aux gens de se déplacer avec une moustiquaire", ironise Gérard Duvallet.

On peut également citer le fait de s'approcher trop près d'un nid, d'un essaim ou d'une ruche.

Les personnes à risque

N'importe quelle personne peut se faire piquer par un insecte. "Toutefois, pour les moustiques, on sait qu'ils choisissent leurs hôtes selon plusieurs critères. La formule gazeuse de la respiration, l'odeur et l'abondance de la sueur figurent parmi ces critères. On sait aussi que les moustiques choisissent des hôtes dont la température est un peu plus élevée, comme les femmes lors de l'ovulation", explique l'entomologiste.

Par ailleurs, les personnes qui se savent allergiques aux piqûres d'hyménoptères doivent redoubler de prudence et de vigilance dès le printemps et en été.

Durée des symptômes liés aux piqûres d'insectes

Pour une personne non-allergique la durée des symptômes après une piqûre d'hyménoptère s'estompera après 24 heures.

Les démangeaisons provoquées par les piqûres de moustiques peuvent durer deux à trois jours.

Souvent, les symptômes auront disparu au bout de quelques heures.

Contagion

Les réactions aux piqûres d'insectes ne présentent aucun caractère contagieux. Toutefois, le moustique, par exemple, peut contaminer une personne saine après avoir piqué une personne infectée. Il s'agit de maladies vectorielles et, dans le cas du moustique tigre, concernent la dengue, le chikungunya ou le zika.

Qui, quand consulter ?

Pour une personne non-allergique, la piqûre peut être grave si elle est localisée dans la gorge, la bouche ou sur la langue. L’œdème peut en effet gêner les voies respiratoires. Il s'agit là d'une urgence médicale, la victime doit être emmenée à l'hôpital.

Pour des piqûres multiples, la victime devra être surveillée et conduite aux urgences en cas de réaction généralisée. "En cas de piqûres multiples, la prise en charge médicale dépendra de la réaction individuelle. Pour des personnes non habituées qui présenteraient, au-delà des réactions locales, des réactions générales (malaise, vertige, anxiété, confusion, etc.), il faudrait alors rechercher une aide médicale. Mais, il est toutefois difficile de donner un nombre de piqûres, cela va dépendre beaucoup de chacun", pose notre expert.

En cas de réaction allergique, il convient de se rendre immédiatement aux urgences. Les réactions les plus sévères nécessitent une hospitalisation en soin intensif.

Si la réaction urticaire s'étend, la personne devra alors consulter son médecin.

Examen et analyses

Aucune analyse n'est nécessaire, mais un examen clinique approfondi s'impose. Les signes d'allergies seront observés comme un gonflement des muqueuses des voies respiratoires notamment.

Lorsque l'aiguillon est resté à l'endroit de la piqûre, il faut le retirer rapidement.

Après une réaction allergique, même modérée, il est important de consulter un allergologue qui effectuera un bilan allergologique. Il pourra prescrire une désensibilisation au patient s'il le juge nécessaire.

Quels traitements contre les piqûres d'insectes ?

Chez les personnes allergiques

Une personne qui se sait allergique doit toujours avoir avec elle une trousse d'urgence, disponible sur prescription médicale. Elle contient de la cortisone, qui permet la disparition plus rapide des troubles allergiques, un antihistaminique, qui permet également de calmer les symptômes liés à une réaction allergique.

La trousse contient également une dose de 0,3 mg d'adrénaline injectable, traitement d'urgence du choc anaphylactique. Le sujet, ou ses proches, apprendra à se faire une injection intramusculaire dans la cuisse. Il faudra par ailleurs bien penser à la date de péremption du produit.

Contre les piqûres d'hyménoptères

Lorsqu'une abeille pique, elle perd son aiguillon qui reste planté dans la victime et une partie de l'abdomen de la bête est arrachée. Elle en meurt. Ce n'est pas le cas pour le frelon et la guêpe. Il faut absolument retirer le dard pour stopper l'effet du venin. "Attention, si vous utilisez une pince à épiler pour retirer le dard, il faut bien veiller à ne pas pincer le réservoir à venin et éviter une nouvelle injection de venin", recommande Gérard Duvallet. L'aiguillon peut sinon être retiré par frottement avec un objet fin comme une carte de crédit ou un ongle.

Comment stopper l'effet du venin ?

Le conseil de Gérard Duvallet :

"Il faut approcher la lésion le plus près possible d'une source de chaleur ou sous l'eau chaude. Le venin est détruit à 56°. Il suffit de supporter l'eau chaude deux minutes pour annihiler ses effets."

Un glaçon appliqué sur la piqûre permet par ailleurs d'éviter la diffusion du venin et limite l'inflammation locale. Il est surtout important pour stopper l'œdème en cas de piqûres dans la bouche.

Frotter du plantain, une plante qui pousse dans la nature sur la zone piquée, serait également efficace pour atténuer la douleur

Après une piqûre d'hyménoptère à la main ou au poignet, il faut bien penser à retirer ses bagues. En cas d’œdème, celles-ci pourraient bloquer la circulation sanguine.

On peut désinfecter la plaie après une piqûre d'insectes. "Il faut surtout veiller à bien désinfecter l es lésions de grattage, ce sont elles qui s'infectent le plus si on se gratte avec des mains pas suffisamment propres", poursuit notre expert.

L'utilisation d'Aspivenin peut diminuer les effets du venin, mais il n'aura aucune incidence en cas de réaction allergique aiguë.

La douleur provoquée par la piqûre peut par ailleurs être calmée par un antalgique.

Quelles complications ?

Toute piqûre d'hyménoptère peut être mortelle si la personne piquée est allergique. En cas de réaction violente, la victime peut mourir dans les minutes qui suivent la piqûre.

Il faudra avoir été piqué au moins une fois pour développer une hypersensibilité à la piqûre d'abeille ou de guêpe. La réaction sera alors massive ou s'aggravera après chaque piqûre. Les allergies aux guêpes et aux abeilles sont plus fréquentes qu'aux frelons et aux bourdons.

Dans le cas des piqûres de moustiques, les principales complications sont les transmissions d'une maladie vectorielle comme la dengue ou le chikungunya. Le ministère de la Santé demande à toute personne qui observerait un moustique tigre dans sa commune de le signaler auprès des autorités.

Comment se prémunir des piqûres d'insectes ?

  • Lors d'une promenade dans la nature, porter une veste ample à manche longue et un pantalon ample qui couvre bien les chevilles
  • Lors d'un pique-nique, disposer à bonne distance de la nourriture qui occupera les frelons et les guêpes, qui sont omnivores, comme un morceau de viande et un produit sucré. "Le procédé ne fonctionnera pas avec des abeilles qui sont uniquement floricoles", note l'entomologiste médical.
  • Ne jamais faire de gestes brusques ni courir à proximité d'un nid d'abeilles, de guêpes, de frelons ou de bourdon. Cela ne fait qu'énerver davantage les hyménoptères qui vous suivront et vous piqueront. Il convient de reculer très lentement, effectuant de petits mouvements.
  • Éviter de marcher pieds nus dehors.
  • Éviter de porter sur soi des odeurs sucrées.
  • Pour se prémunir des piqûres de moustiques, il existe des sprays répulsifs à appliquer sur la peau ; "il faut insister sur le fait que les bracelets censés éloigner les insectes ne fonctionnent pas", ajoute Gérard Duvallet.
  • La nuit, il est également possible de dormir à l'abri d'une moustiquaire.
  • Lors d'un repas dehors, les bougies à la citronnelle peuvent également les faire fuir.
  • Pour les allergies aux piqûres d'hyménoptères, une désensibilisation au venin peut être proposée au patient et permettra de réduire considérablement le risque de réaction grave et généralisée. Cette désensibilisation sera réalisée à l'hôpital puis chez l'allergologue ou le médecin traitant et pourra durer entre 3 et 5 ans. Elle consiste en des injections sous-cutanées répétées de venin.

Sites d'informations

Ameli.fr

Solidarites-sante.gouv.fr

Solidarites-sante.gouv.fr

Vigilance-moustiques.com

Sources

Duvallet G., Fontenille D., Robert V. (Eds), 2016. Traité d’Entomologie médicale et vétérinaire. Ed. IRD

https://urgences-serveur.fr/IMG/pdf/allergie_au_venin_d_hymenopt_res.pdf