Définition

L’œdème de Quincke, que l’on appelle aussi « angiœdème », se caractérise par un gonflement rapide des muqueuses et des couches profondes de la peau qui peut parfois s’accompagner de rougeurs. La plupart du temps, cette affection touche la zone de la tête et du cou mais dans certains cas, larynx, tube digestif, pieds et mains ainsi que les organes génitaux externes peuvent être atteints.

Ce phénomène se développe à la suite d’une réaction allergique violente, de la prise de certains médicaments ou encore au cours d’une grossesse.

Quelle qu’en soit la cause, un œdème de Quincke peut se révéler particulièrement grave (voire engager le pronostic vital du patient), notamment lorsqu’il touche les voies respiratoires puisqu’il existe un réel risque d’étouffement. Il doit dans ce dernier cas être pris en charge en urgence.

Les différents types d’œdème de Quincke

Cette affection peut se déclencher sous l’effet de diverses substances que va sécréter l’organisme en réponse à une exposition à un élément externe.

On distingue trois types d’œdème de Quincke pour lesquels les substances et les mécanismes qui entrent en jeu diffèrent.

  • L’œdème allergique

Exposé à des allergènes, le corps va sécréter une substance appelée « histamine », responsable de la survenue de l’angiœdème.

Les allergies les plus communes sont ici d’ordre alimentaire ou médicamenteux. Elles peuvent également apparaître suite à une piqûre d’insectes. Enfin, l’exposition au latex est de plus en plus souvent incriminée dans ce type d’œdème.

Photo : œdème de Quincke dû à une allergie chez un enfant 

Les différents types d’œdème de Quincke© Creative Commons

Crédit : James Heilman, MD — Travail personnel © CC - Licence :https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/

  • L’œdème non allergique

Ce phénomène se développe ici à la suite d’une réaction inflammatoire face à laquelle le corps produit des substances dénommées leucotriènes.

Ce type d’œdème survient la plupart du temps après la prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l’aspirine par exemple.

  • L’œdème angioneurotique ou « bradykinique »

Cette dernière forme d’œdème est celle décrite par le Professeur Quincke en 1882.

Comme son nom l’indique, le corps sécrète de la bradykinine, une substance impliquée dans les réactions allergiques et inflammatoires.

Ce phénomène peut survenir sous l’action de certains médicaments contre l’hypertension artérielle, la prise de contraceptifs oraux contenant des œstrogènes ou encore suite à un dysfonctionnement ou un déficit d’une enzyme appelée C1 Inh.

Toutes les parties du corps peuvent être concernées. Les zones touchées deviennent blanches et douloureuses. Elles prennent du volume au point parfois d’être totalement déformées. Ces réactions peuvent durer plusieurs jours dans certains cas.

Chiffres

On estime qu’entre 10 et 20 % des individus souffriront d’un angiœdème au cours de leur vie.

Symptômes

La principale manifestation d’un œdème de Quincke est un gonflement de la peau au niveau de la zone touchée. Mains, pieds, langue, lèvres, contour des yeux et parties génitales sont les régions le plus souvent atteintes.

Dans le cas d’une atteinte du larynx, la gorge va se mettre à gonfler brutalement sous l’effet de l’allergène. La vasodilatation des tissus et la libération des protéines de l’inflammation vont entraîner une obstruction des voies respiratoires. La réaction se fait très rapidement, en général dans l’heure qui suit l’exposition à l’allergène. Difficultés à déglutir, sensation de gorge qui gratte, hypersalivation précèdent généralement une gêne respiratoire qui peut être très importante, voire évoluer vers l’asphyxie.

L’œdème de Quincke peut être associé à d’autres symptômes un peu moins courants :

  • Éruption cutanée de type urticaire.
  • Douleurs abdominales.
  • Troubles digestifs, diarrhées.
  • État de faiblesse inhabituelle.
  • Démangeaisons intenses au niveau de la plante des pieds peuvent alerter ;
  • Atteintes oculaires, de type conjonctivite.

Causes

Différentes causes peuvent être associées à l’apparition d’un œdème de Quincke, en fonction de sa nature :

  • Une réaction allergique

L’affection est causée par l’ingestion d’un aliment à risque. Les principaux aliments concernés sont les fruits de mer, les fruits à coque, la cacahuète et les œufs.

Les piqûres de certains insectes comme les abeilles ou les guêpes et le latex sont aussi particulièrement allergisants.

  • La prise de certains médicaments

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens comme l’aspirine ou l’ibuprofène sont particulièrement susceptibles de provoquer ce genre de trouble. Les antibiotiques de la famille de pénicillines peuvent aussi être concernés.

  • Les contraceptifs oraux

On vise ici ceux contenant des œstrogènes.

  • L’hérédité

Certains facteurs génétiques, dont la transmission est héréditaire peuvent être mis en cause dans la survenue d’un œdème de Quincke.

  • Un choc émotionnel ou une situation de stress intense
  • La grossesse

Toutefois, cette affection peut être « idiopathique », c’est-à-dire que la cause n’est pas identifiée.

Facteurs de risque

Les principaux facteurs de risque d'un tel œdème sont : la prise de certains médicaments (particulièrement des AINS ou les antibiotiques), la grossesse, l'exposition à certains allergènes, le contact avec le latex, etc.

Personnes à risques

L’œdème de Quincke peut concerner toute personne, quel que soit son âge ou son genre.

Cependant, le s personnes dites « atopiques », c’est-à-dire qui sont sujettes à l’eczéma, à l’asthme ou aux rhinites allergiques, ont un risque plus élevé de développer une réaction allergique. L’œdème de Quincke est donc plus fréquent dans cette catégorie de la population.

Durée

Les angiœdèmes allergiques et non allergiques ne durent souvent pas plus de quelques heures.

En revanche, les manifestations de l’œdème bradykinique peuvent parfois durer plusieurs jours dans les cas les plus sévères.

Contagion

Il n’existe aucun risque de contagion en cas d’œdème de Quincke, et ce, quelle qu’en soit la forme.

Qui, quand consulter ?

L’œdème de Quincke est une situation d’urgence absolue car elle peut engager le pronostic vital du patient dans le cas notamment d’une atteinte du larynx. Le gonflement de la gorge prive la personne touchée d’oxygène ce qui peut entraîner le décès en quelques minutes.

La prise en charge doit donc se faire dans les plus brefs délais.

Lors d’une première crise, il faut appeler le SAMU (15) et suivre les instructions données par téléphone. Il est généralement recommandé de maintenir la personne touchée en position assise et de desserrer ses vêtements de manière à dégager au maximum ses voies respiratoires.

Lors d’une récidive, une seringue d’adrénaline auto-injectable a généralement été prescrite par un médecin auparavant. Il est indispensable de toujours l’avoir sur soi, car c’est le premier geste à effectuer dès l’apparition des premiers symptômes.

Photo : auto-injecteur d’adrénaline

Qui, quand consulter ?© Creative Commons

Crédit : Photo by CEphoto, Uwe Aranas or alternatively © CEphoto, Uwe Aranas © CC - Licence : https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/

Complications

La gravité de l’angiœdème dépend de la région du corps qui est touchée. De manière générale, cette réaction de l'organisme est sans conséquence grave. Néanmoins, dans le cas d’une atteinte des voies respiratoires, le décès du patient est possible.

Examens et analyses

La première phase de diagnostic de l’œdème de Quincke est clinique, au vu des symptômes qui peuvent être particulièrement impressionnants. Lorsqu’il est en état de répondre, le patient sera questionné pour tenter d’en identifier l’origine.

Enfin, des analyses complémentaires peuvent être prescrites en deuxième intention. Bilan sanguin et tests allergiques sont généralement réalisés à la suite d’un angiœdème.

Traitements

Une fois pris en charge par les urgences, le patient reçoit une injection de cortisone qui va permettre de réduire l’inflammation. Une injection d’adrénaline y est souvent associée.

Pour les cas particulièrement sévères d’œdème de Quincke, une intubation, voire une trachéotomie peuvent s’avérer indispensables pour permettre au malade de respirer à nouveau.

Dans la plupart des cas, le patient est ensuite placé en surveillance pendant 24 heures dans le service des urgences ou en soins intensifs pour les cas les plus graves. Cette période d’observation permet d’intervenir en cas de réaction biphasique, qui est une réapparition des symptômes dans les heures suivant la résolution de l’épisode initial.

Ensuite, le traitement mis en place dépendra de la cause de l’œdème de Quincke.

Dans le cas d’une réaction allergique, la première étape est l’éviction de l’agent responsable. Des antihistaminiques et des stéroïdes sont généralement prescrits. Mais attention, si l’allergène responsable de la réaction doit être supprimé du quotidien du patient, il peut être difficile de l’identifier. À chaque nouvelle ingestion de celui-ci, les lésions récidiveront immédiatement, sous une forme plus grave dans certains cas.

Si l’affection est causée par la prise de médicaments, un arrêt immédiat est impératif.

Enfin, en cas de crise d’asthme associée, un aérosol de Ventoline vient compléter le traitement pour faciliter la dilatation des bronches.

Prévention

Il n’est pas possible de prévenir un œdème de Quincke qui surviendrait pour la première fois.

En revanche, certaines mesures de précaution permettent d’éviter que l’incident ne se reproduise :

  • Noter tout aliment qui a été ingéré dans les 24 heures précédant toute réaction allergique et comparer en cas de récidive.
  • Effectuer un bilan allergologique pour identifier l’allergène.
  • Supprimer l’allergène du quotidien du patient quand cela est possible.
  • Avoir toujours sur soi une seringue auto-injectable d’adrénaline.
  • Avoir des corticoïdes, de la ventoline et des antihistaminiques oraux dans sa pharmacie (ils auront été prescrits au préalable).

Sites d'informations et associations

Association française pour la prévention des allergies

Association asthme et allergies

Sources

Le site de l'Assurance Maladie sur l'Oedème de Quincke :

https://www.ameli.fr/paris/assure/sante/urgence/pathologies/oedeme-quincke

Le site de l'Inserm sur l'urticaire :

https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/urticaire