Prévention du diabète : le capteur de glucose, une bonne solution pour réguler la glycémie ? Istock
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Parmi les mauvaises habitudes alimentaires ancrées dans notre quotidien, la surconsommation de sucre est un fléau qui empoisonne notre santé en favorisant le risque d’obésité, de maladie du foie gras (NASH) et de diabète et contre lequel il est urgent d’agir.

C’est par ce tableau alarmant, que le Dr Réginald Allouche introduit son livre Sucre : l’ennemi public n°1 (éditions Albin Michel) et encourage à la prise de conscience de l’impact toxique de l’omniprésence du sucre dans notre vie.

Passé le temps du constat et de l’analyse, le médecin préconise un éventail de solutions destinées à mieux cohabiter avec cet ingrédient difficilement évitable pour préserver sa santé. Medisite s'est entretenu avec cet expert.

Vous parlez d’épidémie mondiale, pour qualifier l’explosion des cas de pré diabète et de diabète de type 2. La surconsommation de sucre est-elle responsable de cette situation ?

Dr Réginald Allouche : "Le diabète touche 895 millions de gens dans le monde et il y a à peu près 1 milliard de pré diabétiques dans le monde. Parmi eux, 70 % deviendront diabétiques dans les dix prochaines années.

Le sucre n’est pas le seul responsable de cette épidémie de pré diabète et de diabète de type 2 mais il est un co-facteur de risque qui aggrave le problème, aux côtés d’autres complices, comme le manque d’activité physique régulier, l’excès de mauvaises graisses, les additifs alimentaires.

Le diabète de type 2 est une maladie insidieuse, sans symptôme (en dehors parfois de l’irritabilité) qui entraîne de nombreuses complications au bout de 10 à 25 ans, telles que : la cécité (la plus connue), l’insuffisance rénale, la neuropathie diabétique (perte de sensibilité au niveau des doigts et des orteils qui peuvent provoquer des amputations), la dysfonction érectile et surtout des maladies cardiovasculaires.

Il est possible d'apprendre à ne pas devenir esclave du sucre

La bonne nouvelle, c’est qu’il est encore possible d’éviter ces complications en agissant en amont : lorsqu’on est au stade du pré diabète, il faut compter en moyenne dix ans avant qu’il ne se transforme en diabète. Autrement dit, le pré diabète est réversible, et si on fait ce qu’il faut, on peut éviter l’apparition du diabète et les complications associées.

Aujourd’hui la guerre collective contre le sucre est perdue car il n’y a pas de limitation règlementaire sur les quantités de sucres ajoutés dans les produits alimentaires. Les industriels en rajoutent souvent partout, même dans les saumures de cornichons. Mais on peut substituer à une bataille collective perdue un combat individuel, et apprendre à ne pas devenir esclave de ce sucre. C’est l’ambition de mon livre."

Comment réagit l’organisme face à l’excès de sucre ?

"Le problème du sucre c’est qu’il "caramélise" en quelque sorte les cellules. Par ce phénomène qu’on appelle la glycation, une petite partie des protéines se marie au sucre, ce qui lui permet d’effectuer son travail de sape au niveau du fonctionnement des cellules. Avec le temps, on observe un ralentissement du renouvellement cellulaire mais aussi des sécrétions hormonales. Cette surconsommation de sucre a aussi une influence néfaste sur nos neurones en altérant nos capacités cognitives, favorisant le risque de maladie d’Alzheimer.

L’excès de sucre nuit aussi au foie, qu’il peut rendre trop gras. Le foie est un organe qui régule la glycémie. Face au surplus de sucre, il n’a plus de place pour le stocker dans les adipocytes (cellules graisseuses) et il va les stocker dans ses propres structures. Cette accumulation de graisses dans le foie conduit à une stéatose hépatite non alcoolique (connue sous le nom de NASH, la maladie du foie gras).

Pour toutes ces raisons, le sucre doit être considéré comme un ami que l’on doit tenir à une distance suffisante : il faut le réserver à des plaisirs occasionnels, et le réguler sinon il se crée une dépendance à la longue toxique pour notre santé."

Pourquoi le sucre nous fait-il plus grossir en vieillissant ?

"Avant l’âge de 55 ans, le tube digestif, prélève 25 % de ce que l’on mange sous forme de protéines car c’est l’organe qui vit le plus longtemps (jusqu’à 120 ans).
A partir de 55 ans, le tube digestif ne prélève plus 25 mais 55 % de protéines provoquant ainsi une sarcopénie, la fonte musculaire liée au vieillissement. Ce processus s’appelle la séquestration splanchnique.

En vieillissant, si on ne pratique pas assez d’activité physique et qu’on ne dispose pas d’un bon métabolisme de base, c’est-à-dire que notre corps ne brûle pas assez de calories au repos, on perd du muscle. Et en mangeant à quantités égales, on brûlera moins et on prendra du poids plus facilement.

Dès lors, il importe de manger plus de protéines en vieillissant, en plus de rééquilibrer son alimentation, de pratiquer de l’exercice physique régulier afin de fabriquer du muscle.

Autre raison de bouger plus souvent : lorsque l’on fait travailler les muscles, ceux-ci deviennent moins insulinorésistants. Or, on sait aujourd’hui que le diabète et le pré diabète sont liés à l’insulinorésistance, c’est-à-dire que les muscles, les organes comme le foie et les adipocytes répondent moins bien à l’insuline."

Capteurs de glucose : un réel outil préventif pour se prémunir du diabète de type 2 ?

Dans votre livre, vous préconisez d’utiliser les capteurs autonomes de glucose pour tous, afin d’éviter les pics de glycémie néfastes pour la santé, à risque de diabète de type 2… Ces capteurs sont-ils vraiment utiles sans être diabétique ?

"Un des moyens de s’affranchir de cette dépendance au sucre est de connaître la sensibilité de son organisme face au sucre. Pour cela, porter un capteur autonome de glucose pendant 14 jours, même sans être diabétique, constitue un bon outil pour mieux contrôler les réactions glucidiques de son organisme et prévenir le diabète de type 2. Ce capteur permet de prendre une photographie des réactions de son corps face à sa consommation de sucre et de savoir où on se situe.

Dans mon livre, je propose de mesurer sa courbe glycémie en testant des menus qui la font grimper. Une fois que l’on connaît la façon dont son organisme métabolise le sucre, il est possible d’agir en conséquence en suivant les clés pour s’émanciper du sucre et préserver sa santé, qui passent encore une fois par une alimentation rééquilibrée, de l’exercice physique, et le fait de retrouver un poids de forme".

Sources

Merci au Dr Réginald Allouche, médecin et auteur du livre Sucre : l’ennemi public n°1 (éditions Albin Michel).

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