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"Le cancer du côlon se développe à partir des cellules qui tapissent la paroi interne du côlon, décrit l'Institut National du Cancer. Dans plus de 80 % des cas, il provient d’une tumeur bénigne, appelée polype adénomateux, qui évolue lentement et finit par devenir cancéreuse".

Le côlon forme, avec le rectum, le gros intestin : c’est-à-dire la dernière partie de votre tube digestif.

En France, le cancer colorectal se situe, tous sexes confondus, au troisième rang des cancers les plus fréquents : "le deuxième chez les femmes et le troisième chez les hommes", précise l'Institut National du Cancer. Il survient en grande majorité chez les personnes âgées de 50 ans et plus.

D’après différentes études, le nombre de cancers colorectaux devrait augmenter dans les prochaines années pour atteindre 45 000 nouveaux cas annuels en 2020.

Cancer du côlon : êtes-vous à risque ?

Aujourd'hui, les causes du cancer colorectal ne sont pas parfaitement connues, et ce, malgré les progrès de la médecine qui ont permis de mieux connaître les mécanismes de développement des maladies.

"La plupart des cancers semblent être le résultat d'un ensemble complexe de facteurs comme l'hérédité, les choix de vie ou l'exposition à des substances qui causent le cancer (appelées substances cancérigènes)", partage l'Institut National du Cancer.

Les polypes

La présence de polypes adénomateux (tumeurs bénignes) sur la paroi du côlon et du rectum accroît le risque de cancer colorectal. Mais tous les polypes ne se transforment pas forcément en cancer, selon l'Institut.

Concrètement, 60 à 80 % des cancers se développent à partir de ces tumeurs bénignes à risque précancéreux. Un quart des polypes de plus d'1cm dégénérerait après 10 à 20 ans d'évolution.

Photo : polypes adénomateux sur la muqueuse du côlon

Photo : polypes adénomateux sur la muqueuse du côlon© Creative Commons

Crédit : http://web2.airmail.net/uthman/specimens/index.html - CC - Licence : domaine pubic https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Adenomatous_Polyp_of_the_Colon_1.jpg

L'âge

"Comme pour la plupart des cancers, le risque d’avoir un cancer colorectal augmente avec l’âge", estime encore l'Institut National du Cancer. Le risque commence à augmenter à partir de 50 ans et s’accroît ensuite nettement jusqu’à 80 ans : 94 % des cancers colorectaux se manifestent chez les personnes de plus de 50 ans. L’âge moyen des personnes au moment du diagnostic est de 70 ans.

L'hérédité

Le risque de cancer du côlon est deux fois plus élevé si un proche (parents) en a déjà développé un. Certaines maladies familiales, comme le syndrome de Lynch ou la polypose familiale (mutation génétique qui entraîne des polypes sur le côlon), entraînent un risque majeur.

Les maladies inflammatoires de l'intestin

Les maladies inflammatoires de l'intestin, comme la rectocolite ulcéro-hémorragique ou la maladie de Crohn constituent également des facteurs de risque qui prédisposent au cancer colorectal. "Une surveillance régulière, par coloscopie, est proposée de façon systématique aux personnes atteintes par ces maladies. Cela permet de réagir rapidement en cas de survenue d’un cancer", indique l'Institut National du Cancer.

L'alimentation

Une alimentation pauvre en fibres et riches en graisses animales pourrait également favoriser l'apparition de ce cancer. On note aussi l'obésité, le tabagisme et la consommation d'alcool.

"Plusieurs études scientifiques ont démontré que certaines habitudes de vie augmentaient le risque de développer un cancer colorectal", relaye l'Institut. On note :

  • Une alimentation trop calorique.
  • Une consommation importante de viande rouge.
  • Une alimentation riche en graisses animales.
  • La consommation d'alcool.
  • La consommation de tabac.
  • L’inactivité physique et le surpoids.

En règle générale, le cancer du côlon se développe en silence, sans provoquer de symptôme particulier. Il peut ainsi rester longtemps imperceptible. Néanmoins, certains signes peuvent être révélateurs et doivent conduire à consulter. On les passe en revue avec le Dr Alain Valverde, chef du service de chirurgie digestive du groupe hospitalier Diaconesses Croix Saint Simon.

Les troubles digestifs et gastriques

Les troubles digestifs et gastriques© Istock

Les troubles persistants ou soudains du transit intestinal sont des signes révélateurs du cancer colorectal. Et pour cause, le cancer du côlon se développe sur la muqueuse du gros intestin, et s'étend aux tissus avoisinants.

Sang dans les selles et grande fatigue

L'un des signes d'alerte le plus important est l'hémorragie rectale : une hémorragie lente et constante du côlon, qui montre l'aggravation de la maladie. Ce symptôme peut être isolé ou associé à d'autres.

Les traces de sang dans les selles sont parfois minimes, peuvent se mélanger aux selles et rester indécelables. Mais elles peuvent aussi provoquées par d'autres causes comme les hémorroïdes ou les règles. C'est la toute la difficulté pour identifier ce signe.

Si les selles sont recouvertes ou mêlées de sang rouge clair ou très foncé (les médecins parlent de selles sanglantes ou striées de sang), il vaut mieux consulter. "Elles peuvent aussi être noires comme de l’encre si le sang est digéré dans le côlon", décrit l'Institut National du Cancer.

Des troubles digestifs

Lorsque certains symptômes du cancer du côlon se manifestent, ils peuvent ressembler à des troubles courants et peuvent donc passer inaperçus. C'est le cas pour les troubles digestifs, comme la diarrhée, la constipation, ou les deux en alternance.

Si ces troubles sont inhabituels, apparaissent subitement et persistent dans le temps, sans cause apparente, mieux vaut consulter. Surtout si vous avez 50 ans révolus.

Si la tumeur est importante, il arrive qu'une occlusion intestinale aiguë se déclare, se manifestant par une absence de selles, de gaz, des vomissements et un ballonnement abdominal. C'est alors une urgence.

Malaises ou douleurs gastriques

Des douleurs abdominales causées par la tumeur peuvent apparaître. Ils sont le signes que le cancer grossit et s'étend.

Ces douleurs apparaissent subitement, deviennent fréquentes, diffuses et peuvent s'étendre jusqu'au dos et être accompagnées de gaz. On observe des sensations de flatulence, de pesanteur, des ballonnements abdominaux inexpliqués avec des crampes. Mieux vaut alors consulter si vous êtes concerné.

Une perte de poids inexpliquée lié à un manque d'appétit

Une perte de poids inexpliquée lié à un manque d'appétit© Istock

Les troubles digestifs et gastriques ne sont pas les seuls signaux révélateurs du cancer colorectal. On observe aussi des "fausses envies" d'aller à la selle, un manque d'appétit et un amaigrissement. Les détails.

Perte de poids inexpliquée et manque d'appétit

En se propageant, notamment vers le foie, ce cancer provoque une altération de l'état général, une fatigue due à l'anémie engendrée par l'hémorragie rectale, et un manque d'appétit de plus en plus important qui entraîne un amaigrissement.

Attention, ce symptôme peut avoir d’autres causes qu’un cancer. "Néanmoins, s’il persiste ou apparait soudainement, il est essentiel de consulter rapidement son médecin traitant qui réalisera des examens ou orientera vers un gastroentérologue s’il le juge nécessaire", ajoute l'Insitut National du Cancer.

De "fausses envies"

Les personnes touchées par le cancer du côlon éprouvent souvent la sensation que leurs intestins ne se vident jamais complètement. Cela procure des "fausses envies" : le besoin de déféquer est alors pressant et constant. Cependant, au moment d'aller à la selle, l'envie est là mais pas la matière fécale.

C'est la tension au niveau du rectum qui va engendrer la sensation qu’il est plein. On note aussi une impression d’évacuation incomplète ou des envies d’aller à la selle, même juste après y être allé.

Le test immunologique

Le test immunologique© Istock

Le cancer du côlon ne provoque souvent aucun symptôme tant que le stade de la maladie n'est pas avancé. Le dépistage joue alors un rôle-clé et peut se faire au moyen d'un test rapide : le test immunologique (qui remplace le test Hémoccult® depuis 2015).

Ce test vise à déceler la présence de sang dans les selles. Il est réalisé à la maison, à l'aide d'un dispositif permettant le recueil des selles puis le prélèvement d'un échantillon à envoyer, sous 24 heures, au laboratoire de biologie médicale dont l'adresse est indiquée sur l'enveloppe fournie avec le test. Le laboratoire vous transmet le résultat sous 15 jours, avec copies à votre médecin traitant.

"Ce test repose sur la détection d'hémoglobine humaine dans les selles grâce à l'utilisation d'anticorps monoclonaux ou polyclonaux, spécifiques de la partie globine de l'hémoglobine humaine. Il ne sera donc pas rendu positif en présence d'hémoglobine animale issue de l'alimentation", précise l'Institut National du Cancer.

Par ailleurs, le seuil de positivité est actuellement fixé à 150 ng HB/ml.

Qui doit faire le test ?

Le test est destiné aux personnes de plus de 50 ans et ce, jusqu'à 74 ans. Si le test est négatif, il sera à renouveler 2 ans plus tard, sauf si vous perdez du sang avec des signes digestifs associés. S'il est positif, une coloscopie sera automatiquement prescrite. Cet examen explore la paroi du gros intestin par fibre optique introduit par l'anus.

Un test positif ne traduit pas toujours un cancer

"Comme tout test de dépistage, celui consistant à rechercher du sang occulte dans les selles peut générer de 'faux positifs', prévient l'Institut. Ainsi, dans plus de 90 % des cas, une coloscopie réalisée après un test positif ne révèlera pas de lésion cancéreuse. Toutefois, elles seront réalisées à meilleur escient, par ciblage des personnes ayant un test immunologique positif et donc considérées comme plus susceptibles d'avoir une lésion".

Traitements et évolution du cancer du côlon

Traitements et évolution du cancer du côlon© Istock

Plusieurs traitements peuvent être utilisés pour prendre en charge un cancer colorectal, seul ou en association : la chirurgie (ablation de la tumeur, des ganglions environnants et parfois du côlon totalement ou partiellement selon la gravité du cancer), la chimiothérapie, la radiothérapie (pour les cancer du rectum) et les thérapies ciblées.

Ces traitements visent à guérir le cancer en supprimant la totalité des cellules cancéreuses, l'empêcher de se propager, réduire le risque de récidive et améliorer le confort des malades.

Si le cancer a touché le rectum, un anus artificiel peut être posé (les selles sont récupérées dans une poche extérieure que le patient positionne lui-même).

La chirurgie

La chirurgie est le traitement principal du cancer du côlon. "Elle consiste à enlever la portion du côlon atteinte par la tumeur et le réseau de ganglions correspondant (on parle de curage ganglionnaire), décrit l'Institut National du Cancer. Suivant la localisation et l’étendue de la tumeur, une portion plus ou moins grande du côlon est retirée".

"La chirurgie est toujours envisagée car c’est le traitement curateur du cancer colique, nous explique le Dr Alain Valverde, chef du service de chirurgie digestive du groupe hospitalier Diaconesses Croix Saint Simon.

"En l’absence de chirurgie, la tumeur cancéreuse évolue inéluctablement vers des complications (hémorragie, perforation, occlusion) et vers l’extension métastatique et donc le décès".

"On l’envisage pour tous les patients qui ont une tumeur colique. La résection chirurgicale d’un cancer colique offre la meilleure probabilité de guérison".

Le côlon n'est pas un organe vital. Il est donc possible de vivre normalement même si on en enlève une grande partie, voire la totalité.

Certaines métastases peuvent être retirées par chirurgie. On dit alors qu’elles sont résécables.

Chimiothérapie

La chimiothérapie est un traitement général, qui agit dans l’ensemble du corps. "Cela permet d’atteindre les cellules cancéreuses quelle que soit leur localisation, même si elles sont isolées et n’ont pas été détectées lors du diagnostic", précise l'Institut. Malheureusement, ce traitement va aussi troubler les cellules saines de votre corps. La chimiothérapie ne fait pas la différence entre des cellules cancéreuses et des cellules normales. Elle s’attaque à toutes les cellules qui se divisent rapidement, comme les cellules de cheveux, du sang ou des muqueuses.

Radiothérapie

La radiothérapie consiste à détruire la tumeur ou des cellules cancéreuses à l’aide de rayons ou de particules de haute énergie. Ce traitement local est dirigé vers une partie spécifique du corps.

"L’avantage principal de la radiothérapie est de réduire le risque de récidive locale du cancer : elle diminue le risque que le cancer réapparaisse au même endroit, estime l'Institut. Mais le cancer du côlon a tendance à se propager vers d’autres organes, comme le foie ou les poumons, plutôt que de réapparaître au même endroit.La radiothérapie n’est donc généralement pas indiquée pour traiter le cancer du côlon. En revanche, elle est parfois utilisée pour traiter certaines métastases isolées ou pour soulager certains symptômes causés par la tumeur".

Peut-on prévenir le cancer du côlon ?

Peut-on prévenir le cancer du côlon ?© Istock

Notre mode de vie accroît le risque de cancer du côlon. En Afrique et en Asie, il y a jusqu'à 20 fois moins de cancers colorectaux qu'en Europe du Nord et aux USA. C'est bien la preuve qu'il est possible de réduire vos risques. Voici quelques habitudes à adopter.

Réduisez les viandes et aliments gras

En consommant moins de viandes rouges et grasses, poissons gras et charcuteries, vous réduisez vos risques de cancer du côlon. Ces aliments prédisposent à ce cancer par leur richesse en graisses mais aussi par des substances toxiques (pesticides...) en contact direct avec la muqueuse intestinale.

"Une consommation suffisante et variée de fruits et légumes frais a un effet protecteur vis-à-vis de ce type de cancer", estime l'Institut National du Cancer.

Adoptez une bonne hygiène de vie

En outre, d'autres méthodes permettent de vous prémunir contre le cancer colorectal mais aussi face à d'autres cancers. On note :

  • perdre du poids,
  • cesser de fumer,
  • limiter votre consommation d'alcool,
  • pratiquer une activité physique (30 min/jour au moins).

Sources

Merci au Dr Alain Valverde, chef du service de chirurgie digestive du groupe hospitalier Diaconesses Croix Saint Simon

Remerciements au Dr Patrick Bacquaert, médecin chef de l’Institut régional de biologie et de médecine du sport du Nord/Pas-de-Calais (IRBMS) 

Etude espagnole sur 208 patients en 2007 sur les produits toxiques provenant de la chair animale. Université Autonome de Barcelone, Institut Catalan d’Oncologie, Conseil Supérieur de Recherches Scientifiques (CSIC), avec l'aide de l'Hôpital Universitaire de Bellvitge de Barcelone

Institut national du cancer

Cancer du côlon : quelques chiffres, Institut National du Cancer

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