Boire du café, une habitude protectrice contre la maladie d’AlzheimerAdobe Stock
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Certains en ont fait un réflexe matinal pour se lever du bon pied et s’assurer un coup de fouet pour la journée. D’autres l'apprécient en fin de repas pour s’aider à digérer. Une certitude : le café est une habitude bien ancrée dans le quotidien des Français. 83 % d’entre eux en consomment tous les jours, révélait une étude Harris Interactive réalisée en mai 2019. Parmi ses amateurs, 62 % aiment le boire au déjeuner ou à la fin, tandis que 76 % le plébiscitent le matin au petit-déjeuner.

En version allongée, courte, agrémentée avec du lait, chaude ou froide, le café occupe une place indétrônable parmi les boissons préférées des Français. Une étude récente devrait renforcer un peu plus sa cote de popularité. Des tests préliminaires in vitro menés en laboratoire et dévoilés dans le Journal of Agricultural and Food Chemistry de l'ACS vantent les effets protecteurs du petit noir contre le développement de la maladie d’Alzheimer.

Plus précisément, les composés de l'espresso pourraient inhiber l'agrégation des protéines tau, un processus qui serait impliqué dans l'apparition de cette maladie neurodégénérative.

Maladie d’Alzheimer : un processus complexe de destruction neuronale

La maladie d'Alzheimer est une maladie neurodégénérative, appartenant à la famille des démences, qui se caractérise par une atteinte progressive et irréversible des neurones. En France, on estime à 900 000 le nombre de personnes qui en souffrent, selon l’Inserm. Elle touche 15 % des personnes âgées de plus de 80 ans.

Débutant dans l’hippocampe, le siège cérébral de la mémoire, cette maladie s’accompagne de différents symptômes différents d’un malade à l’autre : s’observent principalement des troubles de la mémoire, déficit de l’attention, trouble du langage, problèmes d’orientation dans le temps ou dans l’espace. Des troubles du mouvement, du comportement (anxiété, dépression), de l’humeur et du sommeil peuvent également survenir.

La maladie d’Alzheimer est associée à des lésions neuronales observées à l’issue d’un processus complexe de dégénérescence des neurones : d’une part l’accumulation anormale de protéines bêta amyloïde (naturellement présente dans le cerveau) sous forme de plaques amyloïdes.

L’espresso préviendrait l’agrégation de la protéine tau

Ces dépôts amyloïdes (appelés aussi plaques séniles) sont particulièrement toxiques pour les neurones. Ce phénomène s’accompagnerait, par ricochets, d’une modification de la protéine tau (une protéine naturellement présente dans l’organisme et qui participe à l’architecture des cellules), ce qui aurait pour effet de chambouler la structure des neurones. Cette désorganisation neuronale entraînerait une dégénérescence neurofibrillaire aboutissant à la mort des cellules nerveuse s.

Dans la nouvelle étude, les chercheurs de l’Université de Verone en Italie se sont intéressée à la protéine tau. Chez les personnes en bonne santé, ces protéines aident à stabiliser les structures du cerveau, mais l orsque certaines maladies neurodégénératives se développent, ces protéines peuvent s'agglutiner en fibrilles.

Certains scientifiques pensent que la prévention de cette agrégation de plaques amyloïdes pourrait aider à ralentir voire prévenir l’apparition des symptômes de démence comme la maladie d’Alzheimer.

Dans leur sillage, Mariapina D'Onofrio et ses collègues, de l’Université de Verone, se sont demandés si les composés de l'espresso pouvaient prévenir l'agrégation de la protéine tau in vitro.

La caféine et la génistéine ont raccourci les fibrilles

Pour le savoir, l’équipe italienne a obtenu des doses d'espresso à partir de grains achetés dans le commerce, et ont déterminé la structure moléculaire et leur composition chimique à l'aide de la technique dite de spectroscopie de résonance magnétique nucléaire.

Ils ont sélectionné différents composés présents dans le café que sont la caféine et la trigonelline -deux alcaloïdes-, la génistéine -un flavonoïde-, et la théobromine, un composé que l'on trouve également dans le chocolat, pour se concentrer sur les expériences ultérieures.

Ces molécules, ainsi que l'extrait complet d'espresso, ont été incubées avec une forme raccourcie de la protéine tau pendant 40 heures.

Leurs résultats ont montré que plus la concentration d'extrait d'espresso, de caféine ou de génistéine augmentait, plus les fibrilles raccourcissaient. Elles ne formaient pas de feuilles plus grandes. L’extrait de café complet présentait les résultats les plus significatifs.

Le potentiel neuroprotecteur de l’espresso

"Les fibrilles raccourcies se sont révélées non toxiques pour les cellules et n'ont pas agi comme des "graines" pour l'agrégation ultérieure". Un constat qui suggère que la caféine et la génistéine aient des propriétés biologiques capables d’empêcher l'agrégation de plaques de protéines tau. Les chercheurs ont par ailleurs identifié un ensemble de composés du café capables de se lier aux fibrilles tau préformées.

S’il ne s’agit que de résultats préliminaires in vitro, "ils permettent de mieux comprendre le potentiel neuroprotecteur du café expresso", assurent les chercheurs. Une découverte encourageante qui devrait inciter à mener des recherches supplémentaires afin d'évaluer le potentiel préventif d’autres composés bioactifs contre les maladies neurodégénératives, comme la maladie d'Alzheimer.

Le café constitue une habitude saine pour nos neurones. Pour autant, pour qu’elle reste une alliée de notre santé, il convient de ne pas la consommer en excès : l'agence européenne pour la sécurité des aliments (EFSA) recommande de ne pas dépasser 400 mg de caféine par jour, soit trois tasses de café.

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