Définition : qu'est-ce qu'un staphylocoque ?

Le nom staphylocoque désigne une famille de bactéries commensales, c’est-à-dire qu’elles font naturellement partie de la flore de l’homme. Les staphylocoques se situent sur notre épiderme, et principalement dans les muqueuses (narines).

Si ces bactéries parviennent à se frayer un chemin à l’intérieur de notre organisme par le biais d’une rupture cutanée, elles peuvent provoquer des infections. En fonction de l’organe touché, du type de souche et de sa capacité de virulence, elles provoquent des maladies de dangerosité variée.

« Cela peut aller d’une simple infection de la peau à une endocardite (inflammation des structures et enveloppe interne du cœur, Ndlr.) Ce qui peut être très destructeur et dévastateur », explique le Dr Tarek Msadek, directeur de recherche du groupe « Signalisation et pathogènes des staphylocoques » de l’Institut Pasteur.

Quels sont les différents types de staphylocoques ?

En tout, plus d’une quarantaine d’espèces et de sous-espèces composent la famille des staphylocoques. Pour l’être humain, les trois souches les plus répandues sont :

  • Le staphylocoque doré : appelé également Staphylococcus aureus, c’est le germe le plus connu et le plus répandu. À la différence de la plupart des staphylocoques dits à « coagulase négative », S. aureus est capable provoquer la coagulation du plasma sanguin. Cette bactérie fait partie des trois germes les plus fréquemment identifiés lors d’une infection nosocomiale (contractée à l’hôpital) et c'est la seconde cause bactérienne d’infection alimentaire en France.
  • Le staphylocoque blanc : le Staphylococcus epidermidis est naturellement présent sur la peau de la quasi-totalité des humains. C’est une bactérie dite « opportuniste », car le risque qu’elle devienne pathogène survient en cas de déficit immunitaire ou lors de l’implantation d’un corps étranger (pacemaker, cathéter, prothèse, etc.)
  • Staphylococcus saprophyticus : ce pathogène est responsable de cystites aigües, prédominant chez les jeunes femmes. Il est la seconde cause d’infection urinaire après Escherichia coli (responsable de troubles digestifs et intoxications alimentaires).

Un animal peut-il attraper un staphylocoque ?

Les animaux ne sont pas épargnés. Les germes les plus couramment associés aux animaux sont : Staphylococcus hyicus (porc) et Staphylococcus intermedius (chien). La plupart sont rarement transmises à l’homme. Pour autant, S. intermedius peut l’être par morsure.

Photo : S.aureus formant une capsule le protégeant de l'immunité d'une vache

Un animal peut-il attraper un staphylocoque ?© Creative Commons

Crédit : Eric Erbe, Christopher Pooley — Original source (dead link), a U. S. Department of Agriculture server. Licence - Domaine publique

Chiffres : les infections par staphylocoques sont-elles courantes ?

Les spécialistes estiment que 30 % à 50 % de la population serait porteuse saine de staphylocoques.  « Il est difficile de connaître le nombre exact de personnes touchées par une infection due aux staphylocoques étant donné qu’ils sont responsables de nombreuses pathologies bénignes », ajoute l’expert.

Quels sont les symptômes d'un staphylocoque ?

Ce germe pathogène peut infecter tous les organes. En fonction de la zone touchée et de la souche, la pathologie et les symptômes diffèrent. Les staphylocoques peuvent être responsables :

D'infections cutanées :

  • Impétigo : apparition de taches rougeâtres, de petites vésicules en grappe souvent suppuratives, faiblesse et fièvre légère.
  • Furoncle (folliculite) : tuméfaction chronique, rougeâtre et douloureuse, autour d’un follicule pileux.
  • Orgelet : apparition d’un petit bouton rouge rempli de pus et douloureux à la base du cil.
  • Syndrome de la peau ébouillantée : décollement de l’épiderme, fièvre, déshydratation. Cette pathologie concerne principalement les nourrissons.
  • Les femmes allaitantes peuvent contracter des abcès mammaires (obstruction des canaux galactophores qui conduisent le lait jusqu'au mamelon).

D'infections alimentaires :

Douleurs abdominales, crampes d’estomac, nausées, vomissements et diarrhée. Les symptômes apparaissent une à six heures après l’ingestion.

D'infections des muqueuses telles que : 

  • Les otites : elles se traduisent par des douleurs à l’oreille (otalgies), un rougissement du canal auditif accompagné de l’écoulement de sécrétions jaunâtres, de fièvre...
  • Les conjonctivites : elles se manifestent par une inflammation de la membrane qui recouvre la face interne des paupières, des yeux rougis et larmoyants, des sensations de brûlure, des démangeaisons, de potentiels écoulements purulents.
  • Des pneumonies (infection des poumons) : les alvéoles pulmonaires se remplissent de pus et de liquide inflammatoire, on constate une toux, des expectorations, un essoufflement et de la fièvre.
  • Une pleurésie (infection de la plèvre) : elle est caractérisée par des essoufflements, des difficultés de respiration (dyspnées), une toux sèche, des éternuements et une douleur aigüe au niveau des poumons ou des épaules.
  • Dans de rares cas, S. aureus ou staphylocoque doré, peut provoquer un choc toxique. La bactérie aura alors produit une toxine particulière qui se développe généralement dans les tampons hygiéniques.

D'infections du sang (septicémie) :

Cette grave infection est potentiellement létale (mortelle). On constate alors fièvre, maux de tête, douleurs musculaires, voire un choc anaphylactique pouvant entraîner la mort. 

Quelles sont les causes d'une infection due à un staphylocoque ? 

Une fois encore, les staphylocoques deviennent potentiellement dangereux lorsqu’ils rentrent en contact avec les différents organes du corps, notamment par le biais de blessures.

« Le système immunitaire attaque alors la bactérie. Or, les staphylocoques ont une panoplie de défenses assez extraordinaire. Ils peuvent notamment détourner les anticorps, fabriquer des toxines et des enzymes. C’est à ce moment-là qu’ils peuvent causer des pathologies », explicite le Dr Tarek Msadek.

Staphylocoques : quels sont les facteurs de risque ?

Les infections aux staphylocoques sont couramment associées à un passage à l’hôpital. Une plaie chirurgicale ou l’implantation d’un matériel étranger (pacemaker, cathéter, prothèse…) liés à un système immunitaire affaibli peuvent favoriser l’apparition de ce type de pathologies. « Dans ce cas de figure, le patient est souvent infecté par sa propre souche. Il est porteur sain, puis il subit une chirurgie et sa propre bactérie se développe à l’intérieur de son corps », analyse le chercheur. Lorsqu’une infection aux staphylocoques survient chez un patient, ce dernier est généralement isolé dans une chambre à part. 

Staphylocoques : quelles sont les personnes les plus à risque ?

Les staphylocoques peuvent contaminer toute personne, quel que soit son âge ou son sexe. Pour autant, les personnes immunodéficitaires (sida, radiothérapie, chimiothérapie) ou immunodéprimés (les nouveaux nés, les personnes âgées ou atteintes de maladies) seront plus enclines à contracter une infection. 

Staphylocoques : combien de temps dure la maladie ?   

Cela dépend de l’organe touché, du type de souche et de sa virulence. « Si l’infection est traitée assez rapidement, la guérison peut survenir dès les premiers jours », ajoute le Dr Tarek Msadek.  

La durée de l’infection devient pourtant incertaine lorsque le germe est insensible aux antibiotiques. Ce cas de figure est souvent rencontré dans le cas du staphylocoque doré, dont l’exemple le plus courant est le Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM). « On essaye alors un autre antibiotique, mais on peut se retrouver face au même problème. La forme aureus peut être multi-résistante », explicite l’expert. 

Photo : 4 staphylocoques aureus résistants à la méticilline 

Staphylocoques : combien de temps dure la maladie ?   © Creative Commons

Crédit : National Institutes of Health (NIH) — National Institutes of Health - Licence : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Neutrophil_MRSA_II.jpg

Est-ce que le staphylocoque est contagieux ?

Les staphylocoques peuvent se transmettre par simple contact. « Lorsque quelqu’un se gratte le nez avant de vous serrer la main, il peut y avoir un risque d’infection », illustre le chercheur. Pour autant, cela ne veut pas dire qu’il y aura forcément contamination. Ces bactéries ne pouvant pas se mouvoir seules, il est nécessaire qu’elles rentrent en contact direct avec une rupture de la barrière cutanée.  

Quels sont les autres modes de transmission du staphylocoque :

  • À partir d’objets : le germe infectieux pouvant survivre plusieurs jours dans l’environnement même en cas de forte chaleur ou sécheresse, il peut être transmis par le biais d’ordinateurs, téléphones, oreillers ou même encore de serviettes. « Il y en a partout, mais les bactéries ne vont pas se développer sur un objet aussi efficacement que dans un corps humain », tempère le spécialiste.
  • À partir d’aliments : « Si une personne vomit rapidement après avoir ingéré une viande peu cuite, il est potentiellement victime d’une infection aux staphylocoques », explique le Dr Msadek. Ces bactéries peuvent en effet fabriquer des toxines qui vont perdurer dans les aliments. Les denrées les plus souvent incriminées sont les produits laitiers et la viande. Même cuits, ces derniers peuvent toujours en être vecteurs.

Staphylocoques : qui et quand consulter ?

« Dès l’apparition d’une fièvre ou d’un gonflement, il faut consulter son médecin généraliste », explique le chercheur. Sur place, ce dernier procédera à divers prélèvements qu’il enverra ensuite au laboratoire pour confirmer ou infirmer le diagnostic de l’infection aux staphylocoques.

Staphylocoques : quelles complications possibles ? 

Une infection aux staphylocoques peut se compliquer à partir du moment où le germe parvient à proliférer dans le sang. Il y déverse alors une grande quantité de toxines qui, entraînées par la circulation sanguine, peuvent contaminer d’autres organes. « Une fois dans le sang, l’infection peut déclencher une réaction inflammatoire généralisée affectant les différents organes du corps, précise le Dr Tarek Msadek. Un choc septique mortel est alors à craindre ».

À noter : les infections localisées sont souvent bénignes (furoncle, panaris, etc...). Pour autant, elles non plus ne sont pas à négliger. 

Staphylocoques : quels sont les examens et analyses nécessaires ?

Les infections aux staphylocoques nécessitent un prélèvement d’échantillons de sang ou des liquides suppuratifs. Ces derniers sont ensuite envoyés en laboratoire afin de les mettre en culture, d’analyser et d’identifier la bactérie pathogène. « Le laboratoire va réaliser un antibiogramme, c’est-à-dire qu’il teste plusieurs antibiotiques afin de déterminer le bon traitement », explique le chercheur. 

Traitements : comment soigner un staphylocoque ?

  • Une fois que l’antibiogramme a décelé l’antibiotique auquel est sensible la souche, le traitement antibiotique est généralement prescrit pendant 7 à 10 jours. Le mode d’administration (local, oral ou par intraveineuse) dépend de la pathologie.
  • Dans le cas d’une infection cutanée, un drainage peut également être pratiqué. Il s’agit d’inciser la zone purulente pour en faire sortir le liquide contaminé. Ainsi, la majorité des bactéries pathogènes sont évacuées, ce qui facilite la guérison.

Pourquoi le traitement antibiotique doit être suivi jusqu'au bout ?

Réponse du Dr Tarek Msadek : 

« Il ne faut jamais arrêter la prise d’antibiotiques avant la fin du traitement. Même si le patient se sent mieux, la bactérie peut toujours être présente en faible quantité. La durée du traitement est calculée pour éviter qu’elle se démultiplie à nouveau. »

  • Certaines souches ont acquis une véritable résistance aux antibiotiques. Pour éliminer le staphylocoque doré par exemple, l’utilisation de la pénicilline M (méticilline, oxacilline) est conseillée. 20 à 40 % des souches y étant pourtant résistantes, la vancomycine est utilisée en dernier recours. Aux États-Unis, certaines souches sont déjà avérées insensibles à cette molécule. Dans ce cas, il est très difficile de s’en débarrasser et la prévention devient plus que jamais primordiale.

Staphylocoque : quels sont les risques de récidive ?

Réponse du Dr Tarek Msadek :

« Cette question est très controversée. Techniquement, la bactérie est considérée comme étant extracellulaire, c’est-à-dire qu’elle ne va pas pénétrer dans les cellules du corps humain. Pour autant, il y a des exemples de staphylocoques qui y parviennent, tout comme la bactérie responsable de la tuberculose. Donc, on ne peut pas totalement exclure qu’il n’y ait pas une réapparition de l’infection. » explique le Dr Tarek Msadek.

Staphylocoques : Comment prévenir l’infection ?

« Il n’y a pas de secret. Il faut simplement respecter les règles d’hygiène de base » explique le Dr Msadek. 

Concrètement, cela veut dire :

  • Respecter une hygiène constante.
  • Se laver les mains.
  • Désinfecter les plaies.
  • Laver régulièrement le linge de maison.

Sites d’informations et associations sur les Staphylocoques  

Sources

Institut Pasteur : https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/staphylocoque [consulté le 13 janvier 2020]

Centre Hospitalier Universitaire de Rouen : http://www.chu-rouen.fr/mtph/fiches/STAPHYLOCOQUE.pdf [consulté le 13 janvier 2020]

Collège National de Pharmacologie Médicale : https://pharmacomedicale.org/medicaments/par-specialites/item/antistaphyloccociques-generalites [consulté le 13 janvier 2020]

Haute Autorité de la Santé : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2019-04/prise_en_charge_des_infections_cutanees_bacteriennes_courantes_recommandations.pdf [consulté le 13 janvier 2020]

Santé publique France : https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/infections-associees-aux-soins-et-resistance-aux-antibiotiques/resistance-aux-antibiotiques/donnees/ [consulté le 13 janvier 2020]

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