Qu'est-ce qu'une discopathie dégénérative ?

La discopathie dégénérative correspond à une détérioration progressive des disques intervertébraux. "Les disques qui se situent entre deux vertèbres permettent à la colonne de bouger dans toutes les directions, explique le Dr Laurent Grange, rhumatologue au CHU de Grenoble Alpes et président de l’Association Française de Lutte Anti-Rhumatismale (AFLAR). Avec l’âge, ils se déshydratent, se fissurent et amortissent moins bien les mouvements." La maladie, qui est une évolution arthrosique de l’articulation située entre deux vertèbres, peut toucher un ou plusieurs disques.

Discopathies dégénératives et discopathies arthrosiques : quelle différence ?

  • Les discopathies dégénératives sont des lésions du disque intervertébral qui peut avoir plusieurs origines, dont l'arthrose.
  • La discopathie arthrosique est donc une dégénérescence du disque inter-vertébral lié à l'arthrose. C'est la cause la plus fréquente des discopathies dégénératives.

Photo : schéma d'un disque intervertébral, entre deux vertèbres

Discopathies dégénératives et discopathies arthrosiques : quelle différence ?© Capture vidéo

Crédit : OpenStax College — Anatomy & Physiology, Connexions Web site. http://cnx.org/content/col11496/1.6/, Jun 19, 2013. © CC - Licence : https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/

Discopathie : quels sont les disques les plus touchés ?

Réponse du Dr Grange, rhumatologue :

"Certains disques sont davantage concernés par la discopathie dégénérative, car ils sont plus sujets aux pressions. C’est le cas de ceux situés dans le bas de la colonne vertébrale, les disques L5 S1 (entre la 5e vertèbre lombaire et la première vertèbre du sacrum) et L4 L5 (entre la 4e et la 5e vertèbre, les deux les plus basses)."

Chiffres : la discopathie est-elle courante ?

Près de 10% de la population mondiale serait concerné par le mal de dos, symptôme de la discopathie dégénérative, mais aussi de la hernie discale ou de la sciatique, selon deux études publiées le 25 mars 2014 dans les Annales des maladies rhumatismales, une revue rattachée au British Medical Journal (BMJ). Les auteurs soulignent que ce type de douleurs est la principale cause d’incapacité dans le monde et est à l’origine d’un tiers des invalidités liées au travail. Le mal de dos, surnommé maladie du siècle, est d’ailleurs l’un des principaux motifs de consultation médicale.

Discopathie : quels sont les symptômes ?

Les symptômes de la discopathie dégénérative dépendent des disques touchés et du stade d’évolution de la maladie. Bien que souvent ils passent inaperçus, la maladie peut entraîner :

  • Un mal de dos :"Les douleurs au niveau du dos liées à la discopathie dégénérative sont plutôt mécaniques, c’est-à-dire qu’elles n’apparaissent pas au repos, mais lorsque le patient bouge, détaille le médecin. Les mouvements provoquent des contractures musculaires qui réveillent la douleur." Elles peuvent être localisées dans le bas ou le haut du dos.
  • Un raideur du dos : la tension excessive des muscles peut entraîner une sensation de raideur au niveau du dos.
  • Une baisse de sensibilité : "Lorsque la discopathie évolue sous la forme d’une hernie discale, cela peut se manifester par des douleurs le long du trajet du nerf touché, une diminution de la sensibilité ou des fourmillements. Voir un déficit de la force musculaire au niveau des bras (névralgie cervico- brachial si hernie cervicale) ou des jambes (lombosciatique si hernie lombaire), selon le niveau touché", précise le Dr Grange, rhumatologue.

Discopathie : quelles sont les causes ?

La discopathie dégénérative est l’équivalent de l’arthrose des articulations des membres, mais au niveau du dos. Elle est principalement causée par le vieillissement naturel de l’organisme. "Elle commence vers l’âge de 13/14 ans, et plus on augmente en âge, plus les disques intervertébraux se déshydratent et dégénèrent", décrit le Dr Grange. Conséquence : les disques se réduisent en taille et les vertèbres se rapprochent l’une de l’autre. Ils ne vont plus aussi bien amortir les chocs lorsqu’on fait un mouvement.

Photo : schéma d'un segment rachidien

Discopathie : quelles sont les causes ?© Creative Commons

Crédit : Kaudris — Travail personnel © CC - Licence : https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/

Comment est constitué un disque ?

Réponse du Dr Laurent Grange, rhumatologue :

"Le disque est une articulation située entre deux vertèbres. Il est constitué de 70 à 80 % d’eau, de chondrocytes et d’une matrice au centre. C’est là que se trouve le noyau, plus dense, qui joue le rôle d’un pivot. Autour, un anneau fibreux assure la solidité et la souplesse du disque. Il n’est ni innervé, ni vascularisé. Par contre, à l’arrière, il existe un rideau très innervé juste avant le canal où passe la moelle épinière."

Quels sont les facteurs de risques de la discopathie ?

  • Le manque d’activité physique constitue un facteur de risque, car les muscles sont moins bien soutenus.
  • Une mauvaise posture au travail peut aussi affaiblir les disques.
  • De plus, "une alimentation trop riche peut également jouer un rôle, car l’excès de poids exerce davantage de pression sur les vertèbres", ajoute le spécialiste.
  • Enfin, le tabagisme pourrait avoir un lien avec la maladie du dos.

Discopathie : quelles sont les personnes à risque ?

Les personnes dont les parents souffrent de discopathie ont davantage de risque d’en souffrir à leur tour (facteur génétique). Les personnes qui portent des charges lourdes dans le cadre de leur travail ou qui travaillent courbées sur un écran font également partie des personnes à risque.

Quelle est la durée d'une discopathie ?

"La discopathie dégénérative lombaire est le plus souvent asymptomatique au départ, puis des douleurs aiguës accompagnées de contractures apparaissent et durent quatre à cinq jours, détaille le rhumatologue. C’est le lumbago à la suite d’un faux mouvement par exemple. L’étape d’après est la sciatique qui peut s’étaler sur une plus longue période si le noyau central du disque bombe en arrière et vient irriter la racine en regard. Dans 90% des cas, la discopathie guérit toute seule. Dans les autres, elle peut se transformer en lombalgie chronique." Les douleurs s’étendent alors sur plus de trois mois.

Discopathie : qui, quand consulter ?

"Un mal de dos qui réveille en pleine nuit, surtout s’il est accompagné d’une raideur le matin au réveil doit pousser à consulter un médecin, conseille le Dr Grange. Il peut s’agir d’une pathologie inflammatoire comme la spondyloarthrite ankylosante (atteinte inflammatoire du squelette axial) qui nécessite une prise en charge particulière." Demander conseil à un spécialiste dès les premiers signes de douleurs permet d’éviter que la maladie ne s’installe. "Après six mois, le risque est qu’elle devienne chronique", ajoute-t-il.

Discopathie : quelles sont les complications ?

Le principal risque de complication après la hernie discale (quand un disque intervertébral compresse un nerf) est le syndrome de la queue de cheval. Il se caractérise par une atteinte des racines nerveuses du bas du dos innervant le périnée et peut entraîner des troubles de l’érection chez l’homme et/ou des pertes urinaires ou de selle. L’autre complication de la lombosciatique est le déficit de force musculaire qui doit être rapidement prise en charge (difficulté à étendre les jambes, etc.)

Discopathie : quels sont les examens et analyses ?

Après avoir interrogé le patient, le médecin procède à un examen clinique. Il va évaluer la souplesse du dos et sa mobilité. "Si l’origine est discale, certains gestes comme tousser vont provoquer des poussées douloureuses", explique notre spécialiste. Le diagnostic pourra être complété par une radiographie lombaire si les symptômes persistent après sept semaines d’évolution. « L’IRM ou le scanner ne sont pas utiles dans la plupart des cas », précise le Dr Grange, rhumatologue.

Discopathie : quels sont les traitements ?

Le premier traitement est une activité physique adaptée. Les autres consistent surtout à soulager les symptômes.

Discopathie : quels sont les médicaments contre la douleur ?

Des médicaments antalgiques ou des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peuvent être prescrits pour soulager la douleur lors des poussées.

Discopathie : faut-il porter une ceinture lombaire ou utiliser des dispositifs chauffants ?

Ils ont un effet antalgique. "Contrairement à une croyance populaire, la ceinture lombaire ne fait pas fondre les muscles", précise le médecin. Il recommande aussi les dispositifs chauffants comme les coussins avec des noyaux de cerises.

Discopathie : dans quels cas des séances de kinésithérapies sont-elles nécessaires ?

Les massages permettent de détendre les muscles et de réduire la douleur. La rééducation dynamique aide les muscles à retrouver de leur souplesse et le patient apprend les gestes qui lui permettent de ménager sa colonne vertébrale.

Discopathie : quand les infiltrations de corticoïdes sont-elles nécessaires ?

"Dans le cadre des poussées douloureuses, les infiltrations à la racine du nerf où se trouve l’irritation liée à la hernie issue du disque permettent de soulager le patient", précise le rhumatologue.

Discopathie : quand la chirurgie s'impose-t-elle ?

Elle n’est utilisée qu’en dernier recours lorsque les traitements précédents se sont avérés insuffisants. La chirurgie atténue les douleurs, mais ne les fait pas toujours disparaître totalement surtout si l’indication n’est pas parfaitement posée au départ.

Prévention : comment éviter la discopathie ?

  • Certaines postures à tenir dans la vie quotidienne permettent de limiter les risques. "Quand on est assis en face d’un ordinateur, il faut veiller à avoir l’écran à la hauteur des yeux, à ne pas trop se pencher et à garder les pieds au sol, conseille le rhumatologue. Lorsqu’on se lave les mains, mieux vaut fléchir les jambes que se pencher."
  • Marche, natation, vélo… pour prévenir la discopathie, "l’important est de pratiquer une activité physique régulière en prenant soin de gainer les muscles abdominaux et du dos", conseille le Dr Grange. Cela permet aussi de prévenir le surpoids qui favorise l’apparition d’une discopathie.

Discopathie : quels exercices faire chez soi ?

Certains exercices à faire régulièrement, et en y allant progressivement, permettent d’entretenir son dos et aide à prévenir les rechutes. L’Assurance maladie les a répertoriés sur son site :

  • Pour se relaxer : s’étendre, le dos bien plaqué au sol, les jambes fléchies reposées sur l’assise d’une chaise et croiser les mains derrière la tête.
  • Pour s’assouplir : s’agenouiller, assis sur les talons, le dos enroulé, le front contre le sol et encadré par les coudes, les avant-bras reposant au sol.
  • Pour s’étirer : se mettre à quatre pattes et creuser le dos en relevant la tête sur une inspiration. Ensuite, arrondir le dos en soufflant et en regardant ses genoux. Le but est d’alterner les deux positions d’étirement du dos jusqu’à en ressentir les bienfaits.
  • Pour se renforcer musculairement : s’allonger sur le dos, sur un tapis, les jambes fléchies, les pieds à plat sur le sol, les bras croisés derrière la tête. Puis, ramener les genoux vers les épaules en soufflant. Les mains ne poussent pas la tête en avant, le dos reste collé au sol. Maintenir la position six secondes et alterner avec six secondes de repos.

Sites d’informations et associations

L’association de patient AFLAR met à votre disposition son site et une ligne d’écoute « Allo Mal de Dos » : 0810 44 04 44 (coût d’un appel local).

Association francophone pour vaincre les douleurs (AFVD) : https://www.association-afvd.com/114-clefs-de-dos

"Mal de dos : le bon traitement, c’est le mouvement !", Ameli : https://www.ameli.fr/hauts-de-seine/assure/sante/themes/lombalgie-aigue/traitement-prevention#? (consulté le 13 novembre 2019) 

Sources

La discopathie dégénérative lombaire, Société Française de Chirurgie Rachidienne, Avril 2015. https://www.docteur-emmanuel-braun.com/files/discopathie-degenerative-lombaire-Dr-Emmanuel-Braun-Nancy.pdf (consulté le 13 novembre 2019).