Compléments alimentaires : l’Anses liste leurs dangers dans une nouvelle base de donnéesAdobe Stock
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Les compléments alimentaires sont définis par le Parlement européen comme étant "les denrées alimentaires dont le but est de compléter le régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de nutriments ou d'autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique seuls ou combinés…" (Directive 2002/46/CE du Parlement européen, transposée par le décret n°2006-352 du 20 mars 2006).

Formés à base de plantes, de minéraux ou de vitamines, ils sont souvent perçus comme anodins. Et pourtant, "certains d’entre eux contiennent des plantes médicinales qui peuvent présenter un risque pour la santé, non seulement en raison de leur toxicité propre , mais également en cas d’interactions possibles avec des médicaments, de contre-indications, ou de précautions à prendre chez les enfants ou les femmes enceintes et qui allaitent", explique sur son site Vidal.fr.

Compléments alimentaires : un manque de vigilance chez les consommateurs

Or, les consommateurs ne sont parfois pas avertis des dangers potentiels. "Contrairement aux médicaments, les compléments alimentaires ne comportent pas de notice obligatoire sur laquelle des précisions relatives à la sécurité du produit pourraient être portées à la connaissance des consommateurs", continue Vidal.fr. "Seules quelques informations succinctes, comme l’identité des ingrédients, doivent obligatoirement être mentionnées sur l’étiquetage. De plus, ils ne font que rarement l’objet de conseils aux utilisateurs, qui peuvent ainsi consommer des produits inadaptés à leur état de santé."

Néanmoins, il a été prouvé que leur utilisation était de plus en plus courante. À titre d’exemple, les résultats d’une étude l’Inca (étude individuelle nationale des consommations alimentaires) menée en 2014-2015 démontrent que 22 % des adultes Français consomment des compléments alimentaires, et 14% des enfants.

Des résultats en hausse par rapport à la même étude réalisée en 2006-2007. La consommation de compléments alimentaires a donc doublé entre les deux périodes.

Dangers des compléments alimentaires : une nouvelle base de données disponibles

Jusqu'à aujourd'hui, il était compliqué de pouvoir s’informer au sujet des compléments alimentaires, car les bases de données officielles se font rares. "En Europe, les sources de référence restent les monographies de l’Agence européenne du médicament (EMA) et le site (payant) de l’ESCOP(European Scientific Cooperative on Phytotherapy)", informe Vidal.fr.

Pour y remédier, l’Agence nationale de sécurité de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a publié en avril 2023, une base de données francophone de 118 plantes en s’appuyant sur les données de l’EMA. "L’Anses a analysé et adapté les mentions et restrictions existantes pour les médicaments à base de plantes, en se fondant sur les monographies de l’EMA. Elle les a ensuite transposées aux compléments alimentaires contenant ces mêmes plantes", explique le site de référence des produits de santé. "(...) Cet avis s’accompagne d’une annexe listant l’ensemble des précautions d’emploi, recommandations, contre-indications et interactions médicamenteuses potentielles relatives à 118 plantes médicinales utilisées dans les compléments alimentaires."

Pour faciliter l’accès à ces données, l’Anses a donc créé un tableau accessible en ligne. Destiné aux médecins, aux pharmaciens et aux nutritionnistes, il vise à assurer un meilleur accompagnement des consommateurs de compléments alimentaires.

Quels sont les dangers des compléments alimentaires ?

Si vous ne respectez pas les doses indiquées, ces petits cachets peuvent avoir des effets indésirables parfois graves, comme des allergies sévères ou des atteintes hépatiques potentiellement mortelles. "Pour améliorer la sécurité du consommateur, l’Anses recommande aux fabricants de faire apparaître de manière explicite les éventuelles restrictions d’usage liées à la présence de plantes, dans la notice ou en mention sur l’emballage", signale Vidal.fr.

L'Agence préconise également aux professionnels de santé (...) de davantage se former à la sécurité et à l’usage des plantes contenues dans ces produits. "Il est aussi important de demander systématiquement aux patients s'ils en consomment avant de prescrire ou de délivrer un médicament."

Effets indésirables, coût, faux espoir... : Les autres risques des compléments alimentaires

Géraldine Moïse, professeur agrégé à l’Université du Queensland, en Australie, rappelait auprès de The Conversation en août 2021 que les compléments alimentaires pouvaient avoir d’autres conséquences. On peut notamment citer :

  • Les effets secondaires indésirables : une dose trop importante est souvent en cause, mais pas toujours. Certains compléments sont déconseillés en cas d’allergie, de grossesse, lors de l’allaitement… ;
  • Les interactions médicamenteuses : "les mélanges avec certains traitements peuvent entraîner une toxicité ou diminuer l’efficacité de ces derniers", indique-t-elle ;
  • Le coût
  • Le retard de prescription : "les compléments ne sont pas des médicaments. Mais il arrive que leur prise soit considérée comme suffisante face à un problème de santé, retardant ainsi la consultation médicale et la mise en place d’un traitement effectif" ;
  • La fraude et de faux espoirs
  • Les mélanges inappropriés : "à multiplier les médicaments et les compléments alimentaires, on multiplie les risques d’erreur : surdosage accidentel, effets secondaires inopinés…"

Autrement dit, il est très important de choisir un complément alimentaire dont le dosage est adapté aux besoins. "Il existe un équilibre subtil entre un apport suffisant et un apport excessif. Plus n’est pas toujours mieux", rappelait auprès de Medisite Robert Nahmani, PDG chez Laboratoires BIO-RECHERCHE et diplômé de la Faculté de pharmacie de Paris. "La prise d’une trop grande quantité d’un complément alimentaire peut potentiellement causer des problèmes de santé. Par exemple, une trop grande quantité de vitamine D peut entraîner une condition appelée toxicité de la vitamine D. Cette condition est rare, mais elle est tout de même dangereuse."

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