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Le paracétamol toxique pour le foie

Le paracétamol toxique pour le foie© IstockLe surdosage en paracétamolest la principale cause de développement à court terme de l’insuffisance hépatique. Pour cause, "le paracétamol est une molécule qui après son ingestion est transformée par le foie en un métabolite toxique (N-acétyl p-benzoquinone imine) capable en cas de surdosage de détruire les cellules du foie", explique le Pr Giroud. L’ ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament) a d’ailleurs lancé en août 2018 une consultation publique pour sensibiliser les patients et les professionnels de santé au risque de toxicité pour le foie du paracétamol. L’ANSM souhaite apposer des messages d’avertissements sur les boîtes de médicaments.

Qui est à risque ? Tout le monde.

A quelle dose : au-dessus de 4g par jour de paracétamol pour les adultes*.

Les signes d’alerte : Les premiers symptômes arrivent tardivement (après 24h) et restent assez banals, soit des nausées, des vomissements, un manque d'appétit, des douleurs abdominales. Au bout de 3 jours, on constate de la fatigue, un teint jaune, des migraines, une digestion difficile, des éruptions cutanées.

* ne pas dépasser 5 jours d'automédication aux posologies indiquées.

Le paracétamol dangereux pour les reins

"Une fois ingéré, le paracétamol est transformé par le foie en substances toxiques qui circulent jusqu'aux reins et provoquent des dégâts" explique le Pr Giroud.

Qui est à risque ? Tout le monde.

A quelle dose : au-dessus de 4g par jour de paracétamol pour les adultes*.

Les signes d’alerte: diminution du volume des urines (rarement nul tout de même) au bout de 3 ou 4 jours, nausées, douleurs abdominales et à la palpation des reins, diarrhées, vomissements, puis altération de l'état général avec un amaigrissement, des maux de tête, une confusion mentale, du sang dans les urines, des troubles du rythme cardiaque.

* ne pas dépasser 5 jours d'automédication aux posologies indiquées.

Paracétamol : les médicaments à ne pas mélanger

Paracétamol : les médicaments à ne pas mélanger© IstockDafalgan®, Doliprane®, Dolko®, Efferalgan®, Geluprane®, Actifed Rhume®... Près de 200 médicaments disponibles avec ou sans ordonnance contiennent du paracétamol. Les prendre simultanément expose à des risques de surdosage… donc à de sérieuses complications pour l’organisme (troubles rénaux…).

Ce qu’il faut faire : Regarder sur la boîte les noms des molécules présentes et consulter impérativement la notice avant toute prise. Au moindre doute, demandez conseil à un pharmacien.

Que faire en cas d’intoxication ?

"En cas d'ingestion excessive de paracétamol (dépassement de la dose prescrite, soit 4g par jour), il ne faut surtout pas attendre d'observer des signes pour s'inquiéter car il y a très peu de symptômes pendant les premières 24h. Contactez un centre anti-poison et rendez-vous aux urgences. Il vous sera donné un antidote participant au traitement : la N-acétylcystéine, en injection intraveineuse ou par voie orale, qui protégera le foie. En cas de doute d'intoxication, on donne d'ailleurs automatiquement ce médicament", explique le Pr Giroud. En cas de symptômes d'atteinte hépatique ou rénale, faites rapidement le 15 (Samu).

Posologie à respecter : 4g pour 24 heures maximum chez l'adulte*, en respectant un intervalle de 6 à 8h entre les prises, voire toutes les 4h si besoin. Chaque prise ne devant pas dépasser 1g.

A savoir : Pour réduire le risque de surdosage, l'ANSM a réduit dans les années 1980 le conditionnement des antidouleurs à base de paracétamol pour qu'ils ne dépassent pas la dose de 8g par boîte.

* C'est la limite à ne pas dépasser.

Des risques d’hypertension ?

Des risques d’hypertension ?© IstockCertaines études ont montré que la prise excessive de paracétamol pouvait entraîner :

- une augmentation de la pression artérielle. Une étude américaine a mis en évidence un lien entre l'hypertension et ce médicament pris quotidiennement (500mg) sur plusieurs mois. Une étude plus récente tend, quant à elle, à démontrer que la prise du médicament pourrait entraîner une baisse de la tension artérielle. Le phénomène reste mal documenté.

- des risques pour le fœtus chez les femmes enceintes. Deux études menées auprès de 2300 femmes en 2012 montrent que prendre des antalgiques pendant la grossesse de façon prolongée*, dont le paracétamol, pourrait augmenter les risques de troubles de la fertilité chez le fœtus mâle. Certaines de ces femmes ayant donné naissance à des garçons atteints de cryptorchidie (mauvaise descente des testicules augmentant le risque d'infertilité et de cancer du testicule à l'âge adulte). Des effets sur les cellules reproductrices ont également été mis en lumière par une étude menée en 2016.

Ne vous alarmez pas : le paracétamol, dans les conditions normales d'utilisation, est préconisé pendant la grossesse.

* sur plusieurs semaines à des doses élevées (sans dépassement)

Paracétamol : quand est-il contre-indiqué ?

Paracétamol : quand est-il contre-indiqué ?© IstockLe paracétamol n’a pas de contre-indication excepté pour les personnes qui sont allergiques à cette molécule bien sûr. Par contre, il doit pris avec précaution dans certains cas. Par exemple quand le foie est déjà abîmé (alcoolisme, atteinte hépatique, dénutrition, insuffisance rénale) ou "fatigué" (chez les personnes de plus de 65 ans, le foie a plus de difficultés à évacuer les toxines générées par le paracétamol). Il faut alors diviser les doses par deux soit 2g par 24h maximum.

Attention : Certains médicaments peuvent augmenter la toxicité des antidouleurs, notamment les inducteurs enzymatiques comme la carbazépine (Tegretol®), phénytoïne (Di-Hydan®), phénobarbital Gardenal®), rivanpicine (Rifadine®), millepertuis (Mildac® ou ProSoft®)...

En cas de doute, demandez conseil à un pharmacien ou à votre médecin traitant.

Sources

- Etude sur le paracétamol et l'hypertension John Forman du Brigham and Women’s Hospital et de la Harvard Medical School à Boston, 2005.

- Acetaminophen-Induced Changes in Systemic Blood Pressure in Critically Ill Patients: Results of a Multicenter Cohort Study. Cantais A, Schnell D, Vincent F, Hammouda Z, Perinel S, Balichard S, Abroug F, Zeni F, Meziani F, Bornstain C, Darmon M. Crit Care Med. 2016 Dec;44(12):2192-2198.

Intrauterine exposure to mild analgesics is a risk factor for development of male reproductive disorders in human and rat – David Mobjerg Kristensen, Ulla Hass, Laurianne Lesné, Grete Lottrup... 2010. Etude parue dans la revue Human Reproduction. 

- Effects of Exposure to Acetaminophen and Ibuprofen on Fetal Germ Cell Development in Both Sexes in Rodent and Human Using Multiple Experimental Systems Pablo Hurtado-Gonzalez, Richard A. Anderson, Joni Macdonald, Sander van den Driesche, Karen R. Kilcoyne, Anne Jørgensen, Chris McKinnell, Sheila Macpherson, Richard M. Sharpe, Rod T Mitchell Published 2018 in Environmental health perspectives DOI:10.1289/EHP2307

Remerciements au Pr Jean-Paul Giroud, pharmacologue clinicien, auteur de l'ouvrage Médicaments sans ordonnance, les bons et les mauvais ! aux éditions de La Martinière. Aucun lien avec l'industrie pharmaceutique. 

Vidéo : Pourquoi le paracétamol peut être dangereux ?

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