Handicap : “Il n’existe pas une seule sexualité”Adobe Stock
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"Il y a autant de sexualités qu’il y d'individus dans le monde"

C’est quoi, “Mon Parcours Handicap” ?

Mon parcours handicap a été lancé en mai 2020 par la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie et la Caisse des dépôts. Une mission d’information a été confiée à Adrien Taquet [secrétaire d'État chargé de la protection de l'enfance, NDLR] et à Jean-François Serres [membre du Conseil économique, social et environnemental, NDLR]. Cette mission visait à rendre plus facile la vie des personnes en situation de handicap. Des personnes en situation de handicap ont été auditionnées et nous ont dit qu’il faudrait créer un site Internet 100% accessible, référencé, avec de l'information fiable.

Pourquoi avoir lancé une rubrique destinée à la sexualité ?

Cette nouvelle rubrique sur la vie intime, le consentement et la parentalité sera bientôt complétée par une autre rubrique sur la lutte contre les violences sexuelles. Elle est construite en collaboration avec les personnes en situation de handicap. Elle est également testée avec elles. Attention : ce n'est pas une rubrique sur la sexualité des personnes handicapées, ça n'existe pas ! Il y a autant de sexualités qu’il y d'individus dans le monde. Par contre, il y a des freins au droit à la santé sexuelle pour les personnes en situation de handicap, et c'est là-dessus que porte cette rubrique. Il faut que les personnes concernées aient des outils et de l'information, qu’elles puissent aussi dire non, qu’elles puissent revendiquer leurs droits. Cette rubrique vise également à informer les professionnels, puisque tout un chacun peut s'y rendre et trouver des renseignements. Cela peut donc servir aux sages-femmes, aux gynécologues, aux travailleurs sociaux… Et aux familles, qui ont beaucoup de questions.

“Il faut déconstruire les représentations”

Comment est venue l’idée de cette rubrique ?

Il y a eu un choc en 2019 au moment du Grenelle des violences faites aux femmes. Les associations nous ont alertés : on ne prend pas en compte les femmes en situation de handicap victimes de violences sexuelles, qui passent sous les radars alors qu'elles sont deux fois plus nombreuses. Un groupe de travail a été constitué avec, en majorité, des femmes en situation de handicap. On a compris qu’il y avait des priorités en termes de politiques publiques. La première chose que ces femmes nous ont dites, c’est : “Il faut donner de l'information et il faut déconstruire les représentations.”

Cette rubrique aborde également le sujet du consentement.

On s'est aperçu qu’il faut vraiment travailler sur la situation de dépendance à autrui. Quand vous avez été habitué dès votre plus jeune âge à être lavé, nourri, etc, par des professionnels et des membres de votre famille sans que votre consentement soit demandé, à un moment donné, vous n’êtes pas construit, en droit, avec un corps. Il est alors difficile pour la personne de conscientiser la violence sexuelle et de s'y opposer. Le but de cette rubrique, c’est de pouvoir se dire : “Je suis un sujet de droit, donc j'ai le droit de choisir ma contraception et j'ai le droit au consentement.”

"Certains gynécologues refusent de retirer un stérilet à une femme handicapée"

Cette rubrique s’adresse également aux couples, avec de la sexo.

Il fallait d'abord une rubrique joyeuse, une rubrique du plaisir. On voulait parler de plaisir solitaire, de plaisir avec les autres, du plaisir de la rencontre. C’est un sujet tabou : j'entends beaucoup de choses dans les établissements et services. Quand je dis aux personnes qui travaillent là-bas : “Elles ont le droit à l'intimité et à une vie sexuelle”, on me dit que ce serait la cerise sur le gâteau. Au secours ! Heureusement, une minorité des personnes handicapées sont en établissement et vivent comme tout un chacun à leur domicile. Mais elles rencontrent des difficultés au quotidien pour aller voir des gynécologues, par exemple, pour avoir un suivi médical. Et quand elles décident d'avoir un enfant, je préfère vous dire que les témoignages sont assez durs. Il y a encore des gynécologues qui refusent de retirer un stérilet à une femme handicapée.

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