Ajouter du sel à son assiette, une habitude à risque de diabète de type 2Adobe Stock
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Vous faites partie de ces inconditionnels de la salière, toujours premier à rajouter du sel de table à vos plats. Vous êtes loin d’être un cas isolé. Tout comme le sucre, les Français ont tendance à avoir la main trop lourde sur le sel. Cette consommation excessive de sel est documentée : selon le Programme National Nutrition Santé (PNNS), 9 adultes sur 10 mangent trop de sel et dépassent allègrement les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui fixe cette limite à 5 g de sel par jour. Pour les enfants, le plafond à ne pas dépasser est estimé à 2 g de sel par jour.

Consommer du sel est bon pour la santé dans une certaine mesure : le sodium, puisé notamment dans l’alimentation (dans le sel de table, le chlorure de sodium et via d’autres condiments comme le glutamate de sodium), remplit plusieurs fonctions dans l’organisme. Il participe notamment au bon équilibre hydrique entre l’intérieur et l’extérieur des cellules, et intervient dans les transmissions nerveuses et les contractions musculaires, rappelle l’Agence Nationale Sécurité Sanitaire Alimentaire Nationale (anses).

Manger trop salé : les risques santé

Mais quand le sel est consommé en trop grandes quantités, la balance bénéfice-risque lié à ce nutriment essentiel penche du mauvais côté, empoisonnant la santé : la consommation excessive de sel est associée à un risque accru de maladies cardiovasculaires, notamment d'accident vasculaire cérébral, d’hypertension artérielle, de cancer de l’estomac, et de décès prématuré.

"Une alimentation déséquilibrée est l’une des principales causes de décès et de maladie dans le monde, et la consommation excessive de sodium l’une des principales coupables", s’alarmait le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS.

Sel : réduire sa consommation de 30 % d’ici à 2025

Cette mise en garde de l’OMS intervenait en réaction à la publication d’un premier rapport de l’institution sur le sujet. Celui-ci appelait les Etats à renforcer leurs efforts pour réduire la consommation de sodium de leur population, alors que l’objectif de réduire l’apport en sodium de 30 % d’ici à 2025 est encore loin d’être atteint.

Resaler ses plats : un risque de diabète de type 2

La parution d’une nouvelle étude de l'université de Tulane (Nouvelle-Orléans, Etats-Unis) devrait convaincre les plus récalcitrants de se détourner de la salière à table. Publiée dans la revue Mayo Clinic Proceedings, ces travaux mettent en garde contre le réflexe d’ajouter systématiquement du sel à ses aliments à table.

Ce geste serait associé à un risque accru de développer un diabète de type 2, selon les chercheurs américains qui ont examiné les habitudes de consommation de sel d’un panel de 400 000 adultes inscrits à la UK Biobank sur leur consommation de sel.

A l’issue de la période de suivi de 11,8 années, plus de 13 000 cas de diabète de type 2 ont été relevés chez les participants. Il s’est avéré que la consommation de sel en quantité était corrélée à un risque plus important de diabète de type 2.

Le risque de diabète de type 2 corrélé à l’ajout de sel

Par rapport à ceux qui ne consommaient "jamais" ou "rarement" du sel, les caux qui ajoutaient "parfois", "habituellement" ou "toujours" du sel à leurs aliments présentaient ainsi respectivement un risque accru de 13 %, 20 % et 39 % de développer un diabète de type 2.

Une raison supplémentaire de ranger la salière, selon les chercheurs : "Nous savons déjà que la limitation du sel peut réduire le risque de maladies cardiovasculaires et d'hypertension, mais cette étude montre pour la première fois que la suppression de la salière peut également contribuer à prévenir le diabète de type 2", a réagi l'auteur principal, le Dr Lu Qi, titulaire de la chaire HCA Regents Distinguished et professeur à l'École de santé publique et de médecine tropicale de l'Université de Tulane, dans un communiqué.

Le sel inciterait à manger plus

Cette relation négative relevée entre la consommation élevée de sel et le risque de diabète de type 2, un facteur de risque cardiovasculaire, n’est pas clairement expliqué dans l’étude. Si les chercheurs estiment que de plus amples travaux sont nécessaires pour éclaircir les raisons de cette corrélation, ils émettent toutefois une hypothèse : selon le Dr Lu Qi, le sel inciterait à manger en plus grande quantité, rendant plus vulnérables à certains facteurs de risque comme l'obésité et l'inflammation. Une supposition étayée par un autre constat fait par les chercheurs au cours de l’étude : un lien a été observé entre la consommation fréquente de sel, l’IMC (indice de masse corporelle) et un rapport taille-hanche plus élevés.

Cette étude fournit un argument supplémentaire pour se défaire du réflexe de saler son assiette selon les chercheurs : "Ce n'est pas un changement difficile à faire, mais il pourrait avoir un impact considérable sur votre santé", assure le Dr Lu Qi.

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