portrait of middle-aged blond woman having a migraineAdobe Stock
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Souvent confondue avec un simple mal de tête sans conséquence, la migraine est une vraie maladie. Classée comme la deuxième cause de handicap dans le monde par l’Organisation mondiale de la Santé, elle représente la deuxième maladie invalidante chez la femme de moins de 50 ans. Cette maladie neurologique se définit par "la répétition de crises migraineuses avec entre elles, des intervalles de temps au cours desquels la personne ne présente aucun symptôme", selon l’assurance maladie.

Migraine : une maladie très répandue

En France la prévalence de la migraine est largement sous-estimée : 60 % des Français interrogés pensent qu’elle concerne entre 1 million et moins de 5 millions de personnes en France, alors qu’elle touche en réalité 11 millions de Français (12% de la population adulte), toujours selon ameli.fr.
En raison des fluctuations hormonales, la migraine touche deux à trois fois plus les femmes que les hommes et elle peut démarrer dès l’âge de 14 ans.

Largement sous-estimée et minimisée, la migraine surgit sous formes de crises répétées de maux de têtes intenses (céphalées) qui peuvent être de deux types : des crises migraineuses avec aura ou sans aura, c’est-à-dire, accompagnées ou précédées de troubles neurologiques transitoires (visuels, sensitifs, moteurs).

Migraine : les facteurs déclencheurs de crises

Si la cause de la migraine est en partie génétique, certains facteurs peuvent déclencher une crise : "Le migraineux est plus sensible qu’un autre au changement, observe le Dr Jérôme Mawet, neurologue à l’Hôpital Lariboisière à Paris – premier Centre d’Urgence des Céphalées (CUC) Un changement de rythme de vie, comme un manque ou un excès de sommeil, plus ou moins de sommeil, ou l’exposition au stress, des facteurs hormonaux, la consommation de certains aliments ou excitants comme l’alcool ou le café [ou des repas trop copieux], des facteurs sensoriels comme les odeurs ou les bruits" ou des lumières clignotantes, ou encore des conditions météorologiques (chute brutale de la pression atmosphérique) peuvent être à l’origine du déclenchement d’une crise migraineuse.

Migraine : un fardeau dans tous les pans du quotidien

"Une seule crise peut impacter le migraineux pendant une semaine", témoigne Sabine Debremaeker, fondatrice et présidente de l’association de patients La Voix des migraineux.

Bien que souvent minimisée, la douleur ressentie par le patient migraineux peut être intense et insupportable. "C’est comme si on recevait des coups de marteaux sur la tête. Lorsqu’on est en crise migraineuse, le fait de se baisser, de bouger, d’être dans une pièce lumineuse et dans le bruit aggrave la douleur. On est dans la survie. Et même après la crise, il faut un temps de récupération car la fatigue et les courbatures restent intenses".

La banalisation de la migraine dans la société masque une réalité toute autre pour le patient, qui paye souvent un lourd tribut dans son quotidien. Car les retentissements de la maladie ne se limitent pas aux symptômes. Ils altèrent la vie professionnelle, privée mais aussi financière des concernés, comme l’illustre deux enquêtes de La Voix des migraineux menées en 2022. 70 % des patients interrogés ont déclaré avoir perdu plus de 21 jours de productivité au cours des 3 derniers mois. Un migraineux sur deux a manqué au moins un jour de travail sur les trois derniers mois. "Un migraineux sur 3 se met en danger en conduisant pour aller travailler les jours de crise", observe Sabine Debremaeker.

Un impact quotidien invisibilisé

La peur d’être sujet à une crise est omniprésente au quotidien : un malade sur deux déclare partir chaque matin au travail en craignant une crise.

Cette maladie s’immisce dans le quotidien des patients fragilisés, parfois incapables de mener certaines activités quotidiennes (activités sociales, familiales, hobbies, tâches ménagères) et une vie "normale".

"On parle beaucoup de la douleur de la migraine mais pratiquement jamais du tsunami des émotions généré par la migraine, déplore encore la présidente de l’association La voix des migraineux. Elle peut nous rendre irritable, ou émotif, très déprimé. Elle déstabilise car on perd le contrôle et elle déstabilise aussi l’entourage, pouvant créer des conflits". Ce raz-de-marée dévastateur laisse parfois des séquelles sur la psyché : la moitié des patients migraineux sévères souffrent ou ont souffert d’anxiété et ou de dépression.

Migraine : un manque de considération qui perturbe la prise en charge

A l’heure où l’insécurité financière occupe les esprits des Français, le coût financier de la migraine accroît un peu plus la vulnérabilité des patients. Ceux-ci dépensent en moyenne entre 133,7€ et 150€ par trimestre non pris en charge par la sécurité sociale pour la gestion de leur maladie, en raison des dépassements d’honoraires, des recours aux médecines alternatives ou au coût des transports pour se rendre aux rendez-vous médicaux. Sans compter les pertes de revenus liées aux jours de travail manqués par les patients lors des crises migraineuses.

Le constat est équivoque : l’impact de la migraine accable les patients qui traînent un sentiment d’impuissance face au peu de crédit accordé à leur maladie.

Invisibilisée en société, la migraine est parfois aussi passée au second plan dans les cabinets des médecins. "Il y a un vrai mythe d’incurabilité autour de la migraine. Elle est souvent abordée en second plan, ou en toute fin de consultation à la porte du cabinet. Pourtant, c’est une pathologie qui nécessite une consultation dédiée. La prise en charge de la migraine évolue et de nouvelles options thérapeutiques sont disponibles, il est donc clé d’ouvrir le dialogue avec son médecin si l’on est concerné", insiste le Dr Valentin Raclot, médecin généraliste à Dijon et propriétaire de la base céphaléeclic.

Migraine : la nécessité d’une consultation médicale dédiée

Actuellement, moins de 20 % des malades bénéficieraient d’un véritable suivi médical. "La prise en charge d’une personne migraineuse peut être un vrai parcours du combattant, renchérit le Dr Jérôme Mawet. Parfois contraints de tester plusieurs approches thérapeutiques différentes pour soulager leurs douleurs, les patients vont considérer la maladie comme une fatalité. Pourtant des solutions existent pour gérer la migraine, essayer de limiter son impact, et éviter qu’elle ne devienne chronique".

Selon ces experts, 90 % des malades pourraient être pris en charge par un médecin généraliste sous réserve d’une prise en charge thérapeutique adaptée. L’enjeu pour le patient étant de limiter la sévérité des crises migraineuses et leur durée, puisqu’aucun traitement curatif n’existe à ce jour.

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