Ménopause : le stress et l’insomnie exposent au risque d'arythmieAdobe Stock
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La ménopause, cette période délicate dans la vie d’une femme est caractérisée par l’arrêt progressif de la production ovarienne (oestrogènes). Cette transition est vécue par beaucoup comme une véritable mue, une transformation physique et psychique qui s’opère dans la vie des concernées. Le passage de la ménopause est plus ou moins bien vécu, selon l’intensité des symptômes rencontrés, mais aussi selon la capacité pour celle qui en souffre à les exprimer, à les soulager et, si besoin, à se faire accompagner par un professionnel de santé.

En plus de manifestations visibles possibles, comme la prise de poids (liée à un ralentissement du métabolisme et une fonte de la masse musculaire au profit des tissus adipeux), les bouffées de chaleur, la sécheresse cutanée, certaines femmes peuvent présenter, en raison des chamboulements hormonaux, une plus grande perméabilité au stress. Elles peuvent aussi constater une volatilité de leur humeur (se sentir plus déprimées, plus irritables), éprouver une plus grande fatigue et rencontrer des difficultés de sommeil (insomnies, troubles d’endormissement, réveils nocturnes).

Ménopause : les répercussions possibles sur la santé à long terme

Certains symptômes durent plusieurs années avant de revenir à la normale. Mais d’autres troubles peuvent s’installer progressivement et, parfois, nécessiter un suivi médical. Parmi ceux-là, des troubles génito-urinaires (sécheresse de la vulve et du vagin, fuites urinaires, cystites à répétition, prolapsus génito-urinaire) ou d’ordre sexuels (baisse de libido, douleurs lors des rapports sexuels appelés dyspareunie), peuvent survenir. On sait également que la baisse de production des hormones sexuelles accélère le vieillissement de la peau qui perd en souplesse et se relâche, favorisant les rides.

Le système pileux se trouve perturbé, ce qui peut provoquer une chute de cheveux accrue ou à l’inverse une pilosité excessive, rappelle ameli. Le squelette également subit des changements, accusant une fragilité accrue des tissus osseux, moins denses, à risque d’ostéoporose et de fracture.

Ménopause : une plus grande vulnérabilité cardiovasculaire

La ménopause apporte également son lot de changements sur le plan cardiovasculaire. Le risque cardiovasculaire a tendance à augmenter, car les hormones sexuelles ne jouent plus leur rôle de barrière protectrice. De plus certains facteurs liés au mode de vie comme le surpoids, la sédentarité et l’inactivité, ou encore le tabac peuvent s’ajouter à cette plus grande vulnérabilité.

Une nouvelle étude, publiée le 30 août dans la revue Journal of The American heart association, met en avant un risque cardiaque en particulier : la fibrillation auriculaire. L’American Heart association révèle qu’après la ménopause, une femme sur quatre peut développer une fibrillation auriculaire, ces rythmes cardiaques irréguliers.

La fibrillation auriculaire (ou fibrillation atriale) est un trouble cardiaque fréquent qui se traduit par une accélération importante du rythme de contraction des oreillettes de 300 à 500 battements par minute, explique le dictionnaire Vidal. Ce trouble cardiaque tend à augmenter avec le vieillissement (elle est multipliée par 20 entre 40 et 80 ans).

Les événements stressants de la vie, un risque de fibrillation auriculaire

L’étude américaine, qui a porté sur plus de 83 000 femmes âgées de 50 à 79 ans, montre que plus de 25 % d'entre elles ont présenté un risque de fibrillation auriculaire.

Le stress et l’insomnie se sont nettement distingués parmi les facteurs associés au risque de développer ce trouble cardiaque.

Pour observer cette association étroite entre fibrillation auriculaire et ces deux symptômes, les chercheurs ont examiné les données de questionnaires d’un panel de femmes qui participaient à la Women's Health Initiative, une grande étude américaine.

Les volontaires ont répondu à un ensemble de questions portant sur les événements stressants de leur vie (perte d’un être cher, maladie, divorce, situation financière, violences conjugales, verbales ou physiques), leur sentiment d'optimisme, le soutien social et leurs habitudes de sommeil.
Sur ces dernières, elles ont précisé si elles avaient des difficultés à s'endormir, si elles se réveillaient plusieurs fois pendant la nuit et si elles estimaient que leur sommeil était de qualité.

Après une dizaine d’années de suivi, l’analyse a mis en évidence qu’environ 25 % des femmes, soit 23 954, ont développé une fibrillation auriculaire. "Pour chaque point supplémentaire sur l'échelle de l'insomnie, la probabilité de développer une fibrillation auriculaire augmentait de 4 %", précise l’étude dans un communiqué. Une tendance similaire a été observée pour chaque point supplémentaire sur l'échelle des événements stressants de la vie, avec une probabilité de souffrir de fibrillation auriculaire accrue de 2%.

Stress, sommeil… Un cercle vicieux pour le cerveau et le coeur

Pour les auteurs de l’étude, cette relation n’a rien de surprenante. "Le lien entre le cœur et le cerveau a été établi depuis longtemps dans de nombreuses conditions", a réagi le docteur Susan Zhao, cardiologue au Santa Clara Valley Medical Center de San Jose, en Californie. "La fibrillation auriculaire est une maladie du système de conduction électrique (…) sujette à des changements hormonaux, résultant du stress et d'un sommeil insuffisant. Ces voies communes sont probablement à l'origine de l'association entre le stress et l'insomnie et la fibrillation auriculaire".

L’étude souligne également le cercle vicieux induit par le stress et le manque de sommeil. Puisque ceux-ci ruisselaient sur le bien-être global en inspirant d’autres sentiments négatifs chez les femmes concernées telles que la dépression, l'anxiété ou le sentiment d'être dépassé par les circonstances.

Pour le Dr Zhao, ces observations, qu’elle constate empiriquement dans son cabinet de cardiologie, devraient encourager à mieux prendre en compte la psyché et l’évaluation du bien-être mental des femmes à la ménopause dans les examens de santé physique.

"Dans mon cabinet de cardiologie générale, je vois de nombreuses femmes ménopausées en parfaite santé physique qui souffrent d'un sommeil insuffisant et de sentiments ou d'expériences psychologiques négatifs, ce qui, nous le savons maintenant, peut les exposer au risque de développer une fibrillation auriculaire", constate-t-elle, avant de conclure. "Je suis fermement convaincue qu'en plus de l'âge, des facteurs de risque génétiques et d'autres facteurs de risque liés à la santé cardiaque, les facteurs psychosociaux sont la pièce manquante du puzzle de la genèse de la fibrillation auriculaire".

Fibrillation auriculaire : un risque d’AVC

La portée de cette étude est d’autant plus importante que la fibrillation auriculaire surexpose à un ensemble de complications cardiaques. Cette arythmie diminue l’efficacité des oreillettes, faisant stagner le sang dans celles-ci, au risque de favoriser des caillots sanguins. Ceux-ci peuvent boucher les artères est exposer au risque d’accident vasculaire cérébral (AVC).
En France, un quart des 130 000 AVC diagnostiqués chaque année sont causés par une fibrillation auriculaire, souligne le Vidal. D’autres complications cardiovasculaires peuvent être liés à cette arythmie, comme l’insuffisance cardiaque.

Sources

https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/JAHA.123.030030

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