Définition : qu'est-ce que le vitiligo ?

Le vitiligo est une affection de la peau qui se caractérise par l’apparition de taches blanches sur l'épiderme : généralement sur les pieds, les mains, le visage et les lèvres. Cette dépigmentation de la peau peut cependant apparaître sur n’importe quelle partie du corps. Les taches sont causées par la disparition de mélanocytes (les cellules responsables de la pigmentation de la peau). C’est une pathologie cutanée fréquente et bénigne physiologiquement. 

Cette "décoloration" peut être plus ou moins importante. Parfois, des poils ou des cheveux poussent à l’intérieur des zones dépigmentées (eux aussi sont blancs).

Le vitiligo est une maladie dont les symptômes sont gênants sur le plan esthétique. S'il n’est ni douloureux ni contagieux, il est parfois minimisé. Or cette maladie a un impact négatif sur la qualité de vie du patient.

Les personnes qui ont une peau foncée en souffrent tout particulièrement. La mannequin Winnie Harlow a mis en avant sa pathologie en décidant d’en faire une force. Elle s’est servie des réseaux sociaux pour dédramatiser son vitiligo et, peut-être, aider certains patients à accepter leur pathologie.

La pathologie peut se présenter sous deux formes :

  • La forme non segmentaire

Il s’agit de la forme la plus courante. Avec celle-ci, l’intégralité du corps peut être touchée. Généralement, elle commence par l’apparition d’une simple tache blanche qui évolue au fil du temps. Les visages, les mains et les pieds sont les zones qui sont touchées les premières. Par la suite, les lésions se développent de manière bilatérale et symétrique. Parfois, des démangeaisons précédent l’apparition de nouvelles taches.

Dans les formes généralisées sont inclues le vitiligo vulgaire et le vitiligo universalis.

Le vitiligo vulgaire est la forme la plus fréquente (près de 90 % des cas). Les plaques sont dispersées et souvent bilatérales et symétriques. L’extension est imprévisible et généralement en poussées. Trois stades évolutifs sont décrits pour ce type.

Le vitiligo universalis touche la quasi-totalité du corps.

  • La forme segmentaire

Il s’agit de la forme la moins fréquente qui se caractérise par une dépigmentation sur un seul côté du corps, dans une zone bien délimitée.

Les formes localisées sont le vitiligo focal, le vitiligo segmentaire et le vitiligo muqueux.

Le vitiligo focal ne touche qu’une petite surface de la peau.

Le vitiligo segmentaire est une dépigmentation unilatérale qui correspond à un territoire d’innervation. Le territoire de peau innervé par un nerf donné s’appelle dermatome. Le vitiligo segmentaire peut se voir sur n’importe quelle partie du corps où il demeure unilatéral.

Le vitiligo muqueux ne touche que les muqueuses (lèvres, organes génitaux …)

Photo : une personne atteinte de vitiligo

La pathologie peut se présenter sous deux formes :© Creative Commons

© CC James Heilman, MD, 31 mars 2015 - Licence : https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.en

Journée mondiale du vitiligo 

Le 25 juin. C'est la date qui a été choisie pour représenter cette maladie. Elle a été voulue par les fans du chanteur Michael Jackson, lui-même atteint de vitiligo. 

Durant cette journée sont organisées des moments de rencontres et d'échanges, à travers la France. Des volontaires et des bénévoles organisent ces événements dans les grandes villes. L'idée est de se rencontrer et d'échanger autour de la pathologie parfois peu ou mal connue. Les malades sont invités à échanger, mais également ceux qui ne connaissent pas cette dermatose

Les participants sont invités à porter un signe distinctif : ballon blanc, vêtements ou accessoires de cette même couleur.

 

Chiffres : quelle est la prévalence du vitiligo ?

Le vitiligo touche environ 1 à 2 % de la population en Europe. En France, ce sont entre de la population. Le risque de transmission héréditaire est évalué à 30 %. Le vitiligo est fréquemment associé à d’autres affections dermatologiques (psoriasis, pelade) et à des affections non dermatologiques (affections thyroïdiennes). 

De plus, 15 à 20 % de personnes atteintes souffrent aussi d’une maladie de la thyroïde d’origine auto-immune.

Photo : la pop star Michael Jackson atteinte de vitiligo

Chiffres : quelle est la prévalence du vitiligo ?© Creative Commons

© CC Georges Biard - Licence : https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/

Quels sont les symptômes du vitiligo ?

Les symptômes du vitiligo sont facilement reconnaissables, il s’agit :

  • d’une dépigmentation de la peau localisée. Elle peut être limitée à une petite zone ou se diffuser sur une grande majorité du corps ;
  • d’une dépigmentation prématurée des cheveux, des sourcils, de la barbe ou d’autres poils.

Quelles sont les causes du vitiligo ?

Les causes de cette maladie sont assez peu connues. On sait toutefois que l’apparition des taches blanches sur la peau est due à la destruction des mélanocytes, les cellules qui produisent de la mélanine. Une fois ces cellules détruites, la peau devient totalement blanche. Il existe plusieurs hypothèses qui pourraient expliquer les causes du vitiligo. Il s’agit très certainement d’une maladie ayant des origines à la fois génétiques, environnementales et auto-immunes.

  • Hypothèse auto-immune

Il s’agit d’une maladie à forte composante auto-immune. C’est-à-dire que les personnes atteintes de vitiligo produisent des anticorps qui vont s’attaquer directement aux mélanocytes. Cela contribue à les détruire. Par ailleurs, le vitiligo est souvent associé à d’autres maladies auto-immunes comme les troubles de la thyroïde. Cette hypothèse laisse supposer l’existence d’autres mécanismes communs.

  • Hypothèse familiale

Le vitiligo est également lié à des facteurs génétiques : dans 30 % des cas, la maladie provient d’une famille où une autre personne est également atteinte. Au moins dix gènes sont impliqués comme l’ont démontré certaines études.

  • Hypothèse nerveuse

Le vitiligo, s'il est segmentaire, se traduit par une dépigmentation d’une zone délimitée, correspondant à la zone innervée par un nerf donné. Pour cette raison, des chercheurs ont pensé que la dépigmentation pouvait être liée à la libération de composés chimiques par les extrémités des nerfs qui diminueraient la production de mélanine.

Quels sont les facteurs de risques du vitiligo ?

Certaines apparitions de taches se font à la suite d’un traumatisme psychoaffectif ou physique.

Les personnes qui présentent une maladie auto-immune (hypothyroïdie, diabète de type 1) ont un risque plus élevé que les autres de développer ce type de maladie.

Il existe également une part d’hérédité. Même si dans la plupart des cas, le vitiligo survient de façon isolée et n’a pas été transmis par l’un des parents, dans 30 % des cas, le vitiligo provient d’une famille, où une autre personne est également atteinte. Le phénomène de dépigmentation ne semble pas être une maladie héréditaire. En revanche, la prédisposition à développer un vitiligo face à certains facteurs de l’environnement serait transmissible par toutes les formes de vitiligo.

Dentifrice, teinture... certains produits chimiques augmentent le risque

Une nouvelle étude, dirigée par Nehla Rmadi, du service des maladies du travail et de la santé du CHU Hedi Chaker de l'Université de Sfax en Tunisie, a permis d'identifier certains produits chimiques - les phénols et catéchols - comme facteurs de risque. En effet, ils multiplieraient le risque de vitiligo par 4 selon la recherche publiée dans le Libyan Journal of Medicine.

Pour mener cette étude, les scientifiques se sont basés sur un échantillon de 46 patients et 92 témoins. Ils ont tenu compte de leur âge, sexe, origine, des éventuelles expositions chimiques, de leur résidence et de leurs antécédents.

Résultat, l'utilisation de produits chimiques composés de phénols et catéchols constituaient un facteur de risque de vitiligo. Certains dentifricescolorés et des teintures pour cheveux peuvent avoir un impact. Une résidence proche de la pollution serait également un facteur de risque. L'équipe a également ajouté que les patients ayant des antécédents répétés d'utilisation d'antibiotiques multipliaient leurs risques de vitiligo par 5.

Vitiligo : y a-t-il des personnes à risque ?

Le vitiligo touche aussi bien l’homme que la femme. Il peut apparaître à n’importe quel âge, cependant dans plus de la moitié des cas, il se déclare entre l’âge de dix et vingt ans. Il est fréquent dans l’enfance et beaucoup plus rare chez un sujet âgé.

Sans distinction de couleur de peau, le vitiligo peut toucher tout le monde.

Durée : combien de temps dure le vitiligo ?

Le vitiligo est impossible à soigner. Les apparitions de taches se font par poussées au cours de la vie du patient.

Contagion : le vitiligo est-il contagieux ?

Il n’existe aucun risque de contagion.

Qui, quand consulter pour le vitiligo ?

En cas de soupçon, mieux vaut aller consulter chez un dermatologue. Ce médecin pourra alors poser rapidement un diagnostic et proposer une marche à suivre pour la suite. Différents traitements existent, même si le vitiligo ne se soigne pas définitivement.

Quelles sont les complications du vitiligo ?

Les complications du vitiligo se jouent sur le plan esthétique qui peut être important. Cette pathologie n’a pas d’incidence sur l’organique à long terme, en dehors des cas où il est associé à d’autres maladies auto-immunes qui évoluent pour leur propre compte. L’autonomie et le pronostic vital ne sont pas compromis par le vitiligo.

Cependant, on peut noter certaines conséquences psychologiques. Cette maladie évolue à un rythme qu’il est difficile d’anticiper. La tache peut s’arrêter ou s’étendre sans que les médecins sachent pourquoi. Le vitiligo peut évoluer par poussées, les aggravations survenant généralement à la suite d’un déclencheur psychologique ou physique.

Très rarement, il arrive que les taches liées au vitiligo disparaissent d’elles-mêmes. En dehors d’un aspect physique ou psychologie, le vitiligo n’est pas une maladie grave.

Un risque plus grand de développer un cancer de la peau

Certaines personnes ont cependant un risque plus grand de développer un cancer de la peau. En effet, les taches blanches qui sont sur le corps du patient ne filtrent plus les rayons du soleil. Lors des expositions au soleil, le patient doit alors mettre de l’écran total, et ce, assez régulièrement.

Ces patients ont également un risque de souffrir d’autres maladies auto-immunes. Il est à noter que ce n’est pas le cas pour les personnes qui souffrent d’un vitiligo segmentaire.

Quels examens et analyses en cas de vitiligo ?

Le diagnostic du vitiligo est clinique. Le médecin établi un examen minutieux. Il n’existe aucun critère biologique spécifique. L’examen en lumière de Wood permet de mieux observer les taches et surtout de vérifier si le déficit mégalocytaire est partiel ou total. Parfois, une biopsie cutanée peut être utile pour le différencier d’autres lésions associées à une anomalie de la coloration de la peau. Cette biopsie montre une absence de pigment mélanique et de mélanocytes dans la peau lésionnelle. Généralement, cette biopsie n’est pas nécessaire.

Grâce à la lumière de Wood, le vitiligo peut facilement être diagnostiqué. Il ne sera alors pas confondu avec le psoriasis, l’exéma, la sclérodermie ou certaines formes de lèpres.

Quels sont les traitements du vitiligo ?

Les traitements n’ont pas pour but de faire disparaître le vitiligo, mais bien d’enrayer le processus inflammatoire responsable de la destruction des mélanocytes. D’autre part, certains traitements ont pour objectif de stimuler la re-pigmentation des taches. Voici différents traitements et astuces efficaces contre le vitiligo.

 L'utilisation de la photothérapie

  • Photothérapie par rayonnement UVB

La photothérapie a une vertu anti-inflammatoire et stimule la migration des mélanocytes par action des UVB : 2 à 3 séances sont programmées par semaine, jusqu'à un total de 300 séances de traitements. La repigmentation peut être partielle et transitoire.

On préfère généralement cette option aux UVA (PUVAthérapie, auparavant utilisés en association avec des psoralènes), car ils présentent une meilleure efficacité et moins d'effets secondaires.

  • Photothérapie par PUVAthérapie

Elle consiste en une exposition du sujet aux UVA en cabine. Il est nécessaire de prendre deux heures avant la séance, un psoralène qui va augmenter l'efficacité du traitement (agent photo-sensibilisant soit en comprimé soit par voie locale). Le port de lunettes noires protectrices est indispensable pendant la séance et durant les 8 heures qui suivent. Il ne faut pas s'exposer au soleil après l'absorption du psoralène.

La durée des séances est adaptée au type de peau. En règle générale, un traitement d'attaque est réalisé sur une période de 2 mois à raison de 3 séances par semaine. Il permet de "blanchir" les lésions, c'est-à-dire de les faire disparaître. Les résultats sont très variables en fonction des individus. Le taux de repigmentation totale semble être très faible (environ 10%).

Le camouflage

Il est possible d’utiliser du maquillage médical comme du fond de teint ou de la crème auto-bronzante sur les zones dépigmentées. Elle camoufle la décoloration, mais ne soigne pas la maladie. On utilise surtout cette technique pour les zones sensibles qui ne supportent pas les traitements lourds, comme le contour des yeux par exemple.

L’application des produits de maquillage ; comme des correcteurs de teint spécialisés des régions dépigmentées permet de rendre moins apparente la décoloration de la peau. Cela ne traite pas la maladie, mais améliore sensiblement la qualité de la vie des patients atteints de vitiligo.

La chirurgie

L’intervention chirurgicale  consiste à greffer des mélanocytes provenant d’une zone donneuse sur une zone dépigmentée. Elle est utilisée dans les vitiligos segmentaires atteignant le visage chez des patients de plus de 15 ans. Elle est rarement utilisée. Lorsqu’elle l’est, c’est dans le cas d’un vitiligo généralisé, stable (entre six mois et deux ans d’inactivité de la maladie) et peu étendu. Cette décision revient au praticien.

Il existe différentes techniques de greffe qui peuvent être utilisées : greffes de peau totale prélevée au punch, les greffes d'épiderme de "toits de bulles" et les greffes ultramince de peau.

Le traitement par lampe EXCIMER

Il permet une photothérapie très localisée. Ce traitement est indiqué dans le cas d’un vitiligo localisé.

Les traitements locaux

Ils consistent à associer corticothérapie locale et vitamine D. Ces prescriptions peuvent être faites pour repigmenter les petites taches de vitiligo. Ces crèmes sont à appliquer une à plusieurs fois par jour pendant quelques mois. L’efficacité n’est pas systématique.

Les dermocorticoïdes ont des effets immunosuppresseurs et anti-inflammatoires. Les effets indésirables des corticoïdes locaux constituent le principal obstacle à leur utilisation à long terme. En effet, une utilisation sur une longue durée peut provoquer des fragilités ou une atrophie cutanée, voire des vergetures. Ce traitement est limité sur la durée, entre deux et quatre mois.

Les traitements par voie générale

Le zinc donné à dose anti-inflammatoire peut avoir un effet.

Les traitements naturels

Pour faire face au vitiligo et atténuer la dépigmentation, il est possible d'utiliser des traitements naturels.

L'huile d'onagre et l'aloe vera sont réputés pour améliorer l'apparence de la peau et uniformiser la pigmentation. Il est aussi recommandé d'appliquer de l'écran solaire, car les zones dépigmentées ne sont pas protégées par la mélanine.

Afin de régénérer la mélanine, il est possible de réaliser des cataplasmes de radis que l'on appliquera sur les zones atteintes.

Enfin, le vitiligo est atténué par la papaye, qui est connue pour ses vertus d'activation des mélanocytes. Il faut l'utiliser en cataplasme en faisant une purée, ou la consommer en jus.

La dépigmentation d’îlots résiduels pigmentés inesthétiques

Ce traitement est vu comme un traitement de "dernier recours". Il s’adresse principalement aux patients qui ont essayé d’autres traitements et pour qui la repigmentation n’est plus envisageable. La dépigmentation utilise la cryothérapie ou le laser.

Comment vivre avec le vitiligo ?

L'association française du vitiligo recommande en premier lieu d'avoir confiance en soi : de ne pas se focaliser sur les zones atteintes, de mettre en valeur les zones qui plaisent au patient (comme les yeux, le sourire, la morphologie ...).

Elle recommande également de ne pas hésiter à aller aux devants des interrogations de chacun. C'est une maladie encore peu connue. Le patient devra peut-être parfois prendre le temps d'expliquer sa pathologie aux autres. 

L'association recommande dans un second temps d'en parler : d'abord autour de soi. Mais également à un psychologue au besoin. Un groupe de parole peut également aider certains patients à être plus à l'aise avec les effets de la maladie.

Des traitements en plein essor

Le patient peut camoufler ses taches avec du maquillage médical proposé par des dermatologues formés. Mais il existe également d’autres alternatives : des crèmes à appliquer sur les lésions et des traitements physiques par rayonnement UV. Pour les zones cutanées qui répondent classiquement mal aux traitements, il n'est pas rare de combiner ces deux approches thérapeutiques pour en potentialiser l'efficacité.

La repigmentation est un phénomène long. Le sujet doit pouvoir être patient. En effet, cela peut prendre entre six et vingt-quatre mois pour donner des résultats satisfaisants. La réponse aux traitements varie en fonction de la localisation des lésions. Les zones dépigmentées qui répondent le mieux sont généralement celles situées sur le visage. Les mains ou les pieds sont plus difficiles à repigmenter. Il faut savoir que même si un traitement semble fonctionner, le patient peut avoir des risques de récidive. Il faudra alors recommencer le traitement dans son entièreté.

Le dermatologue pourra déterminer le traitement idéal en fonction de la localisation des taches. Les crèmes (dermocorticoïdes) sont généralement prescrites en première intention, mais ne peuvent pas être appliquées sur le visage du patient.

Prévention : comment prévenir le vitiligo ?

Il n’existe aucun moyen de prévenir du vitiligo. Cependant, dans le cadre du vitiligo vulgaire, l'enjeu est d'éviter les frictions énergiques sur le visage pour prévenir l’apparition d’une dépigmentation de la tête.

Sites d’informations et associations sur le vitiligo

Sources

Merci à Nina Roos, dermatologue

https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/19932820.2022.2132628