Anorgasmie : je n'arrive pas à avoir d'orgasme, que faire ?Istock
Sommaire

Anorgasmie : qu’est-ce que c’est ?

C’est un trouble sexuel qui correspond à l’absence ou retard dans la survenue de l’orgasme, lorsque les stimulations sont adéquates, et alors que le désir et l’excitation sexuelle sont présents.

Les hommes peuvent-ils aussi être anorgasmiques ?

Ils peuvent aussi être anorgasmiques. Chez les hommes, l’orgasme et l’éjaculation sont souvent liés, mais certains peuvent parfois éjaculer sans ressentir de satisfaction orgasmique. Mais l'anorgasmie tout de même plus fréquente chez les femmes.

Quels sont les différents types d’anorgasmie féminine ?

On parle d’anorgasmie primaire quand elle est présente depuis le début de l’activité sexuelle, en couple ou en solitaire.

Il existe aussi l’anorgasmie secondaire, quand elle apparaît après une période sexuellement satisfaisante, ou suite à une autre dysfonction sexuelle, par exemple des douleurs au moment de la pénétration.

Il existe aussi l’anorgasmie partielle, qui ne survient que suite à un certain type de stimulation.

On parle d’anorgasmie totale quand elle survient dans tous les types de stimulation. L’anorgasmie peut aussi être dite circonstancielle quand elle est uniquement lors des rapports sexuels ou de la masturbation, ou globale lorsqu’elle arrive dans tous les types de situation sexuelle.

Quelles sont les différences entre la « frigidité » et l’anorgasmie ?

La frigidité est une notion qu’on n’emploie plus forcément aujourd’hui, car elle est très large et regroupe plusieurs dysfonctions sexuelles. Et en plus de ça, elle est beaucoup plus péjorative que la notion d’anorgasmie. La frigidité, c’est la combinaison de l’absence de désir, l’absence de désir, l’absence de sensation.

Le terme n’est plus très utilisé car les chercheurs ont choisi de distinguer différents types de troubles, et qui sont beaucoup plus précis que la frigidité. On va parler de troubles du désir, de troubles de l’excitation et d’anorgasmie.

Quelles peuvent être les causes de l’anorgasmie ?

Il y a énormément de raisons possibles, d’où l’importance de l’évaluer en sexothérapie. On distingue des causes psychologiques et sexologiques :

  • le trouble du lâcher prise, la peur de perdre le contrôle, la peur de l’autre ou de son propre corps ;
  • les traumatismes sexuels aussi peuvent provoquer une anorgasmie ;
  • la méconnaissance de son propre corps, car beaucoup de femmes ne savent pas comment elles fonctionnent, ce qui empêche de ressentir du plaisir.

Il peut aussi y avoir des troubles psychiques : la dépression, l’état anxieux et les médicaments qu’on prend pour y remédier peuvent avoir une influence sur le cycle de la réponse sexuelle. L'addiction au porno ou au sextoy peut aussi une difficulté à jouir lors d'un rapport avec son partenaire

Il peut aussi y avoir des causes conjugales, les partenaires peuvent ne pas arriver à se trouver, à prendre du plaisir ensemble. Des difficultés dans le couple qui n’ont rien à voir avec la sexualité, mais qui se manifestent aussi dans le cadre de la vie sexuelle.

Parfois, l’anorgasmie a aussi des causes éducationnelles, culturelles ou religieuses. Les personnes qui ont eu une éducation rigide, fortement marquée par les religions dont la vision de la sexualité est caractérisée par le tabou et l'interdit peuvent expérimenter ce genre de troubles.

On peut voir aussi des causes psycho-sociales, on est dans une société qui a un diktat du « tout jouir », véhiculé par les pubs, les magazines, la télé… Et les femmes se mettent parfois inconsciemment la pression, elles sont en recherche permanente de l’orgasme pour adhérer à cette norme. Sauf que, plus on recherche activement l’orgasme, et moins on le trouve. Beaucoup de femmes sont victimes de ces injonctions, parce qu’elles cherchent à coller aux normes.

Il peut également y avoir des causes hormonales ou neurologiques, mais elles sont beaucoup plus rares. Enfin, dans le cas de pathologies graves au niveau de l’appareil génital (cancer de la sphère génitale, traitements oncologiques, chirurgie gynécologique...), qui ont une influence sur la texture de la peau ou l'anatomie, ou qui vont provoquer des douleurs ou des brulures, on peut aussi voir apparaître une anorgasmie secondaire.

Comment remédier à l’anorgasmie ?

La sexothérapie permet de remédier à tout ça. Cela se fait en plusieurs étapes : dans une première consultation, il faut vraiment évaluer le trouble. Il faut voir avec la patiente comment il est apparu, comment il se manifeste, s’il s’accompagne d’autres troubles sexuels, si elle prend des traitements particuliers, quel est son état d’esprit, son estime de soi et le retentissement du trouble sur sa vie conjugale. La prise en charge est ensuite axée sur deux axes particuliers.

Le premier est pyscho-sexologique, on va travailler sur les causes, les traumatismes, le lâcher-prise, les croyances autour de la sexualité, sur le contrôle, sur les représentations du corps, sur les complexes… On travaille aussi autour des conséquences sur son couple, son estime et sa confiance en soi.

À côté, il y a un axe sexo-corporel. On va par exemple donner des notions d’anatomie, on va expliquer à la patiente comment elle faite. On lui apprend aussi à connaître mieux son corps à partir d’exercices qu’elle effectuera chez elle pour partir à la découverte de son intimité, apprivoiser son corps. Tout ça va lui permettre de trouver et d’explorer ses zones érogènes, de les éveiller à la sensualité et au plaisir. On va vraiment l’accompagner dans cette recherche, qui est très intime, pour qu’elle sache ce qui lui fait du bien. Quand ces deux axes sont travaillés, on arrive beaucoup plus facilement à venir à bout de cet anorgasmie que si on ne travaille que l’un des deux. L’anorgasmie n’est pas une fatalité, on peut s’en sortir, et parfois il faut un peu de temps. Il faut se montrer persévérante et patiente.

Moralement, comment les femmes vivent-elles l’anorgasmie ?

Cela dépend vraiment des patientes, chez certaines cela peut venir petit à petit au fil de consultations chez le psychologue. Ce n’est pas forcément un manque ou une souffrance, mais elles sentent bien qu’elles peuvent aller plus loin au niveau de leur sexualité.

Dans d’autres cas, il y a clairement une souffrance psychologique, pas forcément due au mécontentement du partenaire, mais parce qu’elles ont l’impression de ne pas être « normales », donc on va travailler sur la mise à distance par rapport aux normes sociales. Il y a souvent des conséquences sur l’image du corps, sa féminité, sur le couple parfois, elles peuvent parfois se dévaloriser et avoir l’impression que leur sexualité n’est pas complète. Par ailleurs, notre société a un héritage freudien qui est encore assez marqué, et Freud était le premier à dire que le plaisir vaginal était le plaisir adulte, alors que le plaisir clitoridien était le plaisir infantile. Quand on sait que, d’après les statistiques, environ 80% des femmes sont clitoridiennes, il y en beaucoup qui se dévalorisent parce qu’elles ont l’impression d’avoir une sexualité infantile, incomplète voire anormale.

Comment aborder le sujet de l’anorgasmie avec la personne qui partage notre vie ?

Certaines femmes peuvent stimuler, mais je ne suis pas vraiment pour cette méthode car c’est s’enfoncer dans un mensonge qui fait croire à l’autre que la sexualité est satisfaisante, alors qu’en fait elle ne l’est pas tant que ça. Plus longtemps on fait ça, plus il sera difficile de revenir en arrière et de dire qu’on n’éprouve pas de plaisir. Simuler, cela ne rend service à personne : c’est une chimère pour le ou la partenaire, et pour soi-même ça ne rendra pas service non plus car ça ne fait pas évoluer les choses.

Après, la manière d’aborder la question est aussi importante. Il faut accentuer les choses sur son ressenti et ses propres besoins en termes de sexualité, au lieu de faire des reproches. L’homme risque de le prendre très mal, et sa virilité va en prendre un coup. Donc plutôt que de partir sur l’attitude ou les pratiques de l’autre pendant les rapports sexuels, il faut axer les choses sur soi en disant ce qui fait du bien, ce qui donne du plaisir, de combien de temps on a besoin, ce qui peut aider... Il faut aboutir à une collaboration. Quand on donne des outils à son ou sa partenaire, c’est beaucoup plus facile et l’autre se sent investit de quelque chose, il se sent impliqué dans le processus, cela le valorise et cela crée une complicité.

Marjorie Cambier est sexothérapeute et psychologue. Vous pouvez consulter son site pour plus d'informations : www.sexopsy-cambier.com.

Notre Newsletter

Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de Medisite.

Votre adresse mail est collectée par Medisite.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.