Maladie de Crohn et Covid-19

Maladie de Crohn, plus à risque de développer une infection à COVID-19 ?

Une étude menée auprès de 1 099 malades de la Covid-19 dans 552 hôpitaux chinois a montré un lien entre le coronavirus et les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), comme la maladie de Crohn. Les patients qui souffrent déjà d’une telle maladie semblent plus susceptibles de développer une forme sévère de Covid-19. Les chercheurs supposent que le déséquilibre de la flore intestinale chez ces patients pourrait favoriser le processus inflammatoire induit par le coronavirus, et ainsi aggraver ses symptômes.

Un cercle vicieux pourrait s’ensuivre, puisque l’inflammation causée par le coronavirus va, à son tour, perturber le microbiote. Au risque de provoquer une détresse respiratoire. En procédant au séquençage du microbiote de patients décédés suite au Covid-19, des chercheurs chinois ont observé un déclin significatif des Bifidobactéries et des Lactobacilles, nécessaires au bon fonctionnement du système digestif. À l’inverse, des bactéries opportunistes comme les Corynebacterium ou Ruthenibacterium étaient présentes en plus grand nombre.

Covid-19 : Faut-il modifier le traitement de la maladie de Crohn ?

La SNFGE (Société nationale française de gastro-entérologie) et le GETAID (Groupe d'étude thérapeutique des affections inflammatoires du tube digestif) ont proposé le 11 mars 2020 des recommandations qui peuvent évoluer.

"En pratique, le traitement par azathioprine doit être maintenu, car son arrêt exposerait à une récidive dans la moitié des cas. Les stéroïdes d'action locale peuvent être poursuivis, mais le recours aux suppositoires de prednisolone évité, du fait d'un passage systémique non négligeable. Les biothérapies doivent être poursuivies chez les patients indemnes d'infection et de symptômes et interrompues chez les patients suspects d'infection COVID-19, résume le Dr Michael Collins, gastro-entérologue à l'hôpital Saint-Camille de Bry-sur-Marne.

"De façon globale, nous devons nous interroger sur la nécessité de maintenir ou non les traitements non indispensables".

Maladie de Crohn et Covid-19 : quelles mesures de prévention adopter ?

Les patients atteints de la maladie de Crohn sont soumis aux mêmes mesures que l'ensemble de la population :

  • se laver les mains régulièrement avec du savon ;
  • éviter les poignées de main ;
  • tousser ou éternuer dans un mouchoir en papier ou dans le pli de votre coude ;
  • éviter tout contact étroit avec des personnes malades ;
  • éviter les contacts avec des grands groupes ;
  • rester chez vous si vous êtes malade (fièvre, toux, rhume) ;
  • éviter tout contact avec des personnes appartenant à un groupe à risque de corona ;
  • Limiter les déplacements inutiles et les voyages. Privilégiez autant que possible le télétravail.

En cette période d'épidémie, il est également conseillé de délocaliser au mieux les soins aux patients immunosupprimés et de :

  • privilégier les traitements sous-cutanés auto-injectables ;
  • garder des rendez-vous hospitaliers uniquement si ceux-ci sont indispensables et ne peuvent être organisés ailleurs.

Pour maintenir un suivi régulier, les cliniques avec consultation en ligne ou par téléphone sont conseillées pour prévenir le risque de rechute.

Avoir un chien durant l’enfance protège vos intestins

Le chien est définitivement le meilleur ami de l'homme. Selon une nouvelle étude américaine, avoir un chien durant son enfance pourrait vous préserver de la maladie de Crohn. Ces travaux présentés le 23 mai 2022 durant la semaine des maladies digestives à San Diego aux États-Unis révèlent que si un enfant est en présence d’un chien entre l’âge de cinq et 15 ans, il serait davantage protégé de la maladie de Crohn. "L'exposition à cet animal domestique est liée à une perméabilité intestinale saine et un bon équilibre entre les microbes dans l'intestin et la réponse immunitaire du corps", explique le docteur William Turpin, auteur de l'étude et associé de recherche à l'hôpital Mont Sinaï et à l'université de Toronto.

Une protection qui ne serait pas conférée par la cohabitation avec un chat quand on est enfant selon les chercheurs. "Nous n'avons pas les mêmes résultats avec ces animaux, même si nous essayons toujours de déterminer pourquoi", indique William Turpin. "Cela pourrait être dû au fait que les propriétaires de chiens sortent plus souvent avec leurs animaux de compagnie ou vivent dans des zones avec plus d'espaces verts, ce qui a déjà été démontré comme une protection contre la maladie de Crohn".

Définition : qu’est-ce que la maladie de Crohn ?

La maladie de Crohn fait partie des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), à l’instar de la rectocolite hémorragique. Elle peut toucher n’importe quel segment du tube digestif (depuis la bouche jusqu’à l’anus) et occasionne une fragilisation de la muqueuse intestinale. Elle se manifeste par des poussées douloureuses provoquées par des ulcérations plus ou moins sévères avec un risque de complications.

Les poussées sont d’intensité et de durée variables se caractérisant principalement par des diarrhées (parfois avec saignements) et des douleurs abdominales.

Un tiers des patients ne connaitront qu’un seul épisode douloureux tandis que d’autres enchaînent les crises entrecoupées de périodes de rémission (environ 10 à 20% des personnes sont en rémission suite à la première poussée). Les causes de la maladie restent à ce jour inconnues.

Quelles zones sont touchées par la maladie de Crohn ?

« Dans la majorité des cas les segments affectés sont l’iléon (iléite) ou le colon (colite) voire ces deux segments (iléo-colite) et parfois l’anus », explique le spécialiste. L’atteinte du tube digestif est toujours partielle et évolutive. Les zones touchées et les zones saines se chevauchent.

Photo : différence entre les atteintes de la Maladie de Crohn (à gauche) et de la colite ulcéreuse (à droite)

Quelles zones sont touchées par la maladie de Crohn ?© Creative Commons

Crédit : Travail personnel, derivate of File:Patterns of Crohn's Disease.svg by Samir, vectorized by Fvasconcellos — Based on image of comparison between Crohn's_Disease_and_Colitis_ulcerosa at http://superepus.com/crohn-39-s-disease/ - © CC - Licence : https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0

Quand la maladie de Crohn a-t-elle été découverte ?

Nos ancêtres souffraient sans doute déjà de la maladie de Crohn (puisqu’elle est décrite dans des traités anciens tels que l’arrêté de Cappadoce). Depuis la maladie s’est propagée et c’est en 1932 que le gastro-entérologue Burril Bernard Crohn (et deux de ses confrères Gordon D. Oppenheimer et Leon Ginzburg) l’ont fait connaître.

Bien que le docteur Crohn ne parvint à déceler la cause de la maladie, il traitait des patients en provenance du monde entier dans l’errance thérapeutique.

Quelle est la fréquence de la maladie de Crohn ?

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) sont en augmentation partout dans le monde et particulièrement en Europe du Nord-Ouest et aux États-Unis. En France, la maladie de Crohn est devenue assez fréquente touchant 1 personne sur 1000.

Elle concerne près de 120 000 personnes en France. Entre 5 et 10 personnes supplémentaires sont diagnostiquées chaque année.

Quels sont les symptômes de la maladie de Crohn ?

« Les signes cliniques de la maladie de Crohn sont d’intensité variable selon la gravité et l’étendue des lésions », explique l’expert.

Ils présentent généralement des symptômes digestifs :

  • des douleurs abdominales (localisées dans la fosse iliaque droite) fixes et continues ;
  • des diarrhées: « Celles-ci peuvent être prolongées avec ou non des saignements et/ou des glaires) ». Les glaires sont un mucus ayant l’apparence d’un blanc d’œuf ;
  • des douleurs et suintements anaux (en cas de fissures anales) ;
  • un inconfort et des douleurs pelviennes parfois accompagnés d’une augmentation du volume abdominal ;
  • des nausées et vomissements.

Ainsi qu'une altération de l’état général :

  • une fatigue pouvant aller jusqu’à l’asthénie ;
  • une fièvre ;
  • amaigrissement, voire une anorexie (perte d’appétit).

Et des symptômes cutanés :

« La maladie de Crohn est une inflammation pouvant toucher d’autres organes comme les articulations ou la peau. Certaines manifestations lui sont associées, mais elles doivent être accompagnées de symptômes digestifs prédominants pour suspecter une maladie de Crohn », selon le praticien. On retrouve notamment :

  • des douleurs articulaires et rhumatismales (polyarthrite, spondylarthrite…) ;
  • des signes dermatologiques et muqueux : érythème noueux, pyoderma ganrenosum, éruption pustuleuse disséminée, syndrome de Sweet, psoriasis, abcès aseptique, syndrome de Sneddon Wilkinson, lésions cutanées abdominales, périnéales ou anales, aphtes, glossite, iritis…;
  • des atteintes ophtalmiques: uvéites (gonflement d’un vaisseau de l’œil appelé uvée provoquant une vision floue), épisclérite (inflammation du blanc de l’œil), keratoconjonctivite (yeux secs), keratopathie (anomalie de la cornée).

Bon à savoir : « les symptômes de la maladie de Crohn sont semblables à ceux de la rectocolite hémorragique. La différence est que cette dernière pathologie ne touche que les segments situés entre le colon et le rectum. Ainsi lorsque les manifestations restent localisées dans cette zone segments, il faut aussi envisager le diagnostic de la rectocolique hémorragique ».

À noter : L'intensité des symptômes dépend beaucoup de l'emplacement de l'inflammation au niveau du système digestif. Une hospitalisation peut devenir nécessaire s'il y a hémorragie, une diarrhée invalidante et une incapacité à s'alimenter.

Quelles sont les causes de la maladie de Crohn ?

Qu'est-ce qui provoque la maladie de Crohn ? Les causes de la maladie restent encore mystérieuses bien que certaines hypothèses aient été soulevées :

Facteur génétique :

«La maladie de Crohn n’est pas une maladie héréditaire à proprement parler. Certains malades n’ont pas d’antécédents familiaux. Des études tendent cependant à démontrer une susceptibilité héréditaire. », explique le gastro-entérologue.

On estime que 10 à 25% des personnes atteintes ont un proche parent (souvent de premier degré) aussi touché. Selon ces études, l’anomalie en cause serait une mutation du gène NOD2 appelé aussi CARD15 et situé sur le chromosome 16.

Facteur environnemental :

Il y a plus de personnes touchées dans les pays industrialisés et tend à augmenter depuis 1950. Cela laisse croire que des facteurs environnementaux, probablement liés au mode de vie occidental, pourraient avoir une influence importante sur l’apparition de la maladie. Aucun facteur particulier n'a encore été décelé.

Si le tabac n’est sans doute pas la seule cause de maladie de Crohn, "il a été démontré qu'il engendrait des complications et des rechutes dans le cadre de cette dernière. L'arrêt du tabac optimise le traitement."

Facteur immunologique :

L'inflammation pourrait être due à un dysfonctionnement du système immunitaire contre des bactéries et virus présents naturellement dans l'organisme. Certains scientifiques invoquent l’altération de la composition de la flore intestinale à l’origine de la maladie. On parle de déséquilibre (ou dysbiose) du microbiote intestinal. Un tel déséquilibre serait à l’origine d’une perméabilité intestinale. Cette porosité causerait l’infiltration de bactéries et de déchets toxiques dans les tissus de liaison entre l’intérieur et l’extérieur de l’intestin.

Selon leurs hypothèses, cette intrusion activerait le système immunitaire et l’inflammation. Selon leurs arguments, ces anomalies seraient provoquées par une mauvaise alimentation (« pro-inflammatoire » et pauvre en fibres), la sédentarité, le stress, une hygiène excessive, la prise d’antibiotiques, une infection par un virus ou une bactérie (salmonella, campylobacter).

Le Dr. Laharie reste quant à lui sceptique :

« En réalité, nous ignorons si cette perméabilité intestinale (qui est effectivement observée dans la maladie de Crohn) est une cause ou une conséquence de la maladie. De nombreuses théories d’ordre alimentaire doivent faire l’objet de méfiance. Il en va de même de la transplantation de microbiote. En tout cas, nous n’avons jamais vu une complémentation (probiotiques, glutamine…) ou des mesures diététiques soigner un patient. »

Causes psychologiques :

La maladie de Crohn n’est en aucun cas une maladie d’origine psychosomatique. Toutefois, le stress et les préoccupations somatiques peuvent exacerber la symptomatique, voire engendrer des complications.

Un champignon intestinal responsable de sa chronicité ?

Selon une étude publiée le 12 mars dernier dans la revue Science, c'est un champignon intestinal qui serait à l'origine d'une infection microbienne empêchant la guérison des malades. Ce type de levure, appelée Debaryomyces hansenii, est présente dans le fromage et la viande.

Les chercheurs de la Cleveland Clinic ont découvert que cette levure serait présente en quantité beaucoup plus élevée chez les personnes atteintes de la maladie de Crohn, que chez ceux n’ayant pas cette pathologie. En effet, le champignon a été retrouvé dans les zones enflammées du côlon et de l’intestin grêle ainsi que dans les plaies intestinales non cicatrisées des personnes atteintes de la maladie. Cela révèle donc que la levure s'y développe, empêchant ainsi la cicatrisation.

La levure agirait sur le système immunitaire

En pratique, selon l'étude, c'est à cause de l'action inflammatoire du champignon Debaryomyces hansenii que les personnes atteintes de la maladie de Crohn ne parviennent pas à guérir. La levure agirait sur une hormone du système immunitaire, une cytokine, appelée chimiokine ligand 5 ou CCL5. En augmentant les niveaux de CCL5, le champignon intestinal accentuerait l'inflammation des malades.

Il s'agit donc d'un véritable espoir de nouveau traitement pour les personnes atteintes de cette maladie chronique. Les chercheurs espèrent que de nouveaux traitements pourront être élaborés en ciblant CCL5 ou la Debaryomyces hansenii.

Maladie de Crohn : E.coli pourrait la déclencher

La bactérie E.coli pourrait déclencher la maladie de Crohn, et plus particulièrement, une souche bien spécifique d’E. coli, nommée "AIEC" (pour Adherent-Invasive E. coli). C'est ce que suggère une étude menée par une équipe de l’Université McMaster. Ils confirment la corrélation de cette bactérie avec la maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI), et décrivent également comment l’AIEC colonise la muqueuse intestinale. Ces travaux ont été menés chez la souris. "Si vous examinez la muqueuse intestinale des patients atteints de la maladie de Crohn, vous constaterez qu'environ 70 à 80% d'entre eux sont testés positifs pour la bactérie AIEC", relèvent les auteurs.

Les bactéries AIEC se développent en biofilm. Ce biofilm recouvre les cellules tapissant la paroi intestinale, les protégeant à la fois du système immunitaire et des antibiotiques.

Le biofilm induit le système immunitaire à poursuivre sa réponse inflammatoire aux bactéries intestinales, ce qui entraîne une inflammation chronique et les symptômes de la maladie (diarrhée, fatigue, perte de poids). Les traitements qui existent actuellement contre la maladie de Crohn soulagent les symptômes, or ne traite pas la cause de la maladie, estiment les chercheurs. En luttant directement contre la survie de l’AIEC, il devrait être possible de stopper l’inflammation de la muqueuse intestinale et de traiter la maladie, suggèrent les scientifiques.

Quels sont les facteurs de risque de la maladie de Crohn ?

« En dehors du tabac, aucun facteur prédisposant ou aggravant n’a été scientifiquement approuvé », explique le docteur Laharie. Toutefois, certains facteurs hypothétiques restent à valider :

  • avoir un parent proche atteint lui-même de cette maladie ;
  • une mauvaise hygiène de vie : un régime alimentaire déséquilibré et la sédentarité ;
  • l’exposition fréquente et prolongée au stress ;
  • un excès d’hygiène ;
  • la prise d’antibiotiques (qui détruisent la flore intestinale).

Crohn : Quels aliments augmentent vos risques ?

Attention à ce que vous mangez. Une étude publiée dans le British Medical Journal le 15 juillet dernier alerte sur l'impact du régime alimentaire sur les risques de développement d'une maladie inflammatoire intestinale telle que la maladie de Crohn. La malbouffe ou "junk food" a de véritables conséquences sur vos intestins.

On apprend ainsi que les personnes consommant cinq fois par jour des aliments ultra-transformés étaient même 80 fois plus susceptibles de contracter une maladie inflammatoire de l'intestin que celles qui avaient une alimentation saine. Les personnes étudiées qui mangeaient cinq portions ou plus d'aliments ultra-transformés par jour étaient 82% plus susceptibles de développer une maladie inflammatoire de l'intestin par rapport à ceux qui mangeaient moins d'une portion de ces aliments.

Selon l'étude, il n'y a pas que la quantité qui joue. En effet, un seul en-cas quotidien de nourriture ultra-transformée par jour peut augmenter de 67% votre risque de développer une maladie inflammatoire de l'intestin (MII).

Pour rappel, selon le chercheur de l'INRA Anthony Fardet, les aliments ultra-transformés "sont des aliments – ou plutôt, devrait-on parler de 'produits' – qui contiennent au moins un texturant, un colorant ou un exhausteur de goût d’origine principalement industrielle, donc que vous ne pouvez pas trouver en faisant vos courses".

Gros Intestin : les aliments à base de céréales favoriseraient la maladie

"Ces dernières décennies, le nombre de personnes atteintes de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin est en augmentation, à la fois dans les pays développés et ceux en voie de développement", partage l’institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) dans un communiqué le 6 juillet dernier. Ces maladies peuvent être provoquées par de multiples facteurs, dont l’exposition à certains contaminants alimentaires.

"Ces dernières décennies, le nombre de personnes atteintes de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin est en augmentation, à la fois dans les pays développés et ceux en voie de développement", partage l’institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) dans un communiqué. Ces maladies peuvent être provoquées par de multiples facteurs, dont l’exposition à certains contaminants alimentaires.

Ils amplifient les symptômes

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), comme la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique (une forme de colite), se manifestent par l’inflammation et l’ulcération de la paroi intestinale, un déséquilibre du microbiote, une réponse exacerbée du système immunitaire digestif et de la douleur viscérale. "Elles dégradent sévèrement la qualité de vie des personnes qui en sont atteintes. Les causes de ces maladies sont multiples et dépendent à la fois de facteurs génétiques et environnementaux", ajoute l’INRAE.

Une équipe de scientifiques de l’INRAE et l’Ecole d’Ingénieur de PURPAN vient de publier les résultats d’une récente étude qui est parvenue à identifier une potentielle cause à ces maladies intestinales : les céréales et aliments à base de céréales. Ces derniers augmenteraient le risque de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin et amplifieraient les symptômes. Il s'agit notamment de la farine, du pain, des pâtes, de la semoule, du boulgour, des biscuits, des biscottes ou de vos céréales du petit-déjeuner. Les résultats de l’étude ont été publiés le 3 juillet 2020 dans la revue Archives of Toxicology.

MICI : le rôle du déoxynivalénol, contaminant alimentaire le plus répandu

Les causes des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin peuvent être liées à la fois à des facteurs génétiques et environnementaux. "Parmi les facteurs environnementaux, figure l’exposition aux contaminants alimentaires, explique l’INRAE. Les mycotoxines sont des toxines produites par les champignons et qui peuvent se retrouver dans une grande variété d’aliments. Parmi elles, le déoxynivalénol (DON), produit par les moisissures de type Fusarium1, fait partie des contaminants alimentaires les plus répandus. On le retrouve en particulier dans les céréales et aliments à base de céréales (farine, pain, pâtes…), indiquant une exposition régulière pour l’Homme et l’animal".

Des études antérieures avaient déjà démontré que le DON pouvait altérer la fonction de l’intestin en provoquant une réponse inflammatoire. Or, son rôle dans la survenue de MICI n’avait jusqu’alors jamais été exploré ni confirmé.

Les personnes à risque de contracter la maladie

  • Selon les chiffres, les femmes seraient plus touchées que les hommes par la maladie de Crohn, mais celle-ci peut concerner les individus des deux sexes.
  • « Elle débute généralement au début de l’âge adulte entre 20 et 30 ans (mais peut aussi apparaître chez les enfants, adolescents et les seniors) », ajoute le médecin.
  • Les personnes ayant des antécédents familiaux de maladie inflammatoire de l'intestin (maladie de Crohn ou colite ulcéreuse).
  • Certaines populations sont plus à risque que d’autres, en raison de leur patrimoine génétique. La communauté juive (d’origine ashkénaze), par exemple, serait de 4 à 5 fois plus touchée par la maladie de Crohn.

Quelle est la durée de la maladie de Crohn ?

La maladie de Crohn peut s’étaler de quelques jours/semaines (lorsqu’il n’y a qu’une seule poussée), mais aussi durer toute la vie devenant une véritable maladie chronique parfois handicapante malgré un suivi et des traitements.

Peut-on être contaminé par la maladie de Crohn ?

La maladie de Crohn n’est pas contagieuse.

Qui, quand consulter ?

Si la première poussée est intense, il est recommandé de se rendre au service des urgences. En cas de symptômes plus discrets, mais récurrents pouvant évoquer la maladie de Crohn, il convient de consulter un médecin. Un suivi avec un gastro-entérologue est souvent indispensable dans le cadre de cette pathologie. L’hospitalisation est parfois nécessaire en cas de complications.

Complications et conséquences possibles

Les complications digestives :

La maladie de Crohn peut occasionner des complications digestives aiguës : « Dans certains cas, la maladie reste silencieuse jusqu’au déclenchement de ces manifestations sévères qui occasionnent souvent une consultation aux urgences ». Certaines complications peuvent nécessiter l’hospitalisation et l’administration d’un traitement par perfusion. Parmi les complications, on retrouve :

  • L’occlusion intestinale : bouchon (ou nœud) au niveau intestinal qui fait obstruction au transit intestinal. Elle résulte de la sténose intestinale. Cette obstruction du tube digestif peut entraîner de la constipation, des vomissements de matières fécales. Une intervention chirurgicale peut être nécessaire en cas de complications ou lorsqu'une section de l'intestin est très abîmée.
  • La colique aiguë grave : Elle se manifeste par des ballonnements, des selles sanglantes et des douleurs abdominales intenses.
  • La sténose de l’intestin : il s’agit d’un épaississement des parois de l’intestin conduisant à un rétrécissement de ce dernier organe.
  • Les perforations intestinales : La paroi intestinale étant fragilisée, elle peut se fissurer ou se rompre.
  • La péritonite ou des abcès localisés dans la cavité abdominale liés à la perforation intestinale (des hémorragies qui peuvent devenir graves, des plaies et des abcès au niveau de l'anus).
  • Des plaies autour de l'anus : des fistules, des fissures profondes ou des abcès chroniques. Il s’agit d’une communication anormale entre le tube digestif et un autre organe (vessie, peau, vagin…).
  • Le cancer du côlon: « les personnes atteintes de la maladie de Crohn ont un risque plus important de développer ce cancer. Un dépistage par coloscopie est systématique pour les patients atteints de la maladie de Crohn ».
  • La cholangite sclérosante primitive qui est une inflammation des canaux qui relient l’intestin grêle au foie. Cette complication prédispose au cancer des voies biliaires.

Les conséquences possibles :

  • Une dénutrition liée à la perte d’appétit, voire à l’arrêt complet de l’alimentation, mais aussi à une mauvaise absorption des nutriments. Les carences les plus fréquentes sont celles en vitamines B12 et en vitamine D.
  • Un retard de croissance chez l’enfant/ l’adolescent.
  • Une dépression et un isolement social liés à la pénibilité des symptômes.
  • D'autres problèmes de santé, comme de l'arthrite, des affections de la peau, une inflammation des yeux, des ulcères buccaux, des calculs rénaux ou des calculs biliaires.
  • Des troubles de la sexualité (voir l’interview du Dr Laharie par l’AFA)

Examens et diagnostic de la maladie de Crohn

De nombreux examens permettent de diagnostiquer la maladie de Crohn et de préciser le niveau de gravité :

  • Un examen sanguin : il permet de détecter un syndrome inflammatoire, de rechercher une anémie ou des carences nutritionnelles. En cas de maladie de Crohn, il met en avant une inflammation (le taux de CPR est alors élevé) associé à une anémie (l’hémoglobine est basse). Une baisse d’anticorps (ASCA) peut aussi être observée.
  • Un dosage dans les selles (appelé calprotectine fécale) : il évalue l’état inflammatoire de la muqueuse intestinale.
  • L’endoscopie digestive ou oeso-grastro-duodénale (EOGD) et la coloscopie (avec prélèvement par biopsie) : elles localisent et précisent le niveau de gravité de l’inflammation. Des scores (scores chiffrés « CDEIS » et le score de Lemann) ont été établis pour évaluer la sévérité des lésions observées à l’endoscopie.
  • Les examens d’imagerie (scanner, enteroscanner), IRM, entéro IRM et échographies) : ils permettent de visualiser l’intestin grêle ou le périnée et de dépister précocement une complication.
  • La vidéo capsule : cette minicaméra vidéo (de la taille d’une gélule et à avaler) offre un examen complet et précis de l’intestin grêle.

Quels sont les traitements de la maladie de Crohn ?

Le traitement ne vise pas à guérir la maladie de Crohn, mais à limiter les symptômes et à éviter les rechutes et complications : « des progrès phénoménaux ont été opérés ces dernières années avec l’arrivée des biothérapies. »

Les traitements de première intention

  • Les corticoïdes classiques (Cortancyl®, Solupred®) : « Ils sont prescrits dans les formes sévères et sur de courtes périodes (quelques semaines) afin d’éviter d’exposer les patients à leur nombreux effets indésirables généralement réversibles (accoutumance, hypertension, œdème, prise de poids, hyperglycémie, décalcification…) », selon le spécialiste. Ils permettent d’obtenir une rémission en 3 à 4 semaines dans 9 cas sur 10. Une supplémentation en calcium et en vitamine D est recommandé en cas de prise de ces médicaments.
  • Les corticoïdes d’action locale ou budésonides (Entocort®, Mikicort®) : Ils sont prescrits pour des crises légères à modérées. Ils ont moins d’effets indésirables que les corticoïdes classiques et peuvent être prescrits sur de plus longues périodes.
  • Les salicylés tels que le 5-ASA sont des analgésiques et anti-inflammatoires qui peuvent être prescrits dans le cadre de crises légères.
  • Les anti-infectieux peuvent être prescrits en cas d’infection ou d’abcès.

À noter : L’automédication par anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS), comme l'Ibuprofène ou l'aspirine, est fortement déconseillé au risque d’aggraver les lésions intestinales. En effet, ils peuvent réveiller la maladie ou provoquer une crise aiguë.

Les traitements de deuxième intention

  • Les immunosuppresseurs (azathioprine, 6-mercaptopurine ou le méthotrexate) : « Ils interviennent si la corticothérapie est inefficace ou qu’une corticodépendance s’installe. »
  • Les biothérapies : « Elles sont une bonne alternative à la corticothérapie. Elles consistent en l’administration d’anticorps monoclonaux ». Elles inhibent la production de cytokines pro-inflammatoires produites par le système immunitaire au niveau du système digestif. Nous retrouvons :

- Les anti-TNF (qui sont les biothérapies de première intention) :

- L’infliximab (Remica®/ Inflectra®) est administré par perfusion en milieu hospitalier tous les deux mois.

- L’adalimumab (Humera®) est autoinjecté toutes les deux semaines.

Ces médicaments ciblent les TNF (traduit de l’anglais « Facteur de Nécrose Tumorale ». Ces cytokines importantes qui ont pour premier rôle de lutter contre les cellules cancéreuses, participent à l’inflammation.)

- L’ustekinumab (Sterala®) qui inhibe les interleukines 12 et 13.

- Le védolizibumab (Entyvio®) qui interagit sur l’action des lymphocytes T. Cet immunosuppresseur a pour avantage de cibler spécifiquement le tube digestif, évitant une immunodépression généralisée.

Parfois le médecin peut prescrire un mixage d’un immunosuppresseur et d’une biothérapie.

Bon à savoir : Que faire en cas de crise ? Le médecin pourra prescrire un traitement sur le court terme, comme les corticoïdes pour éteindre le feu de l'inflammation dans un premier temps. D'autres médicaments sont ensuite prescrits comme des immunosuppresseurs (Imurel®, méthotrexate), et des anti-TNF (Remicade®, Humira®) en traitement de fond.

Les traitements chirurgicaux

«La chirurgie peut s’imposer en cas de complication (sténose, fistule) afin de réparer la paroi intestinale par ablation et suture. La pose d’un anus artificiel (stomie) temporaire ou permanente est parfois nécessaire en cas d’atteinte de l’anus qui est toujours à craindre », explique le spécialiste.

Alimentation

« En cas de poussée, l’alimentation n’est pas susceptible d’aggraver l’inflammation et aucun régime restrictif ne s’applique ». Toutefois, un régime d’épargne intestinale peut être prescrit afin de limiter les symptômes digestifs en période de crise. Il s’agit le plus souvent d’un régime sans fibre. En outre, l’alimentation artificielle (entérale et parentérale) peut intervenir en cas et d’arrêt de l’alimentation et de dénutrition. Des conseils diététiques sont en ligne sur le site de la CREGG.

Que manger si vous souffrez de la maladie de Crohn ?

Il n'a pas été démontré que de manger de telle ou telle façon pouvait réduire les crises. On peut donc manger de tout de façon équilibrée. Ce n'est qu'au moment des crises, quand il y a une inflammation intestinale au niveau de l'intestin qu'il est conseillé d'avoir un régime sans résidu en évitant les fruits, légumes, farine...

Pourquoi : les fibres augmentent de volume des selles. Cela a pour effet d'augmenter les troubles digestifs. Une fois la crise passée, les restrictions ne sont plus nécessaires.

L'évolution de la maladie

Cette maladie, une fois présente, a tendance à récidiver si un traitement de fond adapté n’est pas prescrit. En général, elle évolue par crises qui succèdent à des périodes de rémission de plusieurs mois. Entre 10 à 20% des personnes porteuses de la maladie ont une rémission durable après la première poussée, et cela, sans traitement, sous couvert d'une surveillance médicale.

Les complications sont fréquentes, tant intestinales (perforations, hémorragies, occlusions, abcès, fistules, fissurations) que recto-anales (fissurations, abcès).

Les récidives après opération sont également fréquentes: 30 % à 5 ans, 50 % à 10 ans et 65 % à 15 ans. Les récidives après réopération le sont encore plus, elles touchent un patient sur deux, néanmoins, 90 % d’entre eux jugent leur état meilleur après l’intervention, malgré la pose d’un anus artificiel dans 25 % des cas. 5 % des patients décèdent des complications infectieuses ou chirurgicales.

Comment prévenir la maladie de Crohn ?

Il n’existe pas de moyen de prévenir la maladie. Toutefois, certaines mesures permettent d’optimiser votre immunité prévenant les maladies ou les rechutes pour les personnes atteintes :

  • Une bonne hygiène de vie et une alimentation équilibrée : Il convient notamment d’éviter les aliments transformés (et les sucres raffinés) et de préférer ceux riches en nutriments et en fibres, mais également de conserver une activité physique régulière.
  • Éviter la prise d’antibiotiques.
  • Éviter d’avoir une hygiène excessive.
  • L’arrêt du tabac : Le tabac aggrave la maladie et augmente le risque de rechute.
  • L’évitement du stress, mais aussi la relaxation/ méditation peuvent être recommandées pour éviter les complications.

Quelle réaction avoir en cas de douleurs ?

Le conseil du Docteur David Laharie :

« En cas de douleurs, ne perdez pas votre temps avec des complémentations miraculeuses, voire pire avec une automédication. La meilleure prévention est de consulter un médecin. »

Sites d'informations et associations sur la maladie de Crohn

Sources

Entretien avec le Docteur David Laharie, gastroentérologue.

Prise en charge des patients avec maladies digestives et hépatiques durant la pandémie COVID-19, Revue médicale Suisse.

Les lésions cutanées dans la maladie de Crohn, Dr Christophe Hsu – dermatologue. Genève, Suisse

Historique des MICI, club de réflexion des cabinets et groupes d’hépato-gastroentérologues (CREGG)

Les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI) chez l'adulte et l'enfant, Pauline Wils, Benjamin Pariente, La Revue du praticien

Fiche sur la maladie de Crohn, AFA

Les maladies inflammatoires de l’instestin, INSERM

La maladie de Crohn (Entérite régionale; iléite ou iléocolite granulomateuse), Aaron E. Walfish ad al., mds manuals

Epidemiology of Crohn's disease in Israel: a survey of Israeli kibbutz settlements. Am J Gastroenterol. 1999 Oct;94(10):2961-5.

Mayo Foundation for Medical Education and Research (Ed). Diseases & Conditions – Crohn’s disease

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