Qu'est-ce qu'une hernie inguinale ?

La hernie inguinale prend la forme d’une grosseur ou d’une "boule" apparaissant au niveau de l’aine et qui se manifeste lorsque des éléments du contenu de l'abdomen (graisse, intestin…) sortent à travers un orifice situé entre l’abdomen et la racine de la cuisse. Elle peut être présente dès la naissance ou au contraire apparaitre chez les adultes plutôt dans la deuxième partie de vie.

Cette grosseur est-elle fréquente ?

La hernie inguinale est la forme la plus fréquente de hernie : elle représente 90 % des hernies de l’abdomen.

Selon l’Assurance Maladie, 2 à 5 % des enfants et essentiellement les petits garçons ont une hernie inguinale congénitale présente dès la naissance.

Cette forme de hernie est plus fréquente chez l’homme que chez la femme, et un homme sur trois est opéré au cours de sa vie.

Quels sont les symptômes de la hernie inguinale ?

Dans la plupart des cas, la hernie inguinale ne s’accompagne d’aucun symptôme et ne peut donc être repérée de façon précoce. Elle peut cependant se manifester par certains signes comme :

Chez l’adulte :

  • Douleurs au niveau de l’aine entre la cuisse et l’abdomen.
  • Sensation de pesanteur ou de gêne accentuée lors des efforts.
  • Présence d’une "boule" sous la peau lors de certains moments de la journée ou en permanence.

"L'apparition d'une hernie inguinale a lieu la plupart du temps à l'occasion d'un effort de poussée abdominale, pendant un exercice physique, un épisode de toux ou de constipation", explique le Dr Nicolas Veyrie, chirurgien spécialiste en chirurgie générale, digestive, cancérologique et bariatrique.

Chez le bébé :

La hernie inguinale se manifeste par l'apparition d’une grosseur lors d’efforts de poussée (cris, défécation) et lors des examens pédiatriques durant lesquels elle est systématiquement recherchée

Quelles sont les causes de cette affection ?

Hernie inguinale congénitale

Elle est due à une paroi présentant la persistance d’un orifice anormal : le canal péritonéo-vaginal reste ouvert, au lieu de se refermer et une partie du contenu intra-abdominal peut s’introduire par ce canal, provoquant l’apparition d’une hernie. "C’est ce qui explique l’apparition de hernies chez les nourrissons et les bébés qui sont recherchées de façon systématique lors des examens pédiatriques", explique le Dr Nicolas Veyrie.

Hernie inguinale chez l’adulte

Elle est due à l’affaiblissement de la paroi avec le temps et à des orifices qui "s'agrandissent" en raison notamment d’une hyper-pression abdominale. La hernie inguinale simple est la plus fréquente des hernies et survient principalement dans la deuxième partie de la vie.

Cette forme de hernie peut être soit directe, soit indirecte :

  • Hernie directe

Elle est provoquée par une fragilité des différents muscles et aponévroses constituant la paroi : lors de poussées répétées ils ne jouent plus leur rôle de barrière et des orifices anormaux peuvent apparaître.

  • Hernie indirecte

Elle se forme différemment en fonction du sexe. Chez les hommes, elle longe le cordon spermatique et chez les femmes elle suit le trajet du ligament rond rattachant l’utérus aux grandes lèvres.

Facteurs de risques

Les facteurs de risque de hernie inguinales sont les suivants :

  • Les efforts répétés.
  • Le port de charges lourdes.
  • Les grossesses multiples.
  • La constipation persistante accompagnée d’efforts lors de la défécation.
  • Les dysuries, en particulier dues aux obstacles au niveau de la prostate (adénome de la prostate).
  • La toux chronique avec la bronchite chronique souvent associée au tabagisme.

"Une prise de poids rapide ou au contraire une perte de poids importante peuvent également amener à démasquer une hernie jusque-là passée inaperçue", explique le Dr Nicolas Veyrie.

Personnes à risque

  • Les hommes. "Les hernies inguinales touchent plus fréquemment les hommes en raison de l'orifice permettant le passage du cordon spermatique allant des testicules à la prostate. Ce passage est anatomiquement réduit de fait chez les femmes qui sont, elles, plus souvent atteintes de hernie crurale ou fémorale (se situant presque au même niveau que les hernies inguinales, mais à l'étage anatomique inférieur)", explique le Docteur Veyrie.
  • Les personnes à partir de 50 ans.
  • Les travailleurs de force, car ils font des efforts de poussée répétés.

Schéma : système reproducteur masculin en coupe sagittale (plan vertical perpendiculaire au plan vu de face)

Personnes à risque© Istock

Qui, quand consulter ?

La présence d’une grosseur gênante doit amener à demander l’avis de son médecin traitant et à consulter de façon complémentaire un chirurgien.

Quelles sont les complications ?

La plupart des hernies inguinales provoquent davantage une gêne que des douleurs.

  • "La véritable complication d'une hernie inguinale est l'occlusion intestinale provoquée par le blocage de l'intestin grêle dans l'orifice herniaire. Ces occlusions douloureuses et rapidement symptomatiques sont associées à de fortes douleurs au niveau abdominal et particulièrement au niveau de la "boule" herniaire qui n'est plus réductible, ainsi que des vomissements. Cette situation doit amener à consulter en urgence un chirurgien digestif, car une perte de temps met en jeu le pronostic de l'intestin grêle coincé", explique le Dr Veyrie.
  • La deuxième complication est liée à l’agrandissement inéluctable avec le temps de l’orifice de la hernie (les muscles latéraux tirent et élargissent l’orifice), rendant une chirurgie plus complexe et ses résultats moins bons, essentiellement en termes de récidive.

Examens et analyses

Pour détecter la présence d’une hernie inguinale, le médecin commence par pratiquer un examen clinique. Il demande au patient debout de tousser afin d’examiner plus précisément son aine. La toux favorise en effet l’apparition de la hernie qui est alors plus facile à détecter.

Chez l’homme, le médecin peut aussi placer son doigt dans un pli dans la partie supérieure du scrotum et sentir l’orifice externe de l’orifice herniaire avec le contact des éléments herniés lors de la toux.

Parfois, le médecin prescrit une échographie ou, moins souvent, une tomodensitométrie (TDM) pour compléter un diagnostic clinique peu évident. "Il n’y a jamais lieu de réaliser de façon systématique des examens complémentaires lorsque le diagnostic clinique est évident sauf dans le cadre préopératoire d’une recherche d’un autre problème pariétal associé", indique le Dr Veyrie.

Quels sont les traitements de l'hernie inguinale ?

L'intervention chirurgicale est le seul traitement possible des hernies inguinales. L’opération consiste en un renforcement de la paroi au niveau de l'orifice herniaire, soit en rapprochant les muscles en les suturant (raphie), soit en utilisant une prothèse.

"Ce textile chirurgical adapté agit comme un treillis de renfort mécanique et sert également de matrice dans lesquelles les fibres cellulaires se régénèrent afin de reconstituer une "nouvelle" paroi solide. L'adjonction d'une prothèse est la règle de nos jours et doit être envisagée chaque fois que possible sauf contre-indication (essentiellement lors d'une chirurgie en urgence pour occlusion devant des risques infectieux trop élevés)", indique le Dr Nicolas Veyrie. L’intervention qui s’appelle une cure de hernie peut se faire de deux façons différentes. Le chirurgien peut effectuer une incision inguinale directe laissant une cicatrice au-dessus du pli inguinal par laquelle il suture la prothèse "derrière" l'orifice herniaire. Il peut aussi placer la prothèse en avant de l’orifice herniaire grâce à une cœlioscopie ou à l'aide d'une caméra et de mini-incisions.

"La cœlioscopie doit être privilégiée en présence de hernies de petite taille, dans le cadre de hernies bilatérales ou dans le cadre d'une récidive après une chirurgie par approche directe. En cas de hernie, inguino-scrotale volumineuse (fusant dans le scrotum) la cœlioscopie, bien que réalisable, doit être évitée au profit d'une approche directe en raison du risque de récidive plus important. L’approche directe doit être proposée en cas de contre-indication à la réalisation d'une cœlioscopie, ou dans le cadre d'une récidive de hernie opérée initialement par cœlioscopie", précise le Dr Veyrie.

Prévention

Malheureusement, il  n’existe pas de prévention efficace de la hernie inguinale. "Des exercices de musculation ne changeront rien à l'apparition ou à l'évolution d’une hernie inguinale. Son origine mécanique est soit congénitale, soit secondaire à un affaiblissement de la paroi, mais essentiellement des tissus aponévrotiques au niveau du bassin et du pubis et pas des muscles eux-mêmes", explique le Dr Nicolas Veyrie.

Il est cependant conseillé de limiter certains facteurs de risque ce qui passe par plusieurs stratégies à mettre en place : 

  • Combattre la constipation : en cas de constipation avérée, buvez de l’eau, et en particulier un verre d’eau froide le matin à jeun afin de stimuler notre transit par le réflexe gastro-colique. L’eau permet d'aider à ramollir les selles, trop sèches en cas de constipation, et ainsi de mieux les éliminer. Pensez à boire environ 1,5 litres de liquides par jour. Sachez que les eaux minérales contenant des quantités intéressantes de magnésium comme Hépar ou Rozana possèdent un léger effet laxatif naturel, et peuvent donc s’avérer très utiles.  Pour stimuler un intestin paresseux, il faut avant tout manger sainement. Commencez par privilégier les fibres dans votre alimentation. En se gorgeant d'eau, elles augmentent le volume des selles et facilitent leur passage d'un bout à l'autre de l'intestin. Les aliments riches en fibres sont les céréales à grains entiers (pain de blé entier, céréales de son, riz brun, etc.) mais aussi les fruits, les légumes et les légumineuses.
  • Limiter le port d’objets lourds
  • Soigner la toux répétitive liée à un asthme, à une insuffisance respiratoire ou à un reflux gastro-œsophagien.

"Pourquoi faut-il maintenir son poids de forme ?"

La réponse du Dr Nicolas Veyrie, chirurgien spécialiste en chirurgie générale, digestive, cancérologique et bariatrique :

"La notion de poids de forme est un facteur important dans l'évolution ou l'apparition des hernies. En effet, une importante prise de poids entraîne une augmentation de la pression intra-abdominale qui se répercute directement sur un orifice herniaire même petit. A contrario, une importante et rapide perte de poids peut également révéler une hernie jusque-là non visible ou non symptomatique en raison d'un orifice "bouché" ou partiellement obturé par l'excès de graisse intra abdominale. La notion de poids de forme prend là tout son sens car un poids trop important ou trop faible peut avoir les mêmes conséquences. Comme souvent en médecine, il faut donc viser le juste milieu !"

Sites d’information et associations

Assurance maladie : https://www.ameli.fr/

 Association française de chirurgie : https://afc.chirurgie-viscerale.org/association-francaise-de-chirurgie

Fédération de Chirurgie Viscérale et Digestive : https://www.chirurgie-viscerale.org/fcvd

Sources

https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/hernie-inguinale/definition-modes-apparition

https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/troubles-digestifs/urgences-gastro-intestinales/hernie-inguinale

https://www.lasfce.com/uploads/files/Fiche%20information%20Hernie%20FCVD.pdf