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Testostérone : des conséquences sur la libido

Baisse de libido, rapports sexuels moins satisfaisants, troubles érectiles : ce n’est pas une fatalité. Vous souffrez peut-être d’une baisse de testostérone (déficit androgénique partiel ou "andropause").

"Un patient en déficit hormonal a moins de désir sexuel, ses relations se passent moins bien", explique le Dr Sylvain Mimoun, andrologue et auteur de Sexe et sentiment : version homme (éditions Albin Michel).

Mais d’autres signes peuvent donner l’alerte : de la fatigue, un manque d’énergie ou une diminution de la pilosité. "Les patients atteints perdent aussi en muscles et gagnent de la masse graisseuse", précise le spécialiste.

Êtes-vous à risque ?

La baisse de la testostérone chez l’homme peut débuter dès la trentaine. Près d’un quart des hommes après 60 ans possèdent un taux de testostérone inférieur à la limite basse, selon les estimations des médecins. Après 80 ans, la proportion s’élèverait à un homme sur deux. Mais tous les hommes ne sont pas touchés par ce déficit en testostérone.

Certains possèdent même des taux supérieurs à la normale observée chez les jeunes. "Les patients n’ont cependant pas besoin d’une chute importante de testostérone pour se sentir moins bien", prévient le Dr Sylvain Mimoun.

"Si nous nous basons sur leurs perceptions, le nombre de personnes concernées s’avère beaucoup plus important. Mais un traitement n’est utile, voire indispensable, que si le taux hormonal est insuffisant."

Manquez-vous de testostérone ?

Étape indispensable pour savoir si vous souffrez d’un déficit d’hormones mâles : le dosage sanguin. "Plutôt que mesurer la testostérone totale, il vaut mieux se concentrer sur la part biodisponible, celle qui agit vraiment", estime le Dr Sylvain Mimoun.

"Le taux normal de testostérone biodisponible s’échelonne entre 0,8 et 3,6 nanogrammes par millilitre pour les hommes de 35 à 51 ans. Au-delà de cette tranche d’âge, un petit déficit est habituel. Si l’homme se sent bien, il n’y a pas de raison de s’en préoccuper. Bien qu’en dessous de 0,3 ng/ml, il faille généralement compenser."

Les médecins peuvent prescrire un traitement hormonal si le déficit est établi, que le patient se plaint de symptômes rattachables à cette baisse de testostérone et qu’il ne souffre pas de contre-indications.

Les résultats du traitement

Le traitement hormonal corrige plusieurs symptômes du déficit en testostérone. "Il est particulièrement efficace sur la libido, la masse musculaire et le regain d’énergie", résume le Dr Sylvain Mimoun. Plus le déficit s’avère important, plus le traitement semble donner des résultats.

"D’ailleurs, la testostérone est utilisée parfois sur des personnes grabataires pour les aider à se sentir mieux et à se mouvoir dans leur lit", note le médecin.

Supplémentation : quels sont les risques ?

Attention : le traitement hormonal présente des contre-indications. En particulier en cas de cancer de la prostate confirmé ou supposé, de certaines hypertrophies de la prostate ou d’un éventuel cancer du sein. Des contre-indications relatives existent pour les personnes souffrant d’apnées du sommeil ou de taux de globules rouges importants.

De même, des effets secondaires surgissent parfois. "Les hormones mâles peuvent faire grossir la prostate et la rendre moins fonctionnelle, voire inflammatoire", prévient le Dr Sylvain Mimoun.

"Elles ont aussi tendance à coaguler le sang". Dernière mise en garde du spécialiste : "La testostérone peut accélérer le développement d’un cancer déjà présent. Mais elle ne favorise pas en elle-même les cancers."

Des facteurs de déficit

Différents facteurs tendent à faire baisser la testostérone. L’alimentation semble jouer un rôle dans le taux hormonal. La consommation excessive d’alcool diminue la fabrication de testostérone. Tout comme le stress ou les états dépressifs. Autres facteurs de baisse : diverses pathologies, comme le Sida, le cancer, l’insuffisance rénale et hépatique ou encore les accidents cardio-vasculaires.

Certains traitements médicamenteux jouent aussi un rôle négatif : les anti-hypertenseurs, les neuroleptiques et les corticoïdes par exemple. Au contraire, une bonne santé pourrait retarder le déficit en testostérone lié à l’âge.

L’andropause, un terme peu adapté

"Le terme ’andropause’ est celui qui est le mieux passé auprès du grand public pour parler du déficit de testostérone lié à l’âge, même s’il n’est pas vraiment adapté", prévient le Dr Sylvain Mimoun. "Il ne s’agit pas de la symétrique masculine de la ménopause."

Contrairement aux femmes, les hommes ne connaissent qu’une baisse partielle et très progressive des hormones sexuelles. Leur fertilité subsiste également jusqu’à un âge très avancé.

"Mais si les médecins ne sont pas d’accord sur l’appellation, la majorité d’entre eux reconnaît cette baisse de la testostérone avec l’âge", assure le Dr Sylvain Mimoun.

Des examens avant traitement

Avant de mettre en route un traitement hormonal, le médecin réalise un bilan complet :

  • dosage de la testostérone
  • examen de la prostate par toucher rectal et dosage PSA (antigène prostatique spécifique), voire échographie transrectale
  • vérification des glandes mammaires
  • recherche d’un syndrome d’apnée du sommeil
  • numération sanguine pour les globules rouges
  • bilan métabolique, notamment pour les lipides.

La décision dépend également du rapport bénéfice/risque de chaque patient.

Les modes de traitement

Les hommes souffrant d’un déficit en testostérone lié à l’âge peuvent se voir proposer différentes formes d’administration. "Nous prescrivons le moyen qui convient le mieux au patient", indique le Dr Sylvain Mimoun. Parmi les modes possibles : l’injection intramusculaire.

"Il s’agit d’un traitement retard, renouvelé tous les mois ou tous les trois mois, qui agit sur une longue période", précise l’andrologue. Autre possibilité, le gel. Utilisé quotidiennement, il délivre une dose d’hormone constante. Il s’applique en général sur les épaules, pour une pénétration optimale.

"Nous avons de moins en moins recours aux comprimés par contre", prévient le médecin. "Ils nécessitent un nombre important de médicaments et sont moins efficaces."

Sources

- Physiopathologie du déficit androgénique lié à l’âge, Tostain J & Rossi D, Prog Urol, 2004.

- Intérêt du dosage de testostérone biodisponible pour le diagnostic du déficit androgénique chez l’homme âgé, Lejeune H et al., Annales d’endocrinologie, 2003.

- Société française d’endocrinologie

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