Qu'est-ce que l’otite chez l’enfant ?

L’otite moyenne aiguë chez l’enfant

D’un point de vue anatomique, c’est le tympan qui sépare l’oreille externe (le pavillon) de l’oreille moyenne. On trouve ensuite l’oreille interne qui transmet les sons aux nerfs auditifs et au cerveau. Lorsqu’on parle d’otite moyenne aiguë (OMA), c’est l’oreille moyenne qui est touchée. Cette pathologie se manifeste par une infection ou une inflammation de celle-ci, dans laquelle se forme un abcès. Cette forme d’otite est d’origine virale au départ. En effet, l’OMA apparaît généralement en même temps ou après une rhinopharyngite. Toutefois, les surinfections causées par des bactéries sont fréquentes, indique le docteur Vié Le Sage, pédiatre à Aix-les-Bains.

À noter : Un épanchement dans la caisse du tympan caractérise une otite moyenne aiguë dite congestive. La présence de pus dans l’oreille de l’enfant est le signe d’une otite purulente.

L’otite séromuqueuse chez l’enfant

L’otite séromuqueuse (OSM) se manifeste par un épanchement de viscosités dans l’oreille moyenne. Celles-ci peuvent être claires ou épaisses.

L’otite externe chez l’enfant

Les enfants allant fréquemment à la piscine sont plus exposés à l’otite externe. En effet, c’est une infection ou une inflammation du conduit auditif.

Chiffres

Après l’âge de 2 ans, l’otite moyenne aiguë est moins courante chez les enfants. « Ils ont déjà fait leur immunité », précise notre spécialiste. En revanche, ils sont davantage exposés à l’otite séromuqueuse. Elle touche au moins 50 % des petits avant l’âge de 5 ans.

Quels sont les symptômes de l’otite chez l’enfant ?

Les symptômes de l’OMA chez l’enfant

Avant la survenue de l’otite, l’enfant présente un rhume. Une otalgie (douleurs plus ou moins vives au niveau de l’oreille) apparaît ensuite. L’enfant se plaint alors d’une douleur localisée. Il a également l’impression que son oreille est bouchée. En plus de cela, on observe chez le jeune patient :

  • Une fièvre (dans la majorité des cas) ;
  • Une perte d’appétit (ou le refus de s’alimenter) ;
  • Une grosse fatigue ;
  • Des réveils nocturnes marqués par une douleur intense ;
  • Des vomissements et diarrhées apparaissent parfois.

Au cours de la nuit, le tympan peut se perforer et entraîner une otorrhée. Celle-ci est marquée par un écoulement de sécrétions jaunâtres dans le conduit auditif.

Les symptômes de l’OSM chez l’enfant

L’otite séreuse, également appelée séromuqueuse (OSM), est souvent asymptomatique. Elle peut aussi se manifester par un épanchement chronique non purulent. Cette forme d’otite peut être à l’origine d’une diminution de l’audition chez l’enfant. Toutefois, cette hypoacousie est réversible.
Cette affection augmente surtout le risque d’otites moyennes aiguës récidivantes.

Causes

Les causes de l’OMA chez l’enfant

Comme l’indique notre pédiatre, l’otite moyenne aiguë est une complication d’un gros rhume. Elle est causée par l’obstruction des trompes d’Eustache. Il faut savoir que le nez est une zone sensible, dans lequel les virus adhèrent rapidement et facilement. Après une rhinopharyngite, l’enfant peut donc développer une OMA, qui se transforme en otite bactérienne, après une surinfection par une bactérie de type streptocoque A, Pneumocoque ou Haemophilus.

Les causes de l’otite séreuse chez l’enfant

L’otite séromuqueuse ou séreuse est liée au dysfonctionnement de la trompe d’Eustache, dont le rôle est de maintenir une pression similaire à l’intérieur et à l’extérieur de l’organisme.
Si elle ne joue plus son rôle, le tympan ne peut vibrer normalement. Et chez les enfants souvent enrhumés, les végétations adénoïdes et les amygdales gonflent et bouchent la trompe d’Eustache. Elle ne parvient plus à faire ressortir les sérosités présentes dans l’oreille moyenne. Celles-ci stagnent et s’infectent. C’est la raison pour laquelle, « les otites séreuses augmentent le risque d’otites moyennes aiguës à répétition », souligne le docteur Vié Le Sage.

Quels sont les facteurs de risque ?

Hormis les cas rares d’anomalies anatomiques, liées à une fente palatine, la trisomie 21, les malformations de la trompe d’Eustache, qui rendent les enfants plus sensibles aux otites, d’autres facteurs augmentent le risque. Parmi eux :

  • Le tabagisme passif ;
  • Le contact avec des personnes enrhumées ou des objets souillés ;
  • Les facteurs génétiques (certaines familles sont plus sensibles aux infections ORL) ;
  • La saisonnalité (l’hiver et l’automne sont plus à risque à cause des multiples virus).

Quels sont les enfants à risque d'otite ?

L’otite moyenne aiguë

Les enfants de plus de 2 ans développent moins d’otites ca r leur immunité est plus mature. Néanmoins, « même si cela est peu fréquent, les petits qui entrent à l’école à l’âge de 3 ans qui n’ont jamais été en collectivité auparavant peuvent être un peu plus exposés », informe notre spécialiste.

Les enfants ayant une malformation touchant la zone maxillo-faciale font partie des populations à risque. De même pour ceux exposés au tabagisme passif ou issus de familles particulièrement sensibles aux infections ORL.

L’otite séromuqueuse ou séreuse

Les enfants ayant une malformation anatomique (végétations adénoïdes volumineuses, hypertrophie des cornets, malformation crano-faciale…) sont plus susceptibles de développer des otites séromuqueuses. Les jeunes exposés à la pollution et/ou tabagisme passif sont également plus à risque.

Durée de cette pathologie chez l’enfant

Les otites virales ou bactériennes guérissent généralement en quelques jours sans antibiotique. Chronique, l’otite séromuqueuse peut perdurer des semaines, voire des mois selon les cas ou complications.

Quels sont les risques de contagion ?

La contagiosité des otites moyennes aiguës est très élevée. En revanche, il n’existe pas de risque de contamination pour les otites séromuqueuses. De même pour l’otite externe.

Qui, quand consulter ?

Dès que l’enfant se plaint d’une douleur à l’oreille persistante, d’un bourdonnement ou d’une impression d’oreille bouchée, il est conseillé de consulter. Dans tous les cas, un état fébrile doit pousser à se rendre chez le médecin traitant ou le pédiatre. Le spécialiste ORL n’intervient généralement qu’en cas de complications, d’examens complémentaires ou d’intervention chirurgicale.

Les complications de l’otite chez l’enfant

L’otite moyenne aiguë bactérienne

Avec les recommandations vaccinales, les méningites, principales complications des otites, sont aujourd’hui rares. Leur nombre a fortement diminué, notamment grâce au vaccin contre l’Haemophilus influenze de type B (contenu dans les vaccins hexavalents, obligatoires depuis 2018). Le pneumocoque, deuxième cause de méningite bactérienne avec le méningocoque, a aussi régressé grâce à la vaccination obligatoire du Prevenar® », détaille le docteur Vié Le Sage.

Les otites récidivantes chez l’enfant

Pour diverses raisons, certains enfants sont plus sensibles aux virus et aux otites. Certains peuvent en faire plus de trois dans l’année. Le médecin traitant ou le pédiatre orientera donc les parents vers un ORL pour envisager la pose de diabolos (ou yoyos).

Quels examens et analyses ?

Le médecin commence par réaliser une otoscopie afin d’examiner le conduit de l’oreille, le tympan et l’oreille moyenne. Un tympan bombant, inflammatoire ou congestif sera le signe d’une otite moyenne aiguë. Du pus apparaît également.

L’otite séromuqueuse sera marquée par l’absence de pus et de signe inflammatoire. C’est pourquoi, elle est parfois diagnostiquée lors d’une visite chez le médecin pour une tout autre raison. L’OSM se manifeste par un tympan terne, légèrement bombant. En revanche, « il n’est pas translucide comme un tympan normal », précise le docteur Vié Le Sage.
Afin de vérifier s’il y a du liquide ou non dans le tympan, une impédancemétrie pourra être effectuée. Dans ce cas, l’ORL utilise un fibroscope pour examiner l’oreille de l’enfant.

Quels sont les traitements de l’otite chez l’enfant ?

Quel que soit le type d’otite (OMA ou OSM), un traitement médicamenteux est rarement mis en place chez l’enfant de plus de 2 ans. Et ce, même si l’otite moyenne aiguë d’origine virale évolue en infection bactérienne. « Les antibiotiques sont prescrits aux bébés pour éviter les complications, comme les méningites. Chez les plus grands, le risque est moindre », informe le pédiatre. Du paracétamol sera éventuellement prescrit pour calmer la fièvre.
Si l’enfant présente toutefois un risque (perte d’audition, mastoïde (inflammation de l’os temporal, situé à l’arrière de l’oreille externe qui peut causer des méningites), « le médecin pourra mettre en place un traitement antibiotique de 5-6 jours », détaille notre expert.

A noter : en cas d’otite externe, un traitement local sous forme de gouttes auriculaires pourra être envisagé.

Le traitement des otites récidivantes

Si les épisodes d’otite se succèdent, l’ORL peut envisager le recours à une opération qui consiste à la pose de drains trans-tympaniques, également appelés « diabolos » ou « yoyos ». Cette petite chirurgie est réalisée sous anesthésie générale. Une fois installé, le diabolo joue le rôle d’une trompe d’Eustache extérieure pour « équilibrer les pressions des deux côtés de l’oreille. Le trou va permettre d’aérer l’oreille moyenne », précise le docteur Vié Le Sage.

Certains spécialistes peuvent aussi effectuer une parasynthèse pour traiter les otites à répétition. Il s’agit de faire uniquement un trou sans mettre de diabolo. Néanmoins, cette intervention est aujourd’hui moins répandue car le tympan à tendance à cicatriser très vite.

Comment prévenir l’otite de l’enfant ?

Afin d’éviter les otites, il convient d’habituer son enfant, dès l’âge de 2-3 ans à :

  • se moucher régulièrement ;
  • bien se laver les mains.

L’otite virale étant très contagieuse, et commençant par une rhinopharyngite dans la majorité des cas, il faut :

  • éviter le contact avec les personnes enrhumées ;
  • ne pas laisser l’enfant toucher des objets souillés possiblement par les virus (jouets par exemple).

Les parents doivent aussi :

  • Penser à couvrir le nez de leur enfant avec une écharpe lors des sorties ;
  • Couper les ongles de leur enfant régulièrement ;
  • Maintenir une hydrométrie de 50 % dans la maison afin d’éviter un air trop sec et une température de 20° maximum ;
  • Aérer les pièces quotidiennement ;
  • Tenir la vaccination de leur enfant à jour. Plusieurs études ont montré que les vaccins, notamment ceux prévenant les méningites, protégeaient également des otites.

Combien de temps un enfant doit-il garder les diabolos ?

Le conseil du docteur Vie Le Sage, pédiatre :

"Pour être efficace, la pose de diabolos doit être maintenue au moins six mois, voire un an. Il arrive que l’organisme rejette le dispositif bien avant, ce qui nécessite une nouvelle intervention. Toutefois, cette situation est rare."

Sites d’informations et associations

  • ORL France
  • SFORL: Société française d’oto-rhino-laryngologie et de la chirurgie de la face et du cou
  • AFP : Association Française de Pédiatrie Ambulatoire
    Media
Sources

Ameli.fr
ncbi.nlm.nih.gov
Assistance publique Hôpitaux de Marseille