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Cancer : 15% d'incontinence après intervention chirurgicale...

Le risque d'incontinence après une opération d'un cancer de la prostate (ablation totale de la prostate) fait souvent peur. Il est vrai que le risque existe, mais il faut le nuancer. "Moins de 5% des hommes opérés ont des fuites urinaires très importantes après l'intervention et environ 15% peuvent avoir une petite fuite lors d'un effort par exemple", explique le Dr Jérôme Graal, urologue. Dans la plupart des cas, les troubles de la continence s'arrangent au cours des six premiers mois qui suivent l'intervention.

A noter : "Si après un an, il y a encore des fuites, elles persisteront", précise notre spécialiste. Les fuites urinaires constatées après l'intervention sont associées au retrait total de la glande prostatique. Cette dernière étant située juste au dessus du sphincter qui retient l'urine, il peut arriver que le chirurgien n'arrive pas à le préserver. Selon l'état du sphincter, l'incontinence sera nulle, partielle ou totale.

Chirurgie de l'adénome : seulement 1 % de risque d'incontinence

Messieurs, rassurez-vous ! Ce n'est pas parce que vous allez être opéré d'un adénome de la prostate (augmentation bénigne de la taille de l'organe), que vous en deviendrez incontinent. "Le risque de fuites urinaires provoquées par l'opération est faible, environ 1%", explique le Dr Jérôme Graal, urologue. Quand on est opéré d'un adénome de la prostate, seul celui-ci est retiré - et non l'organe prostatique entier. Le chirurgien parvient donc à préserver le sphincter, muscle principal de la continence, parce qu'il est situé en aval de la prostate.

Attention : quelques petites fuites peuvent survenir après l'opération : "il faut être patient et attendre au moins trois mois pour les voir disparaître", rassure notre spécialiste.

A savoir : Certains troubles urinaires présents avant l'intervention chirurgicale peuvent persister après (ils sont liés à la vessie). "Quand la vessie a été perturbée longtemps, on n'est jamais certain qu'elle retrouvera un comportement normal."

Prostate : les techniques opératoires les moins risquées

Plusieurs techniques chirurgicales peuvent être proposées pour opérer la prostate. Certaines sont-elles moins à risque d'incontinence ?

En cas d'adénome : "La chirurgie classique par voie abdominale (pour les gros adénomes) ou par voie naturelle (pour les petits adénomes) comporte les mêmes risques d'incontinence (c'est-à-dire environ 1 %)", explique le Dr Jérôme Graal, urologue. Le laser pourrait obtenir de meilleurs résultats, mais il est encore très peu utilisé et non pris en charge par la Sécurité Sociale.

En cas de cancer : "Les meilleurs résultats sur l'incontinence semblent obtenus avec la chirurgie classique (par ouverture de l'abdomen)", explique le spécialiste. Les techniques plus modernes (coelioscopie, robot, ultrasons) n'ont pas à ce jour réduit le risque d'incontinence.

A savoir : Le traitement chirurgical du cancer est uniquement proposé si le cancer est localisé à la prostate.

Prostate : Des médicaments contre les fuites "urgentes" !

Après une opération de la prostate (surtout de l'adénome), certains hommes souffrent d'une incontinence "d'urgence" ou "par impériosité". En clair, ils ont beaucoup de mal à retenir une envie forte d'uriner, ce qui peut occasionner des fuites importantes. "Il peut s'agir d'un trouble du comportement de la vessie qui se contracte anormalement", explique le Dr Jérôme Graal, urologue. Dans ce cas, des médicaments peuvent être prescrits pour inhiber ces contractions anormales. Les plus fréquents sont les anticholinergiques.

En pratique : On peut vous prescrire de l'oxybutinine (Ditropan) ou du toldérodine (Detrol). Ce sont les anticholinergiques les plus habituels. L'imipramine (ex : Tofranil) peut exceptionnellement leur être associé.

Attention : Les anticholinergiques peuvent être responsables de constipation, de sécheresse buccale, de troubles de la vision. Si vous observez un de ces effets, parlez-en à votre médecin.

Prostate : Des bandelettes contre l'incontinence légère

En cas d'incontinence faible ou modérée faisant suite à l'opération d'un cancer de la prostate (ablation totale de la glande), on peut proposer la pose d'une bandelette périnéale. Le but : soutenir l'urètre lors des efforts, et éviter ainsi les fuites ! "Leurs résultats sont très encourageants", précise le Dr Jérôme Graal, urologue.

En pratique : La pose d'une bandelette périnéale se fait sous anesthésie et nécessite généralement une hospitalisation de 48h. La bandelette est placée sous l'urètre (dans la région située entre les bourses et l'anus) comme une sorte de hamac.

A noter : Les bandelettes périnéales ne sont pas indiquées en cas d'adénome de la prostate.

Chirurgie prostatique : La rééducation, très efficace !

Vous venez d'être opéré d'un adénome ou d'un cancer de la prostate et vous avez des fuites urinaires ? La rééducation peut vous aider ! Pourquoi ? "Parce qu'elle a un effet tout à fait positif sur le sphincter (donc la réduction des fuites urinaires) et qu'elle aide à garder le moral", répond le Dr Jérôme Graal, urologue.

En pratique : Après l'opération, des séances réalisées avec un kinésithérapeute permettent de renforcer les muscles du périnée (le périnée est le plancher qui soutient les organes du petit bassin) et le sphincter urinaire via des stimulations électriques musculaires.

A noter : La rééducation ne doit pas être commencée trop tôt. Votre médecin vous conseillera.

Prostate : Sphincter artificiel contre l'incontinence sévère

Suite à l'opération de la prostate (cancer ou adénome), il peut arriver que le sphincter chargé de retenir les urines ait perdu de la force et ne soit plus efficace. L'incontinence est alors importante et vraiment gênante. Dans ce cas, le médecin peut proposer la pose d'un sphincter artificiel en remplacement. Selon le Dr Jérôme Graal, urologue "cette technique est très efficace".

En pratique : La pose d'un sphincter artificiel est réservé aux cas sévères d'incontinence. Elle se fait sous anesthésie générale et nécessite une hospitalisation de 3 jours. Le sphincter est activé 4 à 6 semaines après l'intervention pour laisser le temps aux tissus de cicatriser.

A savoir : La durée de vie d'un sphincter artificiel est de plus de 10 ans. Il pourrait donc être nécessaire de changer la totalité ou un composant après plusieurs années d'utilisation.

Prostate : faut-il obligatoirement se faire opérer ?

Ce n'est pas parce que l'on souffre de troubles urinaires à cause d'un adénome de la prostate que l'on se fait systématiquement opérer. "Ce doit être le cas si vraiment le patient est gêné et si les traitements médicamenteux ont échoué", précise ainsi le Dr Jérôme Graal, urologue. Le poids de la prostate n'influe pas sur la décision d'opérer". En clair, un homme peut avoir une grosse prostate, mais ne pas être opéré si cela ne le gêne pas. En cas de cancer, cela dépend de l'extension de la maladie (le patient ne se plaint de rien en général). L'opération peut être proposée mais n'est pas systématique.

A savoir : Pour les personnes ayant un adénome de la prostate et souffrant de rétention aiguë des urines ayant nécessité la mise en place d'une sonde, l'opération peut être envisagée si les mictions ne reprennent pas normalement après le retrait de la sonde.

Prostate : peut-on prévenir l'incontinence post-opératoire ?

"Dans la mesure où on ne sait pas quel patient sera ou pas incontinent après une opération de la prostate, on ne peut pas prévenir ce risque", explique le Dr Jérôme Graal, urologue. Néanmoins, sachez qu'une rééducation avant l'intervention peut parfois être proposée. "C'est une option qui n'est pas obligatoire et très peu prescrite par les urologues", précise notre interlocuteur. Pour cause, "son utilité n'est pas prouvée".

Incontinence : les bons gestes pour la limiter !

Après une opération de la prostate, que vous soyez incontinent ou non, il y a certaines pratiques à connaître pour limiter le risque de fuites urinaires.

En pratique :

  • Vider sa vessie régulièrement, c'est-à-dire toutes les 3 heures
  • Faire attention aux alcools blancs (vin, champagne) car ils peuvent irriter la vessie chez certaines personnes.
  • Boire suffisamment pour prévenir les infections.

Troubles urinaires = problèmes de prostate ?

Vous avez des envies fréquentes et urgentes d'uriner ? Votre prostate est peut-être en cause... Comme l'explique le Dr Jérôme Graal, urologue : "La prostate d'un homme qui vieillit évolue et change de nature. Un adénome qui se développe (grossissement interne de l'organe) peut avoir des conséquences sur la façon d'uriner." Un adénome peut bloquer tellement le passage de l'urine que la vessie ne se vide plus. "Les fuites peuvent alors survenir n'importe quand, y compris la nuit", précise le spécialiste. Il peut aussi comprimer le canal urinaire qui traverse la prostate. Résultat : "L'écoulement des urines est ralenti."

A savoir : Les troubles urinaires peuvent révéler un cancer prostatique, mais "c'est un retentissement très tardif de l'évolution de la maladie et il ne faut pas attendre d'en arriver là".

Sources

- Association française d'urologie
Comprendre le cancer de la prostate, AFU, FNCLCC, Ligue contre le cancer, Institut national contre le cancer, 2005
Le cancer de la prostate 100 questions-réponses, Dr Pamela Ellsworth, John Heaney, Cliff Gill, Jean-Pierre Camilleri, ed.EDP Sciences
Docteur, c'est la prostate, Dr Patrice Pfeifer, ed.Alpen, 2006
L'incontinence urinaire en questions, Pr François Haab, Pr Gérard Amarenco et Alain Bourcier, ed.Datebe, 2004

Vidéo : Prostate : cette invention pourrait vous éviter la chirurgie

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